During the 13th to 15th centuries, the main towns of Aquitaine under English rule and located in Bordelais (Blaye, Bordeaux, Bourg, Cadillac, Libourne, Saint-Émilion, Saint-Macaire), developed, as part of the boom in writing and preservation of archives, many and varied forms of documentary practices : copies of royal acts, constitution of procedural files, rolls, chirographs, signs, cartularies, etc. Concomitantly with their political organisation, whether they were set up as a commune or remain under seigneurial domination, they thus constituted archival funds, the composition of which, specific to each of them, most often reflects an affirmation of identity and the construction of community memory, the scope and strategies of which vary, in particular according to the status of these cities. The most successful examples of these identity and memory strategies, highlighted by codicological and textual analyses, are the Bordeaux and Libourne cartularies, which were carefully structured prior to their development, sometimes modified, thus marking the political and social evolutions of these communities, particularly in the difficult context of the war of Hundred years. The identities and memories emanating from these archives and these documentary practices underline the social composition of these cities, their political and commercial ambitions, going beyond, for Bordeaux and Libourne, the local and often conflictual framework. They also make it possible to identify the relationships between these urban communities, their main concerns or the hegemony of the jurade over the inhabitants. In addition, the study of these funds, and in particular their comparison, with regard to the royal acts, with the Gascon roles kept in the English chancellery, makes it possible to understand the very direct relationship maintained by these communities with the English sovereigns, sometimes to the detriment of the royal administration set up in Aquitaine, but also raises the question of the archival choices made : the construction of identity and memory seems to have also involved the disappearance, in municipal funds, of acts most unfavorable to the interests of the city, as well as certain clauses in the copies of preserved acts, even the opportune appearance of documents of which there are no more traces in the English archives., Au XIIIe au XVe siècle, les principales villes de l’Aquitaine sous obédience anglaise et situées en Bordelais (Blaye, Bordeaux, Bourg, Cadillac, Libourne, Saint-Émilion, Saint-Macaire), développèrent, dans le cadre de l’essor de l’écrit et de la préservation d’archives, des formes nombreuses et variées de pratiques documentaires : copies d’actes royaux, constitution de dossiers de procédure, rouleaux, chirographes, pancartes, cartulaires, etc. Concomitamment à leur organisation politique, qu’elles soient érigées en commune ou demeurent sous domination seigneuriale, elles constituèrent ainsi des fonds d’archives, dont la composition, propre à chacune d’entre elles, traduit le plus souvent une affirmation identitaire et la construction d’une mémoire communautaire, dont l’ampleur et les stratégies mises en œuvre varient, notamment selon le statut de ces villes. Les exemples les plus aboutis de ces stratégies identitaires et mémorielles, mises en exergue par des analyses codicologiques et textuelles, sont les cartulaires bordelais et libournais, qui furent minutieusement structurés préalablement à leur élaboration, parfois modifiés, marquant ainsi les évolutions politiques et sociales de ces communautés, particulièrement dans le contexte difficile de la guerre de Cent ans. Les identités et mémoires émanant de ces fonds d’archives et de ces pratiques documentaires soulignent la composition sociale de ces villes, leurs ambitions politiques et commerciales, dépassant, pour Bordeaux et Libourne, le cadre local et souvent conflictuel. Elles permettent également de cerner les relations entre ces communautés urbaines, leurs principales préoccupations ou l’hégémonie de la jurade sur les habitants. En outre, l’étude de ces fonds, et notamment leur comparaison, en ce qui concerne les actes royaux, avec les rôles gascons conservé à la chancellerie anglaise, permet de comprendre la relation très directe entretenue par ces communautés avec les souverains anglais, parfois au détriment de l’administration royale mise en place en Aquitaine, mais soulève également la question des choix archivistiques effectués : la construction identitaire et mémorielle semble avoir aussi impliqué la disparition, dans les fonds municipaux, des actes les plus défavorables aux intérêts de la ville, de même que certaines clauses dans les copies d’actes conservées, voire l’apparition opportune de documents dont il n’existe plus de traces dans les archives anglaises.