Search

Quel que soit notre objet d’étude, l’environnement végétal sensu stricto, les pratiques anthropiques liées à l’usage du feu, ou les interactions entre l’homme et son environnement, la prise en compte des agents taphonomiques de distorsion des assemblages anthracologiques constitue une étape essentielle de la recherche.Ces processus que nous appelons filtres ou agents sont de plusieurs natures : les pratiques anthropiques de la collecte et la gestion du foyer lui-même, la combustion, les processus dépositionnels et post-dépositionnels, enfin, le filtre de l’archéologue et de l’anthracologue qui, selon le mode opératoire d’échantillonnage et de quantification induit une distorsion de l’assemblage tel qu’il apparait lors de sa découverte.Dans cet article, nous nous intéressons en détail à l’incidence de l’un de ces processus sur la représentation finale des essences mises au feu : la combustion.Les résultats présentés ici proviennent de 110 combustions expérimentales standardisées, réalisées en conditions de laboratoire et l’étude quantitative de 295000 charbons de bois. Nous avons ainsi pu montrer (i) que le taux de résidus n’est pas dans une simple relation de proportionnalité avec la quantité de bois mis au feu, même moyennant des conditions de combustion standardisées ; (ii) qu’il existe un comportement au feu stationnel (intra-spécifique) aléatoire ; (iii) qu’il existe une variabilité spécifique qui discrimine trois groupes de taxons. Cette variabilité spécifique ne s’explique par aucune des variables testées (humidité, densité, proximité taxinomique, températures, durée de la combustion). Le travail expérimental met ainsi en exergue la difficulté à trouver une adéquation entre des variables, dont l’incidence semble a priori évidente, et le taux de charbons de bois résiduels.

Les textes rassemblés dans ce volume sont le fruit d’une table-ronde « Taphonomie des résidus organiques brûlés et des structures de combustion en contexte archéologique », organisée du 27 au 29 mai 2008 au CEPAM (UMR 6130) à Valbonne. Cette manifestation s’inscrit pour partie dans le cadre du Réseau Thématique Pluridisciplinaire « Taphonomie », dirigé par Jean-Philip Brugal. L’objectif de cette table ronde était de proposer un état des lieux des études taphonomiques qui portent ou ont porté ...

The anthracological deposit as it appears in archaeological contexts is the result of successive taphonomic agents intervening at many stages from the gathering of wood, to combustion and post-depositional processes. These taphonomic agents constitute successive filters between the past vegetation and the charcoal studied. Therefore, the interpretation of charcoal remains should take into account the potential deformation between the anthracological spectra and initially burned wood.This paper presents the methodological issues and the first results of an experimental cycle whose aim was to study one of these taphonomic agents: the combustion process. Does combustion involve differential preservation of burned wood species? Does charcoal quantification reflect the real proportion of burned species? Is it necessary to define a correctional index for anthracological data?In order to answer these questions, 110 experiments were carried out under standardized laboratory conditions and more than 295,000 charcoals were studied. Such factors as wood density or temperatures are often considered to play an active role in the fragmentation process of charcoal during combustion. As expected, the results indicate a differential behaviour of species, but one which proved to be independent of the expected factors, tending to show that the parameters that interact in the combustion process are of different nature. These factors increase the difficulty of defining a correctional index. Nevertheless, it seems that the quantification of charcoal reflects in a satisfactory manner the initial proportion of each of the burned species.

Pour un site, les spectres de fréquences des essences (liste et proportions) successifs s’organisent en diagramme anthracologique. L’étude paléoécologique d’un diagramme n’est pas une simple lecture mais nécessite un travail d’interprétation inhérent au caractère synthétique de l’information. Les proportions et les variations relatives diachroniques doivent être traduites correctement en variations absolues des essences et en aire d’approvisionnement en bois. L’écologie des espèces et des communautés végétales actuelles, leurs réponses adaptatives aux perturbations, alimentent les hypothèses. L’évolution des activités du site et l’avancement des techniques fournissent l’explication de ce qui est objectivé par l’interprétation paléoécologique. A charcoal analysis diagram is drawn for each site, representing the spectrum of species and their frequencies in the successive archaeological layers. The palaeoecological study of a diagram is not simple reading, but needs an interpretation inherent to the synthetic nature of the information. The diachronic frequency variations must be translated correctly in terms of absolute variations of species and in terms of area of wood supply. The ecology of modem wood species and the actual vegetation cover, their reaction to disturbance form the basis of the hypotheses presented. The evolution of site activities and the advance of techniques provide an explanation of the palaeoecological data.

