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Le livre riche de contrastes que Zweig a consacré à Verlaine (1905) n’a jusqu’alors que peu retenu l’attention, ce qui peut surprendre dans la mesure où il s’agit de son premier essai biographique et de la première biographie en langue allemande dédiée au poète français. Après avoir reconstitué la genèse de ce texte, nous le replaçons dans le contexte plus large de la réception du symbolisme français et de Verlaine en Allemagne et en Autriche, pour montrer d’abord ce qu’il doit à son époque. Il s’agit ensuite d’en analyser les particularités stylistiques et narratives, marquées par une démarche psychologisante et déterministe, et de suggérer enfin, à partir d’une comparaison avec le texte d’introduction aux œuvres complètes de Verlaine, Paul Verlaines Lebensbild (1922), comment les évolutions dessinent le portrait d’un anti-démon. Zweigs zwiespältiges Porträt Paul Verlaines (1905) hat bis jetzt relativ wenig Beachtung gefunden, was umso mehr erstaunt, als es sich sowohl um dessen allererste Dichterbiografie als auch überhaupt um die erste deutschsprachige Monographie über diesen französischen Lyriker handelt. Vor der Folie der Rezeption Verlaines und des französischen Symbolismus in Österreich und Deutschland soll erstens aufgezeigt werden, was Zweigs Essay seiner Zeit schuldet. Die thematische Struktur und der von psychologisierenden und deterministischen Argumenten gekennzeichnete Ansatz soll dann anhand einiger konkreter Beispiele analysiert werden. Zum Schluss sollen die Akzentverlagerungen zwischen dem frühen Essay und dem späteren Einleitungstext zur zweibändigen Verlaine-Ausgabe (Paul Verlaines Lebensbild, 1922) im Sinne einer Definition des antidämonischen Künstlers nachgezeichnet und ausgelegt werden. Zweig’s book full of contrasts on Verlaine (1905) has so far attracted little attention, which may be surprising since it is his first biographical essay and the first German-language biography dedicated to the French poet. After reconstructing the genesis of this text, we will place it in the broader context of the reception of French symbolism and Verlaine in Germany and Austria, to show first what he owes to his time. We will then analyse its stylistic and narrative particularities, marked by a psychologising and deterministic approach, and finally suggest, on the basis of a comparison with the introductory text to Verlaine’s complete works, Paul Verlaines Lebensbild (1922), how the evolutions draw the portrait of an anti-daemon.

Étiquettes : « petite revue » et « jeune critique » La « petite revue » est d’abord un phénomène médiatique, un fait remarquable dans l’histoire de la presse. Entre 1880 et 1914, on recense plus de trois cents titres qui se créent et disparaissent à un rythme si soutenu et dans un désordre si enthousiaste qu’Ernest Raynaud se souvient en ces termes des vingt dernières années du siècle : Vers 1885, une violente effervescence se produisit dans le monde des lettres. […] Les nouveaux venus, trop ...

D’excellentes études ont montré comment les rois de France mettaient en scène la monarchie, supervisaient les représentations de leur règne, à travers la construction du décor de la vie de cour (par exemple les campagnes successives d’aménagement de Versailles décrites par Gérard Sabatier dans Versailles ou la figure du roi). On dispose aujourd’hui d’une bonne description des règles de « l’État-théâtre » dont parle Peter Burke dans l’introduction de Louis XIV ou les stratégies de la gloire ou...

« Dieu ! qu’c’est beau ! j’vois le Roi !– Moi aussi !– Et moi je ne vois rien. »(Coupart, Jacquelin et Overnay,L’Entrée à Reims, 1825). L’entrée royale ou impériale, dont la tradition, bien attestée dans les textes classiques, remonte à l’Antiquité, constitue jusqu’au XVIIe siècle une cérémonie importante dans le système des fêtes de souveraineté : l’entrée spectaculaire et ritualisée du roi ou de l’empereur dans une cité met en scène le pouvoir qu’il représente, et marque sa mainmise symboli...

