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International audience; En 1932, Emmanuel Mounier crée la revue Esprit dont le premier éditorial, « Refaire la Renaissance », développe la philosophie d'un personnalisme envisagé comme « une pédagogie de la vie communautaire liée à un réveil de la personne » 1 , pour citer Paul Ricoeur. Face à ce qu'ils perçoivent comme une crise de la civilisation, de jeunes intellectuels, désignés depuis sous le nom de « non-conformistes des années 30 », refusent d'une part, la voie du capitalisme et, d'autre part, la voie du communisme au profit d'une troisième voie fondée sur la « primauté du spirituel » 2 construisant un ordre nouveau au-delà de l'individualisme et du collectivisme. Cinq mois plus tard, Henry Bauchau publie, dans la revue L'Esprit Nouveau, un article intitulé « Personnalisme » qui prolonge, en Belgique, la pensée d'Emmanuel Mounier sur la révolution spirituelle permettant « la libération de la personne humaine » 3. Selon lui, le christianisme s'avère « la seule doctrine constructive, la seule conception du monde réellement révolutionnaire par rapport au monde moderne » dans la mesure où il « ordonne tout en fonction des réalités spirituelles, invisibles […] en opposition foncière avec la lettre mais surtout avec l'esprit du monde actuel » 4. Dans la mouvance du personnalisme, il cherche alors, durant les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, à « peser sur l'histoire par un certain type de pensée combattante 5 », pour reprendre la formule de Paul Ricoeur au sujet d'Emmanuel Mounier. Il inscrit ainsi son action dans un cadre institutionnel tant sur le plan

Héritage, filiation, transmission : ces notions sont au cœur de l’œuvre de Sylvie Germain et ce depuis son premier roman, Le Livre des Nuits (1985), qui raconte comment Victor-Flandrin Péniel s’inscrit dans la filiation douloureuse de ses ancêtres. Sylvie Germain a consacré un de ses essais à la question de la filiation dans Célébration de la Paternité (2001). Dominique Viart souligne le lien que l’écrivain entretient avec ce qu’il nomme les « récits de filiation ». Selon lui, sans être autob...

Pour l’individu comme pour la société, la question de l’héritage est au cœur de la construction identitaire et des productions culturelles. L’héritage désigne à la fois le legs lui-même et le processus incluant la filiation et la transmission. En littérature, son traitement se révèle capital : on ne peut écrire sans transmettre et, du même coup, on s’inscrit dans une filiation quand ce ne serait que pour s’y inscrire en faux. Si l’Ancien Régime peut apparaître comme stable sous cet angle, les Lumières et surtout le Romantisme vont faire advenir, dans un certain tumulte, un mode paradoxal d’hériter. L’autonomie croissante de l’individu s’accompagne désormais d’une fatalité autre que celle du sang et des tares physiques ou sociales. Plus près de nous, la compilation parfois douloureuse des héritages aboutira au « droit au souvenir », voire au « devoir de mémoire », avant qu’un impératif de créativité dans la résilience ouvre aussi, salutairement, le droit - fût-il partiel ou temporaire - à l’oubli.

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L’entretien avec Sylvie Germain révèle combien elle se montre sensible à quelques motifs de l’œuvre claudélienne : le souffle comme immense symphonie du monde, la lutte avec l’ange, les filiations obliques., The interview with Sylvie Germain reveals how sensitive she is to some motifs in the Claudelian work: the breath as an immense symphony of the world, the struggle with the angel, the oblique filiations.

International audience; Il s'agit d'analyser la figure biblique d'Élie pour souligner la manière dont Sylvie Germain dénonce ce qui détourne les contemporains des véritables valeurs et les laisse assister à la métamorphose du sacré dans une société marquée par l'oubli de Dieu.

International audience; Partant du « fond chrétien » et d’une certaine mystique dont Bauchau se revendique, il s'agit d'observer, à partir de l’épisode biblique d’Élie sur le mont Horeb auquel Henry Bauchau accorde une importance toute particulière en le restituant à la fin du roman "Le Boulevard périphérique", comment le "modus loquendi" mystique s’exprime dans les différents genres pratiqués par l'auteur.

International audience; L'hypothèse iest qu’Henry Bauchau s’inscrit dans le tournant théologique de la phénoménologie incarnée entre autres, par Emmanuel Levinas et deJean-Louis Chrétien, et que, dans cette mouvance, sa langue fait régner la parole originelle par le biais de son absence, c’est-à-dire par le biais de sestraces. Elle se fait, d’une part, hospitalité pour le souffle de fin silence et, d’autre part, arche d’une parole essoufflée.

The first half of the 20th century, marked by the two world wars, sees in France the return of the myth. The originality of Charlotte Delbo’s work, in the ‘80s, lies in her mixing of Antigone’s myth, (whose character is) intrinsically linked to political resistance, with the Shoah and the extermination of citizens by dictatorship. Beyond the politics, she maintains the ethical dimension of immemorial laws in ancient myths/mythology. Facing the refusal and the political overshadowing that create “essential spectres”, her writing is in the piety of “essential sorrow”, which is a remembrance of the “morts mal morts”., La première moitié du XXe siècle, marquée par les deux guerres mondiales, voit en France un retour du mythe. La figure d’Antigone est alors associée à la résistance. L’originalité de l’œuvre de Charlotte Delbo, dans les années 1980, est d’articuler le mythe d’Antigone à la Shoah et à l’extermination de certaines populations civiles par les dictatures. Au-delà de la posture politique, elle réaffirme ainsi la dimension éthique des lois immémoriales présentes dans le mythe antique. Face au déni et à l’occultation politique qui génèrent des « spectres essentiels », son écriture s’inscrit dans la piété du « deuil essentiel » qui se veut mémoire responsable des « morts mal morts ».

International audience; Il s’agit d’analyser les jeux de préfixation présents dans les principaux concepts inscrits dans le titre de la thèse de doctorat de Sylvie Germain : « per-spective », « trans-gression », « dé-création », « trans-figuration ». Sylvie Germain met particulièrement en valeur ces préfixes dans la typologie qu’elle adopte puisqu’elle choisit de détacher chaque préfixe de son radical par un tiret. Si ce style philosophique correspond à la mode d’une époque, il permet surtout la mise en place d’un dispositif lexical dans lequel Sylvie Germain explore et épuise les différentes significations des morphèmes affixaux pour créer une véritable isotopie qui constitue à la fois son idiolecte et son paradigme philosophique