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Introduction Les carrières scolaires, envisagées comme des processus dans lesquels les familles et les élèves peuvent choisir telle ou telle possibilité dans les bifurcations qui se présentent à chaque palier de la scolarité, sont encore peu connues (Masson, 2012). Les placements scolaires à l’entrée d’un cursus d’enseignement sont l’objet de nombreuses recherches depuis les années 1970. Cela s’explique notamment au regard de l’engagement que représente le choix initial du collège pour les fa...

Introduction Tel qu’on le connaît aujourd’hui, le système éducatif québécois est le fruit des réformes successives, mais surtout de celle mise en œuvre au milieu des 1960 à la suite du rapport final de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement, communément connu sous le nom de Commission Parent (du nom de son président, Monseigneur Alphonse-Marie Parent). En ce qui concerne l’enseignement supérieur, la mesure principale et originale mise en place est la création d’un système à deux p...

Introduction Le développement du secteur des services à la personne depuis le début des années 90 avec la mise en place des réductions d’impôts, relayé par la suite par de nombreuses mesures visant à doper la demande (plan de développement des services à la personne en 2005, mise en place de l’APA en 2001, des crédits d’impôt en 2007, exonérations de charges sociales…) a donné lieu à de multiples analyses et études sur une mise en perspectives de ces services : il a été noté l’important gisem...

Introduction Nous rendons compte ici des premiers résultats d’un travail d’enquête qui associe géographie et sociologie et qui vise à analyser ce qui se joue, une génération après la réunification, au sein des sociétés locales est et ouest‐allemandes, en interrogeant les expériences quotidiennes (rapport au travail, organisation de la vie familiale, mobilités, réseaux relationnels) d’acteurs et d’actrices ordinaires. Plus précisément, nous enquêtons depuis 2020 dans deux villages d’environ 45...

Introduction Créé dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013, le campus des métiers et des qualifications (CMQ) est un label qui, selon la définition du ministère de l’Éducation nationale, « permet d'identifier, sur un territoire donné, un réseau d'acteurs qui interviennent en partenariat pour développer une large gamme de formations professionnelles, technologiques et générales, relevant de l'enseignement second...

Introduction La persistance d’un taux de chômage élevé en France dans les années 80 a conduit les pouvoirs publics à développer, sous l’égide d’organisations internationales telles que l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), des politiques d’activation des demandeurs d’emploi (Ehrel, 2014). S’appuyant sur une logique plus individuelle et mettant l’action du demandeur d’emploi au centre de sa sortie du chômage, les dispositifs d’accompagnement se sont progress...

Introduction L’accès à l’emploi s’affirme comme maitre-mot des politiques d’insertion, notamment dans le cadre de la loi de 2008 relative au revenu de solidarité actif ou RSA (Gomel, Méda 2014). La configuration « activationnelle » de la loi, qui fait de l’insertion un état transitoire, un « sas » (Soulet, 2012) entre situation de non-emploi et situation d’emploi, implique que les allocataires soient accompagnés pour (re)trouver un revenu assez important et pérenne leur permettant ne plus avo...

Introduction Identifiés par un critère unique, celui du revenu des habitants, les quartiers prioritaires de la ville (QPV) sont par définition occupés par une population économiquement défavorisée, dont le taux de pauvreté est en 2019 trois fois plus élevé que sur l’ensemble du territoire (43,3 % contre 14,5 %) (ONPV, 2021). Cette population est également plus jeune. En 2016, la part des moins de 25 ans est de 39 %, quand elle est de 30 % en France métropolitaine (Observatoire des territoires...

Introduction Cette présentation s’appuie sur un doctorat en cours, mené en interdisciplinarité entre les sciences de l’éducation et les sciences de gestion, tout en interrogeant le constat en termes de justice sociale par la sociologie, les trajectoires par la psychologie de l’orientation et les politiques publiques par les sciences politiques. L’étude questionne les dispositifs d’accompagnement à l’orientation dans des territoires en éducation prioritaire. Le terrain d’enquête porte sur deux...

Introduction La question de l’insertion des jeunes dans le marché du travail a fait l’objet de nombreuses études ; elles ont permis de mettre en évidence la difficulté de passage des études à l’emploi, la « vulnérabilité » des jeunes en tant que catégorie particulièrement exposée au risque du chômage, leur « employabilité » dont le prix à payer est la précarité, les inégalités auxquelles ils font face, parmi lesquelles le niveau de formation n’est pas la moindre (Meron & Minni, 1995 ; Rose, 1...

