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Dans le cadre d’un programme de recherche dédié à la vectorisation automatique des documents cartographiques anciens, les auteurs examinent les cartes comme des assemblages de signes conventionnels qui figurent le réel de manière à la fois partielle et partiale. Après un examen détaillé des difficultés que soulève l’interprétation des documents et des ambiguïtés qu’ils présentent, ils considèrent la catégorisation des données comme un point crucial et proposent une approche à la fois multiscalaire et interscalaire pour faciliter leur investigation. In the context of a research program dedicated to the automatic vectorisation of ancient cartographic documents, the authors examine maps as combinations of conventional symbols representing reality in a partial and biased way. After a detailed examination of the problems raised by the interpretation of documents and of the ambiguities they might contain, the authors consider the categorisation of the data as a crucial point and propose a multi-scalar and inter-scalar approach to facilitate their investigation.

International audience; A fin de l'année 1918, le Service géographique de l'armée s'intéresse de manière prioritaire aux régions libérées et pour lesquelles la carte d'état-major, vieille de plus de cinquante ans, représente des lieux qui ont été fortement transformés par l'industrialisation allemande et par la guerre. A la faveur du traité de Versailles, l'armée allemande remet à la France une carte des régions considérées à l'échelle 1:25 000. Par ailleurs, à la fois pour une partie de l'Alsace et de la Lorraine et pour les zones situées plus à l'ouest, l'armée française dispose des plans directeurs dressés pendant la Guerre. Sur la base de cette documentation, le Service géographique de l'armée publie à partir de 1919 une nouvelle carte d'Alsace et de Lorraine. Elle compte 47 feuilles à l'échelle 1:50 000 qui suivent le découpage et la facture de la carte de France à la même échelle.

International audience; La carte de France à l'échelle 1:50 000 en 965 feuilles est directement tirée de la carte d’état-major au 1:80 000 et plus précisément de sa nouvelle version publiée à partir de 1889, elle est organisée suivant le même tableau d'assemblage et compte le même nombre de feuilles. Elle est imprimée en noir par héliogravure sur zinc. Ainsi, à chaque parution d’une nouvelle feuille dans le Type 1889 au 1:80 000 correspond un agrandissement au 1:50 000.

International audience; En 1951, alors que l'IGN vient de décider de l'abandon de la carte d'état-major, le ministère de la Défense lui demande d'examiner la possibilité de dresser une carte à l'échelle 1:100 000. La tâche n'est pas aisée car cette nouvelle carte doit succéder à la fois à la carte d'état-major qui est tout d'abord topographique et à la carte au 1:100 000 publiée à partir de 1879 par le ministère de l'Intérieur qui est plutôt une carte routière. Pour accélérer sa production, la nouvelle carte est directement dérivée de la carte au 1:50 000 à la fois pour son tableau d’assemblage et son mode de projection.

International audience; La carte de France à l'échelle 1:50 000 publiée à partir de 1922 ne constitue pas vraiment une nouvelle série, elle résulte d'une reprise de celle à la même échelle préparée à partir de 1900. Alors qu'elle doit compter plus d'un millier de feuilles, 42 seulement ont été publiées entre 1906 et le début de la Grande Guerre. A l'issue de la Guerre, les responsables du Service géographique de l'armée notent que suivant ce rythme, plus de deux siècles seraient nécessaires pour achever la couverture de l'ensemble du territoire national. Ils décident donc de simplifier le contenu de cette carte et son mode de production pour en accélérer la publication. Malgré ce travail, la couverture de l’ensemble de territoire métropolitain ne sera pas complété avant le début des années quatre-vingt.

International audience; La couverture cartographique systématique du territoire national à grande échelle trouve son origine en 1900 avec la décision de préparer une nouvelle carte de France à l'échelle 1:50 000 qui doit être dressée à partir de relevés détaillés. Ces relevés, alors considérés comme des sous-produits de la nouvelle carte, doivent être publiés à leur échelle originale. Cependant, jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale, ils ne sont pas l'objet de publications en bonne et due forme mais plutôt de reproductions effectuées en fonction des besoins de l'armée, des services techniques de l'Etat ou encore des entreprises privées. A partir de 1910, leur publication prend une importance telle qu’après la Grande Guerre, ils supplantent la carte de base et restent en service jusqu’au milieu des années 1970.

