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L'approche répond au problème posé par la maintenance ou la sauvegarde d'architectures en danger, dont la rénovation complète nécessite des moyens dépassant ceux de leurs propriétaires. Le château de Grandcour illustre parfaitement la problématique abordée. Dans un état nécessitant une intervention urgente afin d'en préserver la substance, il est le terrain d'application théorique des principes méthodologiques mis en place au semestre d'hiver. Nous avons imaginé une stratégie d'interventions en étapes. La première consiste à mettre la substance historique en place à l'abri, la deuxième à assurer à l'objet une utilité fonctionnelle, tandis que la dernière comprend les travaux complémentaires afin que la restauration soit complète. Cette approche est mise en rapport avec le projet développé pour lequel nous considérons trois échelles. D'abord celle de la pièce, dont l'enjeu principal est l'intégration des installations techniques et l'adaptation aux normes de confort actuel. Vient ensuite celle de la maison, qui comprend la réorganisation spatiale et l'intégration de sanitaires et de cuisines. Et pour terminer celle de l'environnement, où sont intégrés des programmes connexes créant un lien identitaire avec les habitants du village. Il s'agit d'une crèche développée sur une parcelle adjacente et d'une salle multifonctionnelle au sein même du château.

«'Mon nom est Mzimasi, mais tout le monde m'appelle Zizi, annonçait le jeune homme. Au début le terrain que l'on nous avait donné ressemblait à une déchetterie. Recouvert de mauvaises herbes, il était jonché par des centaines de déchets en tout genre, allant du sac plastique et cartons d'emballage, à des carcasses de voitures brûlées ou des vieux réfrigérateurs rouillés. Beaucoup, n'y voyant aucune valeur, ont rapidement abandonné par manque d'intérêt. Avec un petit groupe, nous avons commencé à tout nettoyer, ramasser les déchets, arracher les mauvaises herbes, creuser le sol, le retourner du mieux que l'on pouvait avec le peu d'outils que nous possédions, pour pouvoir le rendre à nouveau fertile et prêt à être cultivé.' Son challenge aujourd'hui était de transmettre sa passion à la jeunesse du “township”, pouvoir les employer, leur donner un travail manuel qui les fatiguerait de façon bénéfique. Il enseignait déjà, dans une école hors du “township”, comment cultiver.» [Extrait de Lacroix mélanie, Siya Zama, ETA, ] En collaboration avec le Collectif SAGA, le projet COOP est de créer un centre de formation et de vente au sein-même de “Walmer Township” à Port Elizabeth en Afrique du Sud. L'enjeu du collectif est de soutenir des initiatives existantes, en leur offrant un espace adapté à leurs besoins grâce à une approche participative, s'étendant de la conception du projet jusqu'au chantier. La réduction des coûts est un objectif principal, notamment par l'emploi de matériaux de récupération.

A l'Ouest des Grisons, au Sud d'Ilanz, se situe le Val Lumnezia, une vallée agricole romanche de haute montagne. Cette région souffre d'un dépeuplement important de la population locale et doit parallèlement travailler sur l'intégration de nouveaux habitants germanophones qui ne cessent d'affluer. Différentes stratégies mises en place, permettront de se battre sur ces deux fronts et de stabiliser la situation. Le projet proposé rassemble quelques-unes de ces stratégies. Il s'agit de l'intégration d'un centre de la formation dédié à la culture et à la construction romanche, au cœur de Degen, un village de tradition romanche, dans le Val Lumnezia. Ce projet aborde différents thèmes, tels que la création d'emplois, mais il s'agit aussi de maintenir la population locale et d'attirer de nouveaux habitants, de lutter contre l'étalement de la construction grâce au réemploi de bâtiments aujourd'hui inexploités. Il y a également la sauvegarde du patrimoine religieux, la revalorisation de la culture romanche, la création des interactions entre les personnes locales et les derniers venus et l'intégration de la population germanophone ainsi que des nouveaux retraités. Le projet est tissé au tissu existant du village à travers trois échelles. Le programme réparti et intégré dans le bâti existant, sur différents sites dans le village, tisse un réseau. L'unique nouvelle construction naît à partir d'un bâtiment agricole existant, qui se développe dans une nouvelle direction. Les matériaux, les éléments et les espaces créés viennent se tricoter aux bases existantes. La construction traditionnelle romanche est réinterprétée et la relation entre l'architecture contemporaine et vernaculaire est revisitée.

Le phénomène de déchristianisation, la baisse de foi et de croyance générale ont entraîné, lors des cinquante dernières années, une désaffectation significative des édifices religieux catholiques en Valais. Autrefois vivants et considérés comme instances sociales majeures des villages alpins, ces derniers connaissent aujourd’hui un abandon progressif qui met en crise la sociabilité qui en émerge. A travers un changement de typologie, d’organisation spatiale et de programmes, le projet propose une nouvelle manière de concevoir l’édifice religieux. Il cherche à replacer l’église au centre de la vie sociale locale et, plus particulièrement, à restituer au village de Mase le caractère spatial particulier du promontoire sur lequel se tient son sanctuaire. Tout en conservant quelques éléments déterminants de l’identité de l’édifice, le projet remplace le monolithe traditionnel de l’église par une série de volumes publics s’inspirant du tissu bâti existant. En se mêlant aux marqueurs religieux conservés, l’intervention propose alors, à travers la rencontre d’objets variés et caractéristiques, une nouvelle lecture du lieu. L’ensemble constitue ainsi une stratification d’époques et raconte, par la mise en scène des divers éléments de cette composition, l’histoire de l’église tout en proposant son ouverture culturelle. Un dialogue respectueux et direct s’établit alors entre le passé et le futur, le sacré et le profane.

Par sa position géographique, Damas est à la croisée de chemins millénaires. Qaboun précisément se situe à la porte de la ville, sur la trajectoire de l'autoroute Nord, de la future ligne de métro et de l'antique route d'Alep. La convergence en ce point de tous ces éléments impose la présence d'une gare connectant les transports urbains à ceux de la périphérie, et la grande échelle à la capitale. La gare vient ainsi s'accrocher à l'autoroute et la relier à la route d'Alep. Mais le besoin d'efficacité de la gestion des flux et celui de la fonctionnalité du programme doit s'adapter à la spécificité du site. Au seuil entre la ville, annoncée au loin par le mont Kassioun, et la périphérie, résidu d'oasis conquise par l'extension de l'agglomération, le bâtiment s'implante dans un contexte industriel et d'habitat informel. Dans ce territoire suburbain, l'enjeu de la gare est de faire de ce lieu de transit un espace public où se croisent voyageurs et riverains et donner, grâce à cela, l'impulsion nécessaire aux aménagements futurs participant au développement du quartier. Le bâtiment remplit alors un double rôle de couture, entre les quartiers séparés par l'autoroute, et entre les zones industrielle et informelle. Dans le projet, ce tissage entre les fragments se traduit par la continuité d'une rue inclinée, couverte, animée de commerces, se glissant au travers de la gare. De cette rue, les voyageurs et passants sont guidés vers leur destination prochaine ou vers le quartier. Yallah!

