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Les prospections menées depuis les années 2000 dans la vallée du Ruisseau de Saman-Cabrils (Tautavel, France) ont permis de repérer, dans ce micro-territoire, plusieurs sites de plein air attribuables au Paléolithique supérieur ancien, c’est-à-dire à l’Aurignacien et au Gravettien. Tel fut le cas, dans les années 2010, du Jas d’en Biel 1 et 2 et du Ravin d’en Saman 1 et 2. La découverte récente d’un nouveau site, le Ravin d’en Saman 4 et 5, vient relancer l’hypothèse d’une concentration de sites dans ce petit territoire. Malgré un effectif lithique relativement faible, le Ravin d’en Saman 4 et 5 s’inscrit culturellement dans le contexte du Gravettien tel qu’il a été identifié dans la zone orientale du versant nord pyrénéen. Comme dans le cas du Ravin d’en Saman 1 et 2, plusieurs indices techno-typologiques renvoient à des moments anciens du Gravettien. C’est, en particulier, le cas d’une pointe de la Font-Robert qui représente, à ce jour, le spécimen connu le plus méridional en latitude. Éloignée de plus de 200 km du foyer périgordin, cette pointe témoigne de relations entre la zone orientale du massif des Corbières et la Dordogne. Même si la très grande partie de l’outillage lithique du Ravin d’en Saman 4 et 5 relève d’une origine locale, à moins de 30 km, correspondant aux gîtes oligo-miocènes du Bassin de Narbonne-Sigean, deux pièces proviendraient des formations crétacées d’Aquitaine. L’absence d’études paléo-environnementales et de datation 14C, liées aux conditions de dépôt du gisement, nous prive de données qui auraient été précieuses pour préciser le type d’occupation humaine dont le site a été le lieu. À ce jour, le Ravin d’en Saman 4 et 5 confirme la présence du Gravettien ancien dans une zone dont il était absent jusqu’à encore très récemment. De plus, il engage, par la présence de la pointe de la Font-Robert et de matières premières allochtones, dans la voie d’une recherche de relations humaines à longue distance qui auraient existé entre la zone méditerranéenne du piémont nord pyrénéen et l’Aquitaine. Until recently, the early Upper Palaeolithic was unknown in the Mediterranean part of the French Pyrenees. This absence is difficult to explain given that sites from this period have been known for some time north of the Pyrenees, in Narbonne region (La Crouzade Cave), south, in the Girona region (the caves of L’Arbreda and Reclau Viver), and to the west, in the central Pyrenees (the caves of Tuto de Camalhot, Portel, Enlène-Trois Frères and the open-air sites of Sers and Taoua). The 2008 discovery of Jas d’en Biel 1 provided additional evidence for a Late Gravettian presence in this area of the Pyrenees, partially filling the aforementioned chrono-cultural gap.Two Upper Palaeolithic groups occupied open-air camps on river terraces, not far from the banks of two streams, the Saman-Cabrils and Rec del Fenoll, that lie on either side of the low altitude Col del Buix (absl 208 m) and drain into the Mediterranean. Several of these sites have been published over the last few years or are in the course of publication, including Jas d’en Biel 1 (2008), Jas d’en Biel 2 (2022), Ruisseau de la Redouna (2021), Ravin d’en Saman 1-2 (2021) and Ruisseau de la Boulière 2 (submitted). These sites provided evidence for a human presence in the region during the Aurignacian, Gravettian, Solutrean and Mesolithic. The newly discovered site of Ravin d’en Saman 4-5 attests to a human presence as early as the first stages of the western European Gravettian.The artefacts were collected from the surface of a clayey formation containing almost no stone blocks. The remains were distributed uniformly in all sectors of the site, which is due to long history of vineyard activities in this area. The large blades from Ravin d’en Saman 4-5 appear to have either been produced in a different part of the site or imported, while bladelets were detached from cores recovered from the site. The discovery of a Font-Robert point supports an early Gravettian attribution for the assemblage. Like all Upper Palaeolithic sites in the area, raw materials consist of a high proportion of local Oligocene-Miocene flint varieties from Narbonne-Sigean or Roquefort-les-Corbières as well as jasper from Villefranche-de-Conflent. The assemblage also contains two pieces in exotic materials from the Bergerac region of the Aquitaine Basin, which attest to communication routes running along a N-W/S-E axis being in place from the early stages of the Gravettian. Almost thirty years ago, Y. Taborin’s sourcing of the shells used for Upper Palaeolithic personal ornaments highlighted exchange routes between the Atlantic Ocean and the Mediterranean. The two pieces from Ravin d’en Saman 4-5 provide additional evidence that these same communication routes were used for the exchange of certain high-quality flints.The Col del Buix likely met the needs of Upper Palaeolithic hunters, as it provided decent sun exposure, easy access to water and stone free ground. The minor obstacle of the pass, however, may have presented considerable difficulties for gregarious animals. This particular topographic context potentially required a mode of hunting which, in the absence of organic material, remains hypothetical.The discovery of a Font-Robert point raises two important issues:- First, in the eastern Pyrenean area, this point type demonstrates an early Gravettian presence, which was previously proposed based on very limited evidence that unfortunately derives from old excavations. This is the case, for example, with the small points from La Crouzade (Gruissan, Aude department), as rightly noted by D. Sacchi.- Second, it updates and completes the distribution map of Font-Robert points in western European, with the Ravin d’en Saman 4-5 example being the southernmost occurrence.Forty years after initial surveys, a cluster of open-air sites broadly attributable to the Gravettian have been documented in the area of Ravin d’en Saman-Cabrils and Rec del Fenoll, an exceptional discovery for the eastern Mediterranean coast. This new data raises questions as to why humans repeatedly settled the area during this period. The small size of the sites suggests they represent short-term stopover sites along migration routes extending far beyond the eastern Pyrenean region, as suggested by the presence of the Font-Robert point and exotic raw materials.