Pour comprendre l’effort collectif que représente la jeune critique, il faut avoir tout cela à l’esprit : les jeunes fondent en effet les principes de leur pratique sur un positionnement au sein de cette crise. Marie Carbonnel montre parfaitement, dans son article sur Camille Mauclair*, que sa démarche répond à l’ambition, dans ce contexte de crise, de rénover la critique et lui « restituer une aura perdue ». Cette ambition est celle de toute la fin du siècle, mais les enjeux différents selon...

Que la critique soit une discipline en crise est un lieu commun tant diffusé que sa formulation semble une condition de son exercice. En 1882, Elme-Marie Caro dresse dans la Revue des deux mondes un synthétique bilan des « Causes de son affaiblissement » qui permet d’avoir une idée de l’ensemble des points par lesquels passe systématiquement la déploration. À l’image de tous ses contemporains, Caro est pénétré de la conviction qu’on a quitté un « âge d’or de la critique » que des figures quas...

En conséquence, la construction de l’ethos du jeune critique se fait sur la combinaison de deux qualités : la solidarité et la sincérité. Si l’on met de côté les progrès de son évolution, dès les origines, la petite revue se donne à lire comme le produit d’un jeu de solidarités. Elle fonde son existence sur la combinaison de divers vecteurs de fédération : elle est une émanation des indépendants, des jeunes, des cénacles, des originaux, des méconnus… La critique qui s’y développe et la postur...

Les vingt dernières années du siècle apparaissent à la fois comme une ère pan-littéraire et pré-apocalyptique. Ce double visage, doré et crépusculaire, est le reflet de modifications profondes qui se jouent, depuis le milieu du siècle, bien entendu, mais surtout de la façon dont, « tout change, ou presque, avec l’instauration de la Troisième République ». La démocratisation, l’industrialisation et la médiatisation de la chose écrite prennent un tour très particulier à partir des années 1880 e...

Questions d’autonomie : ressassement de la question de l’art social La période se donne à lire comme une reconquête de l’action et se plonge dans un ressassement périodique de la confrontation entre art pour l’art et art social. Ce ressassement polémique, qui donne lieu à des affrontements violents et tranchés, à des revirements complets de certains, doit être envisagé avec une certaine hauteur. Pour en comprendre les enjeux, il faut assurément se départir de la micro-chronologie, des traject...

Appropriation de la périodicité Ainsi que nous l’indiquent les exemples du moment Huret et du manifeste Moréas, plus encore, peut-être, que l’appropriation des potentialités sensationnelles des médias, s’impose, aux temps symbolistes de l’originalité, celle de la périodicité. Si, en outre, l’artiste est celui qui remet en cause sans cesse les lieux communs institués et les façons de sentir, s’il est un déstabilisateur permanent de l’histoire, la critique doit inventer des formes à même de ren...

Ramené dans « les fourgons de l’étranger » et traîné derrière les chevaux du tsar et du roi de Prusse, le pouvoir de Louis XVIII s’exposait en 1814 au péril d’une illégitimité multiple – patriotique, politique et affective – après l’épopée européenne de Napoléon Ier, porteuse de souffrance et de violence, mais également synonyme glorieux d’un lyrisme national. Le roi, podagre et goutteux, qui rentre dans Paris en mai 1814 à la faveur de la défaite et de l’invasion du pays ne doit pas seulemen...

« Henri IV avec un parapluie », tel est le portrait de Louis-Philippe que croquent les Concourt : certes, on le sait, les frères ont souvent la dent dure, mais aussi l’œil perçant, et ils ont ici parfaitement saisi la volonté de Louis-Philippe de s’inscrire dans une tradition historique – dont témoigne la création du Musée historique de Versailles, inauguré en 1837 – celle du bon roi Henri IV, afin de se défendre contre les accusations d’illégitimité, contre le légitime légitimiste Henri V ! ...

