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Introduction Grâce aux nombreuses études spécialisées éditées depuis une vingtaine d’années, comprendre la dynamique du massif forestier africain intertropical sur la période très sensible des trois à quatre derniers millénaires, peut désormais se faire par une approche complémentaire entre les domaines relevant d’une part des paléo-environnements, et, d’autre part des occupations humaines. En ce sens, les études environnementales se sont plus particulièrement intéressées aux zones de contact...

Les forêts tropicales, dont le rôle écologique est unanimement reconnu, subissent actuellement une dégradation massive et un bouleversement radical des modes de vie de leurs habitants. Ces milieux tropicaux ont été l’objet d’occupations humaines parfois très anciennes, donnant lieu en plusieurs régions du globe à des développements socioculturels complexes, témoignant d’adaptations durables. L’analyse sur le temps long des interactions entre les sociétés et leurs environnements tropicaux forestiers témoigne cependant de l’existence de périodes de crises et de ruptures dans l’histoire ancienne du peuplement. Issues d’une large palette de disciplines, les contributions réunies dans cet ouvrage présentent l’état des connaissances sur l’occupation des différentes régions tropicales et précisent l’importance relative des facteurs historiques et culturels par rapport aux déterminants écologiques dans cette histoire.

Parmi tous les pays de la sous-région d'Afrique centrale, le Cameroun est celui qui compte le plus grand nombre d'archéologues et la plus longue tradition de recherche. Plusieurs ouvrages traitant d'archéologie lui ont déjà été consacrés. Celui-ci actualise les travaux menés sur le terrain, sous forme notamment de synthèses régionales. Outre les descriptions classiques en ce domaine, ce livre met l'accent sur la contribution des sciences de l'environnement et la reconstitution des paysages et souligne l'intérêt de la collaboration avec les sciences sociales qui permettent de relier le passé au présent. Le réseau Paléanthrac (Paléo-Anthropologie en Afrique centrale), mis en place par l'ORSTOM-IRD (Institut de Recherche pour le développement), a permis de réunir à Yaoundé une bonne partie de la communauté scientifique concernée ainsi que les étudiants en archéologie de l'Université, pour un bilan critique. A partir des contributions présentées et mises à jour, complétées d'un texte de synthèse sur la paléo-anthropologie et l'histoire du peuplement de l'Afrique centrale, les auteurs souhaitent proposer un état de la recherche en cours et souligner l'intérêt du questionnement archéologique dans la genèse identitaire des nations africaines modernes. (Résumé d'auteur)

Dans la partie la plus sèche du Cameroun, dans la plaine du Diamaré, deux sites d'habitat occupés lors du dernier millénaire (entre le XIème et le XIXème siècle AD) ont livré des pollens de bombacacées, de graminées (cypéracées et poacées) et d'#Acacia albida$, inégalement représentés dans chacun des sites mais placés à des périodes chronologiques importantes. Ils confirmeraient le passage, pour des raisons climatiques ou anthropiques, d'une couverture végétale plutôt soudanienne à un paysage de savane dégradée dès les XIème/XIIème AD ; puis à nouveau à partir du XVIème siècle, la mise en place définitive de ce dernier profil, confirmée par une protection des espaces cultivés plus denses envers les destructions de l'élevage. Cette interprétation s'appuie sur le recensement des usages alimentaires, domestiques et agro-pastoraux que les populations de la région et celles des zones situées aux mêmes latitudes écologiques font de ces espèces, traditionnellement. (Résumé d'auteur)

Dans l'extrême nord du Cameroun, près de 600 potières ont fait l'objet d'enquêtes ethnographiques ayant pour but l'insertion sociologique et historique des procédés de fabrication. Replacés dans leur milieu, les critères technologiques ont permis des regroupements entre groupes ethniques. Ils suivent plus ou moins un schéma socio-linguistique et diachronique homogène. Ces données forment la trame d'une étude comparative faite à partir de la céramique ancienne de l'Age du Fer local découverte dans les sites d'habitat relevant de l'histoire orale des groupes considérés. (Résumé d'auteur)

Les résultats polliniques majeurs obtenus dans le sud Cameroun, particulièrement au lac Barombi Mbo, permettent de retracer l'histoire de la végétation au cours du Quaternaire récent. Après la dernière grande phase aride, de 20 a 10 000 ans BP, la forêt s'est complètement réinstallée dans la région peu après le début de l'Holocène. Ensuite, l'évènement est survenu vers 3 000 BP avec une ouverture et un recul brutal du massif forestier au profit des savanes. Cette péjoration climatique a atteint son maximum entre 2500 et 2000 BP et s'est étendue à toute l'Afrique tropicale montrant qu'il s'agit d'un changement de grande ampleur. Ultérieurement, à partir d'environ 2000 BP, la forêt a commencé à coloniser à nouveau les aires perdues. Cette transgression forestière se poursuit encore au XXe siècle. Les données polliniques montrent aussi que le palmier à huile (Elaeis guineensis) a présenté une forte extension entre 3000 et 2000 BP, en association avec d'autres arbres pionniers. (Résumé d'auteur)

