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International audience; Corps sensuels et alanguis, harmonie des formes et des couleurs, culte de la beauté et de la sensation: c'est au Royaume-Uni, au cours du dernier tiers du règne de Victoria (1837-1901), que naît l’esthétisme, sur lequel cet ouvrage a l’ambition d’offrir un éclairage pour un public francophone.Courant artistique et littéraire multiple et contradictoire, associé à des peintres tels que Burne-Jones, Leighton, ou Whistler, à des écrivains comme Pater, Ruskin, Swinburne ou Wilde, l’esthétisme est à la fois intrinsèquement britannique – fondé sur un prolongement de l’art préraphaélite et le rejet d’une industrialisation qui a radicalement transformé les paysages et les modes de vie du Royaume-Uni au fil du XIXe siècle – et résolument européen, puisant ses sources dans la philosophie allemande et chez des écrivains français comme Baudelaire ou Gautier. Le mouvement esthétique est également trans-artistique et ne saurait se saisir qu’à travers la mise en regard du texte et de l’image – l’étude de l’influence réciproque de la peinture et de la littérature et l’examen d’une critique d’art subjective et créatrice.Ce volume se propose de cerner les contours de ce mouvement polymorphe, qui trouble les genres et les catégories, à travers la traduction richement annotée de quelques-uns des écrits critiques clefs qui en définissent ou en illustrent les principes. La seconde partie de l’ouvrage réunit quatre études rédigées par des spécialistes du champ. Elles portent sur les motifs fondateurs de l’esthétisme et interrogent les rapports inter-artistiques au cœur d’un mouvement qui se situe au seuil de la modernité et dont l’influence excède les frontières strictes du Royaume-Uni.

This article addresses Alma-Tadema’s reconstructions of scenes set in ancient Greece. His Greek subjects raise issues pertaining to the transition in the contemporary pictorial context from history painting to historical genre. Alma-Tadema was influenced by the Flemish genre painters and by the French Néo-Grec movement and his reconstructions of Greek history are in fact everyday-life scenes. They privilege social experience over noble action and simple emotions over elevated sentiment, and so fitted the Victorian taste for genre. Yet perusal of the critical reception of his works shows that the commentators still established distinctions between Greek and Roman subjects—notably because Greece was still expected to conform to a number of aesthetic conventions as well as to gendered or racialist considerations. Moreover, because Alma-Tadema and a number of critics frequently established analogies between the ancients and Alma-Tadema’s contemporaries, the painter in fact held an ambiguous mirror up to his contemporaries. His reconstitutions of Greece tackle unorthodox sexual mores and depicted physical types that were perceived as inappropriate for the Greeks. They therefore went against the aesthetic codes that subsisted when representations of the Greeks were concerned, which raised aesthetic and ideological expectations that were less prominent in the case of Roman subjects. Cet article se propose d’aborder la question de la reconstruction de scènes situées dans la Grèce antique par le peintre Alma-Tadema. Les sujets grecs d’Alma-Tadema reflètent des enjeux liés à la transition, dans le contexte pictural de l’époque, de la peinture d’histoire à la peinture de « genre historique ». Influencé par les peintres de genre flamands et par les Néo-Grecs en France, Alma-Tadema propose des reconstructions de l’histoire grecque qui sont en fait des scènes de la vie quotidienne en Grèce. Elles privilégient l’expérience sociale par rapport aux nobles actions et les émotions simples par rapport aux sentiments élevés, et s’adaptent ainsi au goût victorien pour la peinture de genre. Cependant, l’étude de la réception critique de ses œuvres montre que les commentateurs opéraient des distinctions entre les sujets grecs et romains, la Grèce faisant encore l’objet d’attentes sur le plan esthétique mais aussi en termes de genre et de considérations racialistes. En outre, parce qu’Alma-Tadema et une partie des critiques établissaient des analogies entre les anciens et ses contemporains, le peintre tendait en fait un miroir ambigu à ceux-ci. Ses reconstitutions de la Grèce abordaient en effet des mœurs sexuelles jugées scandaleuses ou montraient des types physiques perçus comme inappropriés pour les Grecs. Elles dérogeaient donc aux codes esthétiques qui perduraient dès lors que la représentation concernait ce sujet précis de la Grèce, alors que les attentes sur le plan esthétique et idéologique semblent avoir été moins marquées pour les sujets romains.

International audience; This article studies a number of Victorian paintings that represented Greek myths of the golden apples. These artworks – often identified as “classical” by contemporary art critics but also categorized as “Aesthetic” – articulate gendered tensions, fantasies and anxieties. In particular, this article explores representations of the myths of Atalanta’s race and of the garden of the Hesperides. Close attention is paid to the images themselves thanks to a reading that is informed by the works of French art historian Georges Didi-Huberman. Studying the critical reception of such works in contemporary journalistic reviews also allows to uncover ambivalent approaches to the emotional charge of these works. For beyond academic conventions and formal Aesthetic concerns, what is at stake in these representations of the myths of the golden apples is the significance of the body and its desires.; Cet article se propose d’étudier un certain nombre de tableaux de l’époque victorienne qui traitent de mythes grecs des pommes d’or. Ces œuvres, souvent considérées par la critique d’art de l’époque comme appartenant à l’école « classique » mais situées aussi dans le Mouvement Esthétique, articulent des tensions, des fantasmes et des angoisses contemporaines liées notamment aux représentations des genres. Cette étude s’intéresse particulièrement au traitement du mythe d’Atalante et du Jardin des Hespérides. Ces œuvres sont abordées par le biais des travaux sur les images de Georges Didi-Huberman ainsi qu’à travers la réception critique parfois ambivalente d’œuvres qui contiennent une charge émotionnelle forte, dans les périodiques contemporains. Au-delà des conventions académiques et des préoccupations formelles propres à l’Esthétisme, ce qui se joue dans ces variations sur les pommes d’or est le rôle du corps et de ses désirs.