International audience; A l'extrême fin du XIXe siècle, le Service géographique de l'armée fait un nouvel essai de production d'une carte au 1:50 000 en couleurs à partir de celle au 1:80 000. Quinze ans plus tôt, une tentative du même ordre s'était soldée par un échec. Les erreurs de topographie de la carte de base en constituaient alors la principale raison. A ce moment-là, les travaux de tenue à jour de la carte d'état-major étaient mal organisés et leurs résultats laissaient beaucoup à désirer. Depuis la fin des années 1880, le protocole de révision et le personnel chargé de le mettre en œuvre ont fait d'importants progrès qui autorisent une publication à plus grande échelle.

International audience; A la fin des années 1870, avant même l'achèvement de l'ensemble des feuilles de la carte d'état-major, le ministère des Travaux publics et celui de la Guerre conviennent de se partager la tâche pour dresser une nouvelle carte détaillée de la France. Les Travaux publics sont chargés du nivellement tandis que la Guerre doit effectuer des relevés détaillés. Les résultats doivent être publiés à l'échelle 1:50 000, en couleurs avec le relief figuré par de courbes de niveau. Il s'agit alors de doter l'état-major d'un document détaillé comparable à ceux en service ou bien en cours de production dans les autres pays d'Europe.

International audience; La carte publiée à partir de 1899 par le Touring Club de France est sans doute la première carte routière civile qui couvre l’ensemble de la France. A l’échelle 1:400 000, elle correspond bien à la vitesse de l’automobile. Cette carte constitue une innovation assez intéressante pour être présentée à l’exposition universelle de 1900.

International audience; Pour faciliter la consultation de la seconde partie de l’ouvrage, cette introduction présente le mode de classement, l’organisation et le principe de repérage adoptés pour rendre compte de 200 séries cartographiques à travers une quarantaine de notices.

International audience; A la fin des années cinquante, la carte au 1:200 000, dont les premières feuilles ont été publiées vers 1880, ne correspond plus ni aux besoins civils, ni aux spécifications des cartes militaires. Aussi, en 1959, l'IGN décide de la remplacer par une carte à l'échelle 1:250 000 en feuilles de un par deux degrés de côté. Cette échelle et ce découpage présentent l'avantage de correspondre à la carte aéronautique internationale et à une série militaire de l'Otan. Par ailleurs chaque feuille correspond aussi au douzième d'une case primaire du découpage de la carte internationale du monde. Le découpage de cette carte est ensuite révisé pour en diminuer le nombre de feuilles et mieux correspondre à des usages thématiques divers.

International audience; La carte de France à l'échelle 1:25 000 résulte tout d'abord de la participation de la France au commandement intégré de l'Otan. Au début des années cinquante, les membres de l'alliance décident d'uniformiser leur production cartographique. Contre l’avis de la France, c’est l’échelle 1 :25 000 qui est retenue pour les cartes détaillées. Grâce aux importants soutiens américains, la production de cette carte avance rapidement mais, à la faveur de l’évolution des besoins et des outils de production, sa facture est plusieurs fois modifiée avant même que la couverture de l’ensemble du pays soit achevée. Il en résulte un enchevêtrement de types qui n’en facilite pas la description.

International audience; Chronologie des faits relatifs à l’histoire de la cartographie en France entre la fin du XVIIe siècle et 2015, bibliographie, sources

International audience; Les livres et les cartes sont des objets très différents ; à ce titre, la production cartographique se distingue nettement des autres catégories de documents imprimés. Les difficultés que l'on rencontre pour établir une bibliographie cartographique témoignent des particularités de cette documentation. Il n’est cependant pas aisé d’établir les différences entre ces deux catégories au-delà de leur présentation matérielle. Suivant deux aspects, ce chapitre se propose de contribuer à identifier les particularités des documents cartographiques. Si elles ont évolué au cours des deux derniers siècles, elles n'ont pas pour autant disparu, au contraire.