Grâce à la « révolution numérique », les chercheurs ont désormais accès à de nouveaux outils d’exploration qui ont considérablement renouvelé les pratiques scientifiques traditionnelles. L’archéologie a pleinement intégré cette ère du virtuel. Ce recueil explore les applications des techniques de l’imagerie numérique, comme la photogrammétrie, le scanner laser, la microtomodentométrie, la modélisation tridimensionnelle et les systèmes d’information 3D, ou la réalité virtuelle et augmentée. L’introduction de l’imagerie numérique a également changé la diffusion des connaissances archéologiques et fait évoluer la muséographie. Les travaux présentés concernent des vestiges ostéoarchéologiques humains et animaux, des sites paléolithiques et des grottes ornées, ainsi que des sites proche-orientaux mis en danger par les conflits actuels. Le Congrès national des sociétés historiques et scientifiques rassemble chaque année universitaires, membres de sociétés savantes et jeunes chercheurs. Ce recueil est issu de travaux présentés lors du 144e Congrès sur le thème « Le réel et le virtuel ».

Le programme de recherche ANR Schopper conçoit une nouvelle approche d’évaluation et de validation d’hypothèses de recherche sur les comportements des populations préhistoriques, par l’utilisation de la réalité virtuelle et de l’intelligence artificielle. Ce programme s’appuie sur le site paléolithique de la Caune de l’Arago (Tautavel, Pyrénées-Orientales), dans le sud de la France. Il exploite les données issues de la fouille et des études pluridisciplinaires menées depuis plus de 50 ans. Les environnements préhistoriques virtuels dynamiques sont recréés et permettent aux chercheurs de pénétrer ce monde du passé et de raisonner dans un contexte immersif qui favorise les formulations d’hypothèses. Des simulations sont générées à partir de modélisation de processus environnementaux et des interactions Homme-milieu déduites des études interdisciplinaires, permettant de tester les meilleurs scénarios à l’origine des faits archéologiques. The ANR Schopper research program is designing a new approach to the evaluation and validation of research hypotheses on the prehistoric populations behaviour, by the use of virtual reality and artificial intelligence. This program is applied on the Caune de l’Arago palaeolithic site, in the South of France (Tautavel, Pyrénées-Orientales). It uses data from excavation and multidisciplinary studies carried out for more than 50 years. The prehistoric virtual and dynamic environments of the archaeological site are recreated and allow researchers to enter these palaeo-environments and to reason in an immersive context that encourages the formulation of hypotheses. Immersive landscapes are generated from modelling of environmental and human-environment interaction processes, defined from interdisciplinary studies, making it possible to test the best scenarios for the origin of archaeological facts.

