Ronan Le Coadic, Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC Rennes), Université de Rennes 2 (UR2), Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC), Université de Brest (UBO)-Université de Rennes 2 (UR2), Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Université de Brest (UBO)-Université de Rennes 2 (UR2), Université de Rennes (UNIV-RENNES), Liam Anton Brannelly, Gregory Darwin, Patrick McCoy, and Kathryn O’Neill
International audience; In November 2013, tens of thousands of protesters marched twice in cities of western Brittany, wearing a red cap with reference to a large peasant revolt led in Brittany in 1675 and bloodily repressed by the troops of Louis XIV. Beyond their immediate demands, the issues of demonstrations in 2013 were multiple: governance crisis in France, economic crisis, social crisis... However, these events were judged harshly by many French politicians and journalists, who described them as a disparate movement, practicing class alliance and Poujadism (a French populist movement of the 1950s against taxes, industrialization and urbanization), who wrongfully assumed the legacy of the Red Caps of 1675. Our hypothesis is that these harsh judgments are part of a struggle for symbolic domination. To verify this, we conducted two types of searches: a comparison of the revolt of 1675 and of 2013 events; and a comparison of the remarks made by the elites in 2013 and of traditional social representations of the Breton people in France. It shows, first, that, mutatis mutandis, 1675 and 2013 have many similarities, and, secondly, that many of the arguments of the elites are part of the extension of (sometimes centuries-old) stereotypes on the Bretons. This means that the use of the symbolic red cap by protesters is not usurped and, above all, that, beyond a legitimate reserve, the hostility to this popular movement is part of a conservative approach.; En novembre 2013, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à deux reprises dans des villes de Bretagne occidentale, coiffés d’un bonnet rouge en référence à une grande révolte de paysans bretons menée en 1675 et réprimée dans le sang par les troupes de Louis XIV. Par-delà leurs revendications immédiates, les enjeux des manifestations de 2013 étaient multiples : crise de la gouvernance à la française, crise économique, crise sociale… Or, ces manifestations furent jugées sévèrement par beaucoup d’observateurs du monde politique et médiatique français, qui y virent un mouvement hétéroclite, relevant de l’alliance de classe et du poujadisme (un mouvement populiste français antifiscal, anti-industrialisation et anti-urbanisation des années 1950), indigne, donc, de l’héritage des Bonnets rouges de 1675. Notre hypothèse est que ces jugements sévères relèvent d’une lutte de domination symbolique. Pour le vérifier, nous avons procédé à deux types de recherches : une comparaison de la révolte de 1675 et des manifestations de 2013 ; et une comparaison des propos des élites de 2013 et des représentations sociales traditionnelles de la population bretonne. Il en ressort, d’une part, que, mutatis mutandis, 1675 et 2013 présentent de nombreuses analogies, et, d’autre part, que beaucoup des arguments des élites s’inscrivent dans le prolongement de stéréotypes (parfois pluriséculaires) relatifs aux Bretons. Cela signifie que le recours à la symbolique du bonnet rouge par les manifestants n’est pas usurpé et surtout que (par-delà une légitime réserve) l’hostilité à ce mouvement populaire s’inscrit dans une démarche conservatrice.