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Utiliser un système d’information géographique pour cartographier le passé et identifier des éléments de réponse à des problématiques historiques est de plus en plus fréquent de nos jours. Dans le cas toulousain, les équipes des archives municipales de Toulouse puis du FRAMESPA ont structuré le SIG UrbanHist, destiné à la fois à faire progresser la recherche mais aussi à communiquer ses résultats à un public large. L’outil s’est considérablement enrichi depuis sa mise en ligne en 2003 et est mobilisé pour répondre à des questions de plus en plus diverses, ce qui pose la question de sa cohérence et de son unité. Mettre en place une structure à la fois efficace pour répondre aux questions des chercheurs et suffisamment flexible pour épouser la diversité des recherches est un véritable défi mais permet d’obtenir des résultats intéressants comme le prouve l’exemple de l’étude de la criminalité à Toulouse lors de la fête de carnaval à l’époque moderne. Using a geographic information system (GIS) to map the past and identify answers to historical questions is becoming increasingly common nowadays. In the case of Toulouse, the teams form the municipal archives and then from FRAMESPA have created the GIS named « UrbanHist », designed both to advance research and to communicate its results to a wide audience. The tool has evolved a lot since it went online in 2003, and is mobilized to answer increasingly diverse questions, which can compromise its coherence and unity. Establishing a structure that is both efficient in answering researchers' questions and flexible enough to embrace the diversity of research is a real challenge, but produces interesting results, as demonstrated by the study of crime in Toulouse during the carnival festival in early-modern times. Utilizar un sistema de información geográfica para cartografiar el pasado e identificar respuestas a preguntas históricas es cada vez más frecuente. En el caso de Toulouse, los equipos de los archivos municipales de Toulouse y, posteriormente, de FRAMESPA han puesto en marcha el SIG UrbanHist, concebido tanto para hacer avanzar la investigación como para comunicar sus resultados a un público amplio. La herramienta se ha enriquecido considerablemente desde su puesta en línea en 2003 y se utiliza para responder a preguntas cada vez más diversas, lo que plantea la cuestión de su coherencia y unidad. Poner en marcha una estructura que sea a la vez eficaz para responder a las preguntas de los investigadores y lo suficientemente flexible para dar cabida a la diversidad de las investigaciones es un verdadero reto, pero que ha dado algunos resultados interesantes, como demuestra el ejemplo del estudio de la delincuencia en Toulouse durante la fiesta de carnaval en la época moderna.

Les « quartiers occidentaux » d’Ostie ont fait l’objet de divers travaux au cours des deux dernières décennies et de nouveaux projets sont en train de voir le jour. Cependant, aucun n’a encore tenté de comprendre le développement de la forme urbaine de ce secteur entre le IVe siècle av. J.-C. et le début du IIe siècle apr. J.-C. La présente étude propose une réflexion préliminaire sur la formation de ces quartiers et cherche à poser les fondements d’une étude de morphologie urbaine plus vaste. Cette enquête se fonde sur la documentation des fouilles menées dans la première moitié du XXe siècle, qui reste souvent inédite, et sur les résultats des fouilles plus récentes menées sous le Tempio dei Fabri Navales (III, ii, 1-2) et la Schola del Traiano (IV, v, 15-16). The "western districts” of Ostia have been the subject of various works over the last two decades and new projects are emerging. So far, however, no attempt has been made to understand the development of the urban form of this area between the 4th century BC and the beginning of the 2nd century AD. The present study offers a preliminary research on the formation of these districts and lays the foundations for a broader study of urban morphology. The documentation of the excavations carried out in the first half of the 20th century, which often remains unpublished, and the results of the more recent excavations carried out beneath the Tempio dei Fabri Navales (III, ii, 1-2) and the Schola del Traiano (IV, v, 15-16) form the basis of this enquiry.