1270. Arrivée des Carmélites après la reconquista. Urbanisation des quartiers de La Réal, Sant Mateu, Sant Jaume sous le règne des rois de Majorque. 1710. Réquisition du site par Louis XIV pour l'armée. 1789. Occupation de la totalité du site par l'armée. 1943. La Wehrmacht fait sauter le dépôt de munition de l'église des grands Carmes. 1961. Effondrement partiel de la ruine de l'église. Couverture en urgence des arcs restants. 1990. Destructions importantes à La Réal et Sant Mateu, relogements. Achat de l'Arsenal par la ville à l'armée. 1999. Les associations Jean Vigo (cinéma) et La Casa Musicale (scène) s'installent à l'Arsenal rénové. 2005. Violents affrontements entre Maghrébins et Sintés [gens du voyage], sur fond d'effondrement du système clientéliste et communautariste entretenu par la mairie depuis les années 1950. 2018. Les hauts murs militaires dissimulent le site et sa vie sociale en pleine effervescence; l'église est toujours interdite d'accès, à l'instar du bâti sous scellés, promis à rejoindre le lot des amples destructions, quartiers médiévaux menacés par l'incurie du pouvoir et son jeu électoral. Demain: le devoir de mémoire par la photo et par son exposition, la prise de conscience collective de la valeur humaine de notre patrimoine modeste. La mise à disposition de l'espace libéré par les démolitions, y compris dans l'église, de la manière la plus flexible possible. Enfin, la célébration de la communauté et de son rassemblement par un velum rappelant la légèreté claustrale et s'appuyant sur les constructions militaires. Tandis qu'à Sant Jaume, des guérilleros structurels et culturels interviendraient pour défendre ce qui tient encore...

Localité de taille moyenne, Sierre présente des qualités empruntées à la fois aux grandes villes et au milieu péri-urbain : elle est en relation étroite avec le paysage de la Vallée du Rhône tout en offrant un cadre de vie urbain. Implanté sur une friche infrastructurelle, le projet propose une nouvelle polarité urbaine qui s’enracine dans son contexte pour en révéler les plus forts atouts : le dynamisme de ses activités culturelles et le savoir-faire lié à la culture de la terre. Ainsi, le projet présente un parcours d’intérêt culturel qui se déploie sur différents niveaux : au Nord, les bâtiments mixtes font le lien avec le centre-ville et les halles Usego, lieu d’exposition. Après la descente par le passage sous-voies, un espace d’activités anime le quartier avec un centre de formation pour l’arboriculture. En contrebas, les bâtiments de logements “génèrent un microclimat” propice à la culture d’un verger, lieu de production, de rencontre et d’apprentissage au cœur de la nouvelle polarité. Les typologies flexibles permettent de multiplier les potentiels pour faire cohabiter divers modes de vie : à l’Ouest, des logements familiaux conservent une forte privacité, tandis qu’à l’Est ils revêtent un caractère plus communautaire. Leur construction en bois accentue le rapport privilégié avec la nature. Enfin, sur un niveau inférieur, des espaces pour le stockage des fruits et la production artisanale s’articulent autour des ateliers de l’école d’Art du Valais et le théâtre.

Les catastrophes naturelles affectent un nombre croissant de personnes dans le monde. Le droit à un abri convenable fait partie des droits humains. Est-il possible de trouver un processus de reconstruction efficace, qui limite les phases de construction et rende les étapes moins séquentielles, tout en gardant une flexibilité au niveau des logements? Notre projet propose un processus de reconstruction qui cherche à s'inscrire dans un développement durable. Nous avons mis au point une stratégie de développement urbain qui se base sur l'analyse de la morphologie du terrain ainsi que sur la mise en place d'éléments architecturaux qui nous permettent d'influencer la croissance des logements spontanés et de préparer l'implantation des habitats de transition. L'unité de logement est établie selon une démarche participative. Elle est composée d'un cœur collectif pérenne autour duquel viennent se greffer les habitations privées. Ces unités sont de natures éphémères, mais offrent la possibilité de se développer et de devenir permanentes. Le système constructif, ainsi que la gestion du plan de masse, permet à chacun de développer son habitat selon ses moyens et à son rythme. Nous avons choisi comme cas d'étude le camp Terrain Accra à Haïti afin de confronter notre approche générique à un lieu spécifique. Notre modèle se base sur une approche collective, "construire ensemble", et remet en question le rôle de l'architecte dans le projet.

Constat Face à l’urgence climatique, les experts sont clairs : il est plus que temps de remanier de fond en comble notre système sociétal en matière de consommation d’énergie et de production de gaz à effet de serre. L’architecture ne fait pas exception et les acteurs contemporains de cette discipline se doivent de faire face à cette réalité et de proposer des solutions de construction durables. Se tourner vers l’architecture vernaculaire peut être une solution. Elle est établie suivant les ressources disponibles et répond aux besoins locaux. « Ce type d’architecture offre des techniques très réactives aux contraintes climatiques et fait preuve d’une grande adaptabilité et flexibilité » (Shanthi Priya, R., Sundarraja, M. C., Radhakrishnana, S., & Vijayalakshmia, L. (2012). « Introduction ». Dans Solar passive techniques in the vernacular buildings of coastal regions in Nagapattinam, TamilNadu-India – a qualitative and quantitative analysis (p. 1). https://doi.org/10.1016/j.enbuild.2011.09.033 Projet L’auberge prend place dans le village de Shanshangfang, situé dans la province du Zhejiang, en Chine. L’architecture locale permet d’établir le langage de ce nouveau bâtiment ainsi que son implantation, en respectant l’identité du village. Après analyse des constructions préexistantes, l’utilisation du bois et de la pierre s’impose, afin d’intégrer le bâtiment à l’unité architecturale du lieu et respecter le savoir-faire vernaculaire. Campé au milieu d’une forêt montagneuse prisée pour son paysage, ses parcours de trekking et sa culture du thé, Shanshangfang jouit d’un emplacement de choix pour le développement du tourisme et justifie ainsi ce programme.

