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Cet article est destiné à discuter des conditions de possibilité et d’impossibilité de faire du concept juridique (et donc normatif) de solidarité écologique, un instrument efficace pour renforcer l’entrée des politiques publiques dans la transformation vers la soutenabilité. Pour ce faire, il propose de décrypter de manière épistémologique et théorique, les dichotomies socialement construites telles que nature/culture, science/décision ou encore humains/non-humains, et qui structurent aujourd’hui encore les formes de gouvernabilité de nos environnements et des ressources naturelles dont nous dépendons. Nous soutenons que, dans le contexte du changement global, les régimes de gouvernement des relations humains/milieu doivent être réinventés, adaptés à la complexité, au changement et aux incertitudes, défragmentés et désectorisés afin de mieux intégrer les interdépendances comme substrat même de la soutenabilité. Le concept de gouvernance des socio-écosystèmes, fondamentalement basé sur la reconnaissance du principe de solidarité écologique au fort pouvoir transformateur, a selon nous la capacité de rendre ce principe opérationnel pour les politiques publiques. Mais pour ce faire, il est nécessaire de procéder à une introspection anthropologique et à une analyse combinée entre sciences sociales et sciences de la nature, seule capable de mettre au jour les conditions de possibilité et d’impossibilité du transfert de ce concept de la science juridique et de l’écologie elle-même, à l’action publique environnementale. C’est tout l’enjeu de cet article que d’expliciter ce qu’il ressort de cette analyse critique : au-delà des incitations, des injonctions normatives et des initiatives éparses, l’institutionnalisation de la transformation vers la soutenabilité continue d’être freinée à cause de trois types d’asymétries (gaps), étroitement imbriquées : la connaissance, l’implémentation et le pouvoir. This article is intended to discuss the conditions of possibility and impossibility of making the legal (and therefore normative) concept of ecological solidarity an a priori effective instrument for reinforcing the entry of public policies into contemporary environmental governance regimes and management modes, with a view to the transformation towards sustainability. To do this, it proposes to decipher in an epistemological and theoretical way the dichotomies socially constructed by modern European societies, such as nature/culture, science/decision or human/non-human, and which still structure today the forms of governability of nature, of our environments and of the natural resources we depend on. We argue that, in the context of global change, the regimes of governance of human/environment relations must be reinvented, adapted to complexity, change and uncertainty, defragmented and de-sectorized in order to better integrate interdependencies as the very substrate of sustainability. The concept of governance of socio-ecosystems, fundamentally based on the recognition of the principle of ecological solidarity with its strong transformative power as highlighted by science (in particular ecology), has, in our opinion, the capacity to make this principle operational for public policies. But to do so, it is necessary to proceed to an anthropological introspection, and to a combined analysis between social sciences and natural sciences, for the only one able to bring to light the conditions of possibility and impossibility of the transfer of this concept from legal science and ecology itself, to environmental public action. The challenge of this article is to make explicit what emerges from this critical analysis: beyond incentives, normative injunctions and scattered initiatives, the institutionalization of the transformation towards sustainability continues to be hampered by three types of asymmetries (gaps), closely intertwined: knowledge, implementation and power.

La coexistence humains – non humains (ici espèces animales), cristallisée autour de compromis entre viabilité des activités socio-économiques, sécurité alimentaire des populations humaines et conservation de la faune, est devenue un défi sociétal et environnemental majeur. Ce défi constitue un cadre expérimental privilégié pour mettre le principe de solidarité écologique à l’épreuve du terrain. En milieu marin, le conflit global entre pêcheries et mégafaune s’est récemment intensifié et sa résolution est freinée par la complexité des enjeux socio-écosystémiques locaux et le manque d’expertise et de gestion trans-sectorielle. Dans cette étude, nous utilisons le cas de la pêcherie palangrière opérant autour des terres australes françaises Crozet et Kerguelen pour examiner comment les acteurs se sont mobilisés et réorganisés au cours des 30 dernières années en réponse à deux forts conflits avec la mégafaune : les captures accidentelles d’oiseaux marins et la déprédation par les cétacés (individus se nourrissant sur la capture de pêche). À partir de cette analyse, nous proposons des modèles basés sur le concept de socio-écosystème pouvant être appliqués à d'autres situations de conflits humains – non-humains. Human-Wildlife coexistence, crystalizing trade-offs between socio-economic viability, food security of human populations and species conservation, has become a major societal and environmental challenge. This challenge represents an experimental framework for putting the principle of ecological solidarity to the test in the field. In the oceans, the global conflict between fisheries and megafauna has recently intensified but its mitigation is hampered by complex stakes in local socio-ecosystems and a lack of cross-sectorial expertise and management. Using the longline fishery operating off Crozet and Kerguelen (French subantarctic islands) as a case study, and to propose social-ecological systems models that can be implemented in other similar situations, we examined how players have mobilized and reorganized in response to two severe conflicts: seabird bycatch and depredation by cetaceans (species feeding on fishery catches).

