During the interwar period, the novelist Hermann Broch saw the novel as a way out of the spiritual crisis into which Europe was falling. For him, the novel was the last place for the development of speculative thinking. This thesis aims to understand how this idea arose, at this precise moment in history, and to verify whether the novel can effectively form an alternative to the crisis of culture. Ultimately, it is the novel's specific relation to the world, in order to apprehend social imagination, which is at the heart of this work. This first represents defining the culture crisis. It appears as a doubt concerning social meanings, on which the institution of society is based. It is, especially, the revelation, through Critical theory, of the relation between the Enlightenment, intended to emancipate humanity, and the domination that causes the collapse of the European social imagination. Thenceforth appears the question of a structural ambivalence of Western culture. Are social meanings irremediably condemned to descend into domination ? Or, as Hermann Broch suggests, does the novel handle social meanings in a special way that keeps them away from domination ? Second, some novels, contemporaneous to Hermann Broch and belonging to the common European culture, confront sociological topics related to modernity, so as to verify this hypothesis. Ulysses by James Joyce, In Search of lost times by Marcel Proust, The Man without qualities by Robert Musil and The Sleepwalkers by Hermann Broch, face disenchantment (Max Weber), acceleration (Hartmut Rosa) and technical rationality (Frankfurt School). Each of these themes can be reconsidered in the light of the novels from the corpus. If this goes in the direction of a singular relationship of the novel with social meanings, the third stage is to identify its nature. It is thanks to constructions such as irony, architectonics or fiction, that the novel is able to maintain social meanings in a problematic tension. This indefinite state reveals the conflictual dimension inherent in social meanings, excluding their reversal into domination. The specificity of the novel lies in its ability to question the social imagination without determining it. This links it to the autonomy project, defined by Cornelius Castoriadis., Dans l'Entre-deux-guerres, le romancier Hermann Broch conçoit le roman, comme une possibilité pour s'extraire de la crise spirituelle, dans laquelle il voit sombrer l'Europe. Pour lui, le roman est le dernier lieu d'élaboration d'une pensée spéculative. Cette thèse, tente à la fois de comprendre comment cette idée a pu surgir, à ce moment précis de l'histoire, et de vérifier si le roman peut effectivement constituer une alternative à la crise de la culture. C'est finalement la singularité du rapport au monde entretenu par le roman, pour se saisir de l'imaginaire social, qui est au coeur de l'interrogation. Ceci suppose, dans un premier temps, de définir la crise de la culture. Elle se manifeste sous la forme d'un doute quant aux significations imaginaires sociales, sur lesquelles se fonde l'institution de la société. C'est notamment la mise au jour, par la Théorie critique, de la relation existant entre les Lumières, supposées émanciper l'humanité, et la domination, qui provoque l'effondrement de l'imaginaire social européen. Dès lors, se pose la question d'une ambivalence structurelle de la culture occidentale. Les significations imaginaires sociales qui en sont issues, sont-elles condamnées, à irrémédiablement sombrer dans la domination ? Ou, comme le laisse entendre Hermann Broch, le roman fait-il subir aux significations imaginaires sociales, un traitement particulier, les soustrayant aux logiques de domination ? Dans un deuxième temps, des romans contemporains de Hermann Broch, appartenant au cadre commun de la culture européenne, sont confrontés à des thématiques sociologiques attachées à la modernité, pour vérifier cette hypothèse. L'Ulysse de James Joyce, La Recherche de Marcel Proust, L'Homme sans qualités de Robert Musil, et Les Somnambules de Hermann Broch, sont mis en regard du désenchantement du monde (Max Weber), de l'accélération (Hartmut Rosa) et la rationalité technique (École de Francfort). Chacun de ces thèmes, peut être reconsidéré, à la lumière des oeuvres du corpus. Si ceci va dans le sens d'un rapport singulier du roman aux significations imaginaires sociales, il reste, dans un troisième temps, à identifier sa nature. C'est notamment grâce à des modalités, telles que l'ironie, l'architectonique, ou encore la fiction, que le roman est en mesure de maintenir les significations imaginaires sociales dans une tension problématique. Cet état indéfini, manifeste la dimension conflictuelle inhérente aux significations imaginaires sociales, excluant leur retournement dans la domination. La spécificité du roman, réside finalement dans sa faculté à mettre en question l'imaginaire social, sans pour autant le déterminer. Ceci le rallie au projet d'autonomie, défini par Cornelius Castoriadis.