Introduction La mobilité est considérée – en particulier par les adultes des classes sociales supérieures et les institutions – comme un impératif, une obligation, notamment dans une logique d’ascension sociale. Les grandes villes offriraient des formations plus diversifiées et permettraient d’aspirer à de meilleures conditions professionnelles, ressources indisponibles sur les territoires ruraux. Pourtant, une partie des jeunes s’inscrit en faux par rapport à cette norme des mobilités intert...

Introduction Nous allons mettre en lumière ici un contexte particulier, celui des territoires isolés des communes de l’intérieur de la Guyane. Nous interrogerons d’ailleurs cette idée d’« intérieur » au regard des réalités géographiques et socioculturelles locales. L’objectif sera d’interroger les parcours des jeunes ayant grandi dans ces territoires mais aussi de questionner les actions mises en œuvre pour répondre aux nombreuses problématiques qui les concernent. Nous verrons ainsi en quoi ...

Introduction En 2021, les élèves de terminale inauguraient le baccalauréat par spécialité. Cette réforme du lycée, introduite en 2018, impose aux lycéens de choisir trois enseignements de spécialité (EDS) parmi 18 à la fin de la seconde. En classe de terminale, ils ne se consacrent plus qu’à deux EDS pendant 44 % du temps de cours, le reste étant dédié à des enseignements de tronc commun. Les profils des bacheliers se diversifient : dans sa version précédente, le baccalauréat orientait les él...

Introduction La crise sanitaire a rendu plus visible les aspirations de certains salariés à changer d’emploi pour améliorer leurs conditions de travail (Amossé et al., 2021 ; Coutrot, 2022). Si ces questions ont été réactivées, elles se posaient déjà avant 2020 (Melnik-Olive & Stephanus, 2019 ; Stephanus & Vero, 2022). Les tendances récentes attestent d’une nette montée des démissions (Dares, 2022) mais tous les salariés ne sont pas sur un pied d’égalité face aux opportunités de mobilités. Le...

Introduction Face aux mutations technologiques et sociétales qui modifient l’organisation, le contenu du travail et de l’emploi, le niveau d'études de deuxième cycle du secondaire s’avère une qualification minimale. Pour autant, en 2015, plus du quart de la population de l’Union européenne âgée de 25 à 64 ans était recensée avec, au plus, une qualification de premier cycle. En regard, le conseil européen recommandait en 2016 aux États membres « d’offrir aux adultes ayant un faible niveau de s...

Introduction Disons-le d’emblée : construire une formation dans le domaine de la bioéconomie relève d’une co-construction à laquelle participent des entreprises, des établissements d’enseignement et des acteurs du territoire. Les formations sont, par cela, des espaces d’affrontement et de tension entre logiques académiques, économiques et politiques. Leur élaboration dépend de « négociations » (Möbus et Verdier, 1999) ; et celles-ci sont, a priori, plus intenses lorsque la formation concerne ...

Chaque année depuis 1994, les journées du longitudinal (JDL) constituent un temps fort de la vie scientifique du Céreq. Elles sont co-organisées par le Céreq et un des centres associés de son réseau implantés dans des laboratoires ou des unités de recherche. C’est le centre associé de Caen ESO (UMR Espaces et Sociétés) qui accueille les XXVIIIèmes journées. Elles sont l’occasion d’échanges autour de la relation formation-emploi à travers des méthodes longitudinales quantitatives et qualitatives. Le thème choisi, « territoire et parcours », illustre l’analyse des rapports entre société et espace qui mobilise les géographes dans un contexte interdisciplinaire. Le territoire est marqué par une importante variété de contextes économiques, sociaux, productifs, démographiques, etc. Leur combinaison produit des disparités territoriales dont la prise en compte favorise la production de connaissances nouvelles. Les XXVIIIèmes journées sont l’occasion de s’interroger sur la façon dont l’analyse longitudinale de la relation formation emploi au cœur des JDL peut s’enrichir de l’introduction d’une dimension spatiale.