« L’Histoire, ce n’est donc pas une durée, c’est une multiplicité de durées qui s’enchevêtrent et s’enveloppent les unes les autres.Il faut donc substituer à la vieille notion de temps la notion de durée multiple. » (Michel Foucault, Dits et écrits, 1994, Gallimard, vol. II : 279). Dans les années 1970 et surtout 1980, se sont développées des disciplines issues de la biologie et de la géologie principalement, travaillant sur des matériaux et informations archéologiques, ou hors sites, pour co...

L’anatomie du bois, conservée dans les charbons de bois archéologiques, caractérise chaque taxon. L’anthracologie est fondée sur ce travail d’analyse au microscope. Dans cet ouvrage, on s’intéresse à l’étude des transformations de l’environnement, basée sur les charbons de bois issus du bois de feu domestique. Pour garantir et comprendre la représentativité des échantillons de charbons de bois par rapport au milieu d’approvisionnement en bois, l’anthracologie avait besoin d’une méthode précise, définie et justifiée. De la végétation passée jusqu’au diagramme interprété, chaque étape doit être étudiée, par l’analyse du matériel, l’expérimentation ou des hypothèses argumentées. The anatomy of wood, preserved in archaeological charcoal, characterises each vegetal species. Identifications are achieved using a compound microscope. In this publication the main interest is the study of environmental changes, based on the analysis of charcoal samples coming from domestic hearths. To guarantee and understand the representativity of charcoal samples in relation with the area of wood supply, anthracology needs an accurate method, well defined and accountable. From past vegetation to the interpretative diagram, each stage must be studied by analysis of material, experimentation or argued hypothesis.

Au-delà de l’identification des essences utilisées par l’homme l’anthracologie peut restituer l’histoire des forêts, sur la base des charbons de bois provenant du combustible domestique. La crédibilité de la discipline repose entièrement sur la définition d’une méthode rigoureuse, de la fouille jusqu’à l’interprétation paléoécologique, objet de la première partie de cet ouvrage. Dans la seconde partie, treize sites languedociens, de la fin de la Préhistoire à l’Antiquité, sont étudiés selon cette méthode En Languedoc, des équilibres anciens entre la chênaie méditerranéenne et toutes les sphères d’activité humaine nécessitent une révision de l’histoire des déforestations. Ce n’est qu’à l’âge du Fer que s’étendent des espaces déboisés durables en plaine, maintenus à la période romaine, inaugurant peut-être les premiers champspermanents. Les résultats de cette étude, s’ajoutant à la documentation existante, constituent une première synthèse des transformations des territoires. Besides identifying plants used by men, charcoal analysis may also reconstruct the history of forests, based on the study of charcoal from domestic uses. The reliability of this discipline depends on the definition of rigourous methods, from the archaeological dig to the palaeoenvironmental interpretation, which is the subject of the tint part of this work.In part two, thirteen languedocian sites dating from the end of Prehistory to Antiquity are studied following this method. In the Languedoc region, the early balance between the mediterranean oak forest and human activities leads us to review the history of deforestation. It is only in the lion Age that permanent tree clearance on plains increases, maintained during the roman period, announcing perhaps the first permanent fields. The results of this study, combined with documentary sources, constitute a first synthesis on territory changes.

