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National audience

À partir du cas du Châtillonnais (Bourgogne), cette recherche met au jour différents registres de légitimité politique dans le temps et selon le niveau électoral des élus ruraux. Dans ces campagnes françaises, un long xixe siècle est dominé par les « notables », dont le déclin à l’échelle nationale devient plus criant au début du xxe siècle. Ce déclin permet l’accès au pouvoir politique du monde agricole, notamment aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Puis, les années 1970 se caractérisent par la montée d’une nouvelle petite bourgeoisie profitant de la création des instances intercommunales et d’une professionnalisation politique. Si les évolutions des deux siècles derniers illustrent un processus de démocratisation du corps des élus, cette démocratisation n’est ni linéaire, ni limitée et finalement réversible.

Ce numéro analyse les effets combinés des restructurations sociodémographiques (déprise des effectifs agricoles, développement de la mobilité résidentielle, polarisations territoriales…) et institutionnelles (décentralisation, généralisation de l’intercommunalité…) sur les logiques de conquête et d’exercice du pouvoir politique dans les mondes ruraux.Il s’agit de questionner les spécificités et la diversité des configurations politiques « rurales » en re-territorialisant l’analyse de la fabrique du personnel politique, en comprenant comment le recrutement et le travail politiques s’opèrent à l’intersection de scènes de sociabilité (festives, associatives, religieuses, sportives, culturelles…) qui, si elles sont éloignées du champ politique national, ne sont pas pour autant apolitiques.

Entre les années 1950 et 1980, de grandes enquêtes en sciences sociales ont été réalisées en France. Elles ont marqué la sociologie, comme l’anthropologie et l’histoire et, au-delà, ont touché un large public en faisant découvrir une image nouvelle de la société française, des tensions et des bouleversements qui la traversent. Ce livre, pour une part écrit par les protagonistes de ces enquêtes eux-mêmes, revient à la fois sur la manière dont elles ont été fabriquées et sur les effets qu’elles ont produits dans les sciences sociales. Il raconte comment elles se sont déroulées, dans quels contextes et avec quels moyens, comment elles ont été accueillies, les obstacles qu’elles ont rencontrés, les manières de faire qu’il a fallu déployer. Il montre le travail de recherche comme une pratique collective qui consiste en une élaboration lente et patiente d’hypothèses, de méthodes et de résultats selon un style intellectuel et des définitions du métier qui s’inventent sur le terrain.Ce livre propose une histoire des sciences sociales capable d’éclairer le présent et de cerner des invariants historiques ou culturels dans les modes d’organisation, d’argumentation ou de légitimation de la recherche. Sans céder au prophétisme, il apporte des réponses à la question si essentielle de l’objectivité et de la preuve en sciences sociales. En prenant pour objet central non pas des « grands hommes », des théories ou des « écoles », mais des enquêtes, connues ou moins connues, cette histoire sociale des sciences sociales se veut particulièrement attentive aux conditions, aux opérations et aux divisions concrètes du travail scientifique.

L'introduction de l'ouvrage défend l’idée que le recours à l’analyse localisée permet de mieux caractériser les positions sociales et de saisir les relations concrètes entre groupes sociaux. L'enquête collective menée dans une région rurale du centre-est de la France permet d’affiner la compréhension des modalités d’implantation locale des groupes sociaux. Elle fait apparaître des proximités et des alliances ou des différenciations et des clivages rarement mis en évidence dans les espaces ruraux. Elle contribue ainsi à complexifier la lecture de l’espace social, en proposant d’approcher au plus près la manière dont les individus se positionnent les uns par rapport aux autres.

National audience

Il est heureux de voir se développer des travaux sur les mondes agricoles et ruraux. À la fois pour dépasser les études rurales d’hier, les mondes ruraux sont désormais tout sauf à l’écart de la société globale, et en même temps, pour tenter de qualifier aujourd’hui leur singularité relative. Le livre d’Élise Roullaud entre pleinement dans ce programme général. Il s’agit de comprendre comment un un syndicat qui se réclame de la paysannerie

La révolte contemporaine ravive les conflits de classes que certains croyaient éteints. Mais cette lutte ne reprend pas le chemin du passé, et pour l’analyser, il faut tenir compte de la nouvelle géographie des rapports sociaux, comme du processus de désintégration sociale dont on avait sous-estimé la gravité.

This chapter describes the changing nature of the economic behavior of farmers in contemporary France based on their financial practices. These changes can in part be understood through the work of the banking institutions engaged with the agricultural world.

