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Chrétien-Guillaume Lamoignon de Malesherbes, le grand Malesherbes (1721-1794), premier président de la cour des, Aides de Paris, directeur de la Librairie, ministre et secrétaire d’État de la maison du Roi, puis ministre d’État avec entrée au Conseil, est un homme très représentatif du XVIIIe siècle. On se plaît généralement à reconnaître en lui l’ami et le protecteur des philosophes (J.-J. Rousseau louait sa droiture) et à souligner qu’il fut le défenseur du roi avant de mourir lui-même sur ...

n a vu comment Guyenot, dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, avait usé de sa position au sein de la commission des péages pour monnayer son influence auprès de plusieurs propriétaires. Alors même que la Révolution l’avait privé de ses fonctions de premier commis, il comptait retrouver dans la nouvelle administration un poste susceptible de lui donner à nouveau une position influente qu’il aurait pu faire fructifier. Derrière l’apparente neutralité des institutions se cachent en ef...

La question de la réputation constitue un thème de recherche récent dans la littérature économique pour approcher la coordination entre les individus. D. Kreps a notamment montré que la réputation, acquise au fil du temps par un jeu répété de pratiques loyales et un apprentissage graduel des relations de confiance, fonctionne comme une garantie morale visant à neutraliser d’éventuels comportements opportunistes. Plus récemment, W. Morris a souligné combien il pouvait être payant non seulement...

Il est fréquent d’expliquer les phénomènes révolutionnaires par un contexte de crises économiques et un climat de malaise social. Selon cette interprétation, les périodes de prospérité économique sont censées engendrer stabilité politique et harmonie sociale. Mais comment, dans ces conditions, caractériser d’une manière cohérente l’exceptionnelle croissance économique que connut la Nouvelle-Espagne dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, et que l’historien L. Alamán n’hésita pas à comparer au...

Il y a un décalage considérable entre l’approche des problèmes par le Commissariat et par les commissions, c’est le choc de l’analyse macro-économique et de la vision meso-économique des branches industrielles concernées. Le choc est d’autant plus fort que la problématique macro-économique d’inspiration anglo-saxonne qui anime l’action de Jean Monnet est relativement nouvelle en France. A l’opposé, la période de Vichy avec ses comités d’organisation et plus généralement, les difficultés nées ...

Depuis quelques années déjà, l’histoire des campagnes alsaciennes commence à sortir du néant. Un volume collectif a, en 1983, donné une première synthèse et les études de Jean-Michel Boehler ont, pour leur part, brossé un tableau de leur situation au XVIIIe siècle. Pourtant, les campagnes de l’Alsace méridionale, tout spécialement autour de Belfort, ont jusqu’ici plutôt été délaissées. En 1979 notre mémoire de maîtrise, dirigé par Jean Jacquart, avait tenté une première approche. Aucun travai...

En 1713, la famille Phélypeaux achève sa politique de rassemblement d’un grand domaine en Ile-de-France. A cette date, Louis II Phélypeaux achète la baronnie de Beynes qui complète, au nord, les comtés de Pontchartrain et de Maurepas. L’ensemble implanté sur les « paroisses de Jouars-Pontchartrain, Maurepas, Coignières, Élancourt, Plaisir, Chavenay, Neauphle-le-Chateau […] Vicq, Neauphlele-Viel, Bazoches, Mareil-le-Guyon et Saint-Rémy-l’honoré » atteint 7 974 hectares dont 28,5 % de réserve. ...

« Une armée de particuliers allant de l’Indien démuni au grand aristocrate espagnol ». Telle était d’après W. Howe, la composition sociologique des mineurs de Nouvelle-Espagne. Le buscón méprisé côtoyait le grand « entrepreneur » ; de l’un à l’autre, il y a certes une distance infranchissable qui fait des mines mexicaines un monde polarisé à l’extrême : d’une part la « multitude des pauvres » qui attire l’attention de J.L. de Lazaga et J. Velázquez de León par son labeur de « fourmi », son er...