La représentativité des charbons de bois (correctement échantillonnés), par rapport au milieu d’approvisionnement passé, peut être argumentée par la reproductibilité des spectres de fréquences dans les niveaux synchrones d’un même site, leur richesse en essences et leur cohérence avec les communautés végétales actuelles. Les propriétés combustibles du bois éclairent pourquoi, de la végétation au bois prélevé, les choix rationnels faits par l’homme sont largement fonction de critères indépendants de la nature des essences. Du bois au charbon de bois, la question de la déformation des proportions entre essences par la réduction de masse est précisée par des combustions expérimentales. L’état de fragmentation des charbons de bois suit une loi statistique qui n’est pas fonction de l’essence et autorise le dénombrement des fragments. Le tamisage par flottation réduit les aléas de fragmentation. The representativity of correctly sampled charcoal in relation to ancient wood supply, can be argued by the reproduction of frequency spectra in synchronous levels from the same site, by the number of wood species identified and by their coherence with the actual vegetation. The combustion properties of wood indicates why, in the samples studied, the choices made by man were largely in relation to criteria independent to the type of wood species. From wood to charcoal, the question of deformation of the proportions between species by the reduction in mass is studied by experimental combustion. Charcoal fragmentation follows a statistical law which is not function of the species and therefore allows enumeration. Sediment flottation reduces the hazards of fragmentation.

En Languedoc, l’histoire humaine est indissociable de celle de la chênaie méditerranéenne depuis le Néolithique. L’homme, par les coupes répétées ou l’incendie, ne provoque pas la disparition de la forêt mais installe, entre le Chêne blanc et le Chêne vert, de nouveaux rapports de concurrence que l’anthracologie enregistre. Du Néolithique moyen à l’Antiquité, on observe partout une telle substitution, de façon désynchronisée et réversible, qui traduit des similitudes dans l’exploitation du milieu. Mais, de plus en plus rapide, elle reflète certainement aussi de grandes différences dans les techniques et les besoins économiques. In the Languedoc, human history is indissociable from that of the Mediterranean oakgrove. Constant cutting or burning, did not provoke the disappearance of the forest but created, instead, new relationships of competition between deciduous and evergreen oaks, which are recorded by anthracology. Such a substitution is noticed everywhere from the middle Neolithic up to the Antiquity, in a desynchronised and reverting manner, which testifies to the existence of similarities in the exploitation of the environment. The intensification of this process also reflects the great differences in the techniques used and in the economic needs.

L’interprétation paléoécologique diachronique est proposée pour chaque site et son territoire. L’évolution de la chênaie et celle des forêts alluviales ou littorales montrent une emprise croissante des hommes sur leur environnement. Entre le Néolithique final et le Bronze final, le territoire d’activité des habitats de hauteur semble limité aux alentours des sites et à la chênaie, mais on ne connaît pas la végétation des vallées, non perçue. Longtemps, la chênaie est aussi la principale forêt présente et modifiée autour des sites dans les zones lagunaires ou alluviales : une topographie plus accidentée, c’est‑à‑dire moins colmatée, en est sans doute l’explication. Entre le Chalcolithique et l’âge du Fer, des boisements mésophiles s’étendent à basse altitude, probable effet de l’accélération de l’alluvionnement. Avec le développement des agglomérations de l’âge du Fer, des territoires sont déboisés durablement dans les plaines, interprétés comme espaces agricoles. Durant l’Antiquité, partout l’emprise forte sur les chênaies se précise et signale leur gestion, au moins pour le bois. Mais les plaines restent déboisées, avec un développement certain des cultures, fruitières en particulier. L’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge ont peut‑être vu une certaine reprise forestière en plaine. Diachronic palaeoecological interpretation is proposed for each site and its environment. The evolution of oakgroves and that of alluvial and coastal forests indicates a growing pressure of man on the environment. Between the late Neolithic and the late Bronze age, the areas of activity from upland settlements seems limited to the vicinity of the sites and oakgroves, but the colonisation of valleys is not noticed. For a long time, oakgroves were also the main forest association modified, around sites near lagoons and in alluvial valleys: an uneven topography, i.e. less accumulation of silt, is probably the explanation. Between the Chalcolithic and the Iron Age, mesophilous woodland extends to lower altitudes, probably as a result of increased silting. With the development of Iron Age settlements, woodland areas are definitively cleared in the plains, interpreted as agricultural zones. During Antiquity, pressure increased everywhere on oakgroves which are managed at least for the wood. The plains remain deforested, with the development of cultivation, especially fruit trees. During late Antiquity and the early Medieval period, a return to a forested landscape may have existed.