L’idée que l’homme préhistorique ait pu, dans un environnement géologique connu de lui, pratiquer des choix n’est pas très originale. Pour ne pas rester seulement une hypothèse, il convenait d’observer le comportement de l’homme dans le cas précis d’une occupation au sein d’un contexte pétrologique donné. La couche magdalénienne C3 de la grotte des Conques à Vingrau (Pyrénées-Orientales) se prête bien à une telle approche. Dans ce cas particulier, le croisement des données pétrographiques et typologiques indique que des choix ont été opérés. Ils sont essentiellement guidés par le type d’objet à réaliser, le facteur distance paraissant moins important. Ainsi les supports lithiques du couple lamelle à dos – perçoirs se différencient de ceux des grattoirs – burins. Cette opposition paraît trouver sa raison dans les contraintes liées aux dimensions de l’outil et à la taillabilité du matériau. The idea that prehistoric man may have made choices concerning the exploitation of his geological environment is not new. For a realistic approach, the behaviour of a particular group of humans occupying a precise petrological context was studied. The Magdalenian bed level C3 of the Conques cave site in Vingrau (Pyrénées-Orientales) provides a perfect example of the application of such an approach. Petrological and typological data were crossed and results show that such choices did exist. It appears that the decisive factor concerning the choice of a particular raw material was the tool to be realised, the distance of the different sources being lesser importance. The lithic supports having the paired tools backed blade – pergoir are different from those of the pair end scraper – burins. This opposition is justified when the dimensional constraints of these tools are considered, as well as the quality of the raw material.

Les auteurs de cet ouvrage “ Pierre et Archéologie ”, issu du Colloque international qui s’est tenu à Tautavel (14-15 mai 1998) veulent attirer l’attention sur les nombreux aspects de l’utilisation de la pierre par l’Homme depuis la Préhistoire, et les difficultés pour comprendre et expliquer son identification, son évolution et sa conservation. Mise à part l’utilisation lointaine de la pierre par l’homme préhistorique pour assurer sa survie, il reste le domaine très vaste, plus récent dans le temps, de la pierre de taille utilisée par les hommes. Déjà les gallo-romains se sont servis des pierres dites « du midi » pour des constructions que nous connaissons bien. Mais la pierre n’est pas réservée seulement aux monuments, elle fait partie de la vie quotidienne. En dehors des grands édifices, de nombreuses habitations sont bâties en pierre et souvent leur sol est pavé de pierres. Il y a aussi l’amour de la pierre tout simplement, pour le beau, le toucher : c’est par exemple la sculpture qui agrémente les monuments et même les habitations. Les sarcophages en marbre blanc, sculptés entre la fin de l’Antiquité classique et le Haut Moyen-Age, dont le problème de l’origine est traité dans cet ouvrage, montrent bien la diversité des aspects artistiques que l’Homme a su exploiter. L’ensemble des contributions présentées apporte des données originales sur les méthodes et techniques modernes utilisées pour contribuer à mieux comprendre l’évolution culturelle et artistique de l’humanité, le devenir de la pierre extraite et la restauration des monuments. Ceci montre une fois de plus la nécessité d’une recherche pluridisciplinaire, seule démarche pour assurer la protection et la pérennité de tout ce qui touche notre patrimoine.