La diversité des statuts économiques, sociaux voire ethniques prévalant à Zacatecas rend à première vue aléatoire une étude – fût-elle schématique – des relations sociales. Si l’on considère cependant la société du centre minier dans la perspective d’une société d’Ancien Régime, d’une société fortement hiérarchisée (sociedad estamental), se dessinent un certain nombre de comportements, de normes de conduite, voire de formes de sociabilité caractéristiques de ce type de société, et qui se diff...

Illustration n° 1Intendance de Zacatecas à la fin du XVIIIe siècle (B.N., Paris) Échelle : 1/2 700 000. Illustration n° 2Coupe des mines du Cerro de « Tajo de Airon »(avec agencements intérieurs, puits, galeries et « malacates » en surface) Source : A.G.I., Mapas y Planos, Minas, 96. Illustration n° 3Coupe du Cerro de Vetagrandeet localisation des douze mines de la compagnie du même nom Source : A.G.N., Mineria, 58. Illustrat...

Tour à tour commis de la monarchie, financier, maître de forges, entrepreneur de canal, Guyenot sut cumuler des fonctions très diverses. Il semble jongler avec les affaires, passant de l’une à l’autre au gré de la conjoncture ou des perspectives de profits. L’originalité du personnage réside assurément dans son intérêt constant pour l’innovation technique, même si ses choix spéculatifs se soldèrent pour la plupart par des échecs. D’autre part, jusqu’en 1789, Guyenot a largement joué du privil...

La justice occupe une place centrale dans le processus d’affirmation de l’État moderne dans toutes ses dimensions, aussi bien institutionnelles et politiques que, plus largement, économiques, sociales et culturelles. Tout d’abord parce qu’elle est un élément fondamental de la souveraineté et en constitue même, à certaines phases de l’émiettement féodal du royaume, l’expression quasi-totale pour ceux qui en ont la jouissance. Ensuite parce que, à ce titre, elle est étroitement liée aux fluctua...

Traiter du capital social suppose souvent que celui-ci doive être productif et que les ressources sociales qu’il contient soient mesurées à l’aune des profits. Même si les relations sociales ne peuvent se réduire à un capital que l’on pourrait calculer par anticipation et dont on pourrait disposer à son gré, il est indéniable qu’elles vont largement servir à Guyenot de support pour ses affaires. De fait, ses compétences juridiques et financières autant que son portefeuille de relations lui va...

Les collègues et amis de Jean Jacquart se sont associés pour offrir ce volume d’hommage, qui est d’abord un livre d’histoire. On y voit que Paris n’est pas seulement une capitale de pierre et de béton mais aussi une campagne. Avant que l’urbanisation du dernier siècle ne submerge tout, la capitale était ceinturée de plantureuses campa­gnes, couvertes de blé, de vignes, de prairies, de forêts. Sans céréales, sans vin, sans animaux de chasse, de pêche ou d’élevage à proximité, jamais une telle ville n’aurait pu se construire et travailler. On a aujourd’hui oublié la difficulté de nourrir réguliè­rement les grands ensembles urbains à l’époque préindustrielle et l’étonnante richesse des campagnes d’Ile-de-France. On a plus encore oublié les difficultés techniques et climatiques du labeur paysan, les calamités agricoles, les récoltes irrégulières et les disettes. La terre et ses ruraux, la ville et ses citadins, les activités commerciales et administratives d’une capitale incomparable sont ici tour à tour présentées. C’est cette nécessaire imbrication de la ville et de ses campagnes, avec quelques comparaisons françaises ou étrangères que rend palpable cet hommage à Jean Jacquart. La fécondité de l’œuvre de Jean Jacquart. historien du monde rural et de Paris, universitaire, président de la Fédération des Sociétés Savantes de Paris et de l’Ile-de-France est ici éclatante. Ces études nous parlent d’une seule voix d’un monde que nous avons perdu et d’un temps qui a marqué de façon indélébile le visage de Paris et les paysages familiers des Franciliens. Ce volume est un complément idéal de l’œuvre de Jean Jacquart : Paris et l’Ile-de-France au temps des paysans (xvie-xviie siècles). parue en 1990 chez le même éditeur.