L’Entrée royale ne peut guère s’inscrire dans une histoire écrite selon une perspective démocratique que comme un mauvais objet. Elle constitue un élément central de la fondation symbolique du pouvoir royal. En tant que rite, elle possède un caractère performatif : elle ne représente pas seulement l’organisation hiérarchique de la société monarchique autour de la personne unique du roi, mais elle la réalise, par l’incorporation de la communauté urbaine au corps du monarque. Les récits d’Entré...

Mettre en scène une entrée royale, c’est interroger, au XIXe siècle comme sous l’Ancien Régime, la sémiologie du pouvoir politique et plus particulièrement la puissance symbolique attachée à la personne du souverain. Question nodale chez Stendhal, auteur à la « curiosité politique » singulièrement aiguisée, de son propre aveu, et qui n’a cessé d’analyser les rouages politiques d’une modernité en train de s’instaurer. Le statut de la figure royale sous la Restauration l’a tout particulièrement...

D’une certaine manière, la crise de la critique et la crise de la littérature sont indissociables et trouvent leur cause commune dans l’évolution des médias. On n’a peut-être pas assez mis en valeur cette conjonction de l’angoisse de la disparition événementielle de la littérature et de la déploration de la disparition médiatique du grand critique. Le texte d’Elme-Marie Caro nous laisse pourtant sentir avec force que les destinées du poète et du critique suivent une même trajectoire : ils éch...

L’intolérance n’est pas le domaine réservé des grands pamphlétaires et de leurs rejetons de la jeune critique. Dans l’ensemble, la critique de presse est une critique de jugement, et de jugement souvent sans appel. Les déplorations récurrentes de la « veulerie » généralisée, l’idée qu’il y a une originalité et un courage particulier à dire les choses sans détour ne rendent pas compte de l’ensemble de la pratique critique. Dans son article intitulé « Des critiques et de la critique », Bernard ...

Dire que la jeune critique innove radicalement en matière de formes journalistiques serait une erreur. Au plan des genres et des techniques générales, la jeune critique n’apporte rien de décisivement neuf, plutôt elle innove en ce qu’elle est l’appropriation du périodique par l’avant-garde littéraire qui s’en tenait éloignée comme de la peste ou s’en approchait le nez bouché. Marie-Ève Thérenty a établi, dans son ouvrage intitulé Mosaïques, être écrivain entre presse et roman, un parfait brév...

Je pense qu’on a voulu, par cette fable, donner l’image du philosophe et insinuer qu’il est pareil à un arbre qui serait chargé d’opinions autant que de feuilles. Mais les feuilles tombent, quand la saison l’exige, et sur celles qui reviennent, et qui ont l’air toutes pareilles, se gravent de nouvelles écritures. Il faut lire les feuilles, chaque année, jusqu’à la mort de l’arbre, si l’on veut comprendre le secret de sa philosophie. Remy de Gourmont* place cette réflexion en tête de ses Épilo...

Parmi toutes les fêtes de souveraineté dont le XIXe siècle hérite pour les reconfigurer, l’importance et la longévité du rituel de l’entrée royale et impériale ont quelque chose de surprenant : pourquoi ce réinvestissement intensif d’une cérémonie tombée en désuétude dès le règne de Louis XIV, et symboliquement invalidée par l’épiphanie révolutionnaire de la Nation que marque la fête de la Fédération en juillet 1790 ? Si le souci de rétablir une continuité dynastique peut expliquer le rôle pr...

C’était ici le renouvellement de la monarchie ; on la pouvait recommencer avec la liberté et la religion : malheureusement on aimait peu la liberté ; encore si l’on avait eu du moins le goût de la gloire !Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, à propos du sacre de Charles X à Reims, livre XXVIII, ch. 5. Je trouve virtuellement dans la religion chrétienne la base du sublime et du plus noble, et ses divers phénomènes dans la vie ne me semblent si inspirés et si signifiants que parce qu’ils sont...