Introduction Le plan d’investissement dans les compétences (PIC), lancé en 2018, vise à construire une politique de l’emploi et de la formation professionnelle ambitieuse, par la formation des personnes éloignées de l’emploi et par la transformation du système de formation professionnelle. Entre autres mesures, il se décline en pactes régionaux d’investissement dans les compétences (PRIC), donnant aux Régions la possibilité d’impulser des expérimentations sur leur territoire par l’intermédiai...

Introduction Nous présentons une recherche doctorale juste débutée dont le financement est pris en charge par le programme ACCES (ACCompagner vers l’Enseignement Supérieur). ACCES, porté par les universités de Bordeaux, de Bordeaux-Montaigne et de Pau et des Pays de l’Adour, est lauréat du troisième Plan d’investissement d’avenir. Le programme questionne le paradoxe aquitain selon lequel le taux de réussite au bac de ses élèves est au-dessus de la moyenne nationale, mais son taux d’inscriptio...

Introduction Le lycée professionnel (LP) représente aujourd’hui un enjeu politique mis sur le devant de la scène lors des dernières élections présidentielles. Chaque acteur souhaite contribuer au bon fonctionnement de cette institution afin qu’elle devienne plus efficace en matière d’insertion professionnelle des jeunes. En effet, le financement des LP est très onéreux pour des résultats mitigés : l’insertion professionnelle des sortants de LP n’est que de 37 % au bout de six mois (Fauchon & ...

Il est intéressant de constater que le travail de recodage de l’ensemble de la base communiquée par l’ANRT a permis de confirmer la progression de la part des SHS dans le dispositif Cifre, tout en précisant un certain nombre de phénomènes. Si la part des SHS est moindre que celle annoncée par les services de l’ANRT, la raison en est qu’un certain nombre de projets de thèse recensés relèvent en fait d’autres disciplines telle l’informatique. Néanmoins, les sciences humaines et sociales représe...

Dispositif phare de la recherche partenariale, la Convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) permet à un acteur socio-économique de bénéficier d’un financement pour recruter un doctorant dont les recherches, encadrées par un laboratoire public, conduiront à la soutenance d’une thèse. Elle permet en outre d’offrir aux futurs docteurs de nouvelles possibilités d’accéder à un emploi hors de la sphère académique. Restées pendant longtemps à la marge de cet instrument initialement conçu pour favoriser les collaborations science-industrie, les sciences humaines et sociales représentent aujourd’hui annuellement plus de 20% des thèses Cifre, dont le périmètre s’est élargi à l’ensemble des secteurs d’activité. L’ambition de cet ouvrage est de proposer une analyse étayée du dispositif actuel, du point de vue spécifique des sciences humaines et sociales, afin d’en montrer les avantages et de faire mieux apprécier cette modalité de financement de la recherche encore méconnue de certains, à l’heure où les transitions (énergétique, numérique écologique, sociale) appellent des coopérations nouvelles entre toutes les sciences et l’ensemble des acteurs de la société.

La convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) est un dispositif créé en 1981 par le ministre chargé de la recherche pour encourager les collaborations science/industrie et améliorer l’employabilité des doctorants. À cette époque, les orientations politiques s’affirment pour connecter plus étroitement les sphères scientifiques et industrielles. Dans une allocution du 1er octobre 1980 sur les perspectives de la recherche française, Pierre Aigrain, secrétaire d’État auprès du ...

Dispositif phare de la recherche partenariale, la convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) est un accord contractuel permettant à un acteur socio-économique (entreprise, association, collectivité territoriale) de bénéficier d'une aide financière pour recruter un doctorant dont les travaux scientifiques, encadrés par un laboratoire public de recherche, conduiront à la soutenance d'une thèse. Fondé sur l’idée d’un apport réciproque entre le monde académique et le secteur ma...

Pouvez-vous exposer la nature de vos relations avec les structures qui vous accueillent ? Doctorant 1: Je réalise ma thèse dans une association, la relation se construit dès le processus de recrutement. C’est un moment important pour comprendre les attentes des uns et des autres. Quand j’ai commencé ma thèse, j’ai eu l’impression que l’association dans laquelle je travaille avait des attentes énormes sur ce que devait apporter un doctorant Cifre. Pour elle, cette recherche présentait un enjeu...