La grande diversité de matières premières (100 types de roches) observée au sein de l’industrie lithique du Pléistocène moyen de la Caune de l’Arago a motivé depuis plusieurs années l’étude de la provenance de ces roches. Environ 70 % des roches utilisées proviennent d’un milieu alluvial proche de la grotte. Parmi les roches récoltées directement sur leur lieu de formation, les silex sont les indicateurs les plus fiables des déplacements humains et sont au centre de notre travail. Certains types de silex utilisés dans cette industrie établissent la limite du territoire de circulation des occupants de la grotte à 40 km en direction du nord-est. La découverte de gîtes à silex dans les environs immédiats de la grotte (moins de 1 km, 3 km, 5 km, 7 km, 16 km) a permis des comparaisons pétrographiques avec certains silex présents dans l’industrie. Les résultats positifs permettent de percevoir des déplacements sur des distances plus réduites que celles envisagées jusqu’à présent. Nous distinguons donc deux types d’approvisionnements, les lointains (de 30 à 40 km) et les locaux (de 500 m à 16 km). Les silex repérés sur les gîtes à proximité de la grotte, ont été identifiés dans deux niveaux d’occupation F et G, de la Caune de l’Arago, datés de 430000 ans et 450000 ans. Leur répartition est différente suivant ces deux niveaux et nous permet d’observer des comportements variables dans le choix des roches et dans la connaissance de l’environnement. Les caractères morphométriques des éclats en silex d’origine proche et d’origine lointaine, compares dans les niveaux F et G, révèlent une forme et des dimensions constantes, quelle que soit la qualité physique du silex. Ces constatations nous mènent à penser que les tailleurs cherchaient à obtenir dans ce matériau un type de support bien précis qu’ils réalisaient en passant au-delà des contraintes physiques de la roche. Les silex sous forme de rognons, de plaquettes et de blocs de dimensions variables étaient utilisés indifféremment pour obtenir le même type de support qu’il s’agisse de silex local ou d’origine lointaine. The large variety of raw materials exploited for the manufacture of stone-tools from the Caune de l’Arago cave (100 rock types) has lead to numerous studies concerning their provenance. About 70 % of the different rock types used were collected from a nearby alluvial source. Flint sourcing serves as a reliable indication of ancient human displacement as it is one of the few rock types collected at its lieu of formation. Certain types of flint used have established the limit of hominid circulation at 40 km to the North-East of the cave. Flint discovered in outcrops closer to the cave (less than 1 km, 3 km, 5 km, 7 km, 16 km) have been compared with those present in the stone-tool assemblage. Positive identifications have allowed for the observation of hominid displacement over a smaller circulation area than previously supposed. We therefore distinguish two types of flint sourcing : distant (from 30 to 40 km) and local (from 500 m to 16 km). Flint types located in sources in proximity to the cave have been identified in two occupation levels of the Caune de l’Arago cave, F and G, dated respectively to 430000 and 450000 years. Differential distribution of flint types in these two levels suggest variations in behaviour concerning the choice of rock types used, as well as differential knowledge of the environment. Morphometrical analysis of flint flakes of both local and distant origins, compared in levels F and G, reveal that their shape and size remain constant, in spite of variations in the quality of these rocks. These observations lead to the conclusion that a certain type of flake support was produced according to specific requirements, over and above the physical constraints presented by the raw material. Flint in the form of nodules, plates, and blocks of various sizes was exploited differently to obtain the same kind of flake support, wether the flint was of a distant or a local origin.

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Dans la première partie de cet ouvrage, neuf contributions de géologues, préhistoriens, archéologues, numismates et historiens dressent un inventaire des occupations humaines de la vallée de Tautavel-Vingrau, depuis la Préhistoire ancienne à la Caune de l’Arago jusqu’à la fin du Moyen Âge. Une seconde partie réunit quatre études qui évoquent le déroulement des fouilles à la grotte, puis la communication et la mise en valeur de ces découvertes exceptionnelles, une richesse patrimoniale qui a bénéficié à toute la vallée de Tautavel.

La station solutréenne de plein air des Espassoles (Las Espassoles sur le cadastre) a livré une copieuse industrie lithique qui, depuis sa découverte, il y a un quart de siècle, n’a donné lieu qu’à deux brèves notices. Pourtant, les gisements archéologiques se rapportant à cette originale culture du dernier maximum glaciaire sont rarissimes entre Rhône et Ébre où ils se comptent à peine sur les doigts des deux mains. Ils ne sont guère plus nombreux entre Méditerranée et Atlantique, des deux c...