This paper explores the first two texts Wilde published in 1877 and 1879 in Irish periodicals, which are reviews of the first and third exhibitions of the Grosvenor Gallery in 1877 and 1879. Wilde commented on the developments that had been affecting British painting for the past fifteen years or so. He addressed the works of artists who were then associated with the “classic” school of painting as well as with “Aestheticism”—which often overlapped. Moreover, he engaged in a dialogue with the reviewers and art critics who were favourable to such art. It was in such fermenting soil that Wilde’s aesthetics was grounded and this essay proposes in particular to explore the aesthetics of ambivalence and ambiguity which characterized these artworks and which becomes central in these two reviews., En 1877 et 1879, Wilde publie dans des périodiques irlandais des comptes rendus des première et troisième expositions de la Grosvenor Gallery. Ces textes constituent un premier commentaire de Wilde sur les développements qui touchaient les arts visuels depuis une quinzaine d’années environ. Wilde évoque dans ces comptes rendus les œuvres d’artistes alors associés à « l’école classique » ou à l’« Esthétisme » (mouvements qui se recoupaient souvent). En outre, Wilde dialogue avec les commentateurs ou les critiques d’art qui étaient favorables à cette peinture. C’est dans ce terreau fertile que l’esthétique de Wilde prend forme, et cet article se propose en particulier d’explorer l’esthétique de l’ambiguïté et de l’ambivalence qui caractérise ces tableaux et qui apparaît comme centrale dans les deux comptes rendus de Wilde.

La notion d’« esprit medieval » chez Walter Pater a ete relativement peu abordee. A partir de l’etude de deux textes, « Poems by William Morris » et « Two Early French Stories », on s’efforcera de souligner le paradoxe suivant : selon Pater, la reaction contre la religion, qu’elle prenne la forme de l’antinomisme ou d’une liberation sensuelle et physique, a pour origine le christianisme lui-meme. Notre hypothese de lecture est aussi que les modalites du discours sur l’amour sont differentes selon que Pater traite du corps feminin ou masculin, l’un evoquant le desordre et l’autre l’harmonie.

International audience; À l’aube des années 1890, Paul Robin ramène du Royaume-Uni une nouvelle lecture des théories malthusiennes : afin de pallier à l’insuffisance des ressources naturelles face à l’augmentation des populations à l’ère industrielle, il ne s’agit plus de prôner auprès des pauvres une chasteté teintée de morale puritaine. Au contraire, l’enjeu est de transmettre à large échelle des méthodes de contrôle des naissances. Cette « libre maternité », qui séduira certains courants féministes , apparaît alors comme un moyen d’échapper à une double aliénation : la condition féminine à la fin du siècle et la menace de la misère.Il n’est pas étonnant que les théories de Paul Robin aient attiré l’attention des milieux libertaires. Elles sont aussi relayées et discutées dans les revues de l’avant-garde artistique et littéraire, notamment La Revue blanche et Le Mercure de France, et intéressent des écrivainscomme Laurent Tailhade ou Octave Mirbeau.Dans cet article, nous nous proposons d’étudier comment le néo-malthusianisme apparaît dans les pages du Mercure de France, selon deux approches complémentaires : une étude des différentes occurrences des noms de Malthus, Paul Robin ou encore de la Ligue de Régénération humaine dans les pages de la revue, qu’il s’agira de comparer aux visions artistiques de la pauvreté, notamment féminine, dans cette même revue

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International audience; La question posée par Louis Marin continue de nous interroger. Discours sur la peinture se voulant à l'occasion discours de peinture, discours en mots ou en images, discours critique ou artistique, discours dont l'opportunité est parfois mise en débat : les discours sur l'art et sur les oeuvres d'art sont multiples, leurs finalités aussi. Issus d'horizons de pensée divers, les auteurs des études réunies dans cet ouvrage portent des points de vue contrastés sur la façon dont peuvent être abordés les rapports entre visualité/plasticité et textualité. Leurs propos, centrés sur le monde anglophone, prennent l'art et la critique d'art comme principal champ de réflexion - des écrits de Reynolds à ceux de Danto, en passant par Ruskin, Walter Pater, et Roger Fry, et de l'art de Turner à celui de Whistler, de Philip Guston, et des Young British Artists - mais la manière dont la littérature parle de l'art, notamment par l'ekphrasis, n'est pas oubliée. Il y est question, notamment, de William Beckford et de Robert Burns, de Walter Scott, Vladimir Nabokov, Robert Creeley et Edward Carey. Il y est question, enfin, de la syntaxe même du discours sur l'art, né, comme le suggère Baldine Saint Girons dans son épilogue, de la «démangeaison de témoigner».

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International audience; This presentation discusses John Middleton Murry "The Trajectory of an Intellectual" (1919)