This paper traces the various stages of geomorphological evolution of the plain area around Modena from the VIth millennium B.C.E. (Neolithic) to the Present, through a reconstruction of the ancient landscape and human settlements. By means of a GIS platform, geomorphological investigations led to the implementation of a Microrelief Map, a Digital Elevation Model (DEM), a Map of Surface Deposits and a Geomorphological Map. The most striking altimetric features in the study area are the morphological changes of the Rivers Secchia and Panaro: south of Modena they run deep in the alluvial plain whereas north of the town they flow elevated over the plain. The surface lithology consists mainly of silt, with bands of sand and clay; mainly gravel deposits crop out only near southern tracks of the main Apennine watercourses. The geomorphological landscape is mainly characterised by alluvial fans, fluvial ridges paleo-riverbeds fluvial scarps, natural springs and some depressed areas; worth of note are also forms connected with human activity. There have been several attempts to cross–date geological and geomorphological evidence with archaeological data, on both detailed and wide territorial scales. A further advancement can now be attempted by comparing data obtained from systematic research on fluvial forms with data contained in the archives. In the area studied, some 800 archaeological sites were identified and catalogued. Such a high number of archaeological sites can give a great deal more information than is found in any other place in northern Italy. The research took into account the overlapping of archaeological and geomorphological data, with the implementation into a GIS (ArcGis 8.3) of geoarchaeological maps divided in main periods and here represented from the Neolithic to the to Iron Age and from Roman period to the Early Middle Ages. The dating thus obtained for fluvial forms was mainly based on the relationship between these forms and archaeological evidence. The upper layers of stratigraphical deposits of the urban center of Modena are quite well-known. These layers can be divided macroscopically into two large stratigraphic sequences, one belonging to the ancient Roman town of Mutina and the other to the medieval and modern town, separated by a substantial alluvial layer up to 2 meters thick in places. The archaeological strata of Modena go down to about 7-8 meters below the present surface level, reaching a depth of 11 meters in places. In this work, a three-dimensional model indicates the thicknesses of the large stratigraphic levels of the Roman Age, the alluvial deposits and the Medieval/Modern Age. The comparison of geomorphological and archaeological data allowed many fluvial forms to be dated. In particular, the formation of some alluvial fans and ridges south and south-west of Modena took place before or during the period dating from the Neolithic to the Iron Age. The investigations have confirmed more in detail the shift to the east of the R. Secchia and to the west of the R. Panaro in the area downstream of Modena starting from the Bronze Age. It was also possible to reconstruct the ancient soil levels in the Modena city centre starting from the Roman Age. Similarly, it was possible to measure the thickness of both archaeological stratigraphies and the various alluvial levels. Therefore, starting from the end of the Roman Age, an aggradational-type model of fluvial evolution was hypothesised for the first time thanks to this reconstruction. According to this model, the watercourses, even the minor ones, passed from a runoff occurring in deep riverbeds to one hanging over, or at least at the same level as, the surrounding plain. The plain aggradation from the Roman Age could be ascribed to different causes, such as previously occurring processes (northbound shift of the R. Po) or coeval events (climatic changes, subsidence, deforestation, abandonment of the countryside, degradation of the water flow system set up by the Romans). After the hydrological degradation which reached its peak at the end of the VIth century C.E., the morphological evolution of the study area in the Middle Ages and Modern times shows more stability, even if the area of Modena is still characterised by the risk of floods. In the last centuries an important factor of geomorphological changes in the Modena plain has