Les transformations de la forêt par l’homme aux âges de métaux et durant l’Antiquité ne sont pas indépendantes d’une histoire plus ancienne. Les sociétés paysannes néolithiques ont incontestablement marqué le paysage forestier avec la transformation progressive et réversible des futaies en forêts secondaires de repousse. Mais ces transformations physionomiques ne doivent plus être assimilées à des déforestations, que ne justifient ni la paléoécologie, ni les techniques agricoles, pastorales et d’exploitation du bois, ni l’importance des besoins économiques. Ce chapitre tente de faire le point sur les effets de chaque sphère d’activité sur la forêt. Eclaircie de façon temporaire et locale, sans destruction des souches, la forêt a dû être longtemps favorable à toutes les activités, sans cloisonnement fonctionnel de l’espace. The transformations of the forest by man during Prehistory and Antiquity are not independent of events from earlier periods. Neolithic peasant societies have incontestably marked the forest landscape with the progressive and reversible transformation of tree clusters into secondary forest. But these physionomical transformations should not be associated with deforestation, which is not indicated neither by palaeoecology, nor by agricultural or pastoral techniques and wood exploitation, nor by important economic needs. This chapter attempts to outline the effects of each activity in the forest. Local and temporary clearings, without the destruction of stumps, allowed the forest to be a favourable area for ail activities, without any functional division of space.

Les développements récents de l’anthracologie ont mis en valeur l’étude du paléoenvironnement des habitats à travers le bois de feu domestique. Complétant l’étude des usages particuliers du bois, l’approche paléoécologique apparaissait riche d’informations historiques. Les boisements qui tendent à envahir certaines de nos campagnes depuis une cinquantaine d’années donnent la mesure des potentialités forestières que nos régions tempérées et nord méditerranéennes ont acquises au cours du réchau...

Les treize sites, dont douze de plein air, étudiés selon la méthode proposée dans la première partie, s’échelonnent du Néolithique final à l’Antiquité tardive, principalement en Languedoc oriental à basse altitude. La démarche de la deuxième partie de l’ouvrage comprend, outre la prise en compte des acquis de la paléoécologie à partir du Néolithique, une réflexion sur les modes d’exploitation de la forêt et leur incidence écologique. Le cadre géographique et écologique actuel est précisé, ainsi qu’une chronologie culturelle succincte. Thirteen sites, of which twelve are open‑air, are studied followingthe method outlined in part one, ranging from the late Neolithic to late Antiquity. They are situated mostly in the lowlands of eastern Languedoc. In this second part, we take into account informations already obtained and consider methods of forest exploitation and their ecological incidences. The present day geographical and ecological framework is outlined, as well as the cultural chronology.

International audience

International audience

International audience

International audience

International audience

International audience; In anthracology, taxon saturation curves enable optimal sample sizes (at least 250 charcoal fragments per stratigraphic level) to be determined from the domestic fuel dispersed from hearths; however, a broad spatial sampling of these scattered fragments, recorded using an excavation grid, is necessary for the frequency spectrum of taxa to be reliable; the synchronous levels of a site, therefore, provide the same frequency spectra of taxa, within confidence intervals; in other words, the observations are reproducible, which is a requirement of palaeoecological interpretation. Using sites in southern France, including Lattara and l'Abeurador (Hérault), I propose to further exploit the spatial distribution of taxon frequencies in archaeological levels, with the aim of obtaining information on the heterogeneity of ancient woodlands. Spatial analysis relies on levels of charcoal fragments which have been well sampled through sieving and avoiding charcoal concentrations. At first sight, the frequency distribution of taxa may look remarkably uniform, due to numerous stochastic processes including wood collection, hearth management, combustion, dispersion, burial and fragmentation; typically, the average taxon frequency is used for palaeoecological interpretation. However, the frequencies of most taxa have a unimodal distribution in the grid squares, close to the normal distribution, which is why I hypothesise that the frequency distribution of each taxon (per grid square) might represent its sampling distribution in its past environment. Taxon proportions fluctuate in each firewood assemblage due to its probability of collection, which is relative to its distribution heterogeneity (or accessibility) in the environment. The ratio s2/m (variance/mean), labelled “distribution index”, which estimates the regularity of the taxon distribution in the grid squares, can be used as a proxy of past environmental heterogeneity. Other taxon frequencies have a plurimodal distribution in the squares, meaning that they likely derive from several populations of data. In this case, for taxa identified to genus level, I discuss the possible existence of several species with different frequencies derived, or not, from independent habitats.

