Introduction L’obesite est un exces de tissu adipeux corporel, resultant d’un bilan energetique positif, et qui peut avoir un effet negatif sur la sante. C’est l’affection nutritionnelle la plus frequemment rencontree chez le chat : entre 11,5 et 39 % des chats sont obeses selon les etudes. Elle est favorisee par differents facteurs, comme la sterilisation, la suralimentation, la sous-estimation de l’etat corporel du chat par le proprietaire, l’âge du chat – de 2 a 8 ans – le manque d’activite physique et la vie en appartement. Il est important de trouver des solutions efficaces, tant pour le praticien que pour le proprietaire, afin de faire maigrir le chat tout en lui conservant une qualite de vie optimale. Cependant, c’est une espece difficile a faire maigrir pour des raisons metabolique et comportementale. La restriction energetique appliquee pour la perte de poids ne doit pas etre trop importante pour ne pas nuire a la sante du chat, tout en etant suffisante pour permettre l’amaigrissement. Sachant que la sterilisation entraine une diminution des depenses energetiques de 30 % et que la lipidose hepatique feline survient lorsqu’un chat en surpoids subit un deficit energetique de plus de 50 %, la marge est faible pour le clinicien et doit souvent etre adaptee au cours de la prise en charge de la perte de poids. D’un point de vue comportemental, un chat est un carnivore qui se nourrit de plusieurs petits repas tout au long de la journee. La distribution en deux repas peut donc etre un facteur important de frustration. Les restrictions alimentaires sont deconseillees car elles peuvent entrainer a minima des frustrations dont l’evolution est souvent l’apparition d’episodes agressifs. Le traitement de l’obesite semble donc associer deux facteurs incompatibles : la restriction alimentaire et le bien-etre du chat. Materiels et methodes Une etude descriptive a ete menee, entre decembre 2012 et juillet 2013, au centre hospitalier universitaire veterinaire d’Alfort, sur 28 chats de proprietaires, en surpoids ou obeses, afin d’analyser la conciliabilite de ces deux facteurs. Un regime alimentaire adapte a ete mis en place, et les manifestations de stress des chats percues par leur proprietaire ont ete suivies au cours du regime, sur une duree de trois mois. Les chats ont recu une ration personnalisee, avec une restriction calorique de 40 % en premiere intention (calculee sur le poids optimal estime par le veterinaire), evaluee et adaptee lors des visites de suivi, espacees d’un mois, au cours desquelles un examen clinique a ete realise et deux questionnaires nutritionnel et comportemental remplis. Des conseils sur l’enrichissement de l’environnement, une balance et une alimentation de regime de gamme veterinaire [1] ont ete fournis, ainsi qu’un plateau d’alimentation permettant d’augmenter le temps dedie a l’activite alimentaire et d’ameliorer le bien-etre du chat. Resultats Les chats recrutes ont un âge moyen de 6,3 ± 2,8 ans, ils sont sterilises et de race europeenne, vivent majoritairement en appartement, et ont un surpoids moyen de 44 ± 23 % ; 14 % des chats sont en surpoids (10 a 19 % de surpoids) et 86 % sont obeses (20 % de surpoids ou plus). Trois chats ont ete exclus apres un mois et deux apres deux mois, pour des raisons independantes de l’amaigrissement. La prise en charge nutritionnelle associee a une modification de la distribution alimentaire a permis une perte de poids hebdomadaire moyenne de 0,79 % ± 0,26 % sur les trois mois de la prise en charge, avec un coefficient de restriction moyen de 0,57 ± 0,03. Ce dernier a du etre modifie chez 78 % des chats afin de conserver une perte de poids hebdomadaire comprise entre 0,5 et 1,5 %. Soixante-seize pour cent des proprietaires n’ont pas note d’augmentation des manifestations de stress au cours du regime chez leur chat. Discussion La perte de poids hebdomadaire est comparable, voire superieure, aux donnees de la litterature. Aucune donnee biologique evaluant le stress n’a ete recueillie et le questionnaire comportemental est dependant de l’observation du proprietaire. Au quotidien, ce dernier sera plus enclin a continuer le regime s’il ne percoit pas d’augmentation de l’expression des signes de stress chez son chat. Au vu des resultats, il serait interessant et sur de prescrire en premiere intention une restriction calorique de 45 % afin de demarrer plus rapidement l’amaigrissement et de ne pas avoir a reduire l’apport energetique dans les trois premiers mois. Conclusion Les resultats de cette etude sont tres satisfaisants et montrent qu’il est possible d’obtenir une perte de poids efficace et sans danger pour le chat, bien que lente, avec une diminution de la perte de poids hebdomadaire, mois apres mois. L’enrichissement du mode d’alimentation mis en place au cours de l’etude semble avoir permis de limiter les manifestations de stress chez le chat au cours du regime.