been human interventions. In conclusion, in the Modena plain, as in other parts of the Po, the dominant geomorphic drivers switched from natural processes to processes strongly influenced by anthropogenetic activities. Cet article, qui présente les résultats d'une recherche faite avec le soutien du Conseil municipal de la ville de Modène (Italie du Nord), illustre les diverses phases de l'évolution géomorphologique de la plaine de cette ville du VIème millénaire B.C.E. (Néolithique) à aujourd'hui, par une reconstitution des anciens paysages et établissements humains. (Fig. 1). La plaine de Modène se trouve au pied de la chaîne des Apennins, qui connaît toujours une évolution géologique active. La structure complexe des Apennins se prolonge, sous les sédiments continentaux d'âge quaternaire qui constituent la plaine. Cette structure ensevelie présente deux grandes bandes de plis : les plis de l'Émilie et les plis de la Romagne (Fig. 2). En utilisant un Système d'Information Géographique (SIG), les investigations géomorphologiques ont permis de réaliser une carte du micro-relief avec une équidistance de 1 m, un modèle numérique de terrain (DEM = Digital Elevation Model), une carte des formations superficielles et une carte géomorphologique qui prend en compte les formes de terrain naturelles et anthropiques. Les éléments les plus caractéristiques de la région étudiée sont les changements géomorphologiques des rivières Secchia et Panaro. Au sud de Modène, elles coulent à un niveau inférieur à celui de la ville, tandis qu'au nord, elles coulent au-dessus de leur plaine alluviale (Fig. 3). Au pied des Apennins, dans le secteur sud de la zone étudiée, de nombreux cônes de déjection sont bien conservés. D'anciens dépôts alluviaux rayonnent à partir de ces cônes vers le nord et au delà de la ville de Modène. Dans cette région, on retrouve de nombreuses zones en creux qui serpentent au-dessus du niveau actuel de la plaine. La lithologie de surface est essentiellement constituée par des limons avec quelques niveaux de sables et argiles ; elle est en corrélation avec le paléo-réseau de drainage (Fig. 4). Les dépôts alluviaux graveleux se trouvent seulement dans le secteur sud, le long des principaux cours d'eau qui descendent de l'Apennin. Leur épaisseur varie entre quelques centaines de mètres et un millier de mètres, en relation avec les structures plissées ensevelies de l'Émilie et de la Romagne. Le paysage géomorphologique est caractérisé par d'anciens cônes de déjection, d'anciens lits de cours d'eau aux chenaux anastomosés abandonnés, des rebords de terrasses et des zones déprimées où naissent des sources (Fig. 5). Les formes de terrain d'origine anthropique doivent aussi être notées. Dans la région de Modène, l'interaction entre la géologie, la géomorphologie et l'archéologie, montre l'importance des relations entre les communautés humaines et la nature ; elle montre aussi les effets que les installations humaines ont eus sur le territoire, au moins depuis l'an 2000 avant J.C. L'étude de l'évolution des formes fluviatiles est une bonne approche pour la compréhension de l'histoire de l'occupation humaine de la plaine de Modène et plus généralement de celle du Pô. Les travaux antérieurs ont eu pour objectif de recouper les données géologiques avec les données géomorphologiques à diverses échelles. Les travaux récents ont été conduits en comparant les données de terrain avec celles des archives. Dans la zone étudiée, 800 sites archéologiques ont été identifiés et inventoriés. Cette région est donc l'une des plus riches en information de toute l'Italie du Nord. Toutefois, du point de vue méthodologique, une définition des relations entre les formes fluviales et les sites archéologiques ne pourrait pas être exprimée par un simple rapport de présence/absence. On doit, avant tout, faire une distinction entre les sites de surface et les sites ensevelis. Il faut ensuite prendre en compte le fait que ces deux catégories ne reflètent pas la réalité chronologique, mais plutôt les différentes vicissitudes liées aux découvertes archéologiques et à l'utilisation du terrain. Cela n'empêche pas qu'une interprétation correcte doit être fondée sur une analyse détaillée des données archéologiques afin d'établir une chronologie, la plus précise possible, et d'identifier toutes les causes naturelles ou anthropiques qui pourraient avoir