International audience

National audience

Boire du vin au restaurant, le choisir ou le faire choisir en fonction du plat sélectionné, étudier la carte des boissons tout comme le menu, ou encore commenter les domaines et les millésimes, sont des actes totalement intégrés par les amateurs de gastronomie du XXIe siècle. Et même si les associations mets vins tendent à s’internationaliser, déguster un produit local avec un vin du cru reste un moment important pour nombre de personnes souhaitant visiter une région. Cette démarche, si commune aujourd’hui, résulte pourtant d’un processus historique finalement assez récent et dont l’évidence contemporaine n’a rien de manifeste historiquement. En France au début du XXe siècle seulement, et de façon relativement nouvelle, se développent d’inédites associations culinaires et vitivinicoles marquées par des images régionales qui en feraient l’unité. Rapidement, en particulier via la restauration, ces modes de consommation vont se fixer dans les canons de la gastronomie française et mondiale. Ces deux mouvements touchant les vins et la gastronomie, pour nombre d’aspects, ne découlent pas nécessairement des mêmes logiques historiques et culturelles et, de fait, dans certaines régions comme en Champagne, par exemple, la gastronomie régional et les vins « du cru » mettront un temps certains à se rejoindre sur les cartes de restaurants. En Bourgogne, au contraire, la fusion va se réaliser durablement autour d’une idée régionaliste de la promotion du territoire qui prédomine de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Nous assistons en effet, spécifiquement dans l’ancien duché, à l’éclosion pionnière d’un lien fort entre les vins et la gastronomie locale, dès les années 1920. Cette territorialisation de la production s’inscrit alors dans le croisement constant de divers processus parallèles, qu’ils soient règlementaires (la mise en place des Appellations d’Origine), culturels (la genèse du folklore vineux et gastronomique), économiques, voire politique. Nombre d’acteurs issus de différents horizons participent de cette « nouvelle interpénétration gastro-vinicole de terroirs ». En ce sens, la collaboration étroite entre les producteurs de crus d’appellation de Côte-d’Or et les mondes gastronomiques émergents va pouvoir s’inscrire plus largement dans des réseaux impliquant journalistes, sommeliers, associations touristiques, universitaires, mondes culturels et politiques. Ces interrelations, à l’échelle régionale, nationale et internationale, souligneront l’importance et l’efficacité des liens entre le vignoble et la ville et, en particulier, entre les campagnes de Côte-d’Or et la capitale Dijonnaise, centre névralgique du processus de territorialisation « gastro-vinicole » en cours en ce début de XXe siècle.Afin de mieux cerner l’originalité et la place de la Bourgogne et de Dijon dans ce phénomène, nous reviendrons en premier lieu sur le processus d’émergence d’une gastronomie régionale reconnue. Nous évoquerons ensuite, le processus parallèle de genèse des vins d’appellations d’origine pour lequel la Côte-d’Or s’érigera en modèle. Il s’agira enfin, de montrer comment, de manière originale et en particulier dans la restauration, le vin va devenir un élément essentiel de cette gastronomie de terroirs.

Collective researches : histories and contemporary practices ?" Do fieldwork and collective research get on well ? While the ethnographic method has received renewed recognition since the beginning of the 1990s, this has been accompanied by a strengthening of the characteristic of individual ethnographic fieldwork, whereas more and more social scientists are trying to practice collective research. Experiences of this kind are increasing in various ways. This can involve investigating with several colleagues in the same fieldwork, sharing the data collecting work or doing multisite surveys within the same scientific program. This special issue of ethnographiques.org is focused on these different collective fieldwork practices, their (hi)stories and their renewal.; Enquête de terrain et recherche collective font-elles bon ménage ? Alors que la nouvelle reconnaissance dont bénéficie la méthode ethnographique depuis le début des années 1990 réaffirme fortement le caractère individuel de l'enquête ethnographique, de plus en plus de chercheurs contemporains en sciences sociales s'essaient à l'enquête collective. Qu'il s'agisse d'enquêter à plusieurs sur un même terrain, de diviser le travail de recueil de données ou bien encore de conduire une enquête en différents lieux comparatifs au sein d'un même programme, les expériences se multiplient. La revue ethnographiques.org a ainsi voulu consacrer un dossier à ces pratiques d'enquête, à leur histoire et à leur renouveau.