Cet article examine la mémoire urbaine des conflits confessionnels français sur le temps long, de 1562 aux débuts de la Révolution française, par le biais de commémorations annuelles. Il se focalise plus particulièrement sur des rituels commémoratifs catholiques, dits « processions de la délivrance de la ville », dans cinq villes : Carcassonne, La Rochelle, Marseille, Poitiers et Toulouse. Les épisodes commémorés remontent aux guerres de Religion (1562-1598) et aux guerres de Rohan (1621-1629), il s’agit de la libération d’une ville par les autorités catholiques, consulaires ou royales, de la menace du protestantisme et de la rébellion. Ces épisodes, très différents selon les cités, sont immédiatement caractérisés de miracles dignes de mémoire par les édiles ou le monarque – à La Rochelle – et rappelés lors de processions anniversaires durant toute l’époque moderne. Porteuses d’une mémoire officielle et victorieuse au xvie siècle, ces commémorations se heurtent à l’évolution des mentalités. Deux siècles après leur institution, les penseurs éclairés rejettent l’intolérance religieuse et condamnent les violences du fanatisme chrétien. Vestiges d’un passé honteux, elles perdurent pour autant jusqu’aux débuts de la Révolution. Les commémorations des délivrances urbaines s’inscrivent ainsi dans une histoire longue et tumultueuse où la mémoire officielle doit être étudiée comme un objet de construction permanente, entre gloire et honte. This article examines the urban memory of French denominational conflicts over the long term, from 1562 to the beginning of the French Revolution, through annual commemorations. It focuses more specifically on Catholic commemorative rituals, known as 'processions of the deliverance of the city', in five cities: Carcassonne, La Rochelle, Marseille, Poitiers and Toulouse. The episodes commemorated date back to the Wars of Religion (1562-1598) and the Rohan Wars (1621-1629), and involve the liberation of a town by the Catholic, consular or royal authorities from the threat of Protestantism and rebellion. These episodes, which varied greatly from one city to another, were immediately characterised as miracles worthy of remembrance by the town councillors or the monarch - in La Rochelle - and were recalled during anniversary processions throughout the modern era. In the 16th century, these commemorations were the bearers of an official and victorious memory, but they came up against the evolution of mentalities. Two centuries after their institution, enlightened thinkers rejected religious intolerance and condemned the violence of Christian fanaticism. The vestiges of a shameful past continued to exist until the beginning of the Revolution. The commemorations of the urban deliverances are thus part of a long and tumultuous history in which the official memory must be studied as an object of permanent construction, between glory and shame.

Nous cherchons ici à présenter la complexité du geste fondateur qui donne naissance aux vilas, durant la période coloniale. Ceci suppose de considérer l’imbrication des échelles spatiales et temporelles dans lesquelles ce processus prend place. Commençons par l’espace : de l’échelle mondiale d’un empire thalassocratique à l’échelle atlantique de la traite, où les vilas servent de points d’articulation à l’ambition portugaise de domination des mers, des échanges et des hommes ; de l’échelle de...

Dans la mythologie grecque, il existe un fleuve appelé Alphée, fils du Titan Océan et de sa sœur Thétys. Ce fleuve, dont les eaux baignent une partie de la Grèce, est célèbre pour avoir servi à Hercule dans l’un de ses 12 travaux, lorsqu’il a dévié ses eaux pour nettoyer les écuries d’Augias. Mais ce n’est pas cette histoire qui m’intéresse ici : un beau jour (et l’on ne sait pas si c’était avant ou après les fameux travaux !), le fleuve est tombé amoureux de la nymphe Aréthuse, qui avait pri...

La courte période des capitaineries héréditaires au Brésil (1534-1549) a pâti, pendant de nombreuses années, d’un regard suspicieux de l’historiographie quant à son efficacité, aussi bien pour le contrôle du territoire que pour la définition d’un véritable projet colonial. Dans son chef-d’œuvre consacré aux balbutiements de la colonisation portugaise au Brésil et publiée à l’occasion du premier centenaire de l’indépendance du Brésil, où il parle pourtant d’une « ère héroïque de la colonisatio...

Si j’ai souhaité placer ce discours de réception (comme sociétaire correspondant étranger de l’Institut historique et géographique brésilien) sous le signe de Racines du Brésil, ce n’est pas seulement parce que c’est le premier ouvrage que j’ai lu en portugais et qu’il a été mon tout premier guide sur les sentiers de l’histoire du Brésil ; ce qui m’intéresse surtout, c’est de souligner que dans cet essai qualifié « d’examen de conscience du Brésil », Sérgio Buarque de Holanda adopte un double...

Ce recueil d’essais sur l’histoire du Brésil repose sur un double pari : faire de la ville le personnage principal de cette histoire, et du rythme, le moteur de l’invention ou de l’articulation des espaces et sociétés. Si la ville est le sujet de l’histoire du Brésil, c’est parce que, telle une plaque tournante, elle est un lieu de création et d’impulsion d’un ensemble de processus rythmiques qui vont donner forme au Brésil. Les cas d’études que l’ouvrage analyse ici ambitionnent de poser les bases d’une rythmanalyse de la ville brésilienne qui invite à porter son attention sur les mobilités et les mouvements, les temporalités et leurs intervalles qui tressent la trame spatiale des sociétés.