Depuis 1992, des travaux de recherche sur l'écologie et les paléoenvironnements ont été entrepris dans le lac Ossa (31 km2, 03° 45 4'-03° 53 lat. N and 09° 9'-10° 4,2' long. E) et son bassin versant (214 km2). Les données archéologiques préliminaires issues de deux fouilles, attestant le développement des activités humaines précoloniales dans le site, font l'objet de cette communication. Les principaux témoins d'occupation sont représentés par des tessons de poterie, associés à des scories de réduction de minerai de fer et du charbon de bois. Les fragments de charbon analysés sont monospécifiques (Salacia cf pyriformis), et ont été datés à 280 plus ou moins 40 year BP (OBDY-1107). Les travaux en cours devraient permettre de mettre en évidence l'extension de l'occupation humaine dans la région et d'en établir la chronologie. (Résumé d'auteur)

Le plateau du Sud Cameroun est occupé par des sols ferrallitiques/ Ces sols sont extrêmement complexes car il se mettent en place depuis des millions d'années (au moins depuis la fin de l'éocène). Ceci a deux conséquences principales. D'une part, ces sols sont très épais. D'autre part, ils ont subi d'importantes variations paléoclimatiques. En particulier, les changements de pluviométrie et de température ont modifié les conditions géochimiques d'altération des roches et de formation des sols. Ces sols sont donc fréquemment polycycliques car ils peuvent conserver des reliques formées dans des conditions géochimiques très différentes de celles qui règnent actuellement. De plus, ces reliques sont rarement figées. Elles subissent généralement une lente dégradation et/ou des transformations plus ou moins importantes. Il existe aussi des hétérogénéités lithologiques qui peuvent encore compliquer le système car elles sont à l'origine de différenciations pédologiques litho-dépendantes. Il est toutefois possible de distinger 5 grands types de matériaux (les matériaux humifères plus ou moins appauvris, les matériaux argileux homogènes de couleur vive, les matériaux indurés par les oxy-hydroxydes de fer, les matériaux argileux bariolés et le matériaux d'altération), et de proposer un modèle général d'organisation à l'échelle du paysage. (Résumé d'auteur)

Ce chapitre introductif a pour but de faire le point des connaissances, non pas sur les diverses cultures pré et protohistoriques qui se sont manifestées en Afrique Centrale, mais sur les hommes qui en sont les auteurs. Pour les périodes antérieures au Néolithique, les documents sont très rares et ne concernent guère notre région. Les confins du Cameroun et du Nigeria étant considérés par les linguistes comme la zone d'où a pris son essor la grande migration Bantu vers le Sud et vers l'est, on a étendu les comparaisons à l'Afrique orientale et australe, où les découvertes ont été bien plus nombreuses. Après une discussion methodologique sur les critères morphologiques permettant de relier les hommes anciens aux hommes actuels, une analyse des différentes strates de peuplement (Pygmées, San, Bantous) est menée, d'abord d'après la morphologie corporelle (sur le squelette sec et sur le vivant), ensuite avec les marqueurs génétiques. On montre que ces deux démarches s'accordent assez bien. Il en ressort que les locuteurs nilo-sahariens et niger-kordofan sont peu différenciés et pourraient être issus d'une souche commune dont l'ancienneté ne dépasserait pas quelques millénaires. Les Pygmées, les San, et les locuteurs afro-asiatiques, auxquels il faudrait adjoindre les Peul et les Tutsi, sont en revanche des groupes morphologiquement et génétiquement plus éloignés, leurs différences pouvant s'expliquer par une longue période d'adaptation à des milieux écologiquement spécifiques, renforcé par des pratiques endogamiques. Toutefois, ces analyses, qui ne repèrent aucune discontinuité entre les populations, récusent la vision classificatoire en "races" ou "sous-races" qui dominait à l'époque coloniale. Les raisons de ce continuum sont discutées à la lumière des arguments climatiques, archéologiques et techniques qui témoignent des brassages de populations durant toute la préhistoire. (Résumé d'auteur)

Au terme du programme de recherches MINREST/Orstom, portant sur l'"l'histoire du peuplement du Diamaré", il semble possible de définir les principaux événements migratoires intervenus durant les deux derniers millénaires. En raison de l'indigence généralisée de la couverture archéologique des régions limitrophes (à l'exception de la plaine péritchadienne), les orientations précises des axes de peuplement demeurent encore tout à fait hypothétiques. Pourtant, notre programme s'achevant, nous pensons utile d'en extraire les hypothèses de peuplement les plus probables, de manière à définir de nouvelles orientations de recherche. La composante la plus ancienne est certainement d'origine septentrionale. Elle est probablement à la source de la mutation technologique qui a conduit les Néolithiques tsanghiens, installés aux alentours de Maroua, à abandonner leur industrie lithique et à conquérir la plaine méridionale. Deux autres mouvements, d'axes globalement nord-sud, intervinrent vers les XIIe-XIIIe siècles. L'un pourrait être issu du Bornou et l'autre, d'ampleur plus limitée, des plaines nord-orientales. (Résumé d'auteur)