Feedback from experience : An argument for collective ethnography. This paper is a reflexive analysis of the author's trajectory (and probably those of a share of sociologists of his generation) to understand how he paradoxically ended up doing collective ethnography. Starting from a scientific socialization informed by sociological ethnography and socio-history, the practice of field research, and research in general, was conceived of and taught as an individual act. There was no positive model for collective research available. But in fact, the teaching of ethnography during field school training leads toward collective ethnography. By trying to systematize the benefits of these experiences, this text revisits three collective studies to evaluate the gains of each, mainly in the field, as well as the difficulties encountered in sharing data and the trials of publication. An archival method is then proposed to work around a general reticence toward sharing data., Ce texte se veut une analyse réflexive de la trajectoire de l'auteur, et au-delà de lui sans doute d'un segment de sa génération de sociologues, pour expliquer comment il en est paradoxalement venu à l'ethnographie collective. La pratique de l'enquête de terrain et plus généralement de la recherche, a été pensée et enseignée comme un geste individuel. Pour nous, formés à l'ethnographie sociologique et à la socio-histoire, il n'y avait pas de modèle positif d'enquête collective à disposition. Or de fait, à l'occasion de stages de terrain, l'enseignement de l'ethnographie conduit vers l'ethnographie collective. Le texte revient sur trois enquêtes collectives pour en tirer les leçons et mesurer les gains de chacune d'elle, principalement sur le terrain, et sur les difficultés occasionnées par la mutualisation des données et l'épreuve de la publication. Une méthode d'archivage est alors proposée pour contourner les réticences suscitées par la mise en commun des données.

National audience

Les agriculteurs et l'argent

International audience; "Collective researches : histories and contemporary practices ?"Do fieldwork and collective research get on well ? While the ethnographic method has received renewed recognition since the beginning of the 1990s, this has been accompanied by a strengthening of the characteristic of individual ethnographic fieldwork, whereas more and more social scientists are trying to practice collective research. Experiences of this kind are increasing in various ways. This can involve investigating with several colleagues in the same fieldwork, sharing the data collecting work or doing multisite surveys within the same scientific program. This special issue of ethnographiques.org is focused on these different collective fieldwork practices, their (hi)stories and their renewal.; Enquête de terrain et recherche collective font-elles bon ménage ? Alors que la nouvelle reconnaissance dont bénéficie la méthode ethnographique depuis le début des années 1990 réaffirme fortement le caractère individuel de l’enquête ethnographique, de plus en plus de chercheurs contemporains en sciences sociales s’essaient à l’enquête collective. Qu’il s’agisse d’enquêter à plusieurs sur un même terrain, de diviser le travail de recueil de données ou bien encore de conduire une enquête en différents lieux comparatifs au sein d’un même programme, les expériences se multiplient. La revue ethnographiques.org a ainsi voulu consacrer un dossier à ces pratiques d’enquête, à leur histoire et à leur renouveau.

Collective researches : histories and contemporary practices ?" Do fieldwork and collective research get on well ? While the ethnographic method has received renewed recognition since the beginning of the 1990s, this has been accompanied by a strengthening of the characteristic of individual ethnographic fieldwork, whereas more and more social scientists are trying to practice collective research. Experiences of this kind are increasing in various ways. This can involve investigating with several colleagues in the same fieldwork, sharing the data collecting work or doing multisite surveys within the same scientific program. This special issue of ethnographiques.org is focused on these different collective fieldwork practices, their (hi)stories and their renewal.; Enquête de terrain et recherche collective font-elles bon ménage ? Alors que la nouvelle reconnaissance dont bénéficie la méthode ethnographique depuis le début des années 1990 réaffirme fortement le caractère individuel de l'enquête ethnographique, de plus en plus de chercheurs contemporains en sciences sociales s'essaient à l'enquête collective. Qu'il s'agisse d'enquêter à plusieurs sur un même terrain, de diviser le travail de recueil de données ou bien encore de conduire une enquête en différents lieux comparatifs au sein d'un même programme, les expériences se multiplient. La revue ethnographiques.org a ainsi voulu consacrer un dossier à ces pratiques d'enquête, à leur histoire et à leur renouveau.

La figure de l’historien local, associée à celle de l’érudit, paraît le plus souvent figée et peu différenciée. Pour notre part, l’enquête ethnographique menée depuis plusieurs années a élargi notre champ de vision sur une production et des usages de l’histoire allant de l’érudition à l’économie du spectacle et au marketing touristique. Ces entrées multiples sur le terrain ont permis la reconstitution de réseaux d’interconnaissance dont nous extrayons ici Gaston Bari, un des personnages renco...