La figure de l’écrivain, telle qu’elle se dessine aux temps symbolistes n’est pas entièrement annexée à celle du poète mais se complète de celle du critique. Le critique et l’artiste sont inséparables et distincts en tout, ou presque. Inséparables parce qu’ils sont la même personne physique, distincts en tout parce qu’ils sont deux emplois de la parole irréductibles l’un à l’autre. Il semble même que la façon dont le critique et le poète se confondent et s’excluent pour définir la figure de l...

Entre novembre 1886 et décembre 1888, Teodor de Wyzewa* tient la chronique des « Livres » à la Revue indépendante. Il y observe les productions du jour, déplorant périodiquement la surproduction stérile, proclamant la mort de la littérature, convaincu que ceci, le journal, tuera cela, le livre. Sous les traits d’un double engueulant nommé Scipione Beccafumi, il se fait « historiographe de la littérature agonisante », lisant et causant de livres par une habitude désuète. Cependant, de façon as...

Les monarchies du XIXe siècle, en mal de légitimité politique, ont tenté d’user à leur profit du modèle de l’Entrée royale. Mais cette revisitation d’une pratique issue d’un lointain passé relève souvent du bricolage, tel que sa solidité symbolique et idéologique paraît bien relative. Un exemple frappant nous en a été fourni ici même par Olivier Bara, étudiant les « gratis » donnés par les théâtres à l’occasion des grandes festivités officielles de la Restauration, et notamment du sacre de Ch...

La fixation de l’éthique médiatique selon laquelle les forces symbolistes se fédèrent se situe aux alentours de 1890. Toutefois, la voie spécifique de médiatisation qui s’engage ne doit pas simplement être comprise comme une rupture avec les mœurs de la grande presse. Le court programme de La Revue indépendante montre dès 1886 le chemin à suivre : La Revue indépendante demeurera fidèle à son programme : une publication consacrée à l’Art sous toutes ses formes. La constante préoccupation de ce...

Tout converge donc à faire de la critique le moyen d’une action et d’une influence. Entre 1890 et 1900, l’action et l’influence entrent en jeu de façon obsessionnelle dans les débats littéraires pour définir la fonction de l’écrivain et la place de la littérature. Et dès le début des années 1890, on s’applique à mettre en cause le système des valeurs symbolistes précisément sur ces questions. La contestation est double : on attaque les représentations de l’écrivain, on rejette la conception d...

Assez inévitablement dans un travail sur la critique, se pose la question du statut du genre : quelle est la nature de sa littérarité ? de quelle création s’agit-il ? quel travail sur la langue met-il en œuvre ? Nous ne saurions nous soustraire à l’exercice, d’autant que l’analyse des rapports entre art et critique nous transporte, spécialement aux temps symbolistes, au cœur des débats qui animent la jeunesse intellectuelle de la fin du siècle. Pour Micéala Symington, « la fin du xixe siècle ...

Triomphe d’histrions La cérémonie du triomphe constitue l’un des moments privilégiés des romans antiquisants de la fin du XIXe siècle. Semblable constatation pourrait surprendre, appliquée à une littérature préférant le déclin à l’apogée, si l’on n’ajoutait aussitôt que le triomphe y est aussi fréquent que perverti. Autant dire que c’est par les multiples distorsions qui lui sont infligées que ce rituel survit dans les textes. Le constat ne s’applique d’ailleurs pas exclusivement à la prose. ...

La Restauration marque la paradoxale résurrection du rituel de l’entrée royale cérémonie spectaculaire qui met en scène le pouvoir représenté par le souverain, et témoigne de sa mainmise symbolique sur le territoire dont sa propre personne incarne l’unité politique. Jusqu’aux débuts de la Troisième République, cette traditionnelle cérémonie du pouvoir connaît maints réinvestissements symptomatiques. Parallèlement, en ce siècle des révolutions, l’historiographie, la littérature, l’iconographie manifestent un intérêt tout particulier pour l’entrée royale ; en effet, ce dispositif complexe offre un modèle particulièrement efficace lorsqu’on s’interroge sur les modes de production de la légitimité politique. L’entrée royale, à la fois événement et récit, acte et paroles, construit une fiction du pouvoir : elle constitue un excellent point d’optique pour analyser le fonctionnement symbolique des fêtes de souveraineté, les logiques rhétoriques et stratégiques qui la fondent, enfin ses conditions d’efficacité et ses possibilités d’adaptation - toutes questions essentielles en un siècle qui travaille à une refondation symbolique prenant acte des effets de la Révolution.

