Les lymphomes correspondent a des proliferations malignes interessant le tissu lymphoide; ils sont principalement constitues par des lymphomes non hodgkiniens (LNH). Le tube digestif, avec la cavite buccale, represente le principal site des LNH extra-ganglionnaires; la mandibule est plus frequemment atteinte que le maxillaire. Selon la classification de l’OMS, on distingue les LNH peu evolutifs, les LNH agressifs (type DLBCL ou diffuse large B cell lymphoma) et les LNH hautement agressifs (lymphome de Burkitt); le sous-type DLBCL represente 58% des cas de lymphomes (Kemp et al. 2008). Une femme de 35 ans a consulte pour des douleurs hemi-mandibulaires gauches, avec des episodes d’hypoesthesie labiale homolaterale. Un signe de Vincent s’est progressivement installe. Cliniquement, on a note la presence d’une tumefaction dure dans le vestibule inferieur gauche en regard de la 34. Le bilan radiographique (radiographie panoramique et CT-scan) a montre un elargissement du canal mandibulaire et du foramen mentonnier gauches. Une biopsie de la tumefaction a ete realisee, sous anesthesie locale, en regard du foramen mentonnier; l’examen histologique et immunohistologique a etabli le diagnostic de LNH de phenotype B. Le bilan d’extension comprenant un CT-scan corps entier, une echographie cardiaque avec FEVG (fraction d'ejection du ventricule gauche), un bilan biologique (numeration formule sanguine, vitesse de sedimentation, ionogramme, lactate deshydrogenase, BH, serologie pour le VHB, le VHC et le VIH) et une biopsie osteomedullaire n'ont pas mis en evidence d’autres localisations; il s’agissait d’un LNH de phenotype B, stade IAa localise. La patiente a beneficie d’un traitement associant 7 cures de chimiotherapie a base de R-CHOP (rituximab, cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine et prednisolone) suivi d’une radiotherapie locale. La patiente est en remission depuis une annee; la sensibilite nerveuse est redevenue normale, l’elargissement du canal mandibulaire a disparu. Les lymphomes primitifs de la mandibule sont rares, ils representent environ 0,6 % des LNH extra-ganglionnaires selon Bachaud (1992). Ils surviennent a tout âge et ils sont plus frequents chez l’homme. Ils se manifestent le plus souvent par une tumefaction indolore, eventuellement ulceree dans la cavite buccale. La confusion initiale avec une pathologie d’origine dentaire est frequemment rapportee. Le diagnostic est exclusivement histopathologique. Le recours aux colorations immunohistochimiques a la recherche de marqueurs specifiques et a la microscopie electronique est souvent indispensable. Lorsque le diagnostic est etabli, un bilan d’extension s’impose pour eliminer une ou plusieurs localisations secondaires. Le traitement associe de facon variable radiotherapie et/ou chimiotherapie. Le pronostic des lymphomes osseux est plus favorable que celui des autres tumeurs malignes osseuses, avec un taux de survie a 5 ans de 40-50% (Trost et al. 2008).