«Pendant ces vingt minutes de marche en direction du massif du Mont Fort, les vallons ont rythmé mon ascension. Le chemin m’a fait traverser vergers, terrassements, fermes d’alpage et m’a dévoilé d’un seul coup un hameau perché sur la crête d’une énième saillie de la montagne.» Auxine Heimat En développant le thème de l’ascension en tant qu’approche architecturale, le but est d’intégrer au site les sensibilités de l’utilisateur liées à son parcours. Le projet se rattache à un ensemble existant de raccards au lieu-dit Le Cotayer, en bordure du village d’Isérables. Là-haut, il a pour objectif de donner une qualité nouvelle à un site qui se trouve actuellement en marge de la vie quotidienne afin de le reconnecter à un imaginaire collectif. Ce projet se veut lieu de rencontre entre les mondes de la plaine et de la montagne; il vise à offrir un cadre de travail et d’hébergement singulier pour scientifiques. Dans ce contexte, la question de la confrontation entre l’ancien et le nouveau se trouve au cœur de l’approche architecturale et le projet prend le parti de l’analogie pour sublimer l’expérience historique. Entre le socle en béton et les volumes boisés, l’ensemble construit est découvert à travers un parcours qui met en valeur relations, dégagements et perspectives. Alors, les nouvelles constructions participent, en dialogue avec les raccards, à la démarcation d’une ligne continue entre le minéral et le bois; une mise en exergue de l’effort nécessaire aux constructions en pente.

À l’image de nombreux villages du Plateau suisse, Ogens a vu son tissu socio-culturel et économique se modifier considérablement au cours des dernières décennies. La disparition des commerces, artisans, auberges et restaurants s’est accompagnée de la disparition de tout lieu de rencontre. La vie collective villageoise, dépourvue des espaces qui lui permettaient jusqu’alors de se construire autour de traditions et récits partagés, se meurt. Pourtant, la ruralité, véritable territoire de narratif, est caractérisée par son rapport à des traditions intergénérationnelles et constamment renouvelées. Il s’agit donc aujourd’hui, alors que le monde rural se disloque, d’offrir aux communautés la possibilité de retrouver un espace commun d’échange, de parole et d’ancrage. S’appuyant sur des synergies existantes et des entités publiques collaborantes, le projet propose de redéfinir l’espace villageois commun d’Ogens, afin de faire renaître les dynamiques collectives. La rue, devenue espace de rencontre, se voit rythmée par de nouveaux équipements, dont une place du Préau requalifiée. Cette place, séquencée selon les principes morphologiques du village-rue, est redéfinie au travers de la construction d’un bâtiment public. Point névralgique du système liant villageois, ce bâtiment offre un décor malléable à la vie communautaire au travers d’une typologie du récit, du théâtre et de la narration.

Temps. Transformations. Mouvement. Le mouvement de la transformation dans le temps qui passe. A la fois rapide, à la fois lent, comme la société elle-même. D’un côté, le peuple: ses nostalgies, ses souvenirs, ses sentiments et sa sensibilité envers le contexte donné, prédéfini. De l’autre côté, la technologie et la vitesse du développement; la politique et ses idées de grandeur, accompagnée de la vision économique à court terme focalisée sur toute chose dénombrable. A leur rencontre: Shiqi. A la différence de nombreux autres quartiers anciens de villes chinoises en plein essor, Shiqi a évité la tabula rasa grâce à l’adoption d’une législation de protection du patrimoine en 2008. Néanmoins, aucune transformation de cet ancien centre-ville en lieu vivant et familier de son passé n’a jamais été entreprise. Shiqi est laissé à son déclin lent, gardien des mémoires d’un passé idéalisé, sans pouvoir échapper à l’infiltration contrastée de la contemporanéité. Dans la fluctuation entre la permanence et l’éphémère, la narration d’un fragment du vieux Shiqi examine la capacité d’une couche structurelle minimale à rétablir l’usage et l’appropriation de l’endroit. Travaillant autant avec la croissance que la détérioration, elle cherche une transformation dans et par l’infra-ordinaire, un laisser-faire structuré, répondant aux racines pour ce qui s’y inscrira.

Grimentz est souvent utilisé comme modèle du village alpin anniviard dans les différentes formes de communication de l’industrie touristique. Cependant, son noyau historique est toujours plus isolé et complètement décollé par rapport à la structure territoriale actuelle, où est privilégiée la dispersion du bâti. Ce tissu ancien s’organise le long d’une rue centrale où s’articulent une succession d’espaces ouverts, des maisons d’habitations et des annexes rurales que les acteurs touristiques et les administrateurs communaux s’efforcent de conserver en état. Cette succession est ponctuée par des bâtiments publics, comme l’église, et par divers petits commerces. Le projet propose de redynamiser le “vieux-village” en utilisant les annexes rurales, notamment les raccards et les greniers. L’idée est donc de redonner à ces constructions vernaculaires un lien avec l’économie territoriale qui n’est plus basée, ou en moindre partie, sur les ressources agricoles. Ce travail met en avant des logiques et des stratégies d’intervention afin de réintégrer le bâti rural valaisan dans le tissu actuel. A travers un dialogue, les anciennes et les nouvelles structures se construisent ensemble. S’appuyant sur l’analyse des différentes modalités d’inscription des structures anciennes dans le tissu villageois, il dégage des problématiques et peut ainsi proposer des transformations ou des adaptations des éléments primaires.

Ce livre interroge les écarts entre l’appréhension architecturale savante du bâti alpin et la culture propre aux réalités rurales qualifiées d’architecture « vernaculaire ». Il s’agit de deux mondes maintenus éloignés l’un de l’autre d’un point de vue discursif, mais souvent rapprochés par le questionnement éthique autour des modalités d’interaction entre environnement et activités humaines. Mais le négoce entre culture savante et culture populaire alimente aussi et surtout la production de stéréotypes comme la figure à la fois réelle et imagée du chalet. Sous sa forme « typique », ce dernier est considéré autant comme le témoin que comme le promoteur d’un habitat adapté à la montagne. À partir d’une étude approfondie de la figure du chalet et d’un travail de relevé rigoureux de hameaux et bâtiments ruraux du Val d’Hérens, dans le canton du Valais, cet ouvrage propose une critique attentive des modalités discursives qui accompagnent et justifient toute entreprise de construction en montagne.