International audience

National audience; Profitant d’une année 2021 inter-cycles de planification, le CEREMA (DTec REM) a lancé un appel à propositions à destination de laboratoires de recherches, dédié à engager une étude scientifique opérationnelle pour la simplification des processus de PSM afférents à la production et la mise en œuvre des DSF. Cette présentation constitue la synthèse orale de l'analyse critique conduite en réponse par l'équipe de l'Observatoire Apolimer (UMR LIENSs).

International audience; This article focuses on the stories of key women scientists (Rachel Carson, Anita Conti, Aliette Geistdoerfer, Elinor Ostrom and Elisabeth Mann Borgese) who had a major impact on ocean conservation. Through these portraits of women scientists from the Western world, we study their trajectories in the professional world of the sea, an environment largely dominated by men, and we explore the intangible heritage of these courageous pioneers, in order to understand their impact on today's generations of ocean scientists. Their works have allowed to develop a better understanding of marine ecosystems and of the coastal communities that live off the sea, and to raise awareness on the impacts of overexploitation and the need to better preserve the ocean. They all contributed to making the protection of the marine environment an international political issue. The authors aim to contribute to a necessary historical and sociological reframing of the epistemology of ocean sciences. The aim of this article is not to provide a sociological gender analysis, but rather to give an overview of women leaders in ocean science who have paved the way for new ways of thinking about the ocean and its governance.

Profitant d’une année 2021 inter-cycles de planification, le CEREMA (DTec REM) a lancé un appel à propositions à destination de laboratoires de recherches, dédié à engager une étude scientifique opérationnelle pour la simplification des processus de PSM afférents à la production et la mise en œuvre des DSF. Cette présentation constitue la synthèse orale de l'analyse critique conduite en réponse par l'équipe de l'Observatoire Apolimer (UMR LIENSs).

International audience; This chapter explores the principles, functioning and impacts of France's Marine Nature Parks, an original marine management tool. It focuses in particular on interactions between the different categories of stakeholders and the hybridisation of knowledge through consultation procedures, in order to put forward an analysis of the decision-making process and the implementation of actions in Marine Nature Parks, at the crossroads between national policy and territorial governance.

International audience; -La coexistence humains-non-humains (ici espèces animales), cristallisée autour de compromis entre viabilité des activités socio-économiques, sécurité alimentaire des populations et conservation de la faune, est devenue un défi sociétal et environnemental majeur des communautés. Ce défi constitue un cadre expérimental privilégié pour mettre le principe de solidarité écologique à l'épreuve du terrain. En milieu marin, le conflit global entre pêcheries et mégafaune s'est récemment intensifié et sa résolution est freinée par la complexité des enjeux socio-écosystémiques locaux et le manque d'expertise et de gestion transsectorielles. A partir du cas de la pêcherie palangrière des Terres Australes Françaises, afin de proposer des modèles basés sur le concept de socio-écosystème, pouvant servir dans d'autres cas problématiques, nous examinons comment les acteurs se sont mobilisés et réorganisés au cours des 30 dernières années en réponse à deux forts conflits avec la mégafaune : les captures accidentelles d'oiseaux et la déprédation par les cétacés (individus se nourrissant sur la capture de pêche).