Longtemps l’histoire du Brésil urbain a été maltraitée. Il faut reconnaître que très tôt les sciences sociales brésiliennes (emboîtant le pas à Gilberto Freyre et Sérgio Buarque de Hollanda dans les années 1930) avaient élu le monde de la plantation et celui des bandeirantes comme les cellules de base de la société brésilienne. Freyre, par exemple, insiste à plusieurs reprises sur le caractère rural de la colonisation brésilienne : « La société coloniale brésilienne, principalement à Pernambo...

Cette partie aborde la construction des regards que les sciences sociales brésiliennes portent sur la ville du passé ou sur les traces du passé dans la ville contemporaine : comment s’est structuré le champ des études urbaines au Brésil, notamment lorsqu’il s’est agi d’interroger les liens entre ville et histoire ? Historiens et autres chercheurs des sciences sociales se partagent ce champ d’études, dont le dynamisme et la fertilité peuvent aussi se lire à la capacité à s’approprier des notio...

Dès leur constitution, les sciences sociales brésiliennes ont accordé une place privilégiée aux pousos (que l’on pourrait définir, dans un premier temps, d’après le dictionnaire Aurélio, comme un « lieu où on a l’habitude de se reposer »). La thématique des pousos occupe, de fait, une place de choix dans les recherches de certains historiens : autant chez ceux qui se penchent sur la question de la pénétration des hommes dans l’intérieur du Brésil, que chez ceux qui étudient les formes proviso...

« Que mettons-nous dans l’acte de fonder qui semble se trouver au cœur de “territorialiser” ? », s’interrogeait Marcel Détienne dans son enquête collective sur les tracés de fondation. C’est ce chemin que je me propose de suivre, à partir du cas de São Jorge dos Ilhéus, vila siège de la capitainerie éponyme situé au sud de Salvador, née de la donation, par dom João III, d’une bande littorale de 50 lieues d’extension (environ 300 km) à l’écrivain du Trésor Royal (Fazenda Real), Jorge de Figuei...

Nous avons vu que la naissance des villes s’inscrit à l’articulation de rythmes spatiaux et temporels, rythmes qui marquent également de leur présence la vie urbaine. Cette partie s’empare désormais d’un autre phénomène : la mise en scène et en images de ces rythmes fondateurs. Par le recours iconographique, il s’agit en quelque sorte d’ouvrir une fenêtre dans laquelle inscrire une nouvelle histoire ; par le recours scènographique, il s’agit cette fois de conférer une cohérence à des événemen...

Image des villes, villes de l’image, villes en images… la ville a bien du mal à se concevoir en dehors d’un lien avec l’image. Et ce rapport est ancien. Que l’on songe à Clisthène, il y a 2 500 ans de cela, qui attribue à la cité d’Athènes, dont il impulse la réforme spatiale, un projet central : la représentation de l’isonomie, principe fondateur de la démocratie grecque. Mon propos se concentre plus particulièrement sur une question : pourquoi mettre une ville en images ? En m’appuyant sur ...

Il y a soixante ans, Brasília est intronisée nouvelle capitale du Brésil ; il y a soixante ans, Rio de Janeiro est destituée de ce pouvoir. De Rio à Brasília, le titre de capitale a changé de mains ; de Rio à Brasília, le pouvoir d’État a déménagé. Ce texte traite de la question du déplacement du pouvoir : dans quelle mesure l’observation de ce déplacement permet-il de comprendre les relations entre la ville et le pouvoir, la place du pouvoir dans la ville, et la signification de sa visibilit...

Le 8 janvier [2023], plusieurs milliers d’émeutiers d’extrême droite dévastaient les principales institutions brésiliennes, situés sur la place des Trois-Pouvoirs, à Brasília. Dans un entretien avec Bruno Meyerfeld (correspondant du journal Le Monde à Rio de Janeiro), Laurent Vidal revient sur l’importance de ces lieux et la magnitude symbolique de leur mise à sac. Bruno Meyerfeld — Pour ceux qui ne la connaissent pas, qu’est-ce que la place des Trois-Pouvoirs ? Laurent Vidal — Comme son nom ...

À l’origine de cette partie, un constat : dans ce Brésil à échelle continentale, où les routes atlantiques se dédoublent en chemins de terre et d’eau, déplacement et attente vont souvent de pair et articulent rythmes spatiaux et temporels. D’une part, parce que des déplacements naissent de l’attente : lorsque cette dernière prend la forme d’une espérance (où domine l’imaginaire d’un pays d’abondance) elle suscite des mobilités humaines (la quête de l’or en est un exemple). D’autre part, parce...

« Bref, les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés […].Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayantle plus possible de ne pas se cogner. »Georges Perec, Espèces d’espaces. Des mutations de la ville aux mutations du regard sur la ville Les grandes métropoles ont connu, au cours des quinze dernières années, des mutations profondes, et ce tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Ces mutations, d’ordre physique et sémantique, tendent à remettre en ...

