Marie Rose Moro, Asmaa Bernichi, Sevan Minassian, Rahmeth Radjack, Yoram Mouchenik, Mayssa’ El Husseini, Fatima Touhami, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (AP-HP)-Hôpital Paul Brousse-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)-Université Paris-Saclay, Hôpital Cochin [AP-HP], Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (AP-HP), Maternité Port-Royal [CHU Cochin], Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (AP-HP)-Hôpital Cochin [AP-HP], Hôpital Paul Brousse, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Université Paris-Sud - Paris 11 (UP11)-Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (AP-HP)-Hôpital Paul Brousse-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), Maison de Solenn [CHU Cochin], Université Sorbonne Paris Nord, Centre d'Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits - UR UPJV 4289 (CHSSC), Université de Picardie Jules Verne (UPJV), and DESSAIVRE, Louise
Objectives The article presents the clinical description and discussion of a 17 years old Moroccan unaccompanied minor who migrated on his own to France. This case illustrates the complexity of the foreign unaccompanied minors’ trajectories and the challenges of the clinical and institutional accompaniment provided in France. In the lights of the results of our clinical work and research, we suggest transcultural tools and perspectives that facilitate the construction of a narrative and that reinforce trust with the professionals-care givers working along with this population. Creativity is needed in the care of foreign isolated young people, in the absence of the family. Past traumatic experiences in these youths’ lives hinder the process of building trust in the host country’s educational accompaniment. Method In the framework of our action research, we describe the transcultural therapy setting created by our team to address the unaccompanied minors’ psychological distress. Aiming to encourage the emergence of a life narrative that had been obstructed and ruptured by traumatic experiences, we resort to various tools facilitating the storytelling (objects, circle test, mediators interpreters, transcultural interpretations). Results The discussion follows three stances: the anthropological perspective focusing on the specific situation of the harraga—young people wandering both on the psychic and physical levels—, the political perspective, and the trauma clinic perspective. The enhancement and deepening of the cross-cultural skills of social workers strengthen their resources and provide them with better tools to accompany these young people. Additionally, results highlight the impact of the political discourse and strategies in the social workers’ self-perception and the strains it creates in their daily work. Conclusion The transcultural approach addressed to unaccompanied minors relaunches the identity construction process in adolescence, impeded by their traumatic journey in migration. This implies restoring coherence in the life path of young people despite the rupture caused by the migration, often reactivated by new separations during the repetitive changes of foster homes. The unaccompanied minors have the possibility, through this clinical setting to depict an accurate representation of themselves, to develop narratives that can outgrow the preconceptions associated with their status, opening a brighter way for their individual destinies., Objectifs À travers la description et la discussion d’une situation d’un jeune isolé étranger d’origine marocaine venu seul en France à 17 ans, nous transmettons des éléments de compréhension et des outils transculturels pour faciliter l’émergence d’un récit et d’un lien de confiance avec les professionnels qui l’accompagnent. Une créativité s’impose dans la prise en charge des jeunes isolés étrangers, car la famille est à distance, et les obstacles à la mise en place d’un lien de confiance dans l’accompagnement éducatif sont nombreux (liés aux expériences du passé et aux traumatismes psychiques). Méthode Nous décrivons un dispositif d’accueil transculturel adapté à ces jeunes, qui se base sur le principe de narrativité en utilisant divers supports de narration et de médiation (objets, circle test , médiateurs-interprètes, propositions transculturelles). Nous favorisons ainsi l’émergence d’un récit biographique initialement difficile d’accès face au statut particulier de la parole dans ce contexte. Résultats La discussion se fait sous 3 angles : anthropologique avec un éclairage sur la situation spécifique des harraga qui sont des jeunes en errance à la fois psychique et physique, l’angle politique, et la clinique du psychotraumatisme. Sur le plan du travail éducatif, la mise en valeur et l’approfondissement des compétences transculturelles des professionnels permettent de pallier un sentiment d’épuisement ou d’échec, et à terme, mieux accompagner ces jeunes. Les modalités d’accueil et nos manières de les soigner interrogent notre relation à l’autre, à nous-mêmes, au lien social et au politique. Conclusion Une approche transculturelle peut aider le jeune à renouer un processus de construction identitaire loin de ses repères, en pleine période d’adolescence. Cela suppose de retrouver une cohérence dans le parcours des jeunes malgré la rupture de la migration, souvent réactivée par de nouvelles séparations lors des changements réguliers de lieux de vie. Les jeunes isolés étrangers ont la possibilité, dans le cadre de ce dispositif, de montrer une juste représentation d’eux-mêmes, d’élaborer des récits qui échappent aux représentations préconçues liées à leur statut et de construire leurs destins individuels.