The overexploitation of the oceans was already described, in the 1950s and 1960s, by great female figures in conservation ecology, such as Rachel Carson, Aliette Geistdoerfer, Anita Conti. The latter, great "lady of the sea", pioneer of maritime ecology, embarked in 1952 for six months on the salt trawler Bois-Rosé. There she shared the life of the fishermen of Newfoundland and brought back her bestseller, Ocean Scrapers. These two whistleblowers denounced, here the pesticide scandal, there the disaster due to overfishing and the impact of human consumption, through their books Silent Spring, This Sea Surrounding Us (Carson, 1962) and Racleurs d ' Ocean (Conti, 1953). These women urge ecological awareness in close relation with the social, without ever sinking into mystique. From the informed cries they launch, the notions of conservation, then ecology and finally the environment are gradually entering the public sphere, but even today, this does not go without saying for decision-makers. This global awareness of the limit of fishery resources has since been symbolized by the Paris conference in 2015. Thus, based on the surveys carried out on our study sites, we will analyze the determinants that make here we are witnessing a real scraping of the oceans, while there, everything is being done to remedy it, thanks to a transformation of the ways of thinking about management ("ecosystem-based management"), supposed to make it possible to increase sustainability by studying the conditions for the resilience of socio-ecosystems and by developing a governance and management system capable of promoting it., La surexploitation des océans était déjà décrite, dans les années 50-60, par de grandes figures féminines de l’écologie de la conservation, telles Rachel Carson, Aliette Geistdoerfer, Anita Conti. Cette dernière, grande « dame de la mer », pionnière de l’écologie maritime, embarqua en 1952 pour six mois sur le chalutier-saleur Bois-Rosé. Elle y partagea la vie des pêcheurs de Terre-Neuve et en ramena son best-seller, Racleurs d’océans. Ces deux lanceuses d’alerte dénoncèrent, ici le scandale des pesticides, là le désastre dû à la surpêche et l’impact de consommation humaine, à travers leurs livres Printemps silencieux, Cette mer qui nous entoure (Carson, 1962) et Racleurs d’Océan (Conti, 1953). Ces femmes, exhortent à la prise de conscience écologique en étroite relation avec le social, sans jamais sombrer dans la mystique. A partir des cris informés qu’elles lancent, les notions de conservation, puis d’écologie et enfin d’environnement pénètrent, peu à peu, la sphère publique mais aujourd’hui encore, cela ne va pas de soi pour les décideurs. Cette prise de conscience mondiale, de la limite des ressources halieutiques, a depuis été symbolisée par la conférence de Paris, en 2015. Ainsi, en se basant sur les enquêtes réalisées sur nos sites d’étude, nous analyserons les déterminants qui font qu’ici l’on assiste à un véritable raclage des océans, tandis que là, tout est mis en œuvre pour y remédier, grâce à une transformation des manières de penser la gestion (« gestion écosystémique »), censée permettre d’augmenter la durabilité en étudiant les conditions de résilience des socio-écosystèmes et en développant un système de gouvernance et de gestion capable, de la favoriser.

International audience; Can we still fish for wild fish? How and why to reseed the sea to feed humans in the context of global change? How to govern these complex relations between science / decision / industry and management? What place for the territories and their communities, human and non-human in the decision-making process? The legal principle of ecological solidarity can be a lever for the effective implementation of governance of marine and coastal socio-ecosystems with a view to their sustainable management. We will explore the levers and obstacles to its mobilization in French territories, based on cases located in metropolitan France and overseas around political and ecological issues linked to the conservation and preservation of the oceans. We will put into perspective the history and transformation of the fishing and aquaculture sectors in Saint-Pierre and Miquelon, in the French Southern Territories on the Kerguelen site, in the Bay of Biscay in the Nouvelle-Aquitaine region and in French Polynesia by granting a special attention to science / decision relations and to the place of communities in the transformation process towards sustainability. Here, the notions of adaptation and transformation will be questioned on a theoretical level and put to the test of our study sites through the prism of the concept of One Health and of a questioning of continuums as a support for the deployment of socio-ecosystem management of territories, natural resources and human societies that depend on them.; Peut-on encore pêcher le poisson sauvage ? Comment et pourquoi réensemencer la mer pour nourrir les humains dans le contexte du changement global ? Comment gouverner ces relations complexes entre science / décision / industrie et gestion ? Quelle place pour les territoires et leurs communautés, humaines et non-humaines dans les processus de décision ? Le principe juridique de solidarité écologique peut constituer un levier pour la mise en œuvre effective d’une gouvernance des socio-écosystèmes marins et côtiers en vue de leur gestion durable. Nous explorerons les leviers et obstacles à sa mobilisation sur les territoires français, à partir de cas situés en métropole et outre-mer autour des enjeux politiques et écologiques liés à la conservation et à la préservation des océans. Nous mettrons en perspective l’histoire et la transformation des filières pêche et aquaculture à Saint-Pierre et Miquelon, dans les Terres australes françaises sur le site de Kerguelen, dans le Golfe de Gascogne en région Nouvelle-Aquitaine et en Polynésie française en accordant une attention particulière aux relations science / décision et à la place des communautés dans les processus de transformation vers la soutenabilité. Ici, les notions d’adaptation et de transformation seront questionnées sur le plan théorique et mises à l’épreuve de nos chantiers d’étude au prisme du concept de One Health et d’une interrogation sur les continuums comme support pour le déploiement d’une gestion socio-écosystémique des territoires, des ressources naturelles et des sociétés humaines qui en dépendent.

