Cet article aborde le regard porté sur des cultures minoritaires, celles des tribus pueblos et navajos, à travers le patrimoine auquel elles sont culturellement affiliées. Les sites amérindiens inscrits au Patrimoine Mondial, Chaco Culture (Chaco Cañon et Aztec Ruins), Mesa Verde et Taos Pueblos (Vème-XIVème s.) ont ainsi la particularité d’être rattachés à des cultures vivantes, dont les représentants ont gardé la mémoire des lieux animés par la présence de leurs ancêtres, à travers leurs traditions orales. À ce titre, par l’application de la loi NAGPRA, ces patrimoines, classés aussi en tant que Parcs Nationaux, à l’exception de Taos Pueblo, ont par conséquent été officiellement affiliés à des tribus actuelles vivant dans la région des Four-Corners (Utah, Colorado, Nouveau-Mexique et Arizona) ; ces États, habités par des populations qui ne se sont que peu déplacées depuis plus d’un millénaire, dont les vestiges et traditions légitiment leur appartenance à ces territoires, doivent faire face à de multiples enjeux qui s’étendent bien au-delà du simple phénomène économique auquel le tourisme est toujours associé. Aborder les regards patrimoniaux des Euro-Américains portés sur la culture pueblo et navajo et ceux que les descendants des Ancêtres Pueblos portent sur leur propre patrimoine a ainsi pour but de mettre en relief les multiples dimensions de cette mise en patrimoine, autant à l’échelle locale que nationale ou mondiale. Dans le contexte actuel de la mondialisation, il semblerait que l’évolution des regards associés au patrimonial amérindien soit accompagnée d’une évolution des relations interculturelles sur le territoire patrimonial étendu.Cette étude se concentre sur différents acteurs euro-américains, touristes ou professionnels associés à ces sites patrimoniaux, mais aussi sur les Amérindiens pueblos et navajos et le regard « différent » qu’ils portent sur leur propre patrimoine. Par la même, il s’agit de comprendre en quoi le patrimoine et les imaginaires tout comme les représentations qui lui sont associées peuvent interférer sur une culture, en permettant ou non sa revitalisation culturelle et la « réécriture » de son histoire. This article approaches the gaze focused on minority cultures, the Pueblos and Navajos tribes, through their associated heritage. The Native American sites inscribed on the World Heritage List, Chaco Culture (Chaco Canyon and Aztec Ruins), Mesa Verde and Taos Pueblo (Vth-XIVth c.) have the distinction of being linked to living cultures, whose representatives have kept memory of the places enlivened by the presence of their ancestors, through oral traditions. As such, with the implementation of the NAGPRA law, these heritage, also classified as National Parks, with the exception of Taos Pueblo, were therefore officially affiliated with existing tribes living in the Four Corners region (Utah, Colorado, New Mexico and Arizona). These states are inhabited by populations who have rarely migrated in more than a millennium, whose numerous culturally affiliated remains and oral traditions legitimize their belonging to these territories; they are in consequence faced with multiple issues that extend far beyond the simple economic phenomenon more often than not associated with tourism. Thereby, dealing with the Anglo-American’s heritage gazes on these cultures, pueblo and Navajo, aims to highlight the multiple dimensions of this heritage development, at every scale. In the current context of globalization, it seems that the evolution of the gazes associated to Native American heritage is accompanied by an evolution of intercultural relations in the extended heritage territory.This study focuses on Anglo-American actors, tourists and professionals associated with these heritage sites, as well as on the Pueblo and Navajo Indians and the "different" gaze they have of their own heritage. Additionally, it aims to understand how the heritage and the imaginary associated with it can interfere with a culture, allowing or not its cultural revitalization and the "rewriting" of its history.