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Peut-on aujourd’hui essayer de voir la Déesse hindoue avec un regard neuf ? Dans ce recueil une première réponse est donnée, qui n’est qu’un premier moment de la démarche nécessaire : on parle de la Déesse sans recourir aux clichés habituels ou aux vieilles hypothèses, déesses mères, déesses dravidiennes, déesses villageoises... qui impliquaient une cassure fondamentale à l’intérieur de l’hindouisme. Autant dire qu’il est possible de dessiner autrement la place de la Déesse dans une totalité qui l’inclut : on a déblayé le terrain pour le second moment de la démarche et posé quelques jalons.

The Mahābhārata’s portrayal of Draupadī is examined by comparison with her depiction in Bhaṭṭa Nārāyaṇa’s Veṇisaṃhāra and in the South Indian Draupadī firewalking cult. Through focusing on themes connected primarily with Draupadī’s hair, there is found to be considerable consistency and continuity from the textual to the cultic materials. With dishevelled hair, and in particular in her disguise as a Sairandhrī (chambermaid, hairdresser), Draupadī evokes themes of impurity, “dissolution” in several senses, and Śūdra and outcast roles. Through these various characterizations, the epic (as well as the Veṇīsaṃhāra and the Draupadī cult) deepens her identification with the Hindu Goddess: Draupadī represents the Goddess not only as Śrī-Lakṣmí (whom she incarnates in the epic), but in such destructive forms of the Goddess as Mṛtyu, Kālarātri, Kālī, and Durgā. La figure de Draupadī dans le Mahābhārata est analysée de manière comparative en la reportant à la description de Draupadī dans le Veṇīsaṃhāra de Bhaṭṭa Nārāyaṇa et dans le culte de la marche sur le feu propre à l’Inde du Sud. À travers les convergences de thèmes essentiellement rattachés à la chevelure de Draupadī on observe une cohérence et une continuité remarquables. Avec ses cheveux défaits, et tout particulièrement quand elle se déguise en Sairandhrī (camériste ou coiffeuse), Draupadī évoque les thèmes de l’impureté, de la « dissolution » – en plusieurs sens du terme –, et les rôles de Śūdra et d’« intouchable ». A travers ces différentes caractérisations, l’épopée, tout autant que le Veṇīsaṃhāra et que le culte qui lui est rendu, approfondit l’identification de Draupadī avec la Déesse hindoue : Draupadī représente la Déesse non seulement sous l’aspect de Śrī-Lakṣmī (qu’elle incarne dans l’épopée), mais aussi sous les aspects destructeurs de la Déesse que sont Mṛtyu, Kālarātri, Kālī et Durgā.