Most of the presented works concern normal and pathological aging and its consequences on mobility and road safety.; Le vieillissement et en particulier les aspects neuropsychologiques du vieillissement des personnes constituent l'axe principal autour duquel se déclinent beaucoup de mes travaux de recherche. A l'Inserm tout d'abord, je contribue à la recherche de facteurs qui caractérisent le vieillissement respiratoire et fonctionnel, de facteurs de risque de démence, et sur des travaux portant sur des aspects neuropsychologiques du vieillissement. Pour cela, des approches épidémiologiques et expérimentales sont associées et contribuent à une meilleure connaissance du vieillissement normal et pathologique. En arrivant à l'Inrets, je prends en charge la thématique du vieillissement et de l'insécurité routière. J'explore ce nouveau champ en m'appuyant sur des bases de données existantes et sur de nouveaux projets. Dès lors, mon activité de recherche portera essentiellement sur la problématique du vieillissement et de l'activité de conduite automobile. Je contribue dans un premier à temps à quantifier les enjeux de sécurité routière liés au vieillissement des conducteurs. Je m'intéresse plus particulièrement au risque pour autrui que je quantifie en années de vie perdues attribuées aux conducteurs selon leur responsabilité dans l'accident. J'utilise deux méthodes d'estimation de la responsabilité et les deux démontrent une moindre dangerosité des conducteurs âgés vis-à-vis des autres usagers, et cela par rapport à des conducteurs plus jeunes. L'ensemble du bilan sur l'accidentalité des conducteurs âgés ne justifient pas la mise en place d'une procédure de contrôle systématique de l'aptitude à la conduite basé sur le critère de l'âge. Néanmoins, plusieurs fonctions et processus sont fréquemment touchés dans le vieillissement : les fonctions sensorielles, la vitesse de traitement des informations, les capacités d'attention, les fonctions exécutives, et les processus d'inhibition. Même s'ils sont plus sévèrement touchés dans certaines pathologies comme la démence, ils sont susceptibles d'altérer l'aptitude à la conduite dans un vieillissement normal, et augmenter le risque d'accident. Pour comprendre les facteurs de risque d'accident des conducteurs âgés, il est nécessaire de les expliquer au regard des facteurs qui modifient l'activité de conduite. La diminution de l'exposition au risque se manifeste souvent par une réduction des distances conduites, des évitements de situations de conduite jugées difficiles, ou encore par l'arrêt complet de l'activité. Ces changements peuvent être des réponses aux changements sensori-moteurs et cognitifs liés au vieillissement. Ainsi, l'autorégulation de l'activité de conduite devient peu à peu ma principale question de recherche. J'encadre une thèse sur l'impact des pathologies neurodégénératives telles que la démence sur la régulation de la conduite et sur l'effet spécifique du sexe dans celle-ci. En parallèle, j'explore dans le cadre d'un vaste projet ANR une hypothèse de recherche sur l'existence d'une autorégulation de la conduite, hypothèse qui s'est construite sur nos travaux antérieurs. Les personnes régulent leur activité de conduite si elles ont une auto-estimation correcte de leurs capacités cognitives. Une surestimation de ces dernières les amènerait à surestimer aussi leurs capacités de conduite, ne pas modifier leurs habitudes de conduite, ce qui les exposeraient à un plus grand risque d'accident. Inversement, une sous-estimation des capacités cognitives auraient pour effet un arrêt prématuré de la conduite ce qui les exposeraient à un risque de perte de mobilité, d'autonomie, ou de lien social, et «également au risque de dépression. Je constitue une équipe pour mettre en place une cohorte de 1200 conducteurs âgés. En mettant en regard une évaluation objective des capacités cognitives par des tests neuropsychologiques, et une évaluation subjective par des questions d'auto-estimation des habiletés cognitives dans les activités de la vie quotidienne, trois groupes de conducteurs sont constitués : des sur-estimateurs, des estimateurs corrects, et des sous-estimateurs de leurs capacités cognitives. Chacun des groupes présente des caractéristiques spécifiques en âge, sexe, mode de vie, symptomatologie dépressive, et traits de personnalité. Le volet expérimental du projet démontre une relation significative entre l'auto-évaluation cognitive et l'auto-évaluation de la conduite. D'autres résultats sont attendus, en particulier l'existence d'une autorégulation différente dans les trois profils d'auto-estimation des capacités cognitives. En parallèle, je travaille sur une meilleure compréhension du faible risque d'accident des déments, malgré des déficits qui impactent les capacités de conduite. La connaissance du processus d'arrêt de la conduite dans le processus démentiel et même dans la phase pré-diagnostique est essentielle pour mieux accompagner l'arrêt de cette activité. Par ailleurs, l'hétérogénéité observée grâce à des études expérimentales nous amène à conclure à l'insuffisance du seul diagnostic pour interdire la conduite. La question du vieillissement de la population et de l'insécurité routière entre dans le « Thème 1. Facteurs de risque dans les champs du transport, de l'environnement et du travail » du projet quinquennal de l'Umrestte, et plus précisément dans le sous-thème des facteurs de risque individuels. Dans leur rapport d'évaluation, le Comité d'experts du HCERES juge ces travaux pertinents. Du point de vue de l'Ifsttar, ces travaux contribuent à l'axe 1 du nouveau COP (2017-2020), «Transporter efficacement et se déplacer en sécurité », et plus précisément à l'objectif 2 qui est de « Renforcer la sécurité et l'ergonomie des déplacements, pour une mobilité sereine et respectueuse de la vie humaine ». Enfin au plan national et institutionnel, les travaux sur ce thème s'inscrivent dans la Loi 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société vieillissante et qui vise à organiser les effets de l'allongement de la vie et du vieillissement des personnes âgées, notamment pour permettre l'accessibilité et la sécurité de leurs déplacements. Je viens d'être nommée pour trois ans au Comité des experts placé auprès du Délégué interministériel à la sécurité routière et du Président du Conseil national de la sécurité routière.