International audience; Le socle de la cartographie de la France à donné lieu à des publications plutôt détaillées. Leur échelle de réduction varie entre le 1:10 000 – un centimètre sur la carte correspond à cent mètres sur le terrain – et le 1:200 000 – un centimètre correspond à deux kilomètres. A cette échelle, la carte de France mesure environ cinq mètres de côté. Il n'est pas envisageable, d'imprimer ou de manipuler des documents de cette taille, ils sont donc chacun publiés en plusieurs feuilles . Les cartes partagées en feuilles sont désignées séries cartographiques. Le partage de l'information entre les différentes feuilles d'une série cartographique interdit une vision synoptique de la carte. Autrement dit, chaque carte de France organisée en série comporte une multitude de données locales, plus ou moins détaillées en fonction de l'échelle de réduction, mais elle ne figure jamais la France comme un ensemble.

International audience; La carte des étapes militaires, publiée en quatre feuilles à partir de 1890 par le Service géographique de l'armée, est destinée à organiser le déplacement des troupes. A ce titre, elle indique les voies de communication, les temps de trajet et les ressources disponibles. Elle succède ainsi à la carte des étapes publiée en deux feuilles à l’échelle 1:1 200 000 à partir de 1842. La plus grande part des voies de communication étaient alors des routes. Le développement du chemin de fer au cours des années suivantes change la donne et les éditions successives de la carte de 1842 rendent compte de ce développement. Cependant, au milieu des années 1880, la densification du réseau impose un changement d'échelle.

International audience; La carte de France à l'échelle 1:500 000 publiée à partir de 1873 trouve son origine à la fin de l'année 1860 dans une demande du général Ernest François Henry Chabaud de la Tour, alors directeur du Dépôt des fortifications. Il s’agit alors de remplacer la carte de France à l’échelle 1:864 000 dérivée de celle de Cassini, qui est trop ancienne. La rédaction d'une nouvelle carte est confiée au polytechnicien Ferdinand Prudent, capitaine au Dépôt des fortifications. Cette carte constitue la première expérience de publication imprimée en couleurs pour le Dépôt de la guerre, à ce titre, elle constitue un véritable laboratoire.

International audience; L'ensemble des documents qui figurent la France aux échelles 1:10 000 et 1:20 000 est sans doute celui dont l'organisation est la plus complexe. Les difficultés commencent par la désignation des feuilles correspondantes. Le titre générique plan(s) directeur(s) est utilisé sans discontinuité entre 1884 et 1940 pour des documents très différents. Par ailleurs, les feuilles aux échelles 1:10 000 et 1:20 000 sont indissociables quant à leur histoire ; les versions civiles et militaires présentent aussi d'importantes imbrications et la datation des feuilles est très lacunaire. Enfin, ces documents ont été produits suivant de multiples variantes, quant à leur format, leur facture ou encore leur habillage, qu'il n'est pas toujours aisé de documenter.

International audience; La carte de Hesseln ne compte que neuf feuilles mais elle constitue la première livraison d'un programme ambitieux de description cartographique de la France à différentes échelles. L'auteur, géographe à la ville de Paris, travaille de manière indépendante du Dépôt de la guerre, d'une part, et de l'entreprise des Cassini, d'autre part. Il ne s'intéresse pas tant aux questions de géodésie et de topographie qu'au développement d'un outil de gestion et d'évaluation de l'étendue de chaque partie du royaume.

International audience; A la fin du XIXe siècle, la France compte parmi les premiers pays du monde pour la densité de son réseau routier. Pour en assurer la gestion, il est nécessaire de disposer d'une carte à échelle moyenne. D'un côté, la carte d'état-major est trop détaillée, elle est aussi trop chargée par la figuration du modelé du terrain ; d'un autre côté, la carte au 1:320 000 publiée à partir de 1852, correspond mieux aux besoins, mais à la fin des années 1870, elle apparaît déjà désuète. Dans ce contexte, le ministère des Travaux publics décide de dresser une nouvelle carte, à l'échelle 1:200 000, et suivant une facture qui convient à ses besoins.

International audience; A partir de 1794 puis du traité de Campo-Formio signé trois ans plus tard avec l'Autriche, la région située entre la frontière Nord-Est de la France et le Rhin est occupée par l'armée française. Pour en organiser l'administration, elle est partagée en départements désignés ensemble les départements réunis. En 1801, Jean-Joseph Tranchot est chargé de dresser une carte détaillée de la région pour défendre la nouvelle frontière le long du Rhin.

