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Les certifications privées de durabilité appliquées aux filières soja, bois, huile de palme et cacao constituent des outils prometteurs pour lutter contre la déforestation sous les tropiques. Cependant, aucun de ces standards n'est aujourd'hui pleinement compatible avec les exigences énoncées dans la SNDI. D'autres approches de lutte contre la déforestation sont envisageables, comme une réglementation contraignante, la gestion du risque géographique ou la promotion de territoires durables. Ces démarches peuvent concerner des filières encore peu engagées dans la certification et impliquer plus facilement les petits producteurs. Les avantages de recourir à la certification sont optimisés lorsqu'elle est combinée aux autres instruments de lutte contre la déforestation importée. La prochaine mise en oeuvre du règlement contre la déforestation de l'Union européenne illustrera par exemple dans quelle mesure le mécanisme de diligence raisonnée s'appuiera ou pas sur les standards de durabilité pour limiter le risque de déforestation dans les pays à risque.

This chapter deals with two major issues rural households face in tropical areas: preserving natural resources and guaranteeing food security. Tackling these two challenges simultaneously may require developing profitable production systems that can both guarantee food security for farmers, while also ensuring sustainable management of natural resources.

Life Cycle Assessment (LCA) is the internationally recognized method to assess the environmental impacts of products and services. Its application to agri-food systems in developing or emerging contexts is recent and represents many challenges of scientific, partnerial and operational nature. With more than 10 years of scientific and field experience, the CIRAD LCA team has synthesized, with other internationally recognized experts, the best knowledge and approaches available to apply LCA under these conditions. This operational guide is a useful tool for LCA practitioners; it provides best practice recommendations to carry out LCA studies on agri-food products in developing and emerging contexts.

La Côte d'Ivoire est l'un des principaux producteurs d'huile de palme en Afrique avec environ 500 000 tonnes produites par an provenant de la transformation de régimes issus de quelque 290 000 ha. 70% de ces plantations sont détenues par des planteurs villageois. Ces plantations sont localisées dans le sud du pays, le long de la côte jusqu'à presque 6° de latitude nord. Dans cette zone où les conditions sont propices, le principal facteur limitant est un déficit hydrique plus marqué au centre entre Sassandra et Grand Lahou mais aussi en remontant vers le nord (Boubo). Avec des pratiques culturales adaptées, ce déficit limite le rendement potentiel moyen en phase mature des plantations à quelque 15 t/an de régimes par hectare contre 19 t/an dans les meilleures conditions. Les pratiques en plantations industrielles sont généralement maîtrisées avec un grand professionnalisme (variétés sélectionnées adaptées, fertilisation et couverture du sol bien gérées, etc.). En revanche les pratiques en plantations villageoises ne permettent pas encore d'atteindre de tels potentiels. Le rendement en régime moyen des plantations villageoises n'atteint pas la moitié de celui des plantations industrielles. Le diagnostic agronomique a mis en exergue des déficiences sévères nécessitant des réajustements de la fertilisation et des problèmes d'érosion liés à l'usage excessif d'herbicides dans de nombreux cas. Malgré un niveau global de connaissances agronomiques des acteurs très satisfaisant, à l'instar de l'utilisation très largement répandue de matériel végétal sélectionné en plantations villageoises, un appui technique est primordial pour améliorer plus drastiquement les performances de ces dernières. Au-delà de l'amélioration des performances des plantations, une optimisation de l'organisation de la filière est nécessaire. Celle-ci comprend notamment une meilleure organisation et mutualisation du transport des régimes des plantations villageoises vers les huileries, une revalorisation du prix des régimes des plantations villageoises pour rentabiliser la récolte et permettre un investissement dans le maintien de la fertilité des sols, une meilleure circularité des résidus organiques pour restituer la matière organique dans les plantations, un renforcement des structures d'appui et une réhabilitation de certaines infrastructures routières. Au niveau de la transformation, la production de l'huile de palme est caractérisée par la présence de grandes huileries et de petites et moyennes huileries d'une capacité nationale de traitement d'environ 700 tonnes de régimes par heure. Les industries de deuxième transformation, principalement localisées à Abidjan, permettent la création de valeur ajoutée dans les secteurs de l'alimentation (huile raffinée, margarine, etc.) et des cosmétiques (savons). La production d'huile de palme rouge et de savon est également réalisée via un secteur artisanal important mais qui reste aujourd'hui très peu renseigné. Ce secteur artisanal reste largement méconnu alors qu'il concerne vraisemblablement de large volumes et joue un rôle social et sociétal non négligeable. Que ce soit pour les plantations villageoises ou le secteur de la transformation artisanale, des recensements exhaustifs sont nécessaires afin de calibrer au mieux les appuis techniques nécessaires et définir une stratégie de développement rural et péri-urbain permettant d'exprimer le plein potentiel de la filière palmier à huile en Côte d'Ivoire.

