Objectif L’Anses a sollicite le Comite de coordination de toxicovigilance afin de decrire l’exposition humaine a l’AC au moyen des cas collectes par le reseau des CAPTV, en metropole et dans les departements et collectivites d’outremer (DCOM), les objectifs etant d’evaluer le nombre, la repartition geographique, la gravite et les circonstances d’exposition. Methodes Etude retrospective analysant les expositions d’imputabilite non nulle a des preparations a base d’AC, colligees par les CAPTV francais dans la base nationale des cas d’intoxication (BNCI) de juillet 1999 au 31 decembre 2012. Resultats Entre juillet 1999 et decembre 2012 inclus, les CAPTV ont recueilli 1071 dossiers d’exposition a l’AC. Le nombre d’expositions annuelles etait relativement stable (63 a 108 cas par an). Les expositions etaient symptomatiques dans la moitie des cas ( n = 537) et graves dans le tiers d’entre elles ( n = 348, soit 65 % des intoxications). Vingt et un deces ont ete observes, parmi lesquels 7 etaient pre-hospitaliers. Les sujets exposes etaient majoritairement des adultes (61 %). Les expositions accidentelles ( n = 513, soit 48 % du total) etaient symptomatiques dans 87 cas (17 %) et graves dans 12 cas (2,1 %). Aucun deces accidentel n’a ete observe. Les expositions etaient volontaires dans plus de 52 % ( n = 539) des cas (versus 15 % tous agents confondus en BNCI). Ces expositions volontaires etaient symptomatiques dans 81 % des cas, graves dans pres de 61 % et 19 deces etaient repertories. Pour 2 autres deces les circonstances etaient indeterminees. Les cas d’exposition d’adultes etaient pour 80 % des tentatives de suicide, avec un sexe ratio H/F de 1,17 (versus 0,49 tous agents confondus ( p −3 ). Les intoxications suicidaires mono-agent (360 cas) etaient souvent graves (222 cas). Parmi elles, 156 patients etaient comateux, intubes et ventiles, avec, dans la plupart des cas, hypertonie, myoclonies, convulsions ou etats de mal associes. Dans 21 cas, les patients etaient comateux mais non intubes et presentaient un autre critere de gravite (convulsions, etat de mal, hypertonie generalisee, etat de choc, cyanose, rhabdomyolyse). Dans 41 cas les patients n’etaient pas comateux mais presentaient un autre signe grave (convulsions, etat de mal, detresse respiratoire, pneumopathie). Quatre patients etaient decedes avant la prise en charge. Des atteintes respiratoires (encombrement, hypersecretion, detresse respiratoire, pneumopathie…) n’etaient signalees que chez 58 de ces 222 patients. Parmi les patients pour lesquels la dose supposee ingeree (DSI) etait faible (≤ 3 g), 41 % presentaient des signes de gravite. Deux expositions volontaires chroniques ayant entraine de multiples episodes de convulsions sont a noter. Un focus sur les DCOM montrait une incidence de 50,6 cas/107 [45,2–56,8] versus 12,5 cas/107 [11,8–13,3] personnes-annees en France metropolitaine, soit un odds ratio de 4,1 [3,4–4,8]. Ces expositions etaient un peu moins frequemment symptomatiques mais la proportion de cas graves (32 %) restait similaire a celle de l’etude globale (33 %). Les expositions accidentelles etaient aussi nombreuses que les volontaires (72/72). La notion de preparation sur un aliment support (pain, saindoux…) etait presente dans pres de 40 % des expositions accidentelles (28/72). Dans 5 de ces 72 cas (7 %), la preparation etait officinale. Conclusions Le profil des intoxications par AC, majoritairement volontaire, est different de celui des intoxications tous agents confondus. Elles sont frequemment graves, meme lorsque la DSI est faible, ce qui est en accord avec la forte toxicite de cette substance. Les intoxications accidentelles, moins souvent graves, le sont cependant dans plus de 2 % des cas. La modification du conditionnement des preparations commerciales afin de rendre l’AC inaccessible et l’interdiction de la vente au grand public d’AC en nature permettraient de limiter le nombre des cas et leur gravite.