L’un des fondements du comportement traditionnel que l’on relève chez les élites de Zacatecas – comportement qui peut cœxister toutefois avec des stratégies « modernes » d’intégration des activités économiques – tient en grande partie à une prise de conscience : celle des mécanismes économiques en œuvre dans le monde minier, qui explique la diversification des investissements réalisés par les plus grandes familles. Certes existe la volonté, en accédant à un statut social supérieur, de le cons...

A l’initiative de Charles Gravier, comte de Vergennes, connu comme diplomate et comme ministre des affaires étrangères, Louis XVI décida la création d’un Comité d’administration de l’agriculture, « chargé de réfléchir sur les moyens d’administrer et de perfectionner l’agriculture en France ». Cette instance comprenait cinq membres, dont Antoine Laurent de Lavoisier qui l’animait ; elle se réunit soixante-neuf fois, du 16 juin 1785 au 18 septembre 1787. Ses travaux portaient essentiellement su...

D’avril à novembre 1945, les prémisses d’un plan établies par le Ministre de l’Économie Nationale sont défaites par la multiplication d’initiatives contradictoires. La responsabilité de la planification est partagée entre le ministère de l’économie et des finances, de la reconstruction et de l’urbanisme, de la production industrielle. L’idée de plan subit la pression de forces centrifuges. L’influence de René Pléven et de Gaston Cusin René Pléven, Ministre de l’Économie Nationale et des Finan...

C’est la Revolution qui, en supprimant la commission des péages et en le privant de ses émoluments, décida de la reconversion de Guyenot. L’abolition des péages féodaux au lendemain de la nuit du 4 août 1789 porta également un coup sévère à ses régies. Les perspectives de carrière dont il se flattera par la suite semblent pour le moins douteuses. Son dernier séjour à Châteaubourg remontait aux mois d’octobre et de novembre 1787. Le château, sérieusement endommagé pendant la Terreur, ne cessa ...

Dans les campagnes du nord de l’Ile-de-France, la concentration de l’exploitation agricole dans les mains des gros fermiers, véritables « vice-rois de la plaine de France », explique en grande partie la disparition de la petite et moyenne paysannerie avant la Révolution. Les administrateurs du district de Gonesse signalent en 1793 qu’on ne rencontre plus que « deux classes d’hommes, l’une de cultivateurs, propriétaires ou fermiers, l’autre d’ouvriers, journaliers et charretiers… »et en 1805 l...

Une histoire de la culture équestre reste à écrire mais, pour cela, il faut en même temps connaître et dépasser les trois principales traditions qui rassemblent les études concernant le cheval. La première est celle de l’hippiatrie, de l’hippologie et de l’élevage, la science hippique générale, où l’histoire retrouve la rencontre de l’élève et de la production, donc de l’agronomie et de la médecine vétérinaire, voire la géographie. La seconde est celle de l’art équestre et de l’équitation gén...

Le Commissariat a été institué pour durer six mois, ce qui coïncide avec le retour des négociations de Washington dont le bilan pour le plan est, nous l’avons vu, relativement décevant. Ce chapitre retrace les difficultés rencontrées par Jean Monnet et les choix adoptés pour persévérer. C’est au cours de ces mois difficiles que le Plan Monnet acquiert bon nombre de ses traits originaux. Il s’achève avec l’adoption définitive du plan par le conseil des ministres de janvier 1947. La crise du Pl...