Bam recèle un riche patrimoine sur les plans historique, culturel et conceptuel. La présence de la citadelle, la plus grande structure construite en adobe, prouve que l'homme a réussi à vivre dans les conditions désertiques de cette région en utilisant et aménageant au mieux 4 éléments (eau, jardin, vent et ombre). Le séisme de 2003 a non seulement eu des effets matériels sur la ville, détruite à plus de 70 %, mais aussi un impact psychologique profond sur ses habitants. En effet, les constructions nouvelles ignorent totalement les valeurs architecturales adaptées à la région et au climat, car les Bamiens, conscients de la faible résistance des anciens édifices en cas de séisme, éprouvent désormais de la désaffection à leur égard. Le but du projet: changer cette vision en prouvant qu'on peut réintroduire de manière contemporaine, donc dans le strict respect des normes antisismiques, ces valeurs architecturales. Ceci au travers d'un programme intégrant les aspects culturels, historiques et patrimoniaux propres à la région. Créer un lien entre le projet et un édifice historique de la ville revêt une intense signification culturelle. En effet, en restaurant et réhabilitant un édifice, non seulement on rehausse sa valeur symbolique mais, en démontrant ainsi qu'il est possible de créer un rapport entre nouveau et ancien, on peut orienter dans ce sens le développement culturel de la ville.

“Par-dessus les murs de plastique mouvants, un ciel sans horizon. Et le silence. Loin, le plus loin possible de la route goudronnée, du linge pend à des cordes. Les travailleurs immigrés vivent par là, dispersés, éloignés les uns des autres, relégués au centre du labyrinthe des serres ou rejetés vers les flancs de la montagne. Parias que l'on veut muets, invisibles et sans droits. Ils vivent entre les murs d'une vieille bâtisse au toit effondré et recouvert d'une bâche en plastique. Ou dans les carcasses de ces deux “combis” posés côte à côte sur essieux. Ou dans des remises à côté des pesticides et des engrais.” [Lluch Victor Angel, “En Espagne, un apartheid sous plastique”, Le Monde Diplomatique, mars 2000.] Sur un territoire vaste de 370 km2, recouvert à 80% de serres, le projet propose: - une stratégie globale, visant une solution d'intégration pour quelques 18'200 travailleurs immigrés sans logement digne. Pour une réponse s'approchant d'une réalité concrète, une approche quantitative a été nécessaire; - une application et un approfondissement de cette stratégie globale à proximité d'un noyau agricole. Cette implantation apporte de nouvelles infrastructures de logements aux travailleurs immigrés mais également des programmes qui intéressent les autochtones; - une recherche d'un principe constructif, pouvant s'adapter à plusieurs situations. Cette diversité est possible grâce à une relative facilité de mise en œuvre au niveau constructif s'appuyant sur des techniques indigènes et des éléments répétitifs fabriqués avec des matériaux bon marché et recyclés.

Au Sud de Paris, la révolution industrielle dans la région de la Beauce n’a été qu’agricole du fait de la richesse de ses sols et de sa faible topographie, devenant le “grenier à blé de France”. Cela a engendré un appauvrissement de son paysage rural et de son activité économique. Aujourd’hui, la région est attractive pour le bas coût du foncier, la relayant au rôle de “zone-dortoir” de Chartres, d’Orléans et de Paris. La profusion du rêve pavillonnaire à bas coût vient à son tour défigurer le paysage. Quel est l’avenir de l’identité territoriale et architecturale de ce territoire marginalisé? La révolution numérique qui se profile et la proximité avec les métropoles actives – valorisant le télétravail –, font de la Beauce une région attrayante qui nécessite aujourd’hui des infrastructures. Pour cela, le projet propose la réouverture aux voyageurs de la ligne de fret Chartres-Orléans traversant la région. Les néo-ruraux s’y installent et diversifient leurs activités: un mode de vie qui lie le numérique et l’agriculture. La réactivation par une densification et la réhabilitation du patrimoine à différentes échelles – bâti, paysager et urbain –, deviennent une réponse au mitage et révèlent l’identité de la région. Theuville, un village de 800 hab. maintenant situé à 1h20 en train de Paris, en est un projet pilote. L’espace public, les équipements – gare, école –, les espaces de travail, ainsi que la densification qui se réapproprie les techniques vernaculaires et les matériaux locaux, viennent dynamiser tout en recréant un centre bourg.

Un sénégalais sur deux est urbain, un urbain sur deux est dakarois ; la capitale ne digère pas cette croissance rapide, combinaison de l'exode rural et d'un taux de natalité élevé, assiste au développement de quartiers n'ayant fait l'objet d'aucune planification dans sa périphérie. À Wakhinane-Nimzatt, commune d'arrondissement du département de Guédiawaye dans la région de Dakar, l'occupation des abords du lac Thiouroure ne débute qu'avec les sécheresses des années 70. Ces terres originellement exploitées pour la culture maraîchère se sont alors urbanisées. À l'inverse, les changements climatiques actuels engendrent une augmentation des pluies en période d'hivernage, et la population de cette dépression inter-dunaire subit, depuis quelques années, d'importantes inondations. La première composante et ligne directrice de la restructuration du site est donc l'eau. Projeter son étendue, permettre sa crue, son écoulement et réaménager autour tout un quartier, l'équiper et réinstaller ses habitants. Le peu de surface disponible suscite une densification du tissu urbain et nécessite alors une typologie de logements composant avec le contexte, les traditions et modes de vie d'une population «rurbaine», mesurant toute l'importance du rapport au sol, du fonctionnement familial et spatial et sa logique d'évolutivité.

La belle saison se termine, les chalets d'alpage se préparent à hiberner, tandis que le maitre armailli accompagne son cheptel. Les vaches estivées ont regagné leurs étables de plaine pendant que les fromages reposent au fond des caves de l'Etivaz. Les plus vieilles partent aux Ouges, l'abattoir communal. Siclées de vache, silence. Les bêtes, qui méritent désormais à peine leur nom, repartent pour la boucherie. Au village, une odeur entre le vivant et le mort, entre l'animal et l'aliment, annonce l'arrivée des provisions pour l'hiver. Le boucher se lève de bonne heure. Les quartiers de viande l'attendent sur sa table. Il choisit les meilleurs morceaux destinés au séchage: la longe, la sous-noix et la noix. Les autres pièces viennent remplir sa boutique pour se mettre à disposition des casseroles des villageois. Les morceaux séchés requièrent plus de patience. Avant le séchage, ils sont soigneusement recouverts d'un savant dosage d'épices: sel, poivre, girofle, thym et marjolaine. Prêts pour leur maturation, le boucher les hisse comme des drapeaux qui vont contempler les montagnes du haut de leur tour. Suspendue entre le ruisseau et les épicéas, la viande prend l'air jusqu'à la fonte des neiges. Les morceaux de viande sont prêts pour être finement tranchés, tandis que les nouvelles génisses partent à la rencontre des pâturages.