Les huiles de palme et de palmiste représentent plus du tiers des huiles végétales consommées dans le monde, et 12 % de la déforestation importée en Europe. La première certification de durabilité de l'huile de palme a été lancée au début des années 2000, la table ronde pour l'huile de palme durable (RSPO). Depuis, divers autres standards ont été développés, y compris des standards gouvernementaux (ISPO en Indonésie et MSPO en Malaisie). RSPO est aujourd'hui le schéma de certification d'huile de palme le plus répandu en termes de membres et d'hectares certifiés, environ 20 % de la production globale est certifiée RSPO. D'autre part, RSPO est le standard le plus éprouvé et le plus dynamique en termes de consultation d'acteurs et d'amélioration continue, et celui qui propose jusqu'à présent les procédures de contrôle les plus systématiques. Néanmoins, l'huile certifiée RSPO ne semble pas convaincre les marchés. Pour convaincre plus largement et engendrer un changement d'échelle, la RSPO présente trois limites majeures : i) la compensation financière via le premium sur l'huile est trop faible, trop variable et peu incitative ; ii) le standard laisse encore trop de place à l'interprétation, justifiée ou abusive, des procédures en fonction du contexte socio-politique ; et iii) le système d'audit externe et de prévention ou de contrôle des litiges n'est pas assez efficace. Pour améliorer cette efficacité, l'enjeu est d'assurer une cohérence globale ; c'est-à-dire de garantir des effets directs positifs et d'éviter des effets indirects négatifs à des échelles spatiale et temporelle suffisamment grandes pour préserver de manière significative les forêts. D'un point de vue spatial, l'échelle territoriale est pertinente car elle permet d'appréhender les impacts de différentes filières sur les biens communs. Dans ce cadre, l'approche juridictionnelle (engagement multipartite dont public au niveau de l'ensemble d'un territoire administratif) présente des atouts non négligeables. La France ne représente pas un marché significatif en termes de volumes d'huile de palme et de palmiste importés. Considérant les volumes actuellement certifiés RSPO, la France aurait cependant la possibilité de ne s'approvisionner qu'en huile certifiée ; elle pourrait donc jouer le rôle d'un levier d'entraînement.