L’industrie française de la machine-outil n’a pas connu de transformations majeures à la Libération. Comment comprendre l’immobilité de cette branche qui aurait fort bien figuré parmi les secteurs de base du Plan Monnet ? Nous avons retracé l’évolution des relations entre cette industrie et l’action économique de l’État de 1941 à 1947. Le comité d’organisation de la machine-outil Le Comité d’organisation de la machine-outil et de la soudure (Comos par la suite) est créé le 27 janvier 1941. Ce...

Vous faites bien de chanter, de célébrer, de graver dans nos fastes les Corneille, les Descartes, les Talon, les Séguier, les Luxembourg, les Turenne mais si vous êtes citoyens, si vous voyez bien, n ’est-il point de place dans vos ouvrages pour les Bruni, les Grandville, les Masson, les Magon, les Montaudoin, les Le Couteulx, les Le Gendre et tant d’autres qui nous attirent les richesses de l’Univers.Abbé Coyer. La noblesse commerçante, 1756. Pendant longtemps, nombreux ont été les historien...

« Je suis plein de despit quand les femmes fragiles interprètent en vain le sens des Évangiles qui devraient mesnager et garder leur maison ». Pierre de Ronsard, Remonstrance au peuple de France, 1562. Aujourd’hui comme à la fin du Moyen-Âge, Sainte-Marguerite-sur-Duclair, village situé à la limite méridionale du Pays de Caux, proche à la fois de l’abbaye de Saint-Wandrille et de la vallée de la Seine est divisé en plusieurs hameaux : Ronceray, la Fondance, Calibours, la Corderie... C’est pro...

Pendant longtemps, on a pensé que les hommes d’affaires catholiques, contrairement aux protestants dont on estimait qu’ils étaient plus capables, ne songeaient qu’à quitter les activités marchandes en essayant de s’anoblir. On considérait qu’il s’agissait d’une "trahison" de la bourgeoisie. Or ceci, depuis quelque temps, a été remis en cause. Nombreux ont été les catholiques, Français ou étrangers, qui n’ont pas abandonné le monde des affaires dont leur maîtrise était indiscutable. L’étude de la dynastie Le Couteulx, qui après avoir été attirée par le protestantisme est revenue au catholicisme dans les années qui suivent l’Édit de Nantes, en est une preuve supplémentaire. Après être devenus marchands-drapiers à Rouen dans les premières décennies du xvie siècle, les Le Couteulx fondèrent une banque privée à Paris dans les années 1670, qui fut considérée par Boisguilbert, au début du xviiie siècle, comme « la banque la plus fameuse de France » et le demeura jusqu’au début de la Révolution, tandis qu’un membre de la dynastie fut un des fondateurs de la Banque de France.

Cette étude, située dans le prolongement des travaux de Jean Jacquart sur les communautés rurales d’Ile-de-France et d’une thèse sur la vie et la sociabilité politiques en milieu rural dans le sud de l’Ile-de-France, permet d’esquisser l’évolution de près de 240 communautés des départements actuels de l’Essonne et du Val-de-Marne à partir des manifestations collectives (assemblées, élections, conflits) des années 1680 à l’élection en 1790 des premières municipalités modernes. Malgré le caract...

On appelle figurément coq, celuy qui est le principal en quelque endroit, qui s’y fait le plus paroistre, soit par son crédit, ou par ses richesses.Dictionnaire de l’Académie française, 1694. Dans les campagnes de l’Europe occidentale, il est classique de détacher les représentants d’une bourgeoisie locale pour un tableau, souvent convenu, de la société rurale. A la médiocrité générale propre au plat pays échappaient donc quelques personnages, vite rangés derrière l’étiquette commode de « coq...

Devant l’ampleur du trafic fluvial des Temps modernes sur la Seine et l’Oise complétées par les canaux du nord de la France, même après le début de la concurrence du rail puis de la route, il peut paraître dérisoire d’offrir au spécialiste de l’Ile-de-France moderne une contribution sur le commerce antique. Mais il convient de penser que le réseau fluvial, même sans l’apport de canaux, a connu dans l’Antiquité, comme durant les Temps modernes, un grand succès et que l’on peut parler de la coo...

