Introduction La pericardite chronique constrictive (PCC) correspond a une perte d’elasticite du pericarde. Elle se manifeste par des signes d’insuffisance ventriculaire droite mais parfois seulement par des pleuresies recidivantes. Son diagnostic reste difficile pour le clinicien et la mortalite est importante en l’absence de pericardectomie. Nous rapportons 3 cas de pericardite chronique constrictive. Observation M. B., 39 ans, presentait une pericardite aigue dans les suites d’une bronchite avec a l’echocardiographie un etat de pre-tamponnade. Le bilan etiologique s’averait negatif et un traitement par antibiotique et AINS etait entrepris, apres ponction d’un liquide hemorragique exsudatif et lymphocytaire. Apres un nouvel episode de bronchite, le patient consultait pour anasarque. L’echocardiographie revelait une alteration de la fonction ventriculaire gauche avec un epanchement circonferentiel de 1 cm. Malgre un traitement par diuretiques et dopamine, il persistait une dysfonction ventriculaire gauche avec hypokinesie du ventricule gauche, akinesie apicale par compression, septum paradoxal et une pericarde hyperechogene. Le catheterisme cardiaque (KTC) ne montrait pas d’argument en faveur d’une constriction. Le patient beneficie d’une pericardectomie avec confirmation d’un pericarde epaissi et fibreux sans etiologie identifiee. M. B., 23 ans, suivi pour un lupus cutaneo-articulaire traite par hydroxychloroquine, est hospitalise pour une douleur thoracique retrosternale febrile avec frottement pericardique et un syndrome inflammatoire. Une cause pulmonaire (radiographie thoracique et scintigraphie de ventilation perfusion) est ecartee initialement. Le patient recidive et l’echocardiographie montrait un epanchement pericardique circonferentiel avec compression de l’oreillette droite. La radiographie pulmonaire montrait des epanchements pleuraux bilateraux serosanglants transsudatifs. Devant l’hypothese d’une pericardite lupique une corticotherapie est debutee. Lors de la decroissance, les signes cliniques et echocardiographiques de constriction reapparaissent. Lors de la thoracoscopie diagnostique, le patient presentait un etat de choc hemodynamique persistant malgre l’instauration d’amines vasopressives. Un KTC montrait de PCC. Une pericardectomie avec decortication anterieure etendue est realisee permettant une amelioration de l’etat du patient avec cependant la persistance d’epanchements pleuraux. En dessous de 20 mg/j de prednisone, les epanchements pleuraux se majorent motivant l’ajout d’azathioprine. Un mois plus tard, le patient rapporte toujours des signes droits et des signes echographiques de constriction. Une nouvelle pericardectomie avec ablation du pericarde parietal residuel et de l’ensemble du pericarde visceral est decidee ameliorant definitivement l’etat du patient. M. C., 77 ans, coronarien traite par angioplastie, est hospitalise pour anasarque et pleuresie droite transsudative recidivante depuis 6 mois. Les examens complementaires eliminent une cause hepatique, renale, digestive, infectieuse et neoplasique. Une pericardite chronique est suspectee devant un epaississement du pericarde sur le scanner thoracique. L’echocardiographie ne montrait pas d’anomalie pericardique. Le (KTC) droit montrait pas signe franc une constriction. La thorascopie avec biopsie pleurale montre un pachypleurite sans inflammation ou tumeur. L’etat du patient s’aggrave et il decede dans un contexte d’insuffisance cardiaque globale. L’autopsie a mis en evidence une PCC avec pericarde epaissi a 1 cm engainant tout le cœur. Conclusion Le diagnostic de PCC reste un challenge pour le clinicien [1] . L’echocardiographie peut etre mise en echec et reste limitee par son caractere operateur dependant et l’echogenicite du patient [2] . Le scanner et l’IRM cardiaque peuvent etre une aide mais l’epaississement pericardique est absent dans 18 % des cas [1] . Dans ce cas un KTC doit etre envisage et revele typiquement une adiastolie et un aspect de dip-plateau. Cependant cet examen, operateur dependant, peut etre mise a defaut comme pour les patients 1 et 3. Enfin, la confirmation diagnostique se fera par l’analyse histologique des biopsies pericardiques. Les patients 1 et 2 ont presente initialement un tableau de pericardite avant d’evoluer vers une PCC, ce qui a permis une prise en charge rapide. Pour le dernier patient, un tableau de pleuresie recidivante d’evolution insidieuse explique le retard diagnostique qui lui a ete fatal. Bien que le diagnostic ait ete evoque ulterieurement, l’engainement pericardique majeure ne permettait plus la pericardectomie qui reste le seul traitement efficace permettant un bon pronostic a long terme [3] .