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La categorisation sexuelle etant le socle de la partition des individus qui les assigne arbitrairement a une condition sociale particuliere, certains appellent a en finir definitivement avec les sexes. Et pour ce faire, il s’agirait moins de pouvoir choisir son genre, que de se soustraire au genre en se fabriquant un corps qui echappe a toute possibilite de categorisation. Il s’agirait de se bricoler un corps impossible a classer, de devenir un « cyborg », une creature mutante, auto-inventee et auto-hackee, grâce a une mise en chantier permanente de son corps. Dans cette optique, l’experimentation sur son corps serait la source d’une transformation revendiquee a un double niveau : psychique et politique. Nous essaierons de decrire les principes de cette maniere de penser l’articulation entre corps, psychisme et politique, et de comprendre en quoi elle fait l’impasse sur ce que nous enseigne la psychanalyse concernant le rapport du sujet au corps, a l’inconscient et a la sexuation.

En decembre 2020 sortait en France le documentaire de Sebastien Lifshitz Petite fille, adule par les medias. L’auteure souleve ici les questions qu’a suscitees pour elle le visionnage de ce film, dans une perspective critique. Puis, en le comparant a un autre film francais tres remarque au moment de sa sortie, Les garcons et Guillaume, a table !, elle explique, depuis la theorie et la clinique psychanalytiques, la complexite du processus de sexuation par lequel un enfant, puis un adolescent, devient « garcon » ou « fille », puis « homme » ou « femme ». Ce qui pose la question de l’accompagnement des enfants et des adolescents, ainsi que des familles, qui sont traverses, et parfois bouleverses, par ces problematiques.

Il s’agira ici de reflechir a la place, aux enjeux et a la maniere de sensibiliser des etudiants en cursus de gestion a la psychodynamique du travail. J’expliquerai comment, a partir du cas « Scrabble » exposant des ouvriers charges de la surveillance dans une salle de controle de centrale nucleaire et jouant au Scrabble, je mets en œuvre une demarche pedagogique qui vient en premier lieu mettre au jour puis questionner les stereotypes sur le travail dont sont impregnes ces etudiants formes au management. Ces stereotypes portent sur le jeu, percu comme normalement incompatible avec le travail ; sur la motivation, forcement extrinseque et « gerable » ; sur le role de l’encadrement, dont le role essentiel consisterait a relayer « vers le bas » des procedures predefinies, a sanctionner et a donner des marques de reconnaissance ; sur le recours systematique a des outils de gestion ; enfin sur une conception tres individualiste du travail. La mise en evidence de ces stereotypes et de leur inadaptation totale, lorsqu’il s’agit d’analyser puis de repondre a la situation decrite dans ce cas, ouvre ensuite la possibilite de former ces etudiants aux principes et a l’interet d’une approche par la psychodynamique du travail.

