Paule Coudret, Olivier Moine, Émeline Deneuve, Pierre Antoine, Jessica Lacarrière, Caroline Peschaux, Jean-Pierre Fagnart, Gilles Guérin, Sylvie Coutard, Clément Paris, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Direction Régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine, Service Régional de l'Archéologie, Institut de recherches économiques et sociales (UCL IRES), Université Catholique de Louvain = Catholic University of Louvain (UCL), Laboratoire de géographie physique : Environnements Quaternaires et Actuels (LGP), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12 (UPEC UP12)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Archéologies et Sciences de l'Antiquité (ArScAn), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (UP8)-Université Paris Nanterre (UPN)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES), École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement [Gif-sur-Yvette] (LSCE), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Géochrononologie Traceurs Archéométrie (GEOTRAC), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris Nanterre (UPN)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)-Institut national des sciences de l'Univers (INSU - CNRS)-Université Paris-Saclay-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)-Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (UP8)-Université Paris Nanterre (UPN)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J), Université de Toulouse (UT)-Université de Toulouse (UT)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12 (UPEC UP12)-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)
The Renancourt district, located to the west of the town of Amiens, has been known in archaeological literature since the beginning of the 20th century through work carried out by V. Commont in the ‘ancienne briqueterie Devalois’. Until recently, this open-air site was one of the rare early Upper Palaeolithic records for the whole loess region in the north of France. From the 1990s onwards, and particularly from 2010, the discovery of several sites as part of rescue archaeological operations enhanced the record and improved our knowledge of this period. In 2011, a new concentration of remains, discovered right beside the first excavations undertaken by V. Commont, was brought to light during archaeological assessments linked to a development project. Annual programmed excavations have been conducted since 2014 at this site, now called Amiens-Renancourt 1. The archaeological occupation, located at a depth of 4 m, is in a tundra gley. The loess sequence is about 8 m thick and corresponds mainly to the Upper Weichselian Pleniglacial. The first taphonomic observations point to a layer of remains covered rapidly by loess sedimentation. Six radiocarbon dates are now available and place the occupation between 22000 and 23000 BP, i. e. around 27000 cal. BP. The excavated surface currently extends over 41 m2. The abundant lithic and bone objects are organized into different concentrations, some of which attain several hundred remains per square metre. The bone remains are relatively well conserved and the dominant species in the faunal spectrum is horse. The lithic industry is in high-quality flint, available immediately beside the site. It is characterized by the production of large blades, sometimes over 20 cm long, obtained with a soft organic hammer, for manufacturing common tools but also several microliths (Gravette points). Separate bladelet production is used for the production of microliths, made up of backed bladelets with abrupt retouch, and several microgravettes. Alongside these remains, several exceptional female statuettes in chalk were discovered with some ornamental elements. A first description of these objects is presented in this article. The whole or fragmented statuettes are of varied dimensions. They show the same stylistic characteristics, that is, overstated feminine attributes, often with full breasts and sometimes buttocks projected towards the rear. They are in fairly tender chalk and are often fragmented but are nonetheless conducive to the legible interpretation of manufacturing marks. Considering the material used, the reconstruction of the chaîne opératoire of these figurines could easily include experimental tests and provide interpretative hypotheses for the fragmentation of these objects. Two types of personal ornaments were also discovered on the site : perforated roundels in chalk, some of which are grooved around the edge, and internal silicified Turritella fossils which probably come from Lutetian outcrops from the Aisne or Marne valley, located about 100 km south-east of the site. Continued research at the ‘ high resolution’ site of Amiens-Renancourt 1 