Dans le cadre d’un partenariat avec l’alliance Athéna, l’ANRT a confié à celle-ci, en mai 2020, la base de données des thèses Cifre financées depuis 2007 en sciences humaines et sociales pour que soient apportés des éléments de contextualisation et de caractérisation de cette forme singulière de recherche. L’étude a concerné la période 2013-2020, pour laquelle les données étaient les plus fiables. Au total, 2 321 thèses ont été passées au crible. Pour chacune d’entre elles (à l’exception de q...

La dernière partie de ce livre donne la parole à un ensemble d’acteurs impliqués à divers titres dans le dispositif Cifre. Les propos recueillis ne livrent pas des thèses Cifre un tableau monochrome mais permettent au contraire d’en approcher la diversité. Expérience à part pour le doctorant comme pour la structure qui l’accueille, la thèse Cifre s’ancre par définition dans un lieu – entreprise, association, collectivité territoriale – et doit intégrer cette dimension contextuelle à une reche...

Françoise Thibault : Vous vous êtes beaucoup investie pour que les SHS profitent pleinement du dispositif Cifre ? Pouvez-vous me dire quelles en sont les raisons ? Clarisse Angelier : Le dispositif Cifre doit recouvrir toutes les sciences, et pas uniquement les sciences dites exactes, du vivant et de la matière. C’est un dispositif qui a été initié avec les entreprises du secteur manufacturier mais qui a progressivement élargi son périmètre pour y inclure les disciplines dites SHS. Le travail...

Comme son nom l’indique, la convention industrielle de formation par la recherche est historiquement destinée à favoriser les collaborations entre la science et l’industrie. Bernard Daugeras, co-fondateur du dispositif, écrit : « l’idée – gentiment perverse – qui a présidé à la création des conventions Cifre en 1981 était de “mettre le ver dans le fruit” en s’assurant qu’un certain nombre de cadres de l’industrie soient exposés à la recherche au moins une fois dans leur vie ». Au moment de la...

Alors que les Cifre sont expérimentées pour la première fois en 1981, il faut attendre 1987 pour que les sciences humaines et sociales soient éligibles au dispositif. Depuis les travaux de Louis Pasteur, initiateur de ce que Guillaume Carnino nomme « la science pure au service de l’industrie » , les partenariats entre chercheurs et industriels apparaissent bénéfiques pour l’avancée des sciences expérimentales comme pour les progrès techniques, mais il n’est pas d’exemple aussi fameux dans le ...

Thierry Gricourt, président fondateur de la société SocialDream, et Katarina Pavic, doctorante en convention dans l’entreprise, reviennent sur leur expérience commune de la Cifre pour montrer comment s’est construit le projet de thèse et illustrer la nature des relations possibles entre une recherche en SHS et ses applications concrètes dans le développement d’une technologie innovante. Pouvez-vous nous présenter cette thèse et la façon dont elle a été conçue ? A-t-elle un intérêt seulement p...

La Cifre est aussi un moyen parmi d’autres de financer une thèse. Une doctorante de l’EHESS raconte : « dans mon cas, la motivation a été assez simple dans le sens où j’aurais bien aimé me lancer dans un doctorat mais que je ne l’aurais jamais fait sans financement. Une fois perdue l’occasion de l’allocation de l’école doctorale, j’ai commencé à explorer un peu le panorama des possibles et je suis tombée sur la possibilité d’une Cifre autour de laquelle j’ai construit un premier projet pouvan...

Les nouvelles conditions d’éligibilité établies par l’ANRT en 2006 ont permis d’ouvrir des terrains d’étude et de définir de nouvelles problématiques de recherche contribuant à une meilleure intégration des SHS dans de nombreuses sphères d’activité de la société. Dans une communication sur « La recherche partenariale en SHS », l’ANRT souligne la diversité des demandes qui lui sont faites : « les SHS peuvent être sollicitées pour faciliter l’adoption d’innovations, souvent technologiques » ; «...

En préambule, je voudrais rappeler que Thales est une entreprise très technologique. Elle compte de nombreux techniciens et ingénieurs pour mettre en œuvre une R & D puissante. A certains égards, on pourrait la comparer à une start-up à grande échelle. Ses trois principaux marchés sont la défense, l’aérospatial et la cybersécurité, notamment dans le domaine de l’identité numérique. Ce sont des segments high-tech avec une approche technologique diversifiée. Sur le champ disciplinaire, cela veu...