International audience

International audience; Parce qu’elles cherchent à incarner un projet de société plus égalitaire et démocratique, les pratiques et formes de consommation, de distribution et d’organisation dites « alternatives » font l’objet d’une attention croissante en sciences sociales .Par-delà leur diversité, ces alternatives ont pour ambition de défendre un modèle respectant les principes de démocratie, d’équité, de création de valeur sociale et d’inclusion sur un territoire. Elles renvoient à un nouvel imaginaire politique et pourraient être au cœur de la transformation de la société .Parler d’« alternative » suppose de se différencier d’un modèle central ; ici, il s’agit de prendre ses distances avec l’imaginaire dominant du modèle capitaliste, du travail strictement salarié (bénéficiant aux actionnaires), des organisations fortement formalisées et bureaucratisées, de l’échange marchand et de la relation de travail strictement contractuelle. Dans le sillage des travaux de l’économiste et de la géographe qui publient sous le nom de Gibson-Graham , l’alternative est donc d’abord définie en creux, comme tout l’impensé qui existe hors de ce modèle et peut prendre une diversité infinie ou presque de formes. Il importe de pouvoir rendre compte de cette « orgadiversité », néologisme que nous proposons en référence au concept de « biodiversité ».Si cette notion d’alternative n’est pas nouvelle, les sciences de gestion ne s’en sont emparées que récemment . Cette attention est essentielle, dans la mesure où c’est par l’organisation et la gestion que les principes centraux de ces alternatives sont, de fait, mis en œuvre, traduits en réponses concrètes et opérationnelles, ou, au contraire, dévoyés, pervertis ou contournés. L’enjeu, ici, est de se saisir de la technique invisible qui supporte et traduit concrètement les idéologies que défendent ces alternatives. Tant que la gestion reste impensée, sa mise en œuvre se fait souvent au détriment des intentions politiques qui sont portées par ces projets alternatifs, le risque étant, par mimétisme, par facilité ou par manque d’imagination, de reprendre les normes, les outils, techniques et modes d’organisation dominants dans le cadre capitaliste néolibéral. « Organiser l’alternative » et ne pas seulement l’imaginer, la théoriser ou la concevoir : c’est autour de cet objectif que s’est construit cet ouvrage. Pour rouvrir le champ des possibles, il vise à entrer dans les détails de l’opérationnalisation, de l’organisation et de la gestion des alternatives et à rendre visible les changements institutionnels et structurels à réaliser pour que les pratiques concrètes puissent évoluer. Son but est de montrer que les modes d’organisation propres à l’entreprise capitaliste traditionnelle ne sont finalement qu'une des manières possibles de s'organiser parmi de nombreuses autres .Comment se matérialise, en termes de techniques et d’outils de gestion, le passage de l’idée d’une entreprise sociale et inclusive à l’action dans les processus et les actes de gestion ? Quelles modalités permettent d’assurer que les pratiques de l’organisation restent conformes dans la durée aux intentions des acteurs en matière de démocratie, d’équité, d’intérêt collectif, d’innovation sociale et de création de valeur sociale ? Comment organiser une activité comptable différemment et la rendre compatible avec une visée alternative ? Comment mettre en œuvre un système de distribution alimentaire alternatif économiquement viable tout en maintenant une organisation du travail horizontale ? Comment innover avec des habitants aux logiques diverses sur un territoire ?

In this essay, we call on critical management education to focus on the organization of work and the nature of work tasks. While critical action learning and both reflexive and psychodynamic approaches to management education situate learning in actual work experiences, they do not explicitly encourage reflection on work tasks and the organization of work. Our aim is to draw on the French psychodynamics of work perspective to argue that reflection on concrete experiences and processes of work is important because work has significant implications for workers’ health and for society. We also use two vignettes to discuss the implications of French psychodynamics of work for the practice of critical management education.

In this chapter, the authors examine suffering as an intrinsic aspect of the contemporary neoliberal organisation of work. They focus on the theoretical perspective of Christophe Dejours, who provides a novel and unique perspective on the notion of ‘stress’ at work. The authors review critical approaches to the dark side of organisations, and outline Dejours’ theory of work and suffering. They argue that the materiality of suffering is what brings it inescapably close to the materiality of care for oneself and each other, without which they cannot survive work, and without which working lives become insufferable. Dejours’ perspective makes an important contribution to the organisational dark side literature in providing a detailed account of what happens when people work, and specifically the psychic and embodied impact of work on workers. Changes in the organisation’s policies and structure–a frequent occurrence in the ‘fluid’ organ-isation–completely disregard the actuality of work.

This paper reports a qualitative study of several coworking spaces conducted over three years. We build on Foucault's reflection concerning heterotopias, while differentiating ours from it, to develop a new concept - that of 'syntopia' - for theorizing this type of space, whose main characteristic is that their potential as alternatives lies in enabling its users to articulate economic diversity. Our contribution is twofold: on the one hand, our theorization of coworking spaces helps better account for their complexity, for the tensions that can arise within them and for their impacts; on the other hand, with the concept of syntopia, we provide a concept that could characterize other types of places, and could help identify typical places of a post capitalocentric economy, likely to be a source of profound change in our society. We propose to develop a 'syntopology' whose object would be to study systematically the different forms of syntopias, their characteristics, potentials and limitations.

International audience; Over the past 15 years, an increasing number of researchers have become aware of what the French psychoanalyst Jacques Lacan's work can contribute to management and organization studies. The number of publications on the subject has significantly risen, at the risk of leading to some apparent heterogeneity of the topics covered and a potential distortion of the Lacanian concepts when used in management and organization studies. In this article, we aim to map this emerging field of research, bring to light the theoretical basis common to those works so as to make the Lacanian theory used to study management and organization more legible, and discuss the limitations and opportunities implied by such a Lacanian approach. We organize the published works around two main orientations, each helping to address specific issues: a clinical orientation, within organizational psycho-dynamics, and a critical orientation, related to critical management studies.