International audience; Dès le début de la Première Guerre Mondiale, le face à face qui s'installe à la fin de l'année 1914 et l’artillerie à longue portée utilisée dans ce contexte donnent lieu à la production d'une forme particulière de documents cartographiques. Au cours de cette guerre, l’artillerie joue un rôle croissant dans les batailles. Il s'agit alors de répondre à un problème nouveau : l'ajustement des tirs sur des cibles éloignées ou bien invisibles. Ainsi, la cartographie devient un outil indispensable pour les artilleurs. Dans ce contexte, dès le mois de novembre 1914, chaque corps d'armée est doté d'un service - Groupe de Canevas de Tir -, composé de géodésiens et de topographes, chargé de dresser de nouveaux documents détaillés. Ces services donnent leur nom aux cartes qu'ils produisent à des échelles variant entre le 1:5 000 et le 1:20 000.

International audience; La carte des Vosges de 1909 en 31 feuilles constitue une exception à plus d'un titre. Tout d'abord, elle ne comporte pas la moindre indication de coordonnées, ni sur ses feuilles ni sur son tableau d'assemblage. Son échelle de réduction – 1:25 000 – n'a encore jamais été utilisée par le Service géographique de l'armée que ce soit pour des minutes ou pour des documents imprimés. Enfin, les feuilles ne portent ni date, ni mention de responsabilité. Autrement dit, cette carte semblerait pour le moins clandestine si elle n'était pas accompagnée d'une feuille de titre qui atteste de son caractère militaire. Cette carte aurait été « levée par les officiers de la 41e division », et dont le lieutenant Darney aurait été un des principaux opérateurs.

International audience; La carte de France de Achin a été dressée pour satisfaire aux besoins du Génie, à cet effet, elle figure les places de guerre, les villes de casernement, les routes de postes, les cours d'eau, les canaux…Son échelle a été déterminée pour permettre d'en assembler les feuilles en un seul tableau. Cette carte a été remarquable par sa longévité et le nombre de ses éditions

International audience; Cet ouvrage comble une lacune en matière d'histoire de la production cartographique française pour la période contemporaine. Si la carte de Cassini a été l’objet de nombreux travaux, les documents plus récents, dont la plus grande part a été dressée par le Dépôt de la guerre, le Service géographique de l’armée, puis l’IGN, a jusqu'alors peu intéressé les historiens.La cartographie, matériel hautement stratégique, à la fois pour les activités militaires et pour l'enregistrement du savoir géographique, constitue la base de toutes les interventions en matière d'organisation de l'espace. Ainsi, ce livre est-il au carrefour de l'histoire des techniques, de l'histoire militaire et de l'histoire de l'aménagement du territoire.La première partie est un essai consacré à la production cartographique. Organisé en sept chapitres thématiques, il traite de manière transversale de l'ensemble de la période considérée, depuis les cartes gravées sur cuivre du milieu du XVIIIe siècle et tirées à quelques centaines d'exemplaires jusqu'aux bases de données les plus récentes qui démultiplient le spectre des utilisations envisageables, en passant par les multiples évolutions et recompositions de la production en matière de géodésie, de relevés topographiques ou encore d'imprimerie.La seconde partie est composée de dossiers qui traitent chacun d’une série cartographique et de ses dérivés. A travers quarante entrées principales, ces dossiers rendent compte de deux cents séries. Pour chacune, la présentation est complétée par des tableaux d'assemblage, des reproductions d’extraits exemplaires et/ou de documents anciens. D’un point de vue chronologique, le premier dossier est consacré à la carte de Cassini, publiée à partir du milieu du XVIIIe siècle. Le plus récent traite de la carte de France à l'échelle 1:250 000, dont les premières feuilles ont été publiées à la fin des années cinquante.

International audience; Un an seulement après la traversée de la Manche par Blériot, alors même que l'aviation est encore au tout début de son histoire les militaires français organisent leur première mission aéroportée. Pour sa part, l’aéro-club de France fondé en 1898 suit de près les progrès technologiques des appareils et élabore la première codification des pratiques. A ce titre, en 1911, le ministère des Travaux Publics charge l'aéro-club de préparer une carte aérienne à l'échelle 1:200 000. Un prototype est publié après quelques mois et les premières feuilles régulières paraissent à partir de 1914.

International audience; L'ingénieur Louis Capitaine est impliqué à plusieurs titres dans la production de la carte de Cassini. Il est actionnaire de la compagnie qui la publie et il dirige son exécution au cours des années 1780. Sur cette base, il obtient l’autorisation de produire une carte générale de l’ensemble du royaume, par réduction au quart de celle de Cassini en août 1790. Cette carte constitue la base de nombreux dérivés jusqu’au milieu des années 1880.