Nous voudrions ici, du point de vue de l’analyse socio-critique du discours, mettre au jour les déterminations idéologiques, c’est-à-dire les déterminations, ensemble, polémiques et politiques du Rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique, placé par Condorcet sous le double horizon de la tradition des Lumières et de la toute neuve Déclaration des Droits, préambule de la Constitution de 1791. Nous examinons, en particulier, les thèses que développe Condorcet à l’appui de la conception qu’il se fait de « la forme moderne du savoir » où la première place est donnée à l’étude des sciences comme « le moyen le plus sûr de développer [les] facultés intellectuelles, [d’]apprendre à raisonner juste, à bien analyser [les] idées » et, par là, par l’habitude qui sera donnée de s’appuyer sur l’activité libératrice de la raison, comme la meilleure façon de gagner cette force toute-puissante qui affranchit le peuple de toutes les formes de servitude. Nous nous attachons, par ce biais, à dégager la fonction idéologique des conditions posées à l’acquisition de l’instruction, à sa conservation et à son développement. We would like here, from the point of view of socio-critical analysis, to bring to light the ideological determinations, i.e., the simultaneously polemical and political determinations of the Rapport sur l’organisation générale de l’instruction publique, which Condorcet placed under the double horizon of the Enlightenment tradition and the very new Declaration of Rights, the preamble of the Constitution of 1791. We examine, in particular, the theses that Condorcet develops on the basis of his conception of « the modem form of knowledge » which would give first place to the study of the sciences as « the most certain means of developing the intellectual faculties, learning to reason correctly, analyzing ideas well ». Thus, the people would form the habit of relying on the liberating activity of reason as the best way of attaining this omnipotent strength that frees them from all forms of servitude. We undertake, by this slope, to disengage the ideological function of the conditions laid down for acquiring, preserving, and developing this instruction.

Les relations entre Condorcet et Thomas Jefferson mettent en évidence un aspect important de la réception de la pensée française aux États-Unis au xviiie siècle. En effet, Condorcet apporta une contribution significative à l’élaboration de l’idéal de Jefferson de « démocratie agraire », qui devint l’idéologie du parti républicain. La correspondance de Jefferson permet de souligner deux points particuliers de cette influence : 1) Jefferson partageait les critiques de Condorcet à l’encontre de Montesquieu, ce qui signifiait aussi le refus du modèle politique de la Grande-Bretagne et de l’exaltation de son histoire et de sa tradition. 2) En septembre 1789, Condorcet joua un rôle fondamental dans l’idée de révision de la constitution « the earth belongs to the living », prônée par Jefferson dans sa célèbre lettre à James Madison : on peut considérer cette légitimation théorique comme la leçon la plus importante tirée par Jefferson de son séjour en France. The relations between Condorcet and Thomas Jefferson demonstrate an important aspect of the reception of French thought in the eighteenth-century United States. Indeed, Condorcet contributed significantly to the elaboration of Jefferson’s ideal of « agrarian democracy », which became the ideology of the Republican party. Jefferson’s correspondence allows two specific points of this influence to be emphasized: (1) Jefferson shared Condorcet’s criticisms of Montesquieu, which also meant the refusal not only of the British political model, but also of the attempt to exalt its history and tradition. (2) In September 1789, Condorcet played a fundamental role in the constitution’s revisionist idea that « the earth belongs to the living », an idea extolled by Jefferson in his famous letter to James Madison: we can consider this theoretical legitimation as the most important lesson that Jefferson drew from his stay in France.

Nous étudions ici les relations entre Condorcet et John Adams, à partir des notes marginales du second sur les ouvrages de Condorcet figurant dans sa bibliothèque : Lettres d’un bourgeois de New Haven, Vie de Turgot et Esquisse. En dépit de ses différends sur les principes constitutionnels de base et malgré la sévérité de ses critiques sur l’apport philosophique du révolutionnaire français, John Adams trouvait en Condorcet une source de réflexion inépuisable... pour affirmer des opinions opposées. We have studied the relations between Condorcet and John Adams by means of the latter’s marginal notes on the works of Condorcet that were in his library: Lettres d’un bourgeois de New Haven, Vie de Turgot, and Esquisse. Dispite their disagreements about basic constitutional principles and the severity of his criticisms of the French revolutionary’s philosophical contribution, John Adams found in Condorcet an inexhaustible source of reflection... for affirming his opposed opinions.

