Ludi, Regula, Ruoss, Thomas; https://orcid.org/0000-0002-2261-907X, Schmitter, Leena, Ludi, R ( Regula ), Ruoss, T ( Thomas ), Schmitter, L ( Leena ), Kergomard, Zoé; https://orcid.org/0000-0002-9184-7738, Ludi, Regula, Ruoss, Thomas; https://orcid.org/0000-0002-2261-907X, Schmitter, Leena, Ludi, R ( Regula ), Ruoss, T ( Thomas ), Schmitter, L ( Leena ), and Kergomard, Zoé; https://orcid.org/0000-0002-9184-7738
Le slogan d’inspiration néolibérale «Plus de liberté, moins d’Etat» utilisé par le Parti radical-démocratique (PRD) lors de la campagne pour les élections fédérales de 1979 est resté dans les mémoires comme l’un des slogans politiques les plus célèbres de la politique suisse de l’après-guerre. Depuis quelques années, il suscite un regain d’intérêt dans le débat public, à l’heure du bilan de trois décennies marquées par un affaiblissement de l’actuel Parti libéral-radical (PLR) et la contestation de son héritage idéologique par la «nouvelle» UDC. Alors qu’on a longtemps centré l’explication de cette évolution autour de l’apparition d’un nouveau clivage autour des questions migratoires et européennes, des personnalités politiques comme l’ancien Conseiller fédéral Pascal Couchepin ou l’ancien président du PS Helmut Hubacher citent maintenant ce slogan comme point de départ d’un tournant «antiétatiste» qui aurait fini par nuire au parti historique de l’Etat fédéral, vite dépassé sur sa droite par l’UDC. Le livre des journalistes Alan Cassidy et Philipp Loser sur le «cas» PRD part également de ce slogan pour narrer les trente dernières années de ce parti sous la forme d’une longue agonie auto-imposée: le parti aurait lui-même saboté sa position hégémonique ainsi que sa large base sociale en s’éloignant de l’Etat et de l’engagement pour l’intérêt général. Pourtant, la recherche historique portant sur ces trente dernières années s’accorde généralement à relativiser l’impact politique immédiat de ce slogan. Si des travaux citent le slogan comme symptomatique d’un «tournant à droite» dans certains domaines politiques dès les années 1980, de nombreux auteurs, avec des perspectives divergentes, se rejoignent sur le constat d’une relative continuité politique après la crise économique des années 1970. La mitigation des effets de la crise en Suisse par la restriction de la politique migratoire aurait ainsi rendu un «tournant» néolibéral moins incontournable qu’ailleurs