déterminé cette incertitude. Grâce au SIG (ArcGis 8.3), on a pu superposer les données archéologiques de plusieurs périodes (Néolithique, Âge du Fer, période romaine, haut Moyen Âge) aux données géomorphologiques (Fig. 6 et 7). On a ainsi réalisé des cartes géo-archéologiques qui permettent une datation des formes fluviatiles. La partie supérieure de la stratigraphie des dépôts alluviaux de la ville de Modène est bien connue grâce à la découverte de plus de 200 pièces archéologiques. Les dépôts peuvent être divisés en deux grandes séquences stratigraphiques : l'une appartient à l'ancienne ville romaine de Mutina et l'autre à la ville médiévale et moderne. Ces deux niveaux sont séparés par une couche alluviale de 2 mètres d'épaisseur. Les couches archéologiques de l'ancienne ville de Modène sont à 7-8 mètres de profondeur (Fig. 8). Dans cet article, on propose une modélisation en trois dimensions qui indique l'épaisseur des deux niveaux archéologiques des époques romaine et médiévale/moderne et du niveau alluvial les séparant (Fig. 9). La comparaison entre les données géomorphologiques et archéologiques a permis la datation de formes fluviatiles. Ainsi, la formation des cônes de déjection et des dépôts alluviaux les plus hauts situés au sud et au sud-ouest de Modène auraient été construits avant et pendant la période comprise entre le Néolithique et l'Âge du Fer. Ces recherches ont confirmé, avec plus de détails, que les déplacements des cours du Secchia vers l'est et du Panaro vers l'ouest, à l'aval de la ville de Modène, se sont produits, dans une région tectoniquement active et caractérisée par une intense subsidence, à l'Âge du Bronze. Il a aussi été possible de reconstituer les anciens niveaux du sol dans le centre de Modène depuis la période romaine. De même, il a été possible de mesurer l'épaisseur des couches archéologiques et des divers niveaux alluviaux. Grâce à cette reconstitution, on a élaboré pour la première fois un modèle de sédimentation fluviale depuis la fin de la période romaine. Selon ce modèle, même les plus petits cours d'eau ont modifié l'aspect de leur lit qui passe d'une forme d'incision profonde à une forme suspendue au-dessus de la plaine alluviale. Ils doivent maintenant être contenus entre des levées artificielles (Fig. 10). La sédimentation de la plaine à partir de l'époque romaine pourrait être attribuée à des causes différentes de celles qui ont prévalu précédemment (déplacement vers le nord du Pô) ou en même temps (changements climatiques, subsidence, déforestation, abandon des campagnes, dégradation du réseau de canaux construit par les Romains). Suite au déplacement du Pô vers le nord, ses affluents descendant des Apennins ont dû allonger leur cours, ce qui a eu pour effet de diminuer leur pente et leur vitesse. La sédimentation, dans les lits fluviaux s'est donc accentuée, probablement aidée par le jeu en subsidence de la région. Pendant la période romaine, au moins 60 % du sol a été déboisé et mis en culture. Cette déforestation a facilité les processus d'érosion sur les versants et les processus de sédimentation dans les lits fluviaux. L'abandon des campagnes consécutif à une crise politique et économique à partir du IVème siècle a eu pour conséquence une accélération de ces processus d'érosion et de sédimentation. Sur l'espace urbain de Modène (la Mutina romaine), une importante sédimentation a eu lieu ; elle peut être attribuée à la dégradation des réseaux hydrauliques (canaux d'alimentation en eau et égouts) qui a suivi le désordre politico-économique. Après la dégradation hydrologique qui atteignit son maximum à la fin du VIème siècle, l'évolution géomorphologique de la région étudiée devient plus lente au Moyen Âge et aux temps modernes, même si la zone de Modène est encore soumise au risque d'inondation. Pendant les derniers siècles, l'augmentation des activités humaines a eu pour conséquence un rétrécissement des lits fluviaux et leur approfondissement. En outre, les activités d'extraction d'alluvions le long des cours d'eau ont irrémédiablement modifié la géomorphologie locale. Dans la partie nord de la plaine, le tracé des cours d'eau a été volontairement modifié par le recoupement artificiel de méandres. Ainsi, aujourd'hui, le fonctionnement de la plaine de Modène, et plus généralement du Pô, n'est plus naturel mais fortement marqué par les activités humaines.