En France et Allemagne, le XIXe siècle a vu naître plusieurs expériences impériales, et les débats politiques qui ont accompagné ces expériences ont eu d’importantes répercussions sur les travaux des historiens de l’Antiquité. Ceux-ci ont en effet cherché dans les tentatives impériales antiques des modèles ou des contre-modèles susceptibles de fournir à leurs contemporains des éléments de comparaison ou des références dont on ne pouvait remettre en question la valeur. Il est vrai qu’entre le ...

Pierre Bourdieu écrit, très synthétiquement, dans les Règles de l’art : Les manifestations et les manifestes de tous ceux qui, depuis le début du siècle, s’efforcent d’imposer un nouveau régime artistique, désigné par un concept en –isme, témoignent que la révolution tend à s’imposer comme le modèle de l’accès à l’existence dans le champ. Pour comprendre cette appréhension de la bataille littéraire sur le mode de la révolution, il faut certainement prendre aussi en compte, outre les héritages...

Depuis quelques années, Loti fait l’objet d’une salutaire réévaluation. Rappelons que Segalen, dans les notes de son Essai sur l’exotisme, rangeait son aîné dans la catégorie des « Proxénètes de la Sensation du Divers ». De manière moins agressive, mais non moins critique, Edward Saïd, dans son célèbre essai L’Orientalisme, réduisait Loti à un auteur de « romans exotiques ». Les travaux d’Alain Busine et d’Alain Quella-Villéger, notamment, ont fait justice de cette image simplificatrice. On v...

L’entrée royale ou impériale constitue-t-elle au XIXe siècle un anachronisme, une cérémonie surannée à renvoyer au rang des pompes défuntes d’un Ancien régime révolu ? Bien des indices tendraient à le prouver – en particulier l’impuissance d’une figure dynastique tutélaire, comme Henri IV, à ressusciter l’efficace du signe et l’aura de la personne royale. L’auguste référence, mobilisée sous la Restauration par la peinture, la gravure, la statuaire et les pièces de circonstance, ne parvient qu...

À prendre la critique pour le levier d’une révolution, à exploiter les potentialités promotionnelles et efficaces du périodique, à accepter d’utiliser les armes de ses adversaires pour le nier et pour s’affirmer, le personnel des jeunes revues s’expose au ridicule. La volonté farouche d’inscrire un projet de rénovation dans l’actualité au moyen d’un coup de force génère dans la grande presse (et dans la petite) une réaction. Le risque est, en fin de compte, d’arriver au résultat inverse : plu...

Confusion, hiérarchie, distinction des emplois Le personnel critique des revues est dans l’ensemble constitué de jeunes gens qui ne se définissent pas d’abord comme revuistes mais comme écrivains. Poètes, romanciers, dramaturges, rares sont ceux qui, comme Lucien Muhlfeld ou Charles Maurras*, sont d’abord des commentateurs. Beaucoup trouvent dans l’activité critique un prolongement naturel, ou nécessaire, de leur travail de création. D’abord, de fait, et cela n’a rien de très neuf, les deux e...

