« Ne prenez pas garde à mon teint noir : C’est le soleil qui m’a brulée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont faite gardienne des vignes. Ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée. » (Cantique des Cantiques 1 :6, Louis Segond) Résumé Comme une écrivaine africaine de troisième génération exilique, l’écriture de Calixthe Beyala se distingue par son langage acerbe, son discours polémique et sa description érotico-pornographique. A part sa controverse plagiaire dont elle est accusée d’avoir recopié librement quelques oeuvres de Ben Okri, Romain Gary et Paule Constant, c’est sa féminitude qui lui livre d’honneur ou de déshonneur dans la communauté littéraire. Néanmoins, il n’est pas possible d’accuser Beyala du plagiat de la Sainte Bible, vu le titre de son roman C’est le soleil qui m’a brulée qui n’est qu’une citation partielle de Cantique des Cantiques, car elle ne s’engage seulement que dans la parodie, un plagiat conventionnel dans le monde artistique et littéraire. Cependant, Beyala pourra être coupable de fatwa biblique, établie sur des éléments hérétiques et blasphématoires de son roman. En s’appuyant sur des théories fondées et formulées de la Sainte Bible chrétienne, cette étude localise la problématique du roman dans la parodie et la paratextualité de Beyala. Elle conclut qu’en guise de fonder une féminotopie, pour emprunter le terme à Mary Louise Pratt, l’écrivaine se précipite vers le blasphème, donnant une herméneutique ou exégèse erronée de la Bible. En définitive, c’est l’épigraphe de Cantique des Cantiques qui résume le roman ; mais malheureusement il s’agit de la métaphore de « la voix de Jacob et la main d’Esaü ». Abstract Like a third-generation African writer in the diaspora, Calixthe Beyala's writing is distinguished by her sharp language, polemical discourse, and erotico-pornographic description. Apart from the plagiarism controversy in which she is accused of having copied freely some works of Ben Okri, Romain Gary and Paule Constant, it is her feminitude which gives her honor or disgrace in the literary community. Nevertheless, one cannot accuse Beyala of plagiarism of the Holy Bible, given the title of her novel C’est le soleil qui m’a brulee, which is only a partial quotation from “Song of Solomon”, because it only engages in parody, a conventional plagiarism in the artistic and literary world. However, Beyala may be guilty of Biblical fatwa, due on the heretical and blasphemous elements of her novel. Based on well-founded and formulated theories of the Holy Bible, this study situates the problem of the novel in Beyala’s parody and paratextuality. It concludes that in order to bring to bear the concept of feminotopia, to borrow the term from Mary Louise Pratt, the writer resorts to blasphemy, giving an erroneous hermeneutics or exegesis of the Bible. In short, it is the epigraph of “Song of Solomon” which summarizes the novel; but unfortunately, it is the metaphor of "the voice of Jacob and the hand of Esau".