Partant du constat selon lequel les différences individuelles ont été insuffisamment explorées dans le domaine de l’apprentissage coopératif, l’article tente de cerner les apports et les modalités possibles d’une approche différentielle de l’activité coopérative. L’examen des principaux courants de recherches dans le domaine, considérés dans leurs aspects différentiels, conduit les auteurs à faire deux propositions visant à améliorer la description des différences interindividuelles et inter groupales. La première consiste à caractériser les sujets partenaires par des dimensions personnelles susceptibles de renseigner sur leur mode d’apprentissage dans l’interaction. Le style d’apprentissage social, défini comme le goût pour l’apprentissage avec et par autrui, en constitue un bon exemple. La deuxième proposition est d’identifier le fonctionnement interactif de chaque groupe à partir de plusieurs indicateurs, en accordant une attention particulière aux rôles adoptés par chaque partenaire de l’interaction.Dans l’illustration empirique qui suit, 6 groupes de 4 sujets lycéens, dont on a évalué préalablement le style d’apprentissage social, ont été filmés en situation de coopération dans une tâche d’apprentissage par les textes qui les invitait à produire la synthèse écrite d’un dossier documentaire géographique. Quelques jours plus tard, une évaluation individuelle de la qualité de l’apprentissage effectué était pratiquée sous la forme d’un questionnaire de rappel d’éléments conceptuels et factuels du dossier. L’analyse systématique des types d’intervention de chacun révèle des profils spécifiques selon que les sujets présentent un style d’apprentissage social fort ou faible. Elle conduit par ailleurs à différencier quatre rôles tenus lors des interactions (constructif, argumentatif, questionneur, gestionnaire), qui ne conduisent vraisemblablement pas tous au même niveau d’apprentissage. Enfin, le fonctionnement interactif de chaque groupe est appréhendé à travers plusieurs indicateurs qui permettent de faire des pronostics quant à la qualité de la synthèse produite et à la qualité du rappel ultérieur. Confrontés aux performances réelles des sujets, ces pronostics s’avèrent être plus fiables pour prédire la qualité de la production commune que celle de l’apprentissage individuel. As a response to insufficient research in individual differences, observed in the field of cooperative learning, this article is an attempt to define the possible contribution–and its form of implementation–of a differential approach to cooperative learning. The authors suggest two ways of improving the description of inter-individual and inter-group differences following a review of the main research trends in the field, and specifically the differential aspects of this research. The first proposition concerns characterizing related subjects using personal dimensions, which could provide information on the interactive learning processes. The social learning style, defined as a desire to learn with an through others, is a good example of this. The second proposition is to identify the interactive functioning in each group by means of several indicators, while paying specific attention to the role played by each interacting partner. In the empirical illustration described here, six groups of four high school students, previously evaluated with regard to social learning dimension, were filmed during a cooperative learning task based on texts : they were asked to produce a written synthesis from a geographic documentary file. A few days later, their learning level was individually assessed using a recall procedure about conceptual and factual knowledge from the file. The systematic analysis of everyone’s speech types leads to profiles which vary according to the extent of sociality in their learning style. It also allows identification of four different roles which were adopted during the interaction process (constructive, argumentative, interrogative, managerial), and which do not necessarily result in equivalent levels of learning. Lastly, each group’s interactive functioning was considered using several indicators which allow a prognosis of the synthesis quality and of the subsequent recall. Compared to the actual performances of the subjects, this prognosis proves more valid when predicting the common production quality than the individual learning level.