Le 26 mai 1742, les officiers municipaux de Vila Boa s’adressent, par écrit, au roi du Portugal. Ils viennent d’annuler la procession du Corpus Christi et d’incarcérer quatre membres de la confrérie du Saint Sacrement. C’est parce qu’ils mesurent la gravité d’une telle décision qu’ils en expliquent les raisons au roi : « une heure entière, en présence du gouverneur, nous avons exhorté les officiers de la confrérie du Saint-Sacrement à nous prêter ou nous louer leurs ornements. Ils le firent d...

La ville est rythme ! Rythmes de ses genèses, rythmes des sociétés qui y prennent forme et s’y déploient, rythmes des échanges, rythmes du quotidien, rythme des aménagements, rythmes de la vie publique, rythmes de la vie religieuse… Rythme ! Tout est rythme dans la ville. La « phrase urbaine » porte en elle l’emmêlement des temps, l’emmêlement des gens et l’emmêlement des territoires où vient se cristalliser la diversité des rythmes qui lui ont donné forme et continuent de lui insuffler vie. ...

Dans La cité divisée, l’historienne Nicole Loraux constate la permanence d’un double discours sur la cité grecque : celui de l’historien, qui « parle de constitutions et de guerres et n’a que faire de la vie silencieuse des femmes, des étrangers et des esclaves », et celui de l’anthropologue, qui « n’est pas dans le temps de l’événement » mais dans celui, « répétitif, des pratiques sociales ». Ce discours a été inventé par les Grecs eux-mêmes et sans cesse repris depuis lors. Ainsi étudiée so...

National audience

Le recours maintenant possible à deux formes du matériel archéologique, monétaire et céramique, donne l’occasion de revenir sur certaines interprétations anciennes, de leur ajouter quelques observations. L’une d’elles est relative au contexte topographique dans lequel fut construit le groupe épiscopal. Il fut élevé a fundamentis, excluant tout remploi de constructions antérieures, même pour les dépendances. Le processus observé pour la basilique sud diffère notablement de ce modèle, dans la r...

En composition parallèle avec la basilique II, à deux îlots de distance, la basilique III était le second lieu de culte de la « cathédrale double ». Cette disposition bien identifiée de l’architecture chrétienne épiscopale s’exprime concrètement ici par le mur reliant les deux chevets, marque de l’unité de projet (fig. 13). En regard d’une logique topographique et de l’importance respective des fonctions, l’îlot qui contenait la basilique III, contraint par le relief (fig. 14), semble const...

Des deux états de la basilique sud et de ses annexes (fig. 1) proviennent 50 monnaies de bronze et un sou d’or d’époque byzantine qui figure à part dans ce catalogue (Planche I). Face à 20 imitations, 18 exemplaires sont des frappes officielles, proportion forte par rapport à la moyenne générale mais sans valeur indicative. La dimension de l’échantillon est en effet limitée et, stratigraphiquement, les gîtes sont très hétérogènes, incluant des niveaux profonds antérieurs à l’église ou parfois...

Comme dans le cas de la basilique sud, certaines parties du lieu de culte avaient déjà été mises au jour deux décennies avant que n’intervienne la fouille, mais son inscription dans un îlot complet n’avait pas été reconnue. Dans l’abside et dans les trois dernières travées, la mosaïque du sol le plus ancien était restée à ciel ouvert. Seules les deux premières travées n’avaient pas été touchées. Dans le baptistère cruciforme, attribuable au deuxième état, le sol de sa propre abside et ceux, m...

À la cinquantaine de monnaies exhumées à l’occasion de la fouille de la basilique sud, de celle de ses annexes et de certains niveaux archéologiques antérieurs s’opposent les 887 unités récupérées lors de l’exploration du groupe épiscopal (fig. 11). De ce nombre, et, dans ce cas aussi, sont à défalquer les exemplaires qui proviennent de bâtiments préexistants. D’abord, au nombre de 20, ceux issus des trois pièces (A, B, C) d’une maison aux dépens de laquelle s’est étendue l’emprise de l’îlot ...

Dans ces pages, des informations nouvelles et les réflexions qu’elles suscitent viennent conclure le dossier de la fouille des basiliques chrétiennes du site tunisien de Sidi Jdidi menée entre 1991 et 2006. Le recul du temps fait aussi que quelques touches inédites ou des rectifications ont pu être apportées au tableau déjà ancien. L’occasion de cette mise au point tardive est la mise à disposition des identifications du matériel numismatique absent jusqu’ici de l’interprétation. Seul un peti...