Avec 780.000 tonnes produites en 2019, la Côte d'Ivoire est le premier pays producteur de caoutchouc en Afrique et le sixième à l'échelle mondiale. Le verger d'hévéa de Côte d'Ivoire est caractérisé par un secteur villageois prédominant et en pleine expansion, représentant environ 550.000 ha de plantations en 2019, soit plus de 90 % des surfaces plantées à l'heure actuelle. Les plantations agro-industrielles d'hévéa correspondent ainsi à moins de 10 % des surfaces plantées. L'usinage du caoutchouc en Côte d'Ivoire consiste très majoritairement à sa première transformation, pour la production de balles de caoutchouc. En 2019, 570.000 tonnes de caoutchouc ont ainsi été transformées et exportées, principalement vers le marché européen ; 25 à 30 % des exports l'ont été directement sous forme de coagulums. Dans un contexte d'évolution structurelle et de forte croissance, un état des lieux de la filière doit permettre d'identifier les principaux risques environnementaux associés à la filière actuelle et d'apporter un éclairage sur les leviers d'action potentiels pour accroître les performances du secteur. Dans ce contexte, le FIRCA et l'APROMAC ont commandité une étude Analyse du Cycle de Vie (ACV) sur la filière palmier à huile. L'ACV compte parmi les méthodes d'évaluation environnementale les plus complètes. Sa méthodologie normée ISO 14 440/44 permet de quantifier de nombreux impacts environnementaux tout au long d'une filière afin d'identifier les principales sources d'impact et les changements de pratiques permettant de les réduire. Sur les bases du diagnostic de la filière, les ACV de la production de balles de caoutchouc et de coagulums ont été réalisées, en comparant également les impacts en fonction des différents types de plantations industrielles et villageoises. Pour les deux produits exportés, la phase de production de latex en plantation est le principal contributeur aux divers impacts environnementaux. L'usinage des balles contribue essentiellement à l'épuisement des ressources fossiles via la consommation d'électricité et le séchage. L'impact changement climatique est déterminé à ~35% par la phase de plantation et à ~43% par les émissions liées au lagunage. Lorsque les coagulums sont exportés directement, en sus de la phase de plantation, le transport ne contribue que marginalement au changement climatique (9%) et plus significativement à l'épuisement des ressources fossiles (83%). L'impact lié à l'approvisionnement par des plantations villageoises est globalement plus important que celui des plantations industrielles. Ces plus forts impacts des plantations villageoises sont notamment dus aux rendements plus faibles par rapport aux industrielles ; une différence de rendement qui impacte directement l'impact usage des sols mais également linéairement les autres catégories d'impact. Une grande partie des impacts des plantations villageoises sont dus au brûlis couramment effectué en préparation des plantations et qui contribue à différentes catégories d'impact notamment les particules fines, la formation d'ozone photochimique et l'acidification terrestre. L'analyse de sensibilité a mis en évidence l'importance de mieux caractériser les rendements moyens des plantations villageoises et l'impact primordial de potentiels changement d'usage des sols sur le changement climatique. Au vu des résultats des ACV, les principales recommandations concernent en tout premier lieu l'amélioration des pratiques en plantations villageoises tout d'abord pour éviter le brûlis puis augmenter les rendements. Il s'agit d'accompagner la réduction du brûlis d'un suivi strict de la maladie du Fomès pour trouver les meilleurs compromis en considérant que l'impact des traitements associés reste faible au regard seulement des autres contributeurs. L'acquisition de données complémentaires permettra de mieux caractériser les pratiques et impacts du lagunage ainsi que les risques de changement d'usage à l'échelle régionale afin de définir les stratégies de développement et les pratiques les plus durables.

Palm oil mill's co-products (empty fruit bunch – EFB and palm oil mill effluent – POME) management is a matter of concern in Indonesia. Co-composting is a promising waste management practice that would allow a reduction of environmental impact and a restitution of organic matter to the soil. This study is a part of a Life Cycle Assessment (LCA) project and aims to pinpoint the most environmentally impacting compartments of the palm oil production chain. It deals more specifically with the Life Cycle Inventory of data on the composting process based on site specific data. Data on the recycled biomass, energy demand and yielded compost properties were recorded in an industrial palm oil mill over one year. Due to the local conditions, high nutrient leaching from the compost were recorded and the compost remained very wet and hot (thermophilic phase). The composting process only led to 40% of methane avoidance compared to anaerobic digestion of POME, and the global nutrient recovery efficiency was below 50%. We identified the following critical parameters to increase environmental benefits from composting: i) the POME/FFB ratio from the mill ii) the roofing of the composting platform, iii) the POME/EFB ratio, iv) the turning frequency, v) the recycling of leachates and vi) the process duration and drying period. The nutrient recovery and the doses of compost applied in the field depend on all of those inter-connected parameters. The data presented will be used within LCA models to assess net environmental benefits from various POME and EFB co-composting systems.