Contexte : La vallée viticole de Maury souffre aujourd'hui d'un déficit d'image lié à la connotation production de masse des vins du Roussillon, laissant ses richesses touristiques et culturelles totalement inexploitées. Par ailleurs, la Cave Coopérative des Vignerons de Maury, son cœur économique, a subi depuis sa création en 1910, un processus d'agrégation de bâtiments techniques autour du corps d'origine. Ce parasitisme par la construction a directement participé à la corrosion de l'image du lieu qui n'est plus aujourd'hui saisissable sous un trait caractéristique fort. Programme et objectifs : Face à ce constat, le projet propose de conquérir une nouvelle image pour la cave en s'orientant sur une mixité de programmes, composée d'un hôtel, un centre de vinothérapie, un espace public d'accueil et une réhabilitation des bâtiments originels (création d'un restaurant gastronomique et restructuration de la chaîne de production). Intervention : La cave: Le bâtiment d'origine est dégagé de toutes les annexes postérieures à 1948 et retrouve ainsi sa frontalité institutionnelle initiale. Il reçoit le restaurant aménagé parmi les anciennes cuves, dévoilant aux gastronomes les coulisses industrielles de la vinification. En retrait, la nouvelle chaîne de production est créée autour d'une cour technique. Un parcours de visite, indépendant de la circulation professionnelle, y est aménagé en passerelle et met en scène les divers équipements techniques. L'hôtel: Orienté sur les vignes, il reprend la typologie des bâtiments de stockage voisins, caractéristiques de certains chais de la région. Il propose à travers ses équipements (salle de bain, chambres, centre de vinothérapie…) une approche parallèle au thermalisme (ré-appropriation du corps, hédonisme…). L'espace publique: Il constitue l'espace d'accueil de tous les visiteurs et met en relation hôtel et cave. La gare, transformée en office du tourisme et le nouveau magasin de vente de la cave s'ouvrent directement sur cet espace. Un champ de vigne expérimental accorde le dégagement nécessaire au bâtiment d'origine en vis-à-vis. En liant, par une imbrication des programmes, un ensemble de bâtiments hétérogènes, le projet permet de faire émerger dans le village un nouvel attracteur économique et touristique, rayonnant sur toute la vallée.

La croissance démographique exponentielle des métropoles africaines, ces dernières années, implique de nouveaux défis. Les marchés urbains, qui servent toujours de lieu d'approvisionnement pour la majeure partie de la population, doivent aussi faire face à la demande grandissante en infrastructures. Le projet se situe dans le quartier de Yoff, l'une des dix-neuf communes de l'arrondissement de Dakar au Sénégal. En raison de l'urbanisation rapide de la capitale, Yoff a été une des victimes du manque de projets urbanistiques concrets et durables. Le quartier de Yoff englobe l'actuel aéroport de la ville, qui sera déplacé prochainement à l'extérieur de la capitale sénégalaise. Cet espace sera transformé en cité des affaires ainsi qu'en quartier de logements. Afin d'équilibrer au niveau du territoire l'offre en équipements marchands, d'absorber les effectifs grandissants de marchands et ainsi permettre à Yoff d'augmenter son attractivité commerciale, le projet propose une augmentation et une valorisation des structures de vente du quartier, en aménageant, notamment, une rue marchande connectant le nouveau pôle urbain en devenir avec un nouveau marché central, la plage et le marché aux poissons. Le projet aborde aussi les problématiques relatives à la construction dans les villes africaines. Une certaine idée de la modernité tend à gommer la diversité des pratiques constructives traditionnelles et adaptées à l'environnement. Nous proposons donc de construire en blocs de terre compressée, car la promotion de ce type de construction permettrait, à terme, de réduire la mauvaise qualité du bâti par une construction adaptée au climat, facile de mise en œuvre et rentable.

Depuis plus de 30 ans, Cuba est frappée par une crise économique qui a conduit le pays à une situation de survie permanente provoquant au fil des années une forte dégradation de l'habitat urbain. La municipalité de Centro Habana dans la ville de La Havane est emblématique de ce phénomène: plus du 40% de son environnement bâti se trouve dans une situation critique et le 20% a déjà disparu suite à l'effondrement progressif des immeubles d'habitation, allant parfois jusqu'à la disparition d'un îlot entier. Au cours des 20 dernières années, la politique du logement créée par l'Etat n'offre pas de réelle alternative et des milliers de personnes ont été relogées dans des installations transitoires des quartiers périphériques de la ville. De graves problèmes sociaux en découlent. La visée de ce projet est la réoccupation des parcelles effondrées ou vétustes par une construction rapide, économique et flexible. L'objectif sera de reloger en amont les habitants pour empêcher le déplacement de la population. Le projet propose la construction d'une ossature préfabriquée capable de s'adapter aux différentes situations urbaines. Dans une relecture de l'architecture populaire du contexte, les unités d'habitation, construites à l'intérieur de la structure, seront réalisées par leurs habitants-mêmes, à l'aide de techniques et de matériaux disponibles dans les ateliers de producteurs locaux. La réalisation des logements pourra ainsi se faire en suivant une forme d'évolution progressive de l'habitat, permettant de répondre aux besoins des habitants, en leur offrant la possibilité d'extensions ou d'adaptations du plan au sein d'une trame modulaire prédéfinie.

Avec près de cent millions d'habitants, les bidonvilles indiens occupent une place importante dans la ville. Ils sont un milieu hybride, entre le monde urbain dans lequel ils se trouvent et le monde rural, origine des habitants. Mais leur statut informel les rend fragiles et sujets à la destruction. Généralement séparés du reste de la ville, l'accès aux infrastructures et à la vie urbaine leur est nié, et les projets de réhabilitation du gouvernement prônent généralement une relocalisation aux limites de la ville dans des complexes sans identité. A travers le cas du Dr. Ambedkar Slum à Chennai (Madras), le projet cherche à proposer une alternative – socialement, économiquement et culturellement – aux destructions actuelles en travaillant sur un développement in situ. Le projet compte permettre le développement du bidonville et son intégration progressive à la ville grâce à sa planification urbaine, l'installation d'infrastructures et la conception d'habitat plus pérenne. Moins radical, il propose une transformation lente et naturelle s'appuyant sur des éléments existants et permettant au bidonville de devenir un quartier urbain avec le temps. Flexible, il cherche à s'adapter à une ville en mutation constante, ainsi qu'aux communautés et modes de vie variés. Le projet est vu comme un processus plus qu'un produit, où l'architecture devient le support d'un message sur la tradition, l'artisanat local et l'économie des moyens, réutilisant des traditions pour construire le présent.

