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Accessible en ligne : http://www.ifri.org/files/Cerfa/NdC_54.pdf; Notes du Cerfa n°54

International audience; En 2004, alors que le chancelier Gerhard Schröder constatait la fin de l'après-guerre et le retour à la normalité à l’occasion du 60ème anniversaire du débarquement, des frictions germano-polonaises relatives à la commémoration du soulèvement de Varsovie d'août 1944 ont montré que les contentieux liés au passé étaient loin d'être apurés. Ces deux événements illustrent la situation paradoxale d'un passé national-socialiste apparemment en voie de trouver sa place dans l'histoire, mais continuant en même temps d'interférer avec le présent, puisque la normalité pourtant revendiquée depuis longtemps, et encore davantage depuis l'unification, ne cesse d'être troublée par des résurgences qui ne semblent pas devoir tarir de sitôt. En dépit d’un éloignement qui permet à l’Allemagne d’afficher officiellement à l'égard de ce passé un rapport moins conflictuel que les générations précédentes, le problème de la conciliation du passé avec le présent n'a pas pour autant perdu de son acuité ni de son actualité, car les Allemands ne se retrouvent pas forcément tous dans la mémoire officielle de leur pays et le passé continue de les confronter à des interrogations auxquelles même des décennies de travail de mémoire n'ont pas permis de mettre fin. Comment assumer ce passé et les responsabilités qui en découlent, sans éprouver quelque forme d'implication personnelle, voire de culpabilité? Comment concilier l'aspiration à être un peuple comme les autres avec la conscience d'avoir un passé tellement singulier ? Comment intégrer dans le présent, mais également dans l'histoire de l'Allemagne, un passé aussi peu normal, et en particulier comment le faire sans céder à la tentation de le normaliser? Telles sont les questions que continue de poser un passé pour le moins incommode à des Allemands qui doivent pourtant bien s'en accommoder.