National audience; Lieu de rencontre entre l’offre et la demande, le marché assurerait la meilleure allocation des ressources grâce à des mécanismes autorégulateurs. À l’inverse, la sociologie se définit comme une science de l’enquête qui ne peut se résoudre à styliser la réalité sous quelques hypothèses simplificatrices. Les sociologues, qui s’aventurent désormais sur les terres de l’économie, ont alors beau jeu de critiquer les économistes. De fait, les marchés concrets ne sont jamais les marchés que les économistes modélisent. La démarche empirique actuelle des sociologues réinterroge notre compréhension des marchés. C’est le programme de la « nouvelle sociologie économique » apparue aux États-Unis dans les années 1970 et en France dans les années 1980.

National audience; « Traditionnellement, les zones rurales étaient définies comme abritant « une autre civilisation se différenciant fondamentalement de celle des villes par son mode de vie » (2). D'autres les définissaient comme des sociétés paysannes à l'écart de la modernité (3). Cette vision misérabiliste perdure dans les médias, les films ou les publicités. Elle est mise en valeur pour le tourisme. Mais ce monde rural n'existe plus. Aujourd'hui, le rural est tout sauf à l'écart. Il est inscrit pleinement dans la modernité. Il en subit les contraintes (dépendances des marchés), mais aussi les bénéfices (tourisme, aides publiques importantes). - L'Insee, en 2010, notait que 95 % de la population française était urbaine et que les 5 % restants vivaient « en dehors des pôles d'influence des métropoles. » Exit le mot « rural » et le monde rural. L'Insee définit le rural par la distance à l'emploi et indirectement par celle aux...

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International audience

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International audience; French rural worlds have been historicized over the last thirty years. This paper presents a research approach that attempts to reconcile cultural history and social history. Recent studies of regionalism in France have drawn extensively on the constructivist model of the nation and have sought to denaturalize its representations. But in articulating this history of representations with the economic uses made of them—and particularly the specialization of the French economy in luxury markets—it is best to eschew the routine phraseology of “identity” and prefer the combination of “social image” and “affiliation”. This provides a better understanding of how discourse and social structures interlock. Social spheres gravitating around regionalism in the inter-war years were very much interdependent. The nineteenth-century model that portrayed luxury goods as aristocratic was superseded by a model in which luxury products conveyed traditionalist values. The shift in the balance of power in the wine market away from winemerchants and toward vineyard owners can be understood only in the light of the political and cultural networks that vineyard owners managed to develop.

National audience

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Using a doubly distinctive case study consisting of both a revisit and collective ethnography, this article aims to reevaluate the contemporary social position of a particular minority of farmers in the social structure. The study is not concerned with the entrenched peasantry or the well-established farming bourgeoisie, the polar-opposite figures of a very fragmented socio-professional category, but instead with the children of agricultural modernization who have experienced ascendant social mobility since the 1950s. Rising income levels, the accumulation of land and housing, and holding elected positions, in combination with home renovations and choices made in their children’s educations, lead us to interpret these processes as embourgeoisement. Following the period when farmers abandoned ways of farming marked by the peasant condition, here we define the ensuing embourgeoisement as a process of accumulation, first of economic capital then of cultural and social capital – a process guided by recognition of the legitimacy of a given social order and the lifestyle of the dominant classes., À travers une étude de cas, marquée par la double originalité d’une revisite et d’une ethnographie collective, il s’agit de réévaluer la position sociale contemporaine de certaines franges des agriculteurs dans la structure sociale. En effet, l’étude s’intéresse non pas aux paysans empaysannés, ni à la bourgeoisie agricole établie de longue date, deux figures aux antipodes d’une catégorie socioprofessionnelle très éclatée, mais aux enfants de la modernisation agricole qui connaissent une mobilité sociale ascendante depuis plusieurs décennies. L’augmentation des revenus, du patrimoine à la fois foncier puis immobilier, l’occupation des postes politiques ou encore la modification de l’habitat, tout comme les choix scolaires des enfants, concourent à interpréter ce processus comme un embourgeoisement. Après la « dépaysannisation », l’embourgeoisement est défini ici comme un processus d’accumulation d’abord du capital économique puis du capital culturel et social, processus guidé par une reconnaissance de la légitimité d’un ordre social et du mode de vie des dominants.