International audience; This article reports a qualitative study of several coworking spaces conducted over 3 years. We build on Foucault’s reflection concerning heterotopias to develop a new concept – that of ‘syntopia’ – for theorizing this type of space, whose main characteristic is that its alternative potential lies in enabling its users to articulate economic diversity. Our contribution is twofold on one hand, our theorization of coworking spaces helps better account for their complexity, for the tensions that can arise within them and for their impacts; on the other hand, with the concept of syntopia, we provide a concept that could help identify other places of a post capitalocentric economy, likely to be a source of profound change in our society. We propose to develop a ‘syntopology’ whose object would be to study systematically the different forms of syntopias, their characteristics, potentials and limitations. © The Author(s) 2018.

International audience; Cet ouvrage présente une synthèse critique des apports de la psychanalyse et de courants associés (socio-analyse, psychosociologie, sociologie clinique, socio-psychanalyse, psychodynamique, etc.) à l'étude du fonctionnement des organisations, depuis les premières découvertes freudiennes jusqu'aux recherches les plus récentes, en France et dans le monde. Les travaux de psychanalyse organisationnelle ont fait avancer la théorisation sur la dynamique inconsciente des organisations et ont fourni des outils déterminants pour développer des processus de consultation ou d'intervention. Mais ces apports, du fait notamment de l'éclatement des références, demeurent difficiles d'utilisation, tant du point de vue pédagogique (étudiants, enseignants) ou scientifique (chercheurs) que pratique (psychosociologues, consultants, managers des ressources humaines, etc.). D'où le besoin d'un ouvrage de synthèse destiné à devenir une référence dans ce domaine en plein renouvellement (sociologie clinique, approche lacanienne...) qui s'est développé en France mais aussi dans d'autres pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie, etc.).

International audience; Recent studies have shown that alternative organizations are particularly exposed to the risk of losing ‘their soul’ or their capacity to put into practice their original ends when they compete with capitalist companies. But what happens when an alternative organization competes exclusively with another alternative organization? This article addresses this question using a unique and ‘revealing’ case, in which two mutual insurance organizations compete structurally and directly with each other and propose the same products to the same target population, at the same time and same place. The case shows in concrete terms how competition can undermine the integrity of alternative organizations and expose them to a dissociation between ends and means by leading them to: (1) adopt ‘dirty’ practices that are incoherent with their founding purpose, (2) circumvent the coherent practices that have been specifically designed to reach their alternative ends, and (3) instrumentalize their alternative ends and turn them into means of coping with competition. Furthermore, the case shows how the dynamic of structural and direct competition, because of its ‘captivating’ nature, may prevent local actors from ‘denaturalizing’ or questioning these incoherent practices. This study suggests that any action aimed at promoting alternative organizations requires taking due account of the competitive environment in which local actors of alternatives are placed and which can seriously undermine their emancipatory potential.

International audience; Psychoanalytic perspectives (such as the Kleinian/Bionian and Lacanian literature) have made significant contributions to the study of affect in organizations. While some have pointed out the affects involved in work tasks, most of this literature generally focuses on the affects linked to organizational life (such as learning, leadership, motivation, power, or change). The center of attention is not on affects associated with the work process itself. We draw from the French psychodynamic theory of Christophe Dejours—who is yet to be known in English language organization studies—to make the following contributions. First, we show the relationship between affect and working by discussing Dejours' notions of affective suffering, the real of work, the significance of the body, and 'ordinary sublimation'. Second, we advance critical research in organization studies by demonstrating the centrality of work in the affective life of the subject. Third, the article reinterprets Menzies' well-known hospital case study to illustrate how Dejours' theory extends existing psychoanalytical approaches, and especially to point to the significant role of the work collective in supporting workers to work well. We conclude by suggesting that if the centrality of work in the affective life of the subject is acknowledged, it follows that resistance strategies, and work collectives' struggle for emancipation, should focus on reclaiming work.

Cet article rapporte l’analyse d’une experience pedagogique menee pendant dix ans sur 86 groupes d’etudiants d’un cours de management des ressources humaines. L’experience decrite permet de mettre en evidence les stereotypes d’etudiants deja formes au management en ce qui concerne notamment le rapport au travail et a la motivation des personnes qu’ils seront amenes a encadrer, ainsi que le role de la hierarchie. Elle fait apparaitre a quel point ces etudiants ont interiorise un mode de subjectivite liberal qui teinte profondement leur comprehension des situations de travail. Enfin, elle permet de situer les difficultes et les enjeux des enseignements en gestion autour de la capacite a elaborer des pratiques qui tiennent compte des realites du travail.