Using a posthumous illustrated 1910 edition of The French Revolution by Thomas Carlyle, a deeply personal and heavily inflected history that was first published in 1837, the article considers the contributions to that history of the graphic artist E. J. Sullivan. The visual imagery contained within the two volumes of the history book reveals the artist to be someone of independent spirit with his own creative contributions to make to certain issues raised by Carlyle, particularly those of court corruption and of mob violence during The Terror. Sullivan’s use of symbols echoes something of Carlyle’s approach to the writing of history with further layers of interpretation and reception arising from the political, social and artistic contexts of England in 1910. Here the pictures are, furthermore, not subservient to the text for the reader/viewer is not merely being invited to consider the appropriateness of what has been depicted; rather I hope to show further how the experience of history can accrue performatively as well as over time. En étudiant l’édition posthume illustrée de 1910 de l’ouvrage de Thomas Carlyle, The French Revolution, une histoire très personnelle et fortement orientée qui fut publiée pour la première fois en 1837, cet article juge la contribution à cette histoire de l’artiste graphique E. J. Sullivan. L’imagerie visuelle qui se trouve dans les deux volumes de ce livre d’histoire montre que l’artiste est un individu avec une indépendance certaine et qui, par ses créations, contribue en propre à différents problèmes présentés par Carlyle, en particulier ceux concernant la corruption de la cour et la violence des émeutes durant la Terreur. Les symboles employés par Sullivan font écho, d’une certaine manière, à l’approche de l’écriture de l’histoire de Carlyle, avec plusieurs niveaux d’accueil et d’interprétation liés aux contextes politique, social et artistique de l’Angleterre de 1910. Par ailleurs, ici, les illustrations ne sont pas inféodées au texte, car le lecteur/spectateur n’est pas juste invité à juger de la justesse de ce qui est dépeint ; au-delà de cela, j’espère montrer comment l’expérience de l’histoire peut être renforcée performativement autant qu’avec le temps.

La postérité n’a pas été tendre pour Edmond Picard (1836-1924), figure essentielle de l’histoire littéraire et artistique fin de siècle, que les spécialistes du symbolisme et de l’art nouveau croisent systématiquement sur le chemin de leurs artistes de prédilection sans oser toucher de trop près cette figure problématique, au parcours hétéroclite. « Avocat et homme politique, mécène, collectionneur, écrivain et animateur de la vie culturelle », aux productions d’une médiocrité honnête, rongé ...

[ES] Se presenta el análisis de un conjunto de soportes grabados localizados en la cuenca del río de las Tunas en el centro de Mendoza, mediante la descripción de sus aspectos formales, el análisis de su distribución espacial y las relaciones entre ellos y con el contexto ambiental. Estos se distribuyen en un eje lineal de circulación que conecta dos sectores ambientales contrapuestos, la cordillera y la planicie. Se reconoce un patrón basado en una concepción binaria del entorno, donde los soportes grabados se encuentran estrechamente ligados a las rutas de tránsito microrregionales en dirección oeste-este y viceversa. Los grabados reflejarían aspectos materiales-económicos y cognitivos-mentales en términos de estructuración y organización simbólica del paisaje., [FR] Nous présentons l’analyse d’un ensemble de supports gravés en décrivant leurs aspects formels (type de représentations, fréquence), l’analyse de la distribution spatiale des roches dans la région et les relations entre elles et l´environnement. Elles sont réparties dans un axe linéaire de circulation qui relie des secteurs environnementaux opposés, la chaîne de montagnes à l’ouest et la plaine à l’est. On peut reconnaître un modèle basé sur une conception binaire de l’environnement, où les supports sont étroitement liés aux voies de transit micro-régionales dans la direction ouest-est et inversement. En ce sens, on pense que les gravures reflètent des aspects matériels, économiques et cognitif-mentaux en termes de structuration et d’organisation symbolique du paysage., [EN] The analysis of a set of rock engravings is presented by describing their formal aspects, the analysis of its spatial distribution in the area and the relationships between them and the environmental context. These rocks are distributed in a linear axis of circulation that connects two opposing environmental sectors, the mountain and the plain. A pattern based on a binary conception of the environment is recognized, where the carvings are closely linked to the micro-regional transit routes in the west-east direction and vice versa. In this sense, we propose that the rock engravings reflect material-economic and cognitive-mental aspects the culture and its structuring and symbolic organization of the landscape.