Les écrits de Condorcet sur le choix social, entre 1785 et 1794, ont été peu compris par ses contemporains et même par les générations suivantes. Néanmoins trois auteurs de la décennie 1794-1803 ont traité de questions semblables et reliées à la pensée de Condorcet. Ce sont S. Lhuilier, dans son Examen du mode d’élection proposé à la Convention nationale de France en février 1793 et adopté à Genève, J.I. Morales et P. C.F. Daunou, dans deux mémoires sur les élections. Lhuilier montre en particulier que la méthode proposée par Condorcet dans son projet de constitution peut ne pas donner ce qu’on appelle aujourd’hui « le gagnant de Condorcet ». Morales, académicien espagnol, reprend, sans les connaître, les arguments de Borda et de Laplace. Daunou a évolué dans ses positions et étudie, dans les systèmes proposés à l’époque, ce que nous nommons (après Arrow) l’« independence of irrelevant alternatives ». Nous terminons cet article par quelques réflexions sur la disparition de la théorie du choix social au xixe siècle. Condorcet’s writings on social choice, between 1785 and 1794, were badly understood by his contemporaries and even by the following generations. Nevertheless, three authors during the decade from 1794 to 1803 discussed similar questions and made connections with Condorcet’s thought. They are S. Lhuilier, in his Examen du mode d’élection proposé à la Convention nationale de France en fevrier 1793 et adopté à Genève, J. I. Morales, and P. C. F. Daunou, in two theses on the elections. Lhuilier shows in particular that the method proposed by Condorcet in his draft of the constitution cannot be given what today is called « Condorcet’s winner ». Morales, a Spanish academician, repeats, without knowing it, Borda and Laplace’s arguments. Daunou evolved in his positions and studies, in the systems proposed during the period, what we (following Arrow) call the independence of irrelevant alternatives ». We conclude this article with some reflections concerning the disappearance of the theory of social choice in the nineteenth century.

L’activité professionnelle de Condorcet, en qualité d’inspecteur général des monnaies de France, poste qu’il occupa de 1775 à 1790, reste encore aujourd’hui frappée d’une grande discrétion en raison d’une certaine méconnaissance de la nature exacte de cette charge créée en 1756. Cette contribution vise à faire mieux connaître celle-ci, grâce à la publication de documents d’archives inédits ainsi qu’à l’exploitation de travaux récents émanant d’autres chercheurs. Il en résulte que les fonctions exercées par Condorcet ne se réduisaient pas à un titre honorifique ou à une prébende sans contrepartie mais qu’elles correspondaient bien à une activité originale exigeant des connaissances étendues et de haut niveau, plus encore scientifiques qu’économiques. Succédant à un économiste, Véron de Forbonnais, Condorcet les possédait et ses travaux furent utiles dans trois domaines : la technique pure du monnayage avec le perfectionnement des machines utilisées pour la fabrication (frappe) des monnaies et la recherche d’une meilleure maîtrise des alliages ; l’économie où ses Mémoires sur les monnaies sont en fait une traduction de ses recherches professionnelles ; les mathématiques et la physique à travers la réforme du système des poids et mesures, où il apporta une importante contribution au débat, même si ses propositions ne furent finalement pas retenues. Condorcet’s professional activity as inspector general of the currency in France, a post that he occupied from 1775 to 1790, is still treated with great discretion even today because of a certain misunderstanding of the exact nature of this position, which was created in 1756. This contribution aims at making it better understood, thanks to the publication of previously unavailable archival documents, as well as the use of the recent work of other researchers. The result of this information is that Condorcet’s functions are not reduced to an honorific title or to an uncompensated prebend, but correspond, rather, to an original activity requiring extensive knowledge at a high level, a knowledge that was more scientific than economic. Succeeding an economist, Veron de Forbonnais, Condorcet had a thorough knowledge of, and his works were useful in three fields: the pure technique of coining, the perfecting of machines used to manufacture (mint) currrency, and the search for a better mastery of the alloys; the economy, for his Mémoires sur les monnaies are in fact a translation of his professional research; mathematics and physics, through the reform of the system of weights and measures, to which he brought an important contribution to the debate, even if his propositions were not finally accepted.