International audience; VertigO-la revue électronique en sciences de l'environnement Hors-série 33 | mars 2021 La mer, un objet hautement politique La privatisation des territoires et ressources maritimes en acte Tarik Dahou et Camille Mazé (dir.

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Introduction The 2020’s will probably stand out as the decade when offshore wind farms (OWF) were developed worldwide (GWEC, 2020) as a response toward sustainability goals. Today, global OWF capacity represents 29.1 GW, which in end of 2019 accounted for 5% of total global wind capacity (GWEC, 2020). Since the world's first offshore wind turbine was installed in Denmark in 1991, Europe has taken the lead in offshore wind development. By 2019, 5,047 offshore wind turbines were installed along the European coasts, corresponding to 110 OWF producing 22.1 GW (WindEurope, 2019). OFW developments are often located on densely populated coastlines and races questions about human-environment interactions, spatial planning, and cumulated impacts with other human activities, fisheries in particular (Berkenhagen et al., 2010). OWF constructions have consequences on the marine ecosystems and dwellers of coastal areas, which depend on the complex network of ecological, socio-economic and political variables. Energy is indeed a vital issue for our future and requires the development of interdisciplinary research to interpret and drive the choices and responses to the climate challenge faced by our society (Labussière and Nadaï, 2015). A better understanding of the functioning and evolutionary trajectory of social-ecological systems (SES) following the choices in the energy sector is very useful for the governance (Mazé, 2020). SES provides the conceptual framework for the analysis of these intertwined social and natural systems. Berkes and Folke (1998) developed the ideas around SES in a context of resilience, even if this notion was already present in other fields (e.g., epidemiological context, Cherkasskii, 1988). They underlined the need to balance the “social” and “ecological” subsystems when considering them together, and to connect them through non-linear ecological and knowledge of human dynamics. Studying SES using systems science brings highly valuable answers to numerous questions concerning their interactions and their role in either transmitting or attenuating perturbations. These are theoretical as well as practical questions useful for decision. Several authors have proposed the development of SES models to understand the resilience, vulnerability, and adaptability of these systems (Young et al., 2006), or to answer management questions within a context of resilience-based decision (e.g., Anthony et al., 2013). They emphasize the need of an approach that tackles explicitly the structure of the interactions between the social and ecological components (Walker et al., 2006). Qualitative models facilitate the study of complex systems without being hampered by the need of accurately measure behavior and relationships between variables (Justus, 2006). Based on loop analysis as developed in the 1970's by Richard Levins (Levins, 1974, 1975; Lane and Levins, 1977), SES can be modeled as signed, directed graphs (signed digraph), where each relationship is described as 0, +, or –, according to the direct effect from one variable to another. The aim of this opinion paper is to emphasize the uniqueness of SES that stem from OWF, and to address how some challenges typically encountered when modeling SES linked with OWF can be resolved through Levin's loop analysis.