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Diversité des occupations humaines en contexte glaciaire à la Caune de l’Arago

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This current study intended to initiate the validation of ÉLAPA: a battery of language tests for aphasia in acute stroke, created by Dominique Benichou, speech therapist at the Nantes Hospital. The first step of our study was to conduct a survey of all speech therapists working in the French Stoke Units. It allowed us to draw up an inventory of the currently tools used for patients who could not stand the length of evaluation with the available current batteries. First, we checked the relevance of the submitted items, referring to their psycholinguistic values, in order to assess their validity. We then administer the ÉLAPA to 65 aphasic patients. Scores in the first part were correlated with a gold standard used in the decision-making of thrombolytic therapy.At the end of our study, we proved the sensitivity and validity of this first part of ÉLAPA., Cette recherche a pour objectif la validation de la batterie ÉLAPA : Batterie d’Évaluation Linguistique de l’Aphasie à la Phase Aiguë, créée par Mme Bénichou, orthophoniste à l’UNV de Nantes. Un sondage a tout d’abord été réalisé auprès de 87 orthophonistes travaillant dans les UNV des centres hospitaliers français. Le but était de lister les outils les plus couramment utilisés pour évaluer les patients aphasiques qui ne peuvent supporter la durée d’une évaluation par les bilans généraux actuels. Le travail a ensuite porté sur l’étude de la validité des épreuves proposées dans l’ÉLAPA en s’appuyant sur les données de la littérature. L’ÉLAPA a ensuite été administré à 65 patients. Les scores obtenus à certaines épreuves ont pu être corrélés avec un gold standard utilisé dans le processus décisionnel de thrombolyse. Au terme de notre étude, nous avons démontré la sensibilité et la validité de la première partie de l’ÉLAPA.

Date de l'opération : 1992 - 1994 (FP) Inventeur(s) : Boutié Paul (SUP) ; Ajaja Omar ; Banes Laurence ; Moles Valérie ; Kabiri Lahcen ; Grégoire Sophie Localisation Le lieu-dit Rec Mendil se situe dans le département de l'Aude, sur le territoire de la commune de Port-la-Nouvelle, à mi-chemin entre les étangs de Lapalme et de Sigean [ (Fig. n°1 : Localisation du gisement entre les étangs de Sigean et de Lapalme) et (Fig. n°2 : Vue du massif dans lequel est creusée la cavité prise depuis l’ét...

Cette étude pluridisciplinaire, menée sur le matériel archéologique issu de l'importante stratigraphie conservée dans le fossée de l'Hortus, apportte des données nouvelles concerna nt les stratégies de subsistance mises en place par les groupes de chasseurs-cueilleurs Néandertaliens qui se sont succédé dans le site. L'objectif est de faire apparaître l'importance du rôle joué par l'exploitation des ressources de l'environnement, la gestion du territoire et l'organisation des déplacements de ces populations dans les occupations successives du site.

