Introduction et but de l’etude L’obesite est un facteur de risque du cancer du sein apres la menopause. Elle est egalement associee a un risque accru de recidive et de mortalite du cancer initial ainsi que de developpement d’un second cancer. Les effets deleteres de l’obesite decoulent de dysregulations metaboliques, de moindres defenses immunitaires et du stress oxydant. Notre objectif est d’evaluer, dans un modele murin orthotopique de carcinogenese mammaire, l’impact d’un regime hyper lipidique obesogene sur la reponse cellulaire immunitaire au niveau systemique et tumoral. Materiel et methodes Des souris femelles C57/bl6 âgees (33 semaines) ovariectomisees ont ete nourries avec un regime standard (3,4 kcal/g, lipides pour 10 % de l’ apport energetique total, deux groupes n = 10) ou un regime hyperlipidique (4,3 kcal/g, lipides pour 45 % de l’apport energetique total, deux groupes n = 10). Apres 4 semaines, un groupe de chaque regime a recu une implantation de cellules tumorales (EO771) dans la quatrieme glande mammaire. L’evolution ponderale, la composition corporelle, l’activite physique spontanee des animaux ainsi que la croissance tumorale ont ete mesurees tout au long de l’experimentation. Au sacrifice, un phenotypage des cellules immunocompetentes a ete conduit par cytometrie en flux a partir des tumeurs et des principaux tissus immunitaires (thymus, rate, ganglions, etc.). Les comparaisons entre groupes sont realisees par le test de Mann Whitney et pour les evolutions ponderales des organes selon le test de correlation de Spearman. Resultats Le regime hyperlipidique induisait une diminution de 39 % de l’activite physique spontanee en parallele d’une augmentation de la masse grasse (30 contre 11 % d’adiposite, p = 0,01) par rapport au regime standard. Cela s’accompagnait d’un volume tumoral plus important (1114 ± 793 contre 384 ± 339 mm 3 a 16 jours, p = 0,04). Les organes lymphoides peripheriques (rate et ganglions inguinaux) presentaient une hypertrophie correlee avec la taille de la tumeur ( r = 0,4652, p = 0,0004 pour la rate ; r = 0,2766, p = 0,04 pour les ganglions). Le phenotypage des cellules immunitaires infiltrees dans la tumeur a revele, sous regime hyperlipidique contre regime standard, une augmentation des populations immunosuppressives (MDSC : 278 ± 42 contre 57 ± 17 cellules/mg tumeur, p = 0,02) associee a une modification du ratio lymphocytes T cytotoxiques/T regulateurs (LTc/LTreg : 1,4 ± 0,1 contre 12,8 ± 6,8, p = 0,05). Des alterations similaires sur ce rapport ont ete retrouvees dans les organes lymphoides secondaires (rate et ganglions). A contrario, aucune modification n’a ete observee dans le thymus. Conclusion Dans notre modele, le regime hyperlipidique induit une reduction de l’activite physique spontanee des animaux en lien avec une croissance tumorale acceleree. La migration des cellules immunitaires (lymphocytes T, MDSC, etc.) depuis les organes lymphoides secondaires vers la tumeur s’intensifie. Elle se traduit par une hypertrophie des organes lymphoides et une repolarisation de la reponse immunitaire au niveau systemique et tumoral. Ainsi, le regime hyperlipidique induit un recrutement intratumoral de cellules immunosuppressives favorisant la carcinogenese.