The concept of transformation towards sustainability is currently enjoying flourishing success in environmental science literature and beyond. Evolving at the crossroads of the concept of resilience of ecosystems in ecology and governance of social-ecological systems in social sciences applied to the management of territories and natural resources in the filiation of the ecological economics, this concept attaches fundamental importance to public policies and to collective action in the advent of systemic, integrative and adaptive management of human / environment relations. Described in the literature in a theoretical (normative) way and starting from the observation of concrete cases (empirical), this paradigm shift is supposed to allow to face global change thanks to its transformative virtues and its capacity to face shocks, absorb uncertainty and complexity. An approach that aims to be more proactive and radical than those of adaptation and transition and that would involve reviewing our ways of thinking and doing through a change in representations, values and practices. Consequently, it is advisable to pass this incentive to the change of paradigm, with the sift of social science of politics, by combining them with natural sciences, in order to contribute to the project of a global, critical and constructive ecology making it possible to envisage the trajectories of possibility or impossibility of transformation towards sustainability. The aim of this Habilitation thesis is to present the frameworks of a reflexive and operational approach on the analytical categories which tend to become categories of public intervention with a view to transformation, such as those of governance of social-ecological systems and adaptive management. It thus sets itself the objective of providing keys to diagnosing and influencing the unsustainable trajectories of territories, natural resources and the societies which depend on them, in the context of global change. To do this, it intends to give political space back, by making the study of power in its interactions with knowledge, a fundamental element in understanding decision-making processes in environmental management. By doing so, it is proposed to open a new research and action project on transformation and transformational research itself, through the study of the governance of marine and coastal social-ecological systems, where these questions clearly arise. The first part takes stock of research activities at the nature/culture interface that allow us to move towards a global ecology approach, integrating the humanities and the natural sciences. The second part offers a reflexive approach to the concept of transformation, applying it to the case of the governance of the seas and oceans with a view to their sustainable management. The third part presents an anthology of papers chosen to illustrate the first two parts.; Le concept de transformation vers la soutenabilité connaît aujourd’hui un succès florissant dans la littérature en sciences l’environnement et au-delà. Évoluant au croisement des concepts de résilience des écosystèmes en écologie et de gouvernance des socio-écosystèmes en sciences sociales appliquées à la gestion des territoires et des ressources naturelles dans la filiation de l’économie écologique, le paradigme de transformation accorde une importance fondamentale aux politiques publiques et à l’action collective dans l’avènement d’une gestion systémique, intégrative et adaptative des relations homme/milieu. Décrit dans la littérature de manière théorique (normative) et à partir de l’observation de cas concrets (empiriques), ce concept est censé permettre de faire face au changement global grâce à ses vertus transformatives et à sa capacité à faire face aux chocs, à absorber les incertitudes et la complexité. Une approche qui se veut plus proactive et radicale que celles d’adaptation et de transition et qui impliquerait de revoir nos manières de penser et de faire à travers un changement de représentations, de valeurs et de pratiques. Dès lors, il convient de passer cette incitation au changement de paradigme, au crible des sciences sociales du politique, en les combinant avec les sciences de la nature, de manière à contribuer au projet d’une écologie globale, critique et constructive permettant d’envisager les trajectoires de possibilité ou d’impossibilité de transformation vers la soutenabilité. C’est tout l’enjeu de ce mémoire d’Habilitation à diriger des recherches que de présenter les cadres d’une démarche réflexive et opérationnelle sur les catégories analytiques qui tendent à devenir des catégories d’intervention publique en vue de la transformation, comme celles de gouvernance des socio-écosystèmes et de gestion adaptative, placés au cœur de ce mémoire. Il se donne ainsi pour objectif de fournir des clefs pour diagnostiquer et infléchir les trajectoires d’insoutenabilité des territoires, des ressources naturelles et des sociétés qui en dépendent, dans le contexte du changement global. Pour ce faire, il se propose de redonner toute sa place au politique, en faisant de l’étude du pouvoir dans ses interactions avec les savoirs, un élément fondamental de la compréhension des processus de décision en matière de gestion environnementale. Ce mémoire ouvre ainsi un nouveau chantier de recherche et d’action sur la transformation et la recherche transformationnelle elle-même, à travers l’étude de la gouvernance des enjeux marins et côtiers, où ces questions se posent avec force. La première section dresse le bilan des activités de recherche à l’interface nature/culture qui permettent d’aller vers une approche d’écologie globale, intégrant les sciences humaines et les sciences de la nature dans la perspective interdisciplinaire des sciences de la complexité. La deuxième section propose une approche réflexive du concept de transformation, en le mettant à l’épreuve de la gouvernance des mers et des océans mise en œuvre en vue de leur gestion durable. La troisième section présente un extrait de travaux choisis pour étayer les deux premières.