International audience; This paper seeks to provide new insights into issues relating to data analysis and quantification in anthracology as applied to the remains of wood fuel waste found in archaeological sites. Following on from over four decades of research and debate into the quantification potential of anthracological remains, we revisit fuel waste discard patterns and taphonomic considerations based on observations from archaeological case studies. Our aim is to provide a review of the methodological considerations pertinent to the field sampling, laboratory analysis and quantitative analysis of anthracological remains. Finally, we examine some new avenues for data analysis in anthracology, including multivariate analyses, with the aim to stimulate future debate on this issue.

National audience; Pendant l'Antiquité, la Camargue, irriguée par le Rhône, permettait la liaison entre la vallée du Rhône et la Méditerranée. Dans ce vaste territoire, des fouilles ont été réalisées au cœur de la Réserve naturelle, entre 1997 et 2002, par une équipe de chercheurs, archéologues et paléoenvironnementalistes. Elles ont révélé un village puis une ferme au bord du Rhône, entre le Ve siècle avant notre ère et l'Antiquité tardive. La collection "Vivre en Camargue" aborde la manière dont les hommes ont occupé ces terres à travers différentes époques, s'adaptant toujours à leur environnement. Les auteurs sont des chercheurs, archéologues et environnementalistes, qui écrivent pour des lecteurs curieux et non spécialistes. Le livre est soutenu par le Service régional de l'archéologie/DRAC-PACA, la Société naturelle de protection de la nature (SNPN) et la Compagnie nationale du Rhône (CNR)

Le site de la Motte correspond à un habitat de la fin de l’âge du Bronze (IXe - début du VIIIe s. av. n. è.) actuellement ennoyé dans le lit mineur de l’Hérault à Agde. Découvert en 2002 à l’occasion de prospections fluviales il a fait l’objet d’une première fouille en 2004 ayant notamment mis au jour un dépôt de bronzes correspondant à une riche parure féminine. Depuis 2009, il fait l’attention de nouveaux travaux interdisciplinaires associant archéologie, écologie et géomorphologie, ayant permis de mettre en évidence, sur plus de 500 m², un établissement de l’âge du Bronze dont la superficie totale est estimée à près d’un hectare. Ce dernier était à l’origine installé en bordure d’une ancienne lagune aujourd’hui colmatée par la progradation du fleuve Hérault. L’immersion du site a notamment permis la préservation de structures en bois correspondant à plus de quatre-cents pieux organisés en deux files principales. Les sondages réalisés dans certains secteurs ont montré que ces pieux supportent des aménagements de clayonnages. Localisés en marge de l’occupation protohistorique, en bordure de la lagune, ils servaient vraisemblablement à la protection des berges, à l’instar des fascines encore actuellement utilisées dans le cadre du génie végétal. D’autres bois plantés de plus grand diamètres, localisés en retrait de ces aménagements, pourraient en revanche correspondre à des poteaux de soutient de bâtiments, dont les plans sont parfois difficiles à démêler du semi de pieux. L’étude xylologique des bois d’œuvre indique la présence d’essences variées, dominées par le chêne caducifolié et l’orme. Leur analyse spatiale permet par ailleurs de délimiter des aménagements cohérents faisant principalement appel à un type de bois. Couplée aux informations de datations et de synchronismes fournies par le radiocarbone et la dendrochronologie, elle autorise à suivre l’évolution structurelle du site. Ces données, confrontées aux analyses anthracologiques et géomorphologiques, permettent également de s’interroger sur la gestion des différents milieux forestiers potentiellement présents à proximité du site par ses occupants. Le bois d’œuvre semble ainsi provenir du site même, témoignant d’une exploitation de futaies très proches de la rive. Il a été débité dans un bois encore vert et non écorcé, ce qui reflète un abattage rapide et une utilisation sans entreposage. En revanche, la récolte du bois de feu, qui balaye un large spectre d’essences et de milieux, permet de situer le site au sein d’un environnement forestier varié, reflétant différents degrés d’intensité et d’ancienneté d’exploitation. La présence d’essences typiques de boisements ouverts de garrigue, mais aussi de haies, lisières, de zones humides et de milieux forestiers fermés signent la présence d’un paysage renfermant un haut potentiel en ressources naturelles. Le bois constitue le matériau de construction privilégié par les populations de l’âge du Bronze du midi de la France. De par sa conservation exceptionnelle, le site de la Motte nous fournit de précieuses informations sur sa gestion et sa mise en œuvre, témoignant d’un savoir-faire aujourd’hui remis au goût du jour par le génie écologique.