Former les managers de demain, c’est contribuer a ce que seront les organisations et, en consequence, a ce que sera notre societe. Celui qui forme des managers ne peut faire l’economie de reflechir aux questions suivantes : de quelles organisations la societe a-t-elle besoin ? Avec quelles personnes, et avec quelles relations entre celles-ci ? Avec quels managers ?

International audience; Les plaintes liées aux effets de l’évaluation s’entendent de plus en plus fréquemment. Et pourtant, elle n’a cessé de se développer. N’est-ce pas paradoxal ? Non, si l’on pose l’hypothèse suivante : l’évaluation nous attire, plus ou moins consciemment, et si nous ne sommes pas dupes de ses effets pervers, comme aux sirènes d’Ulysse, nous avons du mal à lui résister. Nous ne sommes pas que les victimes d’un système ; nous y participons activement. Toute la question est alors de comprendre à quelle demande inconsciente correspond le désir d’être évalué ? A qui cette demande s’adresse-t-elle et que met-elle en jeu ?

In this article, we wish to develop further the reflection undertaken by the few authors who have started using Lacan's theories in their research on organizations. We suggest that using a framework based on Lacanian theory can help us better understand workplace envy, which is such a complex emotion, and better integrate the existing studies on organizational envy. Our analysis is based on a clinical case study. Whereas Kleinian theory sees envy as involving two subjects, Lacanian theory approaches envy as a triangular relationship between an envied subject and a quasi similar envious person, watched (approvingly/disapprovingly) by a `big Other'. This theory helps understand that envy and narcissism are related and that they originate at the stage in psychic development that Lacan calls the `mirror stage'. Whereas the Kleinian approach highlights the differences between the Envious and the Envied and the position of dependence of one on the other, Lacanian theory outlines the role of the `double', the symmetrical position of the Envied and the Envious, and the alienation to the Other. The Lacanian approach also enables us to consider interventions in contexts where envy is present.

Recent studies have shown that alternative organizations are particularly exposed to the risk of losing “their soul”, their “integrity"" or their capacity to put into practice their original ends. ...

La presentation clinique constituait pour Jacques Lacan un element essentiel de la transmission de la psychanalyse au meme titre que les textes, la cure et les etudes de cas cliniques, alors que cette pratique est initialement associee a la grande tradition de la formation en psychiatrie. La question traitee dans ce texte est alors la suivante : en quoi – et a quelles conditions – la presentation clinique, pratiquee sous la forme d’un entretien unique entre une personne hospitalisee dans un service psychiatrique, qui a accepte cet entretien propose par l’equipe soignante, et un psychanalyste, devant un public de personnes concernees par la psychanalyse, est-elle bien le lieu d’un acte analytique ?

International audience; Les transformations organisationnelles qui accompagnent l'évolution du capitalisme depuis 30 ans donnent une place centrale à la communication. Celle-ci est généralement appréhendée dans une optique descriptive d'étude des organisations, ou comme dispositif au service de la performance. Il existe cependant une tradition de recherche qui l'aborde dans une perspective critique. C'est à cette orientation que cet ouvrage est consacré : Qu'est-ce qu'une recherche critique en communication des organisations ? Quelles catégories de la critique (aliénation, exploitation, domination…) sont convoquées ? Quels sont les fondements théoriques et épistémologiques d'une telle démarche ? Quelles sont les méthodes utilisées ? Sur quels objets portent les travaux ? Et quels en sont les enjeux ? Sur ces thèmes, cet ouvrage a le mérite de réunir pour la première fois, et de faire dialoguer entre eux, plus de trente chercheurs de pays et de disciplines différentes principalement en sciences de l'information et de la communication, sciences de gestion et sociologie. Les orientations de la critique y sont variées : de la critique épistémologique à la critique socio-politique, de la critique d’une organisation particulière à celle du capitalisme, de la nuance prudente à la radicalité « ouvrante »…Son ambition est d’être une référence ou un repère, d’encourager le débat sur une démarche plus que jamais nécessaire.Il intéressera un large public : chercheurs, enseignants et étudiants en particulier en gestion, SIC ou sociologie des organisations ; acteurs impliqués dans le fonctionnement des organisations (syndicalistes, DRH, communicants…).