Cerda, Lisa, Faccini, Julie, Del-Monte, Jonathan, Charbonnier, Elodie, graziani, pierluigi, Laboratoire de Psychologie Sociale (LPS), and Aix Marseille Université (AMU)
International audience; La Réalité virtuelle (VR) est un outil thérapeutique dont l’intérêt et l’efficacité ne sont plus à démontrer (Freeman et al., 2017). Pour favoriser l’efficacité thérapeutique, la VR doit induire des pensées, des émotions et des comportements identiques aux situations réelles. Ces phénomènes, indispensables à la thérapie, sont médiatisés par le « sentiment de présence (SP) » caractérisant la perception psychologique du patient d’être immergé dans un environnement virtuel (EV) (Banos et al., 2014) et conduisant l’utilisateur à considérer l’expérience virtuelle comme réaliste (Aymerich et al., 2010). La littérature démontre que le SP favorise l’expérience de l’anxiété dans les EV (Wiederhold et Wierderhold, 2005 ; Price et Anderson, 2007) et l’intensité des émotions ressenties en VR est positivement corrélée au SP (Ling et al., 2014 ; Riva et al., 2007). Heeter (2003) montré lui aussi l’intérêt du sentiment de présence dans la réduction des symptômes anxieux liée à la phobie de l’avion. Enfin les études soulignent que le SP favorise le transfert des apprentissages acquis en VR aux situations réelles (Viaud-Delmon, 2007), permettrait de diminuer le « cyber-malaise » lié à l’abandon thérapeutique (Witmer et Singer, 1998) et favoriserait l’engagement dans la thérapie (Lambrey, 2010).L’ensemble des études confirment l’importance de ce sentiment dans le succès thérapeutique. Á notre connaissance trop d’études clinique, utilisant la RV, considèrent l’importance de ce facteur dans leurs résultats thérapeutiques, la grande majorité prenant uniquement en compte l’amélioration des variables psychologiques sans proposer d’éléments explicatifs. Pourtant, il existe de nombreuses échelles objectives (prises de mesures physiologiques, observations des réponses comportementales) pour quantifier ce SP. Toutefois elles mobilisent un matériel important et les données peuvent facilement se confondre avec les signes de l’anxiété ressentie (Thornson, 2009). Meehan et ses collaborateurs, en 2005, ont pu montrer que la mesure du rythme cardiaque couplée aux questionnaires subjectifs fournissait des preuves fiables du degré de présence ressentie par l’utilisateur. Il existe bon nombre d’auto-questionnaires plus ou moins longs applicables durant l’immersion ou immédiatement après (i.e. Presence Questionnaire de Wittmer et Singer, 1998 ; Sense of Presence Questionnaire de Malbos, 2012). D’autre part, de nombreuses recherches ont établi les éléments permettant l‘émergence du SP, que ce soit les moyens technologiques (Sanchez-Vives, 2005), les stimuli auditifs (Viaud-Delmon, 2006), le son spatialisé (Hendrix et al., 1996), les sensations tactiles (Dinh et al., 1999), les odeurs (Baus, 2016) mais également l’interactivité avec l’EV (Sastry et Boyd, 1998). L’objectif de cette présentation sera donc de faire un point sur le SP et d’illustrer le rôle essentiel de ce concept dans les approches thérapeutiques en RV.