Les développements méthodologiques en anthracologie permettent actuellement d’obtenir des spectres de fréquences de taxons représentatifs des environnements passés, moyennant des conditions précises d’échantillonnage et de tamisage. Pourtant, d’autres informations sont disponibles dans les charbons de bois, en particulier ceux de taille pluricentimétrique. Depuis le début des années 2000, plusieurs recherches se fondent sur les informations de morphologie des cernes (courbure, largeur, etc.) des charbons de bois retrouvés en contexte archéologique, afin de répondre à des questions liées aux durées d’occupation des sites, à l’interdatation des structures domestiques ou artisanales, à la gestion du combustible, etc. Toutefois, l’aspect chronologique reste peu ou non exploité dans les études anthracologiques. D’une part, la friabilité des charbons, qui affecte notamment les restes d’assez grande taille (diamètre supérieur à 2 cm) les plus susceptibles de donner une information chronologique, rend la mesure d’une série de largeurs de cernes délicate. D’autre part, les méthodes classiquement utilisées en dendrochronologie sur de plus longues séries de cernes sont, ici, difficilement applicables. La première difficulté est aujourd’hui surmontée grâce au développement d’un nouveau protocole de laboratoire qui permet de créer une surface plane sur la totalité de la coupe transversale d’un charbon (Brossier & Poirier, 2018) ; cette méthode permet de mesurer des largeurs de cernes le long d’un ou plusieurs rayons. En ce qui concerne le nombre limité de cernes présents sur chaque coupe, un protocole précis d’échantillonnage doit également être appliqué afin de contextualiser au mieux le dépôt dans lequel est situé chaque charbon. Ce dernier vise à maximiser les chances de synchroniser les charbons de bois en laboratoire, pour établir des chronologies fiables de cernes de croissance. Cet article présente ce nouveau protocole ainsi que l’intérêt de la généralisation de l’anthraco-chronologie aux fouilles archéologiques., Methodological developments in anthracology make it now possible to register a large diversity of taxa, whose frequencies are representative of past environments, provided that reliable field sampling and sieving are undertaken. However, other information can be obtained from charcoal, especially from larger fragments. Since the early 2000s, several research projects have used the information provided by growth rings (pattern, width, etc.) visible on archaeological charcoal in order to answer questions related to duration of site occupations, inter-dating of artisanal or dwelling structures, fuel management, etc. Nevertheless, the chronological aspect remains underexploited, if not completely unexploited, in anthracological studies. On the one hand, the brittleness of charcoal, affecting precisely the fairly large fragments (over 2 cm large), those best able to provide chronological information, makes it difficult to measure a series of ring widths. On the other hand, the methods classically used in dendrochronology on longer series of rings are difficult to apply here. The first difficulty has been solved as a recent laboratory protocol makes it possible to obtain a flat surface over the entire cross-section, suitable for growth ring width measurements along one or more rays (Brossier & Poirier, 2018). Regarding the limited number of rings present on each observed section, the implementation of a precise sampling protocol is essential in order to contextualize the deposit from which each charcoal originates. Based on these protocols, which maximize the chances of synchronizing charcoal in the laboratory, reliable growth ring chronologies can be established. This paper presents this new protocol and underlines the interest of generalising the practice of anthraco-chronology in archaeological excavations.