On a depuis longtemps, souvent dans un but polémique, souligné la faiblesse croissante de la contribution de l’Eglise aux charges financières de la monarchie française au cours du xviiie siècle. Cela a alimenté quelques pamphlets à l’époque comme aux périodes des plus vives querelles entre cléricaux et anticléricaux. Parfois avec plus de sérénité, les historiens se sont penchés sur le dossier malgré son contenu aride. Jean Egret a alors insisté sur le caractère quasi vexatoire du don gratuit ...

Appréhender l’histoire matérielle de la maison parisienne n’est pas chose aisée, surtout au XVIIIe siècle où, en matière de construction, le sous-seing-privé se généralise, privant ainsi l’historien de sources primordiales. L’expertise juridique peut cependant palier cet inconvénient en offrant de précieux compte-rendus de travaux. Il est alors possible de reconstituer les étapes d’une édification ou de se livrer à de véritables « pesées » dans le but de donner à la maison toute sa réalité éc...

Le point de départ de cette contribution est une carte (carte 1). Non, il n’y a pas d’erreur : cette carte est absolument vide, vide de points ou de trames, mais pas d’informations. Je propose donc une brève réflexion sur ce désert, sur la notion de frontière culturelle, et plus précisément une contribution à un problème concret, les différences culturelles entre Blancs et Bleus, sinon avant, du moins pendant et évidemment surtout après les événements de mars 1793. J’utilise pour cela un indi...

« El conde de San Diego del Saúz parecía hecho adrede para habitar esta mansion sefiorial. Era alto, delgado, color cetrino, bigote entrecano, retorcido en forma de cuernos de alacrán, ojos pequeños aceitunados, pero fijos y feroces al mirar ; dentadura fuerte y blanca y labios delgaditos y retraídos, donde siempre vagaba una sonrisa de cólera, de sarcasmo y de desprecio hacia todo el mundo. A los veintidós años se casó, o mejor dicho lo casaron (pues fue un pacto de familia para que ni el di...

« Les sieurs Le Couteulx... la plus fameuse banque de France ». Pierre Le Pesant de Boisguilbert, 4 juillet 1704 La disparition de Jean IV Le Couteulx mort à Rouen en 1651, celle de Jacques I décédé à Paris en 1652 place à la tête de Le Couteulx et Cie une nouvelle génération qui va devoir faire face à une conjoncture économique difficile au cours de la plus grande partie du règne de Louis XIV et des premières années de son arrière petit-fils. Le Couteulx et Cie aurait pu sombrer comme ce fut...

La circonférence d’une vie Connu comme notable de l’Empire depuis la brève notice que lui avait consacrée Georges Viard, Jean-Jacques Guyenot (1745-1824) doit à Denis Woronoff d’être sorti de l’anonymat dans lequel l’histoire l’avait longtemps relégué. C’est l’un des maîtres de forges haut-marnais qu’il étudia dans sa thèse sur l’industrie sidérurgique entre Révolution et Empire. En 1998, Thomas Mambrini poursuivit dans le cadre de sa maîtrise l’exploration des activités sidérurgiques de Guye...

Les propositions de Jean Monnet au général De Gaulle ne sont pas le point de départ de l’histoire de la planification en France. Le projet est formulé depuis la première guerre mondiale mais les idées générales sur une économie de la prévision sont bien plus anciennes. Plutôt que de nous livrer au jeu des origines, c’est le passage des débats sur l’économie planée ou planifiée à la réalisation effective d’un plan qui constitue le point de départ de ce chapitre. Entre l’étude dans la longue d...

La possession de la terre demeure, tout au long de l’Ancien Régime, et même par la suite, un enjeu capital pour toutes les classes de la société. Certes, on trouverait ici et là quelques familles qui adoptent d’autres stratégies d’ascension sociale et empruntent d’autres voies d’enrichissement, mais on admettra qu’elles sont loin de constituer une majorité. Cette terre, on en hérite ou on l’achète mais, quelle que soit la situation de départ, l’acquisition de parcelles ou de domaines suppléme...