The Caune de l’Arago has 15 meter thick deposits, dated to between 700 000 and 100 000 years ago. The cave is an exceptional site for the observation and description of divers behaviour of hunters during the Lower Palaeolithic, throughout the entire Middle Pleistocene. Three stratigraphic units have been identified : ensemble I dated between 580 000 and 520 000 years, ensemble II dated between 520 000 and 480 000 years and ensemble III dated between 480 000 and 400 000 years. Several occupation levels were discovered in the sequence and have been excavated and studied. They correspond to long-term habitats, temporary seasonal habitats, hunting halts or brief stays. The occupation levels are characterised by the density of archaeological material they contain and by the presence of human remains, in particular naturally fallen milk teeth of Anteneandertalien children. The levels are also differentiated by their faunal associations, bone fracture and other traces of butchery or differential use of the bones, as well as by the structure of the animal populations hunted or present naturally in the cave. The levels may also be characterised by the lithics, which show differences concerning the origin of the raw materials knapped, the typological and technological characteristics of the assemblage, in particular the relative abundance of pebble-tools, whole and broken pebbles, handaxes, types of debitage and retouched tools. The observation and study of these divers criterions underline different patterns of hunting and territorial exploitation by Prehistoric Man and allow for a better understanding of human behavioural diversity during the Lower Palaeolithic. 1 – Long-term habitats, The herbivores indicate that the occupations took place during different seasons, over period of more than one year. A vast hunting territory was exploited, corresponding to several biotopes. Numerous whole and broken pebbles are present in the lithic assemblage, showing percussion marks or other traces. Handaxes are also present (particularly in level Q), as well as numerous tool types. The tools were mainly knapped from local raw materials, but some of the rocks come from more than 30 km from the site. 2 –Temporary seasonal habitats, The frequency of different animal species show that hunting was selective and took place within a particular biotope. The young animals clearly indicate that hunting took place during a particular season (red deer and fallow deer were killed in the autumn in level J and argali and tahrs were killed at the end of spring and in summer in level F). The hunting territory is limited. The lithics show few pebble-tools, mainly choppers. The tools were knapped inside the cave, most of the rocks are local (level J), with some siliceous sedimentary rocks coming from distant sources (level F). 3 – Brief stays, The faunal list is limited, one species is dominant as in level L. Most of the siliceous sedimentary rocks (10 % of the assemblage) come from sources located 30 km from the site. Hunting took place close to the cave, and occupation of the site is directly tied to this specialised hunt. Fine-quality raw materials were imported for the circumstance., La Caune de l’Arago, qui contient un remplissage de 15 mètres d’épaisseur daté entre 700 000 et 100 000 ans, est un site exceptionnel pour l’observation et la description des divers comportements des chasseurs du Paléolithique inférieur, tout au long du Pléistocène moyen. Trois sous-ensembles stratigraphiques ont été mis en évidence dans le complexe stratigraphique moyen : l’ensemble I daté entre 580 000 et 520 000 ans, l’ensemble II daté entre 520 000 et 480 000 ans et l’ensemble III daté entre 480 000 et 400 000 ans. Plusieurs niveaux d’occupation ont été mis au jour, fouillés et étudiés dans cette séquence. Ce sont des habitats de longue durée, des campements temporaires saisonniers, des haltes de chasse ou encore des bivouacs. Ces différents niveaux d’occupation sont caractérisés par l’abondance plus ou moins grande de matériel archéologique, par la présence de restes humains, notamment de dents de lait d’enfants anté-néandertaliens tombées naturellement, par l’association des faunes, par la fracturation des ossements et les traces de boucherie ou d’utilisations qu’ils portent ainsi que par la structure des populations animales chassées ou mortes naturellement sur le site, par l’origine des matières premières lithiques, par les caractéristiques typologiques et technologiques de l’outillage, en particulier l’abondance relative des galets aménagés, des galets fracturés et des galets entiers, des bifaces, des modes de débitage du petit outillage. L’observation et l’étude de ces différents critères font apparaître plusieurs types d’exploitation du territoire de chasse par les hommes préhistoriques et permettent de comprendre la diversité des comportements humains au Paléolithique inférieur. 1 – Les habitats de longue durée. Les herbivores indiquent une occupation à différentes saisons et sur plusieurs années, le territoire de chasse est vaste et correspond à plusieurs biotopes. Les galets cassés et entiers avec le plus souvent des stigmates de percussion ou d’écrasement sont nombreux. Les bifaces sont présents (particulièrement dans le sol Q) ainsi que de nombreux outils variés réalisés à partir d’une matière première en grande partie locale avec des apports provenant de zones éloignées, situées à plus de 30 kilomètres de l’habitat. 2 – Les campements temporaires saisonniers. Les pourcentages des espèces animales montrent l’existence d’une chasse sélective dans un biotope précis et la population des jeunes animaux indique clairement des saisonnalités marquées (cerfs et daims tués en automne dans le sol J et mouflons et thars tués à la fin du printemps et en été dans le sol F). Le territoire de chasse est circonscrit. Les galets aménagés sont peu nombreux et dominés par les choppers. Les outils sont taillés dans la grotte, la plupart à partir de roches d’origine locale (niveau J) avec souvent un fort apport de roches siliceuses sédimentaires des sources éloignées (niveau F). 3 – Les haltes de chasse. La liste de la faune est pauvre avec une espèce dominante comme dans le niveau L. Les roches d’origines allochtones sont bien représentées mais le territoire de chasse est voisin du site, et l’occupation de ce dernier est directement liée à cette chasse spécialisée., Moigne Anne-Marie, Grégoire Sophie, Lumley Henry de. Les territoires de chasse et d’exploitation des matières premières des hommes préhistoriques de la Caune de l’Arago entre 600 000 ans et 400 000 ans. In: Territoires, déplacements, mobilité, échanges pendant la Préhistoire : terres et hommes du Sud. Actes du 126e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Terres et hommes du Sud », Toulouse, 2001. Paris : Editions du CTHS, 2005. pp. 17-31. (Actes du Congrès national des sociétés savantes, 126)