1. Ruines et paysages bruts. Sur l’art involontaire
- Author
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Hagelstein, Maud
- Subjects
Koudelka (Josef) ,Bégout (Bruce) ,ruinist poetics ,Third landscape ,Tiers paysage ,aesthetics ,Roger (Alain) ,Clément (Gilles) ,art brut ,paysage ,poétique ruiniste ,landscape ,esthétique - Abstract
On tentera ici de défaire l’idéologie du « brut » dans les analyses du paysage – le fantasme de ce qui n’aurait pas ou qui aurait été peu abimé par les activités industrielles et autres traces de l’homme. Le paysagiste Gilles Clément montre que les milieux résistent toujours à la fois à leur exploitation et à leur préservation. Ils sont dynamiques et inventifs ; il faut faire avec leurs qualités spécifiques. On envisagera ce que Clément appelle le « Tiers paysage », concept visant les friches et délaissés urbains où l’activité semble suspendue ou amortie, mais qui deviennent manifestement des refuges de biodiversité, du fait de l’absence d’entretien. Le Tiers paysage et ses ruines industrielles permettent un rapport réinventé au paysage, un rapport « non-esthétique », qui tiendrait compte de « l’art involontaire », un art de situation ne prenant pas exactement les formes du sauvage ou du brut, mais intégrant l’aléatoire et les artifices. On évoquera aussi en guise d’envoi les photographies de Josef Koudelka, qui invitent à revoir sous cet angle les conventions de l’esthétique « ruiniste » - Koudelka pratique un art assumant la complexité de son objet, un objet abimé, morbide, involontaire et pourtant majestueux. We will try to undo the ideology of the “raw” in landscape analyses - the fantasy of what may have been little or not damaged by industrial activities and other traces of man. The landscape architect Gilles Clément shows that environments always resist both their exploitation and their preservation. They are dynamic and inventive; we must deal with their specific qualities. We will consider what Clément calls the “Third landscape”, a concept that applies to urban wastelands and derelict areas where activity seems suspended or suppressed, but which clearly become refuges of biodiversity, due to the absence of maintenance. The Third landscape and its industrial ruins allow for a reinvented relationship to the landscape, a “non-aesthetic” relationship, which would include “involuntary art”, a situational art that does not exactly take the forms of the wild or the raw, but integrates the random and the artificial. As a final note, we would also like to mention Josef Koudelka's photographs, that invite us to revisit the conventions of ruin aesthetics from this angle - Koudelka practices an art that acknowledges the complexity of its object, an object that is damaged, morbid, involuntary and yet majestic.
- Published
- 2023