La réaffectation d'édifices ayant perdu leur fonction agricole apparaît aujourd'hui comme une stratégie nécessaire et prometteuse pour lutter contre l'avenir incertain du patrimoine rural. Elle permet de sauvegarder ces témoins de l'histoire, tout en offrant aux habitants des lieux de vie atypiques. Installée à proximité du centre du village de Bière et bordée par des pâturages, la grande bâtisse construite au XIXe siècle dispose d'une situation privilégiée pour l'accueil de nouveaux logements. Il s'agit là d'un choix d'intervention déterminé notamment par l'inscription de ce bâtiment à l'inventaire des monuments historiques et par la présence de son vaste rural désaffecté. La recherche d'un équilibre entre le respect du passé et la réponse aux besoins actuels est un enjeu majeur du projet. Le volume du rural est valorisé en devenant l'espace d'entrée des appartements ainsi qu'un lieu de rencontre et de jeu s'étendant autour de nouveaux volumes habités. Les logements existants sont transformés et agrandis par ces extensions qui sont délicatement insérées entre les travées de la majestueuse charpente en bois. Deux dépendances, construites quelques années après la réalisation du bâtiment principal, accueillent aussi de nouveaux appartements. L'une d'entre elles abrite en outre un marché, souvenir d'une fonction délaissée. Enfin, conçu avec le souci d'encourager la préservation du patrimoine rural, le projet propose une solution architecturale généralisable à tout autre cas analogue.

Le Cho Con, un des grands marchés situés à Da Nang, ville portuaire vietnamienne, est un pôle économique de cette dernière. Contenant l'expression des échanges commerciales d'une culture sinisée, la popularité du Cho Con résulte de sa capacité à adapter et à répondre à l'économie faible des habitants. Da Nang étant une porte d'entrée de la région centrale du pays, la future métropole remet en cause la préservation de ce type de marché, en raison de son manque d'équipements, de services et de diversité d'offres. A l'heure de la mondialisation, le marché traditionnel cède sa place aux commerces modernes occidentalisés et autres supermalls. Dans cette phase évolutive de la ville, l'enjeu est de préserver la qualité culturelle du marché traditionnel et son adéquation avec son économie locale, tout en le réformant et en lui apportant une mixité programmatique innovante. Une des solutions réside dans les échanges qui résultent de la cohabitation de l'habitat et du marché traditionnel. Elle permet de préserver une identité culturelle tout en développant une infrastructure urbaine compatible aux deux programmes: le tram, qui le jour, est un transport public métropolitain, devient, la nuit, un fret pour les marchés. Da Nang tend ainsi vers l'image d'une ville vietnamienne moderne.

Le projet se situe au cœur de l’Atlantique, sur l’île de Faial dans l’archipel portugais des Açores, entre océan et pâturages, le long de la falaise de Porto Salão. Ancien haut lieu de la chasse à la baleine, le site est aujourd’hui à la fois un modeste port de pêche et un lieu de baignade avec sa piscine de marée. Sous l’abri des pêcheurs, on trouve encore les “baleeiros”, embarcations autrefois utilisées par les baleiniers et aujourd’hui converties en navire de régate. Le long de la falaise, une grande rampe connecte l’océan à une ruine dominant le paysage environnant. Le projet vise à utiliser cette richesse programmatique en investissant la promenade allant de l’océan jusqu’au haut de la falaise. Un nouveau quai est construit, l’abri des pêcheurs est rénové et, enfin, une nouvelle construction s’appuie sur la ruine. Elle est le cœur du projet: une maison pour un couple qui répare les “baleeiros” durant l’hiver et tient un café durant la période estivale. La proue de cette ruine est consacrée à l’atelier-café, tandis que la poupe abrite les espaces privés. Elle s’élève grâce à quatre puissants murs de pierre basaltique prenant appui sur les murs existants. Le paysage pénètre la maçonnerie grâce à deux murs intérieurs, construits in-situ en béton, qui contiennent toute “l’architecture” et laissent libre l’espace central pour la vie et la contemplation. Au premier étage, les pâturages s’invitent dans la chambre; au second, l’océan et l’horizon infini irradient le salon.

Le projet se situe au centre de Berlin, plus précisément dans le quartier historique de Spandauer Vorstadt. Il propose une maison offrant du logement de standard élevé ainsi que du commerce. C'est dans une "Baulücke", une surface qui depuis les destructions de la seconde guerre mondiale est restée majoritairement libre de constructions, que s'insère la nouvelle construction. Elle complète la cour exceptionnellement grande d'un ancien bâtiment de la poste en lui redonnant son quatrième côté. Cette disposition implique que la maison doit à la fois assumer un côté représentatif vers la rue, répondre à une situation d'angle et réagir à l'échelle donnée par la cour côté sud. Simultanément, le nouveau bâtiment a la fonction d'accès principal à cette dernière. Le quartier de Spandauer Vorstadt est l'une des rares parties de Berlin qui ont été largement épargnées par les bombardements. Ainsi, son caractère et sa structure originelle sont bien conservés. A cet endroit, une nouvelle maison d'habitation doit respecter l'existant et son histoire et penser aux interventions à venir. Le grand défi est celui d'allier la typologie traditionnelle berlinoise et, en même temps, répondre aux exigences des modes de vie d'aujourd'hui. C'est surtout au niveau des espaces intérieurs, de leur disposition et de leur domesticité que le projet cherche à développer les qualités de l'appartement berlinois typique.

Ce projet de diplôme s'inscrit en continuité de l'énoncé théorique, à savoir l'analyse d'objets pensés à travers des modes d'emploi. Il est intéressant que ces objets aient été pensés pour des personnes dont l'activité principale n'est pas la création de cesdits objets. Dès lors, émergent différentes questions d'outillage, d'assemblage mais aussi de transmission des instructions. De plus à qui ces instructions sont-elles adressées? Quel degré de spécificité les pièces de l'objet doivent-elles atteindre? Avoir peu d'outils mais des pièces relativement spécifiques et issues de l'industrie? Ou alors, avoir une multitude d'outils et des pièces relativement simples issues de l'artisanat? Ces problématiques vont bien sûr influencer l'objet, la nature de ses pièces et sa construction. ; Ce projet est destiné à des paléontologues dont l'activité principale n'est pas la construction mais la fouille d'ossements décomposés et fragmentés. Dès lors, ce projet tente d'apporter aux paléontologues une structure de couverture modulaire montable et démontable avec une portée suffisamment grande pour permettre des fouilles convenables (10 m de portée). La structure est composée de lambourdes en épicéa, que l'on trouve dans les grandes enseignes type Brico, ainsi que d'éléments “connecteurs” permettant l'assemblage de ces lambourdes. Les lambourdes ne subissent aucune manufacture importante (découpe). De ce fait, la structure peut être démontée et les lambourdes réutilisées. Les “connecteurs” usinés sont en bois plus résistant et peuvent être entreposés et réutilisés facilement.