International audience; Les séries cartographiques s'accommodent mieux d'un découpage régulier que d'un assemblage construit à partir de limites administratives. Ainsi, il est nécessaire d'assembler 4, voire 6 ou 8, feuilles de la carte d'état-major pour disposer de la carte d'un département. Dans ce contexte, en 1839, le Dépôt de la guerre répond aux demandes des administrations départementales en publiant une nouvelle édition de la carte d'état-major dont le découpage est adapté aux chantournements des limites administratives.

International audience; Dès le milieu des années 1830, alors que seulement quelques feuilles de la nouvelle carte d'état-major ont été publiées, on se rend compte des difficultés présentées par le partage de certaines villes importantes entre plusieurs feuilles. Sur cette base, le Dépôt de la guerre s’engage dans la publication d’une collection dédiée aux environs des villes. A partir des années 1870, cette collection compte aussi des feuilles dédiées aux environs de camps militaires

International audience; Depuis la fin des années 1870, la carte d’état-major à l’échelle 1:80 000 ne donne plus satisfaction ni par sa planimétrie, ni par sa figuration du relief, ni enfin par sa facture. Par ailleurs, suivant un point de vue plus technique, le mode de fabrication de la carte au 1:80 000, gravée sur cuivre, ne correspond plus aux procédés de production en vigueur. Au Après plusieurs essais infructueux, le Service géographique de l'armée s’engage vers 1905 dans le relevé, la production et la publication d’une nouvelle carte de France à l'échelle 1:50 000 et en couleurs qui se propose de répondre aux besoins de toutes les administrations.

International audience; A partir du milieu des années 1820, le territoire français est sillonné par un réseau de voies ferrées qui devient de plus en plus dense au cours des décennies suivantes. En 1879, plus de 22 000 kilomètres de voies sont en exploitation, 8000 sont en construction et autant en préparation. A ce moment-là, le ministre des Travaux publics, Charles de Freycinet prépare un plan d'équipement qui doit permettre de desservir l'ensemble des préfectures et sous-préfectures en portant le réseau à 38 000 kilomètres. A partir des années 1850, les cartes des lignes de chemin de fer deviennent de plus en plus nombreuses mais il s'agit le plus souvent de monographies de cartes partielles. Au début des années 1880, le réseau a atteint une telle densité qu'il n'est plus envisageable d'en indiquer tous les détails sur une seule feuille. C'est dans ce contexte que le Service géographique de l'armée publie au mois de juin 1885 une nouvelle carte des chemins de fer en quatre feuilles à l'échelle 1:800 000.

International audience; Après les opérations de géodésie, de topographie et de rédaction, la dernière étape du processus de fabrication de la carte est sa reproduction. Cette étape est décisive quant au partage du savoir cartographique. Le nombre de tirages qu'il est envisageable d'obtenir depuis un original détermine le prix de revient de chaque unité et la possibilité de le diffuser de manière plus ou moins large. Au cours des XIXe et XXe siècles l'histoire de la production cartographique est étroitement liée à celle des progrès des procédés de reproduction. Elle est marquée à la fois par des améliorations successives et par plusieurs découvertes majeures qui bouleversent la production et les bases de calcul du prix de revient des documents imprimés. En moins d'un siècle, on passe d'un objet rare et coûteux à un produit de desctruction massive, pendant la Première Guerre Mondiale en particulier.

International audience; Au milieu des années 1860, les relevés topographiques nécessaires à l'établissement des cartes sont réalisés directement sur le terrain. Les géodésiens et les topographes se partagent la tâche, alors que les premiers calculent et mesurent plus qu'ils ne dessinent, les seconds effectuent une grande part de leur travail à l'estime et ils en rendent compte à travers des figurations graphiques. Ce moment correspond à l'achèvement du relevé initial de la carte d'état-major dont les premières révision carte ont montré qu'elle présentait d'importants défauts de précision. C'est dans ce contexte que Charles-Moyse Goulier, ingénieur polytechnicien, inventeur de plusieurs instruments de topographie et professeur à l'école d'application du Génie de Metz, soutient le développement de nouveaux instruments et de nouvelles méthodes de travail qui, soixante ans plus tard, donnent lieu à un renouvellement complet du métier de topographe à la faveur de l’exploitation des photographies aériennes.

