Indeniablement, le secteur de la collecte des dechets concentre de multiples contraintes physiques et psychiques generant de nombreux accidents de travail et maladies professionnelles (Dubois et Levis, 2013). On observe depuis une dizaine d’annees en France, une forte augmentation de ces dernieres chez les eboueurs et chauffeurs–ripeurs, ainsi qu’une stabilisation a un niveau eleve des accidents de travails et des accidents mortels (INRS, 2012 ; CRAMIF, 2015). Sur le terrain, les services et entreprises du secteur font face a des difficultes pour que les equipes prennent en compte les recommandations de bonnes pratiques et les reglements. Les chiffres relevant les atteintes pour la sante sont alarmants. Il ressort clairement la necessite d’innover et d’adopter des modeles et des methodes qui se penchent sur la sante au travail d’une maniere nouvelle en changeant l’approche des « bonnes pratiques » descendantes, pour aller vers une creation collective, favorisant une reflexion profonde sur le travail et permettant de rassembler les differentes strates hierarchiques (Clot, 2009). Penser la prevention pour la sante au travail en termes de developpement, de pratiques et de reorganisation du travail, induit un changement d’approche par rapport a la conception meme de la prevention et de la question du pouvoir d’agir des agents de terrain. C’est dans une approche innovante, que nous tentons, en convoquant les sciences de l’education (sciences humaines), de repondre a cette problematique en reliant au sein d’une recherche, les spheres professionnelle et academique dans la co-construction de connaissances au moyen d’une demarche de recherche–intervention (RI) (Marcel, 2012). Les interactions entre science et societe, au cœur de ce type de recherche, invitent a depasser le modele traditionnel de production de connaissance pour aller vers une mise en dialogue des mondes scientifique et professionnel, integrant la sphere sociale au centre de la recherche (Marcel, 2012 ; Aussel, 2015). Les agents de terrain sont consideres dans leur « expertise » metier (Gurnade in Marcel, 2015), ils sont porteurs de savoirs et experts dans leur domaine. La demarche, participative et collective (Charbonnier, 2013), est consideree dans le « paradigme » evoque par Deway (1979), comme un veritable levier d’accompagnement du changement des pratiques, permettant une visee emancipatrice (Broussal in Marcel, 2015). Ce type de recherche praxeologique s’inscrit dans un travail collaboratif entre le monde social et le monde scientifique permettant un partage de connaissance au service de la creation de connaissance et du changement.