The concept of transformation towards sustainability is currently enjoying flourishing success in environmental science literature and beyond. Evolving at the crossroads of the concept of resilience of ecosystems in ecology and governance of social-ecological systems in social sciences applied to the management of territories and natural resources in the filiation of the ecological economics, this concept attaches fundamental importance to public policies and to collective action in the advent of systemic, integrative and adaptive management of human / environment relations. Described in the literature in a theoretical (normative) way and starting from the observation of concrete cases (empirical), this paradigm shift is supposed to allow to face global change thanks to its transformative virtues and its capacity to face shocks, absorb uncertainty and complexity. An approach that aims to be more proactive and radical than those of adaptation and transition and that would involve reviewing our ways of thinking and doing through a change in representations, values and practices. Consequently, it is advisable to pass this incentive to the change of paradigm, with the sift of social science of politics, by combining them with natural sciences, in order to contribute to the project of a global, critical and constructive ecology making it possible to envisage the trajectories of possibility or impossibility of transformation towards sustainability. The aim of this Habilitation thesis is to present the frameworks of a reflexive and operational approach on the analytical categories which tend to become categories of public intervention with a view to transformation, such as those of governance of social-ecological systems and adaptive management. It thus sets itself the objective of providing keys to diagnosing and influencing the unsustainable trajectories of territories, natural resources and the societies which depend on them, in the context of global change. To do this, it intends to give political space back, by making the study of power in its interactions with knowledge, a fundamental element in understanding decision-making processes in environmental management. By doing so, it is proposed to open a new research and action project on transformation and transformational research itself, through the study of the governance of marine and coastal social-ecological systems, where these questions clearly arise. The first part takes stock of research activities at the nature/culture interface that allow us to move towards a global ecology approach, integrating the humanities and the natural sciences. The second part offers a reflexive approach to the concept of transformation, applying it to the case of the governance of the seas and oceans with a view to their sustainable management. The third part presents an anthology of papers chosen to illustrate the first two parts.; Le concept de transformation vers la soutenabilité connaît aujourd’hui un succès florissant dans la littérature en sciences l’environnement et au-delà. Évoluant au croisement des concepts de résilience des écosystèmes en écologie et de gouvernance des socio-écosystèmes en sciences sociales appliquées à la gestion des territoires et des ressources naturelles dans la filiation de l’économie écologique, le paradigme de transformation accorde une importance fondamentale aux politiques publiques et à l’action collective dans l’avènement d’une gestion systémique, intégrative et adaptative des relations homme/milieu. Décrit dans la littérature de manière théorique (normative) et à partir de l’observation de cas concrets (empiriques), ce concept est censé permettre de faire face au changement global grâce à ses vertus transformatives et à sa capacité à faire face aux chocs, à absorber les incertitudes et la complexité. Une approche qui se veut plus proactive et radicale que celles d’adaptation et de transition et qui impliquerait de revoir nos manières de penser et de faire à travers un changement de représentations, de valeurs et de pratiques. Dès lors, il convient de passer cette incitation au changement de paradigme, au crible des sciences sociales du politique, en les combinant avec les sciences de la nature, de manière à contribuer au projet d’une écologie globale, critique et constructive permettant d’envisager les trajectoires de possibilité ou d’impossibilité de transformation vers la soutenabilité. C’est tout l’enjeu de ce mémoire d’Habilitation à diriger des recherches que de présenter les cadres d’une démarche réflexive et opérationnelle sur les catégories analytiques qui tendent à devenir des catégories d’intervention publique en vue de la transformation, comme celles de gouvernance des socio-écosystèmes et de gestion adaptative, placés au cœur de ce mémoire. Il se donne ainsi pour objectif de fournir des clefs pour diagnostiquer et infléchir les trajectoires d’insoutenabilité des territoires, des ressources naturelles et des sociétés qui en dépendent, dans le contexte du changement global. Pour ce faire, il se propose de redonner toute sa place au politique, en faisant de l’étude du pouvoir dans ses interactions avec les savoirs, un élément fondamental de la compréhension des processus de décision en matière de gestion environnementale. Ce mémoire ouvre ainsi un nouveau chantier de recherche et d’action sur la transformation et la recherche transformationnelle elle-même, à travers l’étude de la gouvernance des enjeux marins et côtiers, où ces questions se posent avec force. La première section dresse le bilan des activités de recherche à l’interface nature/culture qui permettent d’aller vers une approche d’écologie globale, intégrant les sciences humaines et les sciences de la nature dans la perspective interdisciplinaire des sciences de la complexité. La deuxième section propose une approche réflexive du concept de transformation, en le mettant à l’épreuve de la gouvernance des mers et des océans mise en œuvre en vue de leur gestion durable. La troisième section présente un extrait de travaux choisis pour étayer les deux premières.