« On a beau faire, ce n ’est ni la différence des professions ni celle des Lumières qui divise les hommes, c ’est celle des intérêts ». Emmanuel-Joseph Sieyès. Qu ’est-ce que le Tiers-État, 2e édition, 1789. Dans son Dictionnaire français publié en 1680, Pierre Richelet définissait la politique comme un « art de gouverner les États ». Pendant la plus grande partie de l’Ancien Régime, le gouvernement de la France est entre les mains du souverain qui désigne un petit nombre de subordonnés qui s...

« La tierra andaba entre los mayorazgos de doblón en doblón, desconocida, pasta de apariciones y conventos, hasta que toda la azul geografía se dividió en haciendas y encomiendas. Por el espacio muerto iba la llaga del mestizo y el látigo del chapetón y del negrero. El criollo era un espectro desangrado que recogía las migajas: hasta que con ellas reunidas adquiría un pequeño título pintado con letras doradas. Y en el carnaval tenebroso salía vestido de conde, orgulloso entre otros mendigos, ...

Tout au long de son histoire, l’Espagne a été sillonnée par des courants migratoires, péninsulaires ou étrangers. Les motifs religieux (le pélerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle), les profits économiques (le commerce méditerranéen et atlantique), les crises démographiques (les conséquences de la peste noire), les instabilités politiques (en France tout particulièrement), enfin la mission impériale de la Castille poussaient les hommes à tenter l’aventure ibérique. En accédant au statut de ...

Nous avons regroupé sous cette rubrique les termes le plus fréquemment utilisés, non seulement dans les documents ayant fait l’objet d’une transcription, mais également tout au long de ce travail. Le champ sémantique de certains termes n’étant pas le même en espagnol qu’en français, leur traduction littérale aurait en effet prêté à confusion ; ainsi dans le cas du diezmo, dont l’acception courante dans un travail consacré à une région minière pendant la période coloniale est loin d’être celle...

L’exception confirme la règle Dicton Un cas particulier bien construit cesse d’être particulier Pierre Bourdieu, Réponses pour une anthropologie réflexive, 1992. Peut-on affirmer que l’itinéraire des Le Couteulx n’a pas eu d’équivalent dans le monde de la bourgeoisie française ? Certes, pendant longtemps on a admis que les familles d’hommes d’affaires, pendant l’Ancien Régime quittaient, au bout de trois générations le monde du négoce pour obtenir une charge leur permettant tôt ou tard d’être...

Détenteurs d’un pouvoir économique certain qui tend à démentir – du moins en ce qui concerne les premiers bénéficiaires des titres de noblesse – la réflexion ironique de Lizardi sur la noblesse mexicaine (« Nacen y no se hacen »), les aristocrates de Zacatecas obtiennent par là-même non seulement la consécration d’un statut social et la reconnaissance d’une situation de fait, mais surtout une série de privilèges. Les exigences mises à l’obtention d’un titre, bien que modifiées par les circons...

Les idées sur le plan ont été l’objet de nombreux débats avant 1941, mais c’est pendant la période de Vichy que la Délégation Générale de l’Équipement National entreprend à deux reprises de rédiger un document visant à planifier l’ensemble de l’activité économique. Ces tentatives échouent, ainsi que celle de Pierre Mendès France à la Libération. Quelles sont les relations entre ces ébauches et le premier plan de modernisation et d’équipement élaboré en 1946 ? Comment Jean Monnet. Commissaire en mission aux États-Unis en vient-il à formuler ses propositions et à mettre sur pied l’institution nouvelle qu’est le Commissariat général du plan ? Le Plan Monnet se trouve placé au carrefour des relations économiques et financières franco-américaines avant le Plan Marshall et il exprime un projet national dans le cadre de la « bataille de la production ». Comment coexistent, dans les objectifs du plan et dans l’interprétation qu’en font les « forces vives » de la nation, ces deux aspects constitutifs du Plan Monnet ? C’est dans les fameuses commissions de modernisation où siègent des fonctionnaires, des syndicalistes, des agriculteurs et des patrons que se manifeste l’esprit de modernité ; contribution décisive à la croissance française des trente glorieuses. Comment s’est opérée cette rencontre selon les activités concernées ?

