Les derniers siècles du Moyen Âge ont été marqués par des crises épidémiques et frumentaires récurrentes, dont certaines ont entrainé des vagues de mortalité telles qu’elles ont nécessité la création de sépultures de masse et de cimetières d’urgence. Si ces sépultures et ces ensembles funéraires ont souvent fait l’objet d’études anthropologiques, rares sont celles qui se sont appliquées à évaluer les caractéristiques paléobiologiques distinguant les deux types de crises. Le présent article explore cette question à travers l’étude anthropologique et paléopathologique de trois sépultures multiples du XIVe siècle mises au jour à Kutná Hora – Sedlec (République tchèque), que des données historiques permettent de relier soit à un épisode de famine, soit à la Peste noire. Les données acquises pour les 68 squelettes exhumés de ces tombes sont comparées à celles obtenues pour un échantillon de 284 squelettes issus d’un cimetière médiéval local (Cathédrale de Sedlec), ainsi qu’à un ensemble de données de référence documentant la mortalité par peste et par famine. Les résultats montrent des différences de composition par âge, de caractéristiques métriques et d’état sanitaire préexistant entre les deux séries tchèques. L’échantillon issu des sépultures multiples présente un profil de mortalité avant 20 ans, des valeurs pour certains indices démographiques et des caractéristiques paléopathologiques qui le rapprochent davantage des données de référence d’une mortalité par peste, ce qui conduit à privilégier l’hypothèse de sa relation avec la Peste noire. Si un diagnostic de certitude nécessitera des analyses complémentaires, cette étude fournit d’ores et déjà des indications sur les critères discriminants entre peste et famine et ouvre la voie à de futures recherches sur les épidémies et crises de subsistance du passé. The later centuries of the Middle Ages were a time of recurrent epidemics and famines, some of which caused such huge mortality that mass graves and emergency burial grounds had to be created. Several anthropological studies have investigated these graves and cemeteries, but only a few have attempted to assess the bioarchaeological features that could distinguish between these two types of crisis. Our study tackles this question through an anthropological and palaeopathological study of three 14th century mass graves at Kutná Hora – Sedlec (Czech Republic), for which historical data support a relationship with either a famine or the Black Death. Data on the 68 skeletons recovered from these graves were compared with data on 284 skeletons from a local mediaeval cemetery (Sedlec Cathedral) and with a set of reference data documenting plague and famine mortality. The results reveal differences in age structure, osteometrics and pre-existing health status between the catastrophic and attritional assemblages. The general pattern of non-adult mortality, the value of certain demographic indices and the pattern of skeletal lesions in the mass graves investigated align more closely with the reference data for plague mortality, making their link with the Black Death the most likely scenario. Although a definite diagnosis will require further analysis, this study offers the first evidence of features that might distinguish between these two types of crisis, paving the way for future research on past epidemics and famines.