Il y a deux cents ans, le 29 mars 1794, on retrouvait Condorcet sans vie dans la prison de Bourg-la-Reine : occasion pour le groupe de travail sur Condorcet de se joindre aux célébrations nationales et de présenter un état actuel des recherches menées depuis 1988, date du premier colloque consacré à l’un des grands hommes du XVIIIe siècle. Outre des aperçus sur la biographie, chantier toujours ouvert car bien des ignorances subsistent, on trouvera, groupés sous deux grands thèmes – « Sciences et instruction », présenté par Michèle Crampe-Casnabet et « La Révolution et la République », introduit par François Hincker – une vingtaine d’études apportant des éléments nouveaux à notre connaissance des œuvres et des activités de Condorcet. Les interventions et discussions lors de la table ronde : « Éditer Condorcet aujourd’hui » terminent ce recueil de textes où les disciplines se complètent et s’unissent pour une meilleure approche de la complexité.

Les travaux sur Condorcet et sur son œuvre ont connu, depuis une cinquantaine d’années, des renouvellements marqués par quelques étapes : au milieu des années 1950 les recherches de G. Th. Guilbaud (1952), de G.-G. Granger (1956) et de D. Black (1958) ; vingt ans après les livres de K.M. Baker (1974) et de R. Rashed (1974), le numéro 5 des Cahiers de Fontenay (1976) ; encore dix ans, et ce furent les ouvrages collectifs Condorcet Studies I (1984) et II (1987), les actes du colloque de Paris t...

Condorcet a eu avec les savants italiens des relations précoces : d’abord avec Lagrange dès le milieu des années 1760, ensuite avec les hommes des Lumières milanais (en particulier P. Frisi, C. Beccaria et les frères Verri) à partir du début 1767, et à peu près au même moment avec l’ Académie de Bologne et son secrétaire S. Canterzani. Ces relations constituent une source importante et souvent sous-estimée pour la connaissance du jeune Condorcet et plus généralement de certains aspects du mouvement des Lumières. Nous donnons en annexe dix lettres, pour la plupart inédites : cinq de Condorcet à Frisi et cinq entre le mathématicien français et Canterzani. From an early period, Condorcet became acquainted with Italian scholars: first with Lagrange as early as the middle of the 1760s, next with the figures of the Milanese enlightenment (particularly P. Frisi, C. Beccaria, and the Verri brothers) starting in the beginning of 1767, and shortly afterward with the Academy of Bologna and its secretary, S. Canterzani. These relations constitute an important and often underestimated source for a knowledge of the young Condorcet and more generally of certain aspects of the Enlightenment. In an appendix, we present ten letters, most of which have been unpublished until now: five from Condorcet to Frisi and five between the French mathematician and Canterzani.

Les relations entre Sieyès et Condorcet pendant les premières années de la Révolution française se caractérisent par la qualité de leurs échanges intellectuels. La transcription et la publication de sources manuscrites inédites nous permettent de mieux comprendre les enjeux d’une telle amitié intellectuelle. C’est surtout au cours de l’année 1791 que nous pouvons apprécier l’intérêt des réflexions écrites que ces deux législateurs s’échangent. Nous pouvons ainsi cerner leurs divergences intellectuelles en dépit de leur proximité politique. Là où Condorcet recherche, après l’échec de la Société de 1789, les conditions optimales d’une « discussion commune » en politique, Sièyes s’interroge tout autrement sur le lieu d’une nécessaire « unité d’action ». Lorsque Condorcet rappelle les principes constitutionnels, Sièyes définit la science politique comme science des effets. Mais c’est surtout autour du débat sur la République, succinctement résumé en fin d’analyse, que les divergences entre ces deux « génies philosophiques » sont les plus nettes. The relations between Sieyes and Condorcet during the first years of the French Revolution were characterized by the quality of their intellectual exchanges. The transcription and publication of manuscript sources allows us to understand better the stakes of this intellectual friendship. It is especially during 1791 that we can appreciate the interest of the written reflections exchanged by these two legislators. We can thus define the intellectual divergences that exist in spite of their political proximity. Where Condorcet sought, after the failure of the Société de 1789, the optimal conditions for a « common discussion » in politics, Sieyes asked questions, in a quite different manner, concerning the place of a necessary « unity of action ». While Condorcet recalls constitutional principles, Sieyes defines political science as a science of effects. It is especially, however, around the