Issu de l'étude menée au premier semestre sur l'architecture de l'idéologie et du sacré, le projet s'intéresse à la cohabitation de deux communautés aux modes de vie, croyances et pratiques bien différents. C'est sur le site de la Ronde Noire au-dessus d'Yverdon que s'implantent en un même projet une communauté monacale et un internat de réinsertion et formation professionnelle pour jeunes hommes. Le lieu, isolé, n'est accessible en voiture que sept mois sur douze et le site jouit d'une vue magnifique sur le massif du Jura. Le projet esquisse l'association de ces deux entités. Les moines enseignent aux jeunes un métier d'art et de patience, tandis que ces derniers contribuent à la production et aident à la vente des garde-temps. Le système entier s'agence autour de la croix centrale, qui réunit les éléments de vie commune. L'aile orientée au Nord accueille l'atelier d'horlogerie que partagent les jeunes et les moines et, sur l'axe transversal Nord-Sud, on trouve la bibliothèque, les salles de cours ainsi que le réfectoire, lieu du partage caractéristique au monastère. A cette croix se rattachent ensuite les espaces plus petits, plus privés. Chaque communauté s'organise de manière concentrique et autonome autour de patios, un cloître pour les moines et une cour pour les jeunes. Chacun bénéficie d'une chambre individuelle offrant intimité et échappée sur le paysage environnant. L'église s'érige en point de repère pour le visiteur ou le marcheur, qui peut librement assister aux offices et jouir du troisième jardin, narthex à ciel ouvert du complexe.

La vallée Verzasca est une des vallées du Tessin les plus visitées. Sa nature intacte et son architecture vernaculaire font de cette région un cadre exceptionnel. Sonogno est le dernier village de la vallée. Il vit essentiellement du tourisme, qui est devenu son activité principale, complétant ainsi les revenus du travail agropastoral. Comme les autres villages de la vallée, Sonogno connaît un tourisme saisonnier, mais surtout un tourisme journalier. L'offre d'hébergement n'étant pas assez variée et même insuffisante, les touristes se voient contraints de séjourner dans les grandes villes comme Locarno ou Ascona. Pour répondre à ce besoin, la construction d'un nouvel établissement hôtelier muni d'un espace wellness et de salles de séminaires pourrait favoriser le développement touristique, donc économique, du village et de toute la vallée, en assurant une clientèle annuelle plus régulière. Implanter un nouveau bâtiment dans ce fond de vallée demande une attention particulière. En effet, la vallée Verzasca se caractérise par des villages denses et compacts formés de petits volumes indépendants qui présentent une architecture typique de pierre. Une telle intervention ne doit donc pas altérer le caractère naturel et traditionnel qui est l'attrait touristique majeur de la vallée. Alors la préoccupation principale reste la suivante: comment intégrer un bâtiment d'architecture contemporaine de grande dimension dans un site traditionnel de petite échelle?

"Most of us live in Pacca houses or flats which have a backyard, a garden or balcony for outdoor occupations and enjoyment like children playing, keeping pets, growing flowers, plants and so on. Do our slum dwelling fellow human beings have of these facilities and enjoyments?" Laurie Baker A Delhi, dans l'une des villes les plus peuplées de l'Inde, 30% de la population vit dans la précarité. Actuellement plus d'un million d'habitants des bidonvilles se voient contraints au relogement. La politique actuelle leur offre en alternative, soit des parcelles de plus en plus petites en périphérie, soit des appartements inabordables et inadaptés. Comment, dans ce contexte, leur offrir des habitations qui prennent en compte leurs divers moyens économiques, leurs coutumes sociales et culturelles, tout en respectant leur identité et individualité? Notre projet tente de répondre à ces divers aspects en proposant une structure modulaire et modulable que viendraient occuper les habitants des bidonvilles suivant leur besoins et moyens économiques. L'élaboration des logements se fait de façon progressive et permet par l'auto-construction une forme d'identification. Cette stratégie se veut un système applicable à tout site de relogement de la région de Delhi. La multiplication de cette structure, ses déclinaisons, et la mise en place d'une hiérarchisation d'espaces publics, semi-publics, semi-privés et privés adéquats, permettent de composer des quartiers adaptés aux modes de vie traditionnels.

Le projet aborde la question de la densification en milieu rural. L'énoncé a mis en évidence l'évolution morphologique des villages ainsi que celle de sa population. La migration de cette dernière rend difficile son ancrage social et, par conséquent, la pérennité d'un esprit villageois. Le projet, composé principalement de logements collectifs, quelques espaces d'activité et communautaires, est pensé pour favoriser l'échange entre les habitants. L'étude de plusieurs exemples a permis de définir un langage architectural adapté au milieu rural. Le développement mesuré du territoire a induit des régions stratégiques telles que Lucens comme centre d'importance secondaire. Le choix du site, dans le village, correspond à une densification vers le centre et permet une proximité des transports publics ferroviaires. Le projet conserve le verger existant devenant un espace vert de détente pour le village. Les nouveaux bâtiments s'organisent entre cette végétation et les constructions existantes avec lesquelles le projet forme des cours. Elles deviennent les espaces d'entrée et de vie pour le quartier. La circulation et la typologie des appartements mettent en valeur les prolongements extérieurs proposant des terrasses généreuses depuis lesquelles on accède aux logements. Ce dispositif apporte ainsi une des qualités recherchées de la villa aux logements collectifs en répondant à un mode de vie proche de la nature.

