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L’étude de la culture de masse repose sur plusieurs difficultés épistémologiques qu’on pourrait, pour le cas espagnol, symboliser par l’opposition entre José Ortega y Gasset, contempteur des masses dès 1930, et Antonio Machado, chantre du peuple créateur de culture. L’émergence de la notion n’échappe pas à des contextes idéologiques changeants: dans les années 1960, la culture de masse est pour des sociologues et des écrivains qui s’y intéressent un des instruments de « l’impérialisme yankee », alors que dans les années 1980 des intellectuels espagnols célèbrent l’hédonisme que cette culture de masse propose. À cela s’ajoute, bien entendu, l’enrichissement des supports culturels: le cinéma, puis la télévision qui modifient l’appréhension traditionnelle des phénomènes culturels. Mais ces débats peuvent masquer la genèse sociale, économique et politique de la culture de masse et donc son contenu. Une étude attentive montre combien les avant-gardes des années 1920 avaient décelé la force d’attraction sociale du cinéma et du sport ainsi que les changements de goûts et de pratiques qu’ils entraînaient, tandis que les historiens voient dans l’avènement d’une culture de masse le basculement d’un monde rural à un monde urbain et industriel. Cette pluralité d’approches indique combien la culture de masse doit être étudiée dans sa polysémie et dans sa chronologie propre au cas espagnol. El estudio de la cultura de masas plantea varias dificultades epistemológicas que, en el caso español, se podrían simbolizar por la oposición entre José Ortega y Gasset, ya crítico de las masas en los años 30, y Antonio Machado, cantor del pueblo fuente creadora de cultura. La noción se fragua en contextos ideológicos fluctuantes: en los años 60, según los sociólogos y escritores interesados en el tema, la cultura de masa no es sino un instrumento del «imperialismo yankee», mientras que en los años 80 algunos intelectuales celebran el hedonismo al que invita esa cultura de masa. Un elemento añadido a su constitución es el enriquecimiento de los soportes culturales, por supuesto: el cine, luego la televisión transforman la aprensión tradicional de los fenómenos culturales. Pero aquellos debates pueden ocultar los distintos aspectos, social, económico y político de la génesis de la cultura de masas y por lo tanto su contenido. Un estudio detenido muestra lo bien que habían percibido las vanguardias de los años 20 el fuerte atractivo social del cine y del deporte así como las mutaciones en los gustos y las prácticas que provocaban, mientras que los historiadores ven en el advenimiento de una cultura de masas el paso de un mundo rural a un mundo urbano e industrial. Con esta variedad de enfoques parece obvia la necesidad de estudiar la cultura de masas en su polisemia y en su cronología propia al caso español. The study of the culture of the masses presents various epistemological difficulties, which in the Spanish case can be symbolised by the opposition between José Ortega y Gasset, a critic of the masses in the 30s, and Antonio Machado, a poet, who saw the people as a creative source of culture. These notions were being formed in the fluctuating ideological contexts: in the 60s, according to the sociologists and writers, interested in the subject, mass culture was no more than an instrument of «Yankee imperialism», while in the 80s, some intellectuals celebrated the hedonism, to which one was invited by this mass culture. A further element, of course, is the enrichment of the bases of cultural: cinema, then television transformed the traditional fear of cultural phenomena. But those debates were able to hide the different social, economic and political aspects of the genesis of the culture of the masses and therefore of their content. A detailed study showed how well the avant-garde of the 20s had perceived the powerful social attraction of the cinema and sports, as well as the changes in the tastes and practises which they caused. While at the same time, the historians saw in the advent of the culture of the masses a movement from a rural world to an urban, industrial one. With this variety of approaches, the need to study the culture of the masses with its own polysemy and in the Spanish case with its own chronology, seems obvious.

Au-delà du phénomène de mode dont elle est l’objet, l’histoire culturelle a acquis une légitimité scientifique grâce aux travaux qui en ont démontré la fécondité épistémologique. Ce livre aborde les thèmes traditionnels de l’histoire culturelle : les politiques culturelles, les intellectuels, la lecture et l’édition, l’histoire de l’art, le patrimoine, les médias, les transferts culturels. Il montre comment des champs nouveaux gagnent à être investis par une approche d’histoire culturelle - comme les cultures politiques, le lien entre religion et culture, entre identité nationale et histoire, ou encore les cultures de guerre. Il examine enfin les articulations entre culture nationale et cultures régionales dans leurs modalités française et espagnole, ainsi que la signification de la naissance et de la consolidation de la culture de masse. Au fil de démonstrations, apparaissent des historiographies singulières dont le rapprochement permet une comparaison des situations et pose le socle d’un dialogue entre la France et l’Espagne. Abordando temas clásicos de la historia cultural (las políticas culturales, los intelectuales, la lectura y la edición, la historia del arte, el patrimonio, los medios de comunicación, las transferencias culturales), este libro muestra cuánto puede aportar un acercamiento propio de la historia cultural a ámbitos tales como la relación entre religión y cultura o entre identidad nacional e historia. Propone igualmente una reflexión acerca de la articulación entre cultura nacional y culturas regionales, así como acerca de la noción de cultura de masas.