will contribute to enhancing our knowledge of the settlement and socio-economic model of groups of hunters in the north of France before the second Weichselian glacial maximum. Previous chrono-cultural attributions pointed to a Final Gravettian age for this site, but current work indicates a Late-Final Gravettian age, which now requires further clarification., Le quartier de Renancourt, situé à l’ouest de la ville d’Amiens, est connu dans la littérature archéologique depuis le début du XXe siècle par les travaux de V. Commont menés dans «l’ancienne briqueterie Devalois» . Jusqu’à une date récente, ce gisement de plein air est resté l’un des rares témoignages du Paléolithique supérieur ancien pour l’ensemble de la région loessique du Nord de la France. À partir des années 1990 et plus particulièrement dès 2010, la découverte de plusieurs gisements dans le cadre de l’archéologie préventive a permis de mieux documenter et d’enrichir notre connaissance de cette période. En 2011, une nouvelle concentration de vestiges, découverte à proximité immédiate des premières fouilles de V. Commont a été mise au jour lors d’un diagnostic archéologique lié à un projet d’aménagement. Ce gisement, désormais appelé Amiens-Renancourt 1, fait l’objet depuis 2014 de campagnes de fouilles programmées annuelles. L’occupation archéologique, située à 4 m de profondeur, est incluse dans un gley de toundra. L’ensemble de la séquence loessique, d’une puissance d’environ 8 m, correspond en grande partie au Pléniglaciaire supérieur weichselien. Les premières observations taphonomiques témoignent d’une nappe de vestiges rapidement recouverte par la sédimentation loessique. Six datations 14C sont maintenant disponibles et placent l’occupation entre 22000 et 23000 BP, soit aux alentours de 27000 ans cal. BP. La surface fouillée couvre actuellement 41 m2. Le mobilier lithique et osseux, particulièrement riche, s’organise en différentes concentrations dont certaines peuvent atteindre plusieurs centaines de vestiges au mètre carré. Les restes osseux sont assez bien conservés et parmi le spectre faunique, le cheval apparaît comme l’espèce dominante. L’industrie lithique est réalisée dans un silex d’excellente qualité, disponible aux abords immédiats du site. Elle est caractérisée par une production de grandes lames, dépassant parfois les 20 cm, obtenues au percuteur organique tendre, pour la fabrication de l’outillage commun mais également de quelques armatures (pointes de la Gravette). Une production lamellaire autonome est dévolue à la fabrication des armatures composées de fragments de pièces à dos à retouche abrupte et de quelques microgravettes. À ces vestiges s’ajoute la découverte exceptionnelle de plusieurs statuettes féminines en craie et d’éléments de parure qui font l’objet d’une première description dans le cadre de cet article. Les statuettes, entières ou fragmentées, sont de dimensions variées. Elles partagent les mêmes particularités stylistiques, à savoir des caractères féminins exagérément prononcés avec une poitrine souvent opulente et des fesses parfois projetées vers l’arrière. Réalisées dans une craie assez tendre, l’état de conservation souvent fragmentaire de ces représentations humaines autorise cependant une bonne lecture des stigmates de fabrication. Compte tenu du matériau utilisé, la reconstitution de la chaîne opératoire de fabrication de ces statuettes pourra aisément inclure la réalisation de tests expérimentaux et apporter des hypothèses d’interprétation quant à la fragmentation de ces objets mobiliers. Le site a également livré des parures sous forme de rondelles en craie percées et parfois rainurées sur leur pourtour. Plusieurs moules internes silicifiés de Turritelles peuvent également être rapprochés de cette catégorie des parures. Ils proviennent probablement des affleurements lutétiens de la vallée de l’Aisne ou de la Marne, situés à environ 100 km au sud-est du gisement. La poursuite des recherches sur un gisement bien conservé comme celui d’Amiens-Renancourt 1 contribuera à une meilleure connaissance du peuplement et du modèle socio-économique des groupes de chasseurs qui ont occupé le Nord de la France avant le second maximum de froid du Weichselien. Préalablement rapportée au Gravettien final, l’attribution chronoculturelle s’oriente aujourd’hui davantage vers un faciès du Gravettien récent ou récent-final, qui reste à mieux définir., Paris Clément, Deneuve Émeline, Fagnart Jean-Pierre, Coudret Paule, Antoine Pierre, Peschaux Caroline, Lacarrière Jessica, Coutard Sylvie, Moine Olivier, Guérin Gilles. Premières observations sur le gisement gravettien à statuettes féminines d’Amiens-Renancourt 1 (Somme). In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 114, n°3, 2017. pp. 423-444.