Hermesse, Julie, UCL - SSH/IACS/IACS - Institute of Analysis of Change in Contemporary and Historical Societies, Servais, Olivier, Laurent, Pierre-Joseph, Vuillemenot, Anne-Marie, García Acosta, Virginia, Pédron-Colombani, Sylvie, and Suárez Suárez, Hugo José
In the month of March 2006, I began an ethnographic work which had as its research goal the expansion of evangelical movements in the Altiplano of Guatemala. By an unhappy coincidence, six months before this first investigation in the field, tropical storm Stan had devastated Guatemala, and in particular the municipality of San Martín Sacatepéquez, the object of my study. A certain ignorance on my part, but also the media concentration on the damage around Lake Atitlán (department of Sololá), had led me to think that the consequences of the disaster of October 2005 had been dealt with in the locality of the Western Altiplano. As on my arrival however, I could see that that was not at all the case. In full candour, both landscapes and faces revealed the recently passed disaster. The municipality had been invaded by diluvian rain, sand and mudslides. The landslides from the mountains overhanging the urban centre had gashed their slopes. Spontaneously and in an almost obsessional way, the inhabitants, mainly indigenous Mams, related to me their souvenirs of the passage of Stan in their community: 4 days and nights of anguish, torrential rains, wind, floods, electricity cuts, hunger, thirst, landslides, searching for dry shelter, evacuating the municipality… In my ethnographic capacity, I listened to their fears of new storms that the dry season had alleviated. It was a moment of catharsis: the onset of the new rainy season in April awakened memories traumatized by the recent events. New questionings arose, induced by the local actors’ worries. A new line of research took on form… This ethnography takes the reader to a fieldwork that is both geographically located within an ethnic and linguistic area and anchored in a religious landscape and a specific climatic zone. Based on a long-term empirical approach, the presence of Stan in this doctoral research results in our discussing interconnected problematics, responding to one another throughout this doctoral research, ones nonetheless usually presented as separate: environmental and land problems, transformations in religiosities, beliefs and modes of transmission. Among other things, this study presents a model of intelligibility of the spontaneous etiologies of natural events and their damage in a Maya Mam community in a context of symbolic systems in mutation; certainly a prospective question in view of ongoing climatological evolutions and the current pentecostalist expansion. Treatment of the disaster, as it is takes place in this thesis, reveals the local representations in response to it as much as its material manifestations. Behind the reality of the event Stan, we discover both the symbolism of conservation and the transformation of a sociocultural world. Au mois de mars 2006, j’entamais un travail ethnographique qui avait pour objet de recherche, l’expansion des mouvements évangéliques dans l’altiplano du Guatemala. Malheureuse coïncidence, six mois avant cette première enquête de terrain, la tempête tropicale Stan dévastait le Guatemala, et en particulier la municipalité de San Martín Sacatepéquez, objet de mon étude. Une certaine ignorance de ma part, mais aussi la concentration médiatique des dégâts autour du lac Atitlán (département de Sololá), m’avaient conduite à penser que les conséquences de la catastrophe du mois d’octobre 2005 avaient été résorbées dans la localité de l’altiplano occidental. Dès mon arrivée cependant, j’ai pu m’apercevoir qu’il n’en était rien. Sans pudeur aucune, les paysages et les visages dévoilaient le désastre récemment passé. La municipalité avait été envahie par des pluies diluviennes et des coulées de sable et de boue. Les glissements de terrain des montagnes qui surplombent le centre urbain dessinaient des griffes sur leurs versants. Spontanément et de manière presque obsessionnelle, les habitants, majoritairement indigènes mams, me relataient leurs souvenirs du passage de Stan dans leur communauté : les 4 journées et nuits d’angoisses, les pluies torrentielles, le vent, les inondations, la coupure d’électricité, la faim, la soif, les glissements de terrain, la recherche d’abris au sec, l’évacuation de la municipalité… La blancheur de ma peau qui trahissait ma nature occidentale, attisa rapidement l’espoir de potentielles aides économiques ou matérielles. Socio-anthropologue « en déroute », je prêtais l’oreille aux douleurs, j’enregistrais les récits. L’heure était à la catharsis : le début de la nouvelle saison des pluies du mois d’avril réveillait les mémoires traumatisées par les événements passés. Par le travail ethnographique, j’écoutais les craintes de nouvelles tempêtes que la saison sèche avait apaisées. De nouveaux questionnements surgirent, induits par les préoccupations des acteurs locaux. Une nouvelle ligne de recherche se dessinait… Cette ethnographie emmène le lecteur sur un terrain à la fois localisé géographiquement dans une aire ethnique et linguistique et ancré dans un paysage religieux et une zone climatique spécifique. À partir d’une approche empirique de longue durée, la présence de Stan dans cette recherche doctorale conduit à discuter des problématiques qui s’enchâssent et se répondent tout au long de cette recherche doctorale et pourtant présentées habituellement comme séparées : problèmes environnementaux et fonciers, transformations des religiosités, des croyances et des modes de transmission. Cette étude présente entre autre un modèle d’intelligibilité des étiologies spontanées des événements naturels et de leurs dégâts dans une communauté maya mam dans un contexte de mutation des systèmes symboliques ; une question certes prospective aux vues des évolutions climatologiques en cours et de l’expansion pentecôtiste actuelle. Le traitement de la catastrophe tel qu’il est opéré dans cette thèse, relève autant des représentations locales à son égard que de sa manifestation matérielle. Derrière la réalité de l’événement Stan se dévoile le symbolisme de la conservation et de la transformation d’un monde socioculturel. (ANTR 3) -- UCL, 2011