International audience; This paper proposes a new exploration of the Nature/Culture antagonism by focusing on the problems of marine mammal hunting, and more specifically, seal hunting. Ethnographic surveys carried out in different areas of the European cultural area allow for a renewed approach to this subject, which has been dealt with many times in the context of seal hunting. Based on a medium-immersion study of certain coastal communities, this work proposes a re-evaluation of the controversy in the face of the progress made in concepts and political instruments, particularly supranational ones, and the changing role of actors, between humans and non-humans.; Cet article se propose de réaliser une nouvelle exploration de l’antagonisme Nature/Culture en s’intéressant à la problématique de la chasse aux mammifères marins, et plus particulièrement, la chasse aux phoques. Des enquêtes ethnographiques menées sur différents terrains de l’aire culturelle européenne permettent un renouvellement de l’approche sur ce sujet maintes fois traité de la chasse aux phoques par différentes publications. S’appuyant ainsi sur un terrain de moyenne immersion auprès de certaines communautés côtières de trois pays, ce travail propose une réévaluation de la controverse autour de la chasse au phoque, face à l’avancée des concepts, mais aussi des instruments politiques, notamment supranationaux, et de l’évolution de rôle des acteurs, entre humains et non-humains.

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International audience; Résumé de l'ouvrage, Locéan à découvert : Il couvre 70 % de la surface du globe, régule en grande partie le climat de la Terre et abrite une multitude d’espèces dont de très nombreuses sont encore à découvrir.L’océan joue un rôle majeur dans le fonctionnement de la vie sur Terre. Avec le changement global, ont émergé de multiples enjeux dont les conséquences à venir engagent toute l’humanité.Il s’agit dans ce livre de mieux comprendre ce qu’est l’océan, dans toute son étendue, sa profondeur et sa complexité, tant du point de vue physique que biologique, de ses interactions que de ses dynamiques. Pour l’explorer, de nombreux outils, infrastructures et approches originales sont développés pour obtenir les données et les informations indispensables à une meilleure connaissance. L’histoire montre l’évolution des techniques et des représentations qui lient les communautés humaines aux océans et la diversité des usages qu’elles en font. Considéré comme ressource, service ou enjeu de territoire, l’océan est essentiel, mais vulnérable. De multiples risques lui sont associés, de la submersion à la pollution, et leur gestion nécessite d’être anticipée face à l’augmentation des activités humaines. Ainsi se pose la question de l’avenir de l’océan, cet espace considéré souvent comme infini et illimité, qualifié de géostratégie par les uns et de bien commun par d’autres.Avec ses 135 articles, cet ouvrage, qui mobilise près de 160 chercheurs et spécialistes, est un ouvrage de référence. Il vient éclairer les enjeux actuels liés à l’océan et en résonance avec les objectifs du développement durable de l’ONU. Comprendre et proposer des solutions, telle est son intention.

International audience; The SPA (“Savoir, Pouvoir, Avoir”) project (CNRS, 2017-2019) presented in this article focuses on the ways French society deals with the issue of environmental impact – from the vast question of impact in the context of global change and the issue of the measurement of impact in science, to the specific case of the public policy instrument known as “environmental impact assessment”. Impact is considered as a boundary object at the intersection of several fields of inquiry which captures both the architecture and the dynamics of relationships between “savoir” (scientific and lay knowledge), “pouvoir” (power and decision) and “avoir” (economy/appropriation), that aggregate different interests around the sustainable management of coastal socio-ecological systems. Three sites were selected along a north-south gradient of Long-Term Ecological Research sites: the Bay of Brest and the Iroise Sea, the National Nature Reserve of the French islands in the Southern Ocean and the overseas collectivity of Saint Pierre and Miquelon. The approach of the SPA project is to link concretely social sciences, natural sciences and engineering sciences on these study sites, in an interdisciplinary, multi-site and multi-scale methodology that makes it possible to reveal the conditions for the possible – or impossible – implementation of sustainable management of coastal socio-ecological systems.; Le projet SPA (Savoir, Pouvoir, Avoir) (CNRS, 2017-2019) présenté dans cet article se concentre sur la manière dont la société française aborde la question de lʼimpact environnemental – de son évaluation et sa mesure à son traitement. Le processus réglementaire de lʼ « étude dʼimpact environnemental » qui consiste en lʼanalyse préalable des impacts potentiels prévisibles dʼune activité donnée sur lʼenvironnement est donc placé ici au cœur de nos préoccupations dans ce projet qui considère lʼimpact comme un objet frontière, à lʼintersection de plusieurs champs, permettant de saisir lʼarchitecture et la dynamique des relations entre savoir (savoir scientifique et profane), pouvoir (pouvoir et décision) et avoir (économie/appropriation). Pour ce faire, nous proposons de saisir les différents intérêts qui sʼagrègent autour de la gestion durable des socio-écosystèmes côtiers. Trois sites ont été choisis selon un gradient nord-sud dans des sites de recherche écologique à long terme : la rade de Brest et la mer dʼIroise, la réserve naturelle nationale des îles françaises de lʼocéan Austral et la collectivité dʼoutre-mer de Saint-Pierre-et-Miquelon. Lʼapproche du projet SPA consiste à lier concrètement les sciences sociales, les sciences naturelles et les sciences de lʼingénieur sur ces sites dʼétude, dans une approche interdisciplinaire multi-sites et multi-échelles qui permet de mettre au jour les conditions de possibilité (ou dʼimpossibilité) de mise en œuvre dʼune gestion soutenable des socio-écosystèmes côtiers.