International audience; Au début des années 1880, la nécessité de disposer d'une carte de l'ensemble du territoire national à échelle moyenne devient de plus en plus pressante. Pour sa part, le ministère de l'Intérieur s'est engagé en 1879 dans la préparation d'une carte de France à l'échelle 1:100 000. C'est dans ce contexte que le Dépôt de la guerre décide de publier une nouvelle carte, en couleurs et en courbes de niveau, à l'échelle 1:200 000. Il s’agit alors de produire un document à une échelle intermédiaire entre la carte au 1:320 000 qui couvre la métropole en une trentaine de feuilles et la carte d’état-major au 1:80 000 qui n'en compte pas moins de 270. Cette série constitue un tournant important dans la production cartographique militaire dans la mesure où elle constitue un laboratoire quant à la mise au point de la production cartographique en couleurs

International audience; Au mois de décembre 1811, un décret de Napoléon classe les routes de l’Empire en deux catégories : impériales et départementales. Les 229 routes impériales sont réparties en trois classes en fonction de leur importance. A partir de ce moment-là, les voies de premier ordre passent sous la responsabilité de l'Etat et plus particulièrement sous l'égide du ministère des Travaux publics. La carte des étapes, publiée au cours de la même année, constitue en quelque sorte un complément à ce décret. Elle compte quatre feuilles qui représentent la France et les pays vassaux de l’Est.

International audience; La plus grande part des documents cartographiques est imprimée sur des feuilles de papier ; à ce titre, ils sont résolument plats. Or, la réalité terrestre est très différente, elle ne comporte pratiquement pas de surface plane. Ainsi, les documents cartographiques figurent, à plat, des lieux dotés d'une troisième dimension qui se partage entre deux composantes. A petite échelle, la forme générale de la terre est une sphère (ou presque) alors qu'à plus grande échelle, l'altitude de sa surface (exprimée en distance à une sphère de référence) varie de quelques milliers de mètres entre les fosses sous-marines et les sommets des montagnes. Ces deux composantes ne se laissent pas facilement réduire à la platitude du papier imprimé. Ce n'est pas un hasard si, en marge de la production cartographique plane, on trouve aussi de nombreuses représentations en volume. Depuis les globes à petite échelle jusqu'aux plans-reliefs les plus détaillés, cette catégorie d'objet se décline à tous les niveaux de généralisation envisageables. En fonction de leur échelle de réduction, ils figurent soit la sphéricité de la terre, soit le relief, soit, plus rarement, ces deux aspects en même temps.

International audience; A partir de 1768, la France est chargée d’organiser l'administration de la Corse. Deux ans plus tard, le premier ministre commande un relevé cadastral de l'île comprenant tous les détails des propriétés foncières. Les auteurs conduisent de front une opération de triangulation générale avec des relevés topographiques détaillés. Suivant une expertise de la fin du XVIIIe siècle, les résultats obtenus sont considérés comme des modèles à suivre. La carte est publiée par le Dépôt de la guerre en 1824, elle compte 8 feuilles

International audience; Les révolutionnaires Français occupent le duché de Savoie à partir de 1792, il devient alors le département du Mont-Blanc. Le comté de Nice est annexé l'année suivante. Pour sa part, le Piémont est occupé à partir de 1798. Pour améliorer la connaissance de ces nouveaux territoires et en faciliter l'organisation administrative, le Dépôt de la guerre engage leurs relevés cartographiques au tout début du XIXe siècle. Ils sont publiés vingt ans plus tard à travers la carte des Alpes de J.B.S. Raymond.

International audience; La carte du Dauphiné et du comté de Nice, publiée à partir de 1758, trouve son origine dans les opérations militaires de la guerre de succession d'Autriche entre 1742 et 1748. Le maréchal de camp Pierre Bourcet est alors chargé de relever la carte du comté de Nice. Ses travaux sont ensuite complétés en Provence orientale entre 1764 et 1769 sous la direction de sn frère Jean Bourcet de la Saigne.