Le village d’Assens est caractérisé par deux axes parallèles: à l'est, la rue principale, à l'ouest, la route cantonale et la voie ferrée. Le village s’est développé de manière exponentielle aux abords de ces infrastructures modernes, qui relient le village et ses environs à Lausanne. À l’époque moderne, caractérisée par la séparation de l’habitat et du travail, le paysage rural s'est transformé en un mitage de maisons individuelles et de jardins privés. Les nouveaux développements résistent à toute utilisation alternative, et le village souffre d’un manque d’espaces à usage collectif. Le projet confronte le vernaculaire et le moderne, car il est situé entre ces deux axes principaux et traite du thème architectural du solide et du léger. Deux bâtiments ruraux sont réactivés et transformés; les éléments ajoutés s’appuient sur le tissu existant de formes autonomes en améliorant les connexions entre elles et en adaptant les bâtiments à un mode de vie contemporain, répondant à l’acceptation actuelle d’espace ouvert. L’ancienne grange, suivant la typologie de la ferme vaudoise, devient un hall d’entrée pour le projet, avec un nouvel escalier qui atteint le grenier à travers la structure hybride du bâtiment. Un autre hall est réactivé par l’ajout d’une structure légère dans la coque solide du bâtiment de stockage, en face de la cour et du jardin. Le projet ne cherche pas à proposer un nouveau vernaculaire ni à imposer une vision moderne dogmatique. Au contraire, les deux idées sont embrassées simultanément, le solide et le léger, le vernaculaire et le moderne.

L'évolution de l'agriculture, à partir des années 50, a généré la désaffectation de nombreux ruraux devenus obsolètes par leur taille. Dans un paysage où chaque construction a un impact considérable et dans une période durant laquelle le manque d'espace pour de nouvelles constructions se fait sentir, ce genre de bâtiment s'avère être une solution idéale pour y installer de nouveaux programmes. Le projet prend place dans un hameau à proximité du village de Château-d'Oex et des Moulins, dans une zone actuellement peu valorisée et non visitée de la commune contenant des exploitations agricoles, des champs et des promenades. Le hameau, constitué de neuf bâtiments dont trois sont des ruraux désaffectés, devient le centre d'un parc agricole à découvrir et contient une fonction d'école à la ferme. Attirant à la fois les locaux et les touristes, le hameau offre une salle de classe, des logements pour les enfants, un restaurant, un commerce de produits locaux, une salle polyvalente, des ateliers, des logements annuels, une écurie et un garage. Les programmes publics occupant les rez-de-chaussée, les appartements profitent pleinement des combles et des doubles hauteurs. Pour permettre aux ruraux désaffectés de pouvoir fonctionner à nouveau, leurs annexes existantes sont remplacées par des volumes plus flexibles connectant les différents étages de la construction et apportant les services nécessaires au nouveau programme. Les bâtiments de logements, eux, sont réorganisés et densifiés. En se réappropriant les constructions existantes, le hameau reprend vie.

Pour comprendre les enjeux et la pertinence d’intervenir au cœur du patrimoine, j’ai réalisé une série de relevés sur différents bâtiments du village de Champéry et visité cinq chantiers de réemploi. L’étude de l’identité architecturale forte de ce milieu alpin a fait l’objet de mon énoncé théorique Prologue de démontage d’une construction en bois du Val d’Illiez. La grange étudiée, qui date du début du XXe siècle, obéit aux codes de la construction traditionnelle. Je conjugue ses composantes, inventoriées dans une base de données, auxquelles s’ajoutent d’autres pièces récupérées de chalets avoisinants, avec des éléments neufs. Leur interopérabilité reste la stratégie appliquée tout au long du processus. Le programme propose de revisiter de l’archétype du chalet, de façon évolutive et flexible selon les ressources de bois à disposition. Les procédés numériques explorent différentes configurations, variant entre une volumétrie rationnelle et une forme plus sophistiquée intégrant une pluralité d’éléments réemployés. Le projet prend place sur un socle en béton abandonné du village, pour une vision de bout en bout d'un avenir sans déchets, selon les principes de l’économie circulaire.

Porteous, ancien bâtiment industriel dédié à l’épuration des eaux usées, est récemment reconverti en centre socio-culturel grâce à l’occupation du mouvement « Prenons la ville ». Quelques années après l’avoir abordé, avoir érigé une cabane sur sa toiture, Mika, charpentier de formation, et la communauté qu’il y a établie, décidèrent d’abandonner leur abri afin d’échapper à l’effervescence de la ville. Pour ce faire, ils construisirent un radeau. Se laissant dériver au fil de l’eau, ils se trouvèrent en quelques heures face au barrage de Verbois et de ses infrastructures énergétiques démesurées. Contraints d’accoster, ils ne purent que constater : un plateau inhabité, entouré par un talus de fourrés, une route et du bois flotté stagnant le long du barrage… Ils se mirent à manipuler les osiers et les roseaux qui languissaient à la surface. Ce sont eux qui leur inspirèrent l’idée d’établir une petite manufacture au bord de l’eau où les bois récupérés seraient transformés en objets de vannerie, de sculpture ou de structure. Un ponton pour les navigateurs, une buvette pour les flâneurs et une variété d’autres installations sont ainsi échafaudés. Au fur et à mesure que les pièces s’organisent sur la pente et le long du quai, un espace scénographique s’installe entre elles : une esplanade où l’on se réunit, où l’on crée, où l’on célèbre.

La péninsule industrielle de Sompasaari, au Nord-Est et distante de quelques kilomètres du centre-ville d'Helsinki, est destinée à de grands changements. En novembre 2008, toutes les fonctions du port du Nord d'Helsinki autour de la péninsule sont transférées vers le port de Vuosaari, à douze kilomètres au Sud sur les côtes finlandaises. Livrée à elle-même, la péninsule de Sompasaari lutte pour renaître à travers les usages informels des habitants d'Helsinki, pendant que les autorités de la ville, les investisseurs et les promoteurs planifient méticuleusement sa transformation future, destinée au grand public. Des logements et des commerces se partageront ce même territoire abandonné cinquante ans auparavant par les habitant des deux îles. C'est en effet en 1962 que Nihiti et Sompasaari, maintenant entièrement recouvertes, furent nivelées et jointes au continent pour créer le port industriel de la capitale finlandaise. En référence à la narration de l'énoncé théorique, et en investiguant l'opposition d'un environnement naturel à l'industrialisation massive du territoire, le projet propose une antithèse au masterplan planifié, se frayant un chemin à travers le tissu rigide et formel des blocs de logements. De ce nouveau paysage naissent trois interventions chirurgicales, fantômes des îles englouties, qui se transforment pour recevoir des programmes issus des différentes époques traversées par la péninsule. De cette façon, le projet questionne la manière de planifier nos villes et leur développements. A travers un processus d'expérimentation, l'utilisation d'un site virtuellement riche dans un contexte presque inexistant, le projet propose une ré-invention du genius loci.