« El minero particular, lidiando siempre con grandes dificultades, no suele conseguir en muchos años otra cosa que mantener una especie de equilibrio precario entre los gastos y los productos, sostenido solamente por el entusiasmo de unas esperanzas lisonjeras… ». J. Velâzquez de León, J.L. de Lazaga, J.A. del Hierro (Tribunal des mines), 16 août 1783. Plus que toute autre ville minière de Nouvelle-Espagne peut-être, Zacatecas présente au cours de son histoire une succession de parad...

Au lendemain de la « Nostre-Dame de la my-aoust », l’élection annuelle de deux échevins (bisannuelle d’un prévôt des marchands) terminait une compétition réglée qui désignait les chefs temporaires du corps de la ville de Paris. La nature particulière de l’Hôtel de Ville renvoyait à l’exercice de médiations complexes : le prévôt et les échevins étaient censés représenter les corps privilégiés qui formaient la « bonne ville de Paris », corps qui se trouvaient tous unis dans le partage du privil...

Sur fond de crise économique générale, l’État pontifical d’Avignon traverse, à partir de 1592, une crise monétaire aiguë. On assiste à la multiplication des pignatelles, petites pièces de billon à peine teintées d’argent, qui sont frappées à tort et à travers non seulement dans le Comtat (ont-elles donné son nom à la « monnaie du pape », cette plante translucide des pays méditerranéens ?) mais aussi dans les provinces voisines, Dauphiné, Languedoc et Provence, produit de l’anarchie du moment,...

Lorsqu’on a débuté dans la glèbe et les « estilles » du Beauvaisis, parmi les paysans et les ouvriers en laine, il doit être normal de remonter vers ceux qui les dominaient, clercs ou laïcs, nobles ou bourgeois, et d’en arriver au roi. Mais, à la demande de Georges Duby, à qui l’on ne peut rien refuser, être plongé, voire immergé dans les Mémoires pour l’instruction du Dauphin, voilà l’imprévisible. Imprévisible qui devint vite excitant, parfois passionnant, sinon surprenant : il fallait bien...

Les trois ennemis du mineur étaient d’après le juriste Gamboa, le mineur lui-même, l’aviador – cet être hybride faisant office de banquier et de fournisseur – et les autres personnages amenés à traiter avec lui. Il convenait d’y ajouter le prix du mercure, ou plutôt ce que le directeur du Tribunal des mines, Fausto de Elhuyar, qualifiera de « droits si exorbitants », rejoignant Francisco Xavier Gamboa dans la désignation des obstacles au développement harmonieux de l’économie minière. D’après...

L’industrie du raffinage a été particulièrement affectée par le conflit. Les raffineries ont été atteintes par les bombardements allemands de mai 1940, par les incendies commandés de juin 1940, par les démontages allemands, les bombardements alliés et les combats de la Libération. Les destructions ont plus touché les raffineries du Nord, de l’Est et de l’Ouest que celles du Sud-Est. En 1944, huit raffineries sont très partiellement en service. La modernisation peut s’exercer dans ce contexte,...

Nous nous sommes attachés à décrire comment et pourquoi le plan avait été fait ; il s’agit à présent d’étudier comment il a été reçu aux différentes étapes de son élaboration. Cette réception est capitale, car c’est elle qui a contribué à transformer l’action de Jean Monnet – axée sur le problème des relations franco-américaines – en un symbole du redressement national. Le plan est pour une part fait de l’accueil des autres. Ceux qu’il voulait convaincre : les organisations professionnelles e...