International audience; Au contraire des autres séries cartographiques qui suivent des projets d'ensemble, la carte de France à l'échelle 1:600 000 publiée à partir de 1872 présente la particularité de résulter d’une suite de décisions ponctuelles échelonnées dans le temps. Elle a pour origine une carte du Nord-Est de la France publiée par le Dépôt de la guerre en 1837, et destinée à illustrer un ouvrage. Cette feuille est reprise au début des années 1870 dans le cadre du projet d’une carte d’Europe centrale qui est rapidement abandonné. C'est seulement en 1872 que ce document commence à être complété. In fine, une première édition en 6 feuilles est publiée en 1889.

International audience; A la fin des années 1830, la seule matrice cartographique de l'ensemble de la France à échelle moyenne est celle publiée par Louis Capitaine en 1790. Malgré les multiples mises à jour dont elle a été l’objet, elle est devenue désuète. La nouvelle carte d'état-major renforce cette désuétude en même temps qu'elle constitue la source documentaire idéale pour dresser une nouvelle carte a échelle moyenne. C'est dans ce contexte qu'en 1841, le Dépôt de la guerre prépare une nouvelle carte à l’échelle 1:320 000. La gravure des dix premières feuilles est achevée en 1850 mais la figuration du relief a été trop peu généralisée. La rédaction de cette première version est tellement confuse que le Dépôt de la guerre renonce à la publier.

International audience; Depuis la fin du XVIIIe siècle, les documents cartographiques produits par le Dépôt de la guerre puis le Service géographique de l'armée ne portent pas seulement sur le territoire national. Ils représentent aussi des pays étrangers. Il s'agit des colonies et aussi de plusieurs régions du monde qui ont toujours été étrangères. Une part importante de cette production ne résulte pas seulement de l'application à l'étranger de méthodes et de processus établis pour la France. La singularité des terrains et des contextes a au contraire contribué à l'élaboration de savoir-faire particuliers, ensuite intégrés à la production métropolitaine.

International audience; En 1747, le roi Louis XV confie à César-François Cassini de Thury, astronome à l’observatoire de Paris, le soin de lever une carte détaillée de l’ensemble du royaume. Cette décision constitue la suite de plus de quatre-vingts ans de travaux géodésiques, conduits entre 1663 et 1744 par le grand-père (Jean-Dominique Cassini) et le père (Jacques Cassini) de César-François et de plusieurs autres astronomes de l'Académie. La commande royale est soutenue par une dotation annuelle du Trésor. Cette carte reste en service jusqu’à l’achèvement de la carte d’état-major, soit pendant plus d’un siècle.

International audience; Depuis la fin du XVIIIe siècle, on ne produit pratiquement plus de cartes à vocation exclusivement décorative. La carte est devenue un instrument de connaissance et un outil d’intervention. Le modèle de la carte idéale est la publication à un instant T de l'enregistrement d'un espace donné au même instant. Or, ces deux exigences sont impossibles à satisfaire. Autrement dit, la carte entretient une relation toujours conflictuelle avec le temps. Le temps qui passe est en quelque sorte l'ennemi principal de la carte dans la mesure où il rend son contenu caduc. Par ailleurs, le temps est un vecteur d'évolution des méthodes et des moyens mis en œuvre pour produire les cartes, en ce sens aussi, il contribue au déclassement des documents anciens.

International audience; La notion de précision est au centre de la production cartographique. Cependant, si les données numériques peuvent comporter autant de chiffres après la virgule que les calculateurs peuvent en traiter, la capacité de discernement de l'œil a des limites très inférieures. Or, les cartes des XIXe et XXe siècles sont tout d’abord des documents imprimés et, à ce titre, leur précision est soumise aux règles élémentaires de la sémiologie graphique et aux limites physiologiques. Ainsi, même si les machines permettent d'imprimer des traits extrêmement fins, les informations représentées par une carte doivent être lisibles. La qualité et l’équilibre des signes conventionnels constituent dans ce contexte un point crucial.

International audience; This paper examines the dating methods used in French cartographic production since the end of the 18th century. It is composed of seven thematic chapters which consider the multiplicity of publishers' practices and show that the issues raised by dating take different forms according to the envisaged use for each document and its level of precision.; Cet article examine les modes de datation de la production cartographique française depuis la fin du XVIIIe siècle. Il est composé de sept chapitres thématiques qui envisagent la multiplicité des pratiques des éditeurs et montre qu’en fonction de l’usage envisagé pour chaque document et de son niveau de précision, les enjeux portés par la datation prennent des formes différentes.