Thanks to a pioneering analysis proposed by Jane E. Harrison (Themis, 1912), initiation rites, as an interpretative category, emerged in the field of Greek studies at the beginning of the 20th century. Despite a difficult start, the initiatory interpretation had an exceptional historiographical fate ; it reached its peak in the late 70s and early 90s and permitted to make sense to ritual and discursive greek practices that previously were constantly questioning historians (Attic arkteia or flogging Spartan youths, for example). Since the beginning of the 90s, however, critical analysis have emerged, here and there, that highlight several problems created by the use of initiation rites to interprate Greek worship and discursive practices : conceptual approximation ; metaphorical characteristic ; a loose use of the ancient chronology ; etc.This work seeks to extend and systematize these scattered critical analysis to produce a historiographical analysis of the use of anthropological category of initiation rites in the field of Greek studies. Borrowed from a neighboring discipline, this category has indeed circulated widely in the Greek historiography, undergoing various transformations according to social and intellectual contexts. In a perspective of reflexive historical anthropology, and relying on the notion of historiographical operation, developed by Michel de Certeau and Paul Ricoeur, the first part of this work seeks to uncover the methodological and epistemological prerequisites that enabled the reception, in the field of Greek studies, of this category born in anthropology (chap. 1). The chapter 2 questions the epistemological nature of this category. The second part analyzes what might be called the construction of a Greek avatar of initiation. After an examination of the use and shaping of this category in Greek studies (chap. 3), this thesis highlights the lack of materiality that characterizes the Greek version of the candidate for initiation, largely dependent on the metaphorical model of the black hunter developed by Pierre Vidal‑Naquet (chap. 4). In the third part, this thesis tries to put to the test this Greek version of the initiation by confronting it with various analytical prisms such as time, gender or space (chap. 5, 6 and 7). It is therefore proposed potential new interpretive trails for those youth cultural practices that historiography has often qualified as initiatory., Les rites d'initiation, en tant que catégorie interprétative, ont fait leur véritable apparition dans les études grecques il y a maintenant plus d'un siècle, grâce à une analyse pionnière proposée par Jane E. Harrison (Themis, 1912). Malgré des débuts difficiles, l'interprétation initiatique a connu un destin historiographique des plus remarquables, permettant de donner un sens à des pratiques rituelles et discursives grecques qui jusque là ne cessaient de questionner les historiens (arkteia attique ou encore flagellation des éphèbes spartiates, par exemple). Atteignant son apogée entre la fin des années 70 et le début des années 90, certains historiens ont même été jusqu'à dire de cette catégorie qu'elle constituait un véritable paradigme en histoire des religions anciennes. Depuis le début de la décennie 90 cependant, émergent çà et là des analyses critiques qui pointent certaines apories de l'interprétation initiatique des pratiques cultuelles et discursives grecques : une certaine approximation conceptuelle ; un caractère largement métaphorique ; une utilisation lâche de la chronologie antique ; etc.Ce travail de thèse cherche à prolonger et à systématiser ces critiques éparses afin de produire une analyse historiographique critique de l'utilisation de la catégorie anthropologique des rites d'initiation dans le champ des études grecques. Empruntée à une discipline voisine, cette catégorie a en effet par la suite beaucoup circulé au sein de l'historiographie grecque, subissant différentes transformations en fonction des contextes sociaux et intellectuels, des “modes”, mais aussi des enjeux de pouvoir. Dans une perspective d'anthropologie historique réflexive, et en prenant appui sur la notion d'opération historiographique développée par Michel de Certeau et Paul Ricœur, la première partie de ce travail cherche à mettre au jour les préalables méthodologiques et épistémologiques qui ont permis l'accueil, dans le champ des études grecques, d'une catégorie née au sein de l'anthropologie (chap. 1) et interroge la nature épistémologique de celle‑ci (chap. 2). La deuxième partie analyse ce qu'il convient d'appeler la construction historienne d'un avatar grec de l'initiation. Après un examen de l'utilisation et du façonnage de cette catégorie dans les études grecques (chap. 3), cette thèse met en évidence le manque de matérialité qui caractérise la version grecque du candidat à l'initiation, largement dépendante du modèle métaphorique du chasseur noir élaboré par Pierre Vidal‑Naquet (chap. 4). Dans une troisième partie, ce travail de thèse tente d'éprouver cette version grecque de l'initiation en la confrontant à divers prismes d'analyse tels que le temps, le genre ou l'espace (chap. 5, 6 et 7). Il s'agit alors de proposer, en ouverture, diverses nouvelles possibles pistes d'interprétation pour ces pratiques cultuelles juvéniles que l'historiographie a souvent qualifiées d'initiatiques.