International audience; The Southern Ocean is a unique ecosystem with highly coveted marine resources. It includes the largest marine protected area anywhere, with management spread across national jurisdictions and a number of international bodies and cooperative arrangements. The area has local, national and international stakeholders with interests in an array of activities, such as fishing, tourism and scientific research. This article sheds light on the linkages between climate change and governance of Southern Ocean marine territories. It unravels the complexity of governing this marine region, in the process looking at biodiversity conservation, exploitation of resources and military activities. Using socio-historic analysis and ethnographic observation, it examines multiple decision-making areas, institutions, groups and actors. Issues examined in this artice include marine protected areas, fisheries management and environmental impacts of melting Antarctic ice and French subantarctic territories. These issues are viewed through the prisms of knowledge and policy – a knowledge-policy interface. Case studies highlight the interactions between human activities and climate change in Southern Ocean ecosystems. Real-world examples illustrate the governance of marine ecosystems and resources and demonstrate adaptations to environmental changes already affecting sub-Antarctic societies.

International audience

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Cet article fait partie d'un EBOOK: Biogeochemistry and Genomics of Silicification and Silicifiers édité par Marion Gehlen, Stephen Baines, Brivaëla Moriceau et Paul Tréguer, publié dans: Frontiers in Marine Science and Frontiers in Earth Science (ISSN 1664-8714 ; ISBN 978-2-88963-085-1 ; DOI 10.3389/978-2-88963-085-1); International audience; In this contribution, the study of the Bay of Brest ecosystem changes over the past 50 years is used to explore the construction of interdisciplinary knowledge and raise key questions that now need to be tackled at the science-policy-communities interface. The Bay of Brest is subject to a combination of several aspects of global change, including excessive nutrient inputs from watersheds and the proliferation of invasive species. These perturbations strongly interact, affecting positively or negatively the ecosystem functioning, with important impacts on human activities. We first relate a cascade of events over these five decades, linking farming activities, nitrogen, and silicon biogeochemical cycles, hydrodynamics of the Bay, the proliferation of an exotic benthic suspension feeder, the development of the Great scallop fisheries and the high biodiversity in maerl beds. The cascade leads to today's situation where toxic phytoplankton blooms become recurrent in the Bay, preventing the fishery of the great scallop and forcing the fishermen community to switch pray and alter the maerl habitat and the benthic biodiversity it hosts, despite the many scientific alerts and the protection of this habitat. In the second section, we relate the construction of the interdisciplinary knowledge without which scientists would never have been able to describe these changes in the Bay. Interdisciplinarity construction is described, first among natural sciences (NS) and then, between natural sciences and human and social sciences (HSS). We finally ask key questions at the science-policy interface regarding this unsustainable trend of the Bay: How is this possible, despite decades of joint work between scientists and fishermen? Is adaptive co-management a sufficient condition for a sustainable management of an ecosystem? How do the different groups (i.e., farmers, fishermen, scientists, environmentalists), with their diverse interests, take charge of this situation? What is the role of power in this difficult transformation to sustainability? Combining natural sciences with political science, anthropology, and the political sociology of science, we hope to improve the contribution of HSS to integrated studies of social-ecological systems, creating the conditions to address these key questions at the science-policy interface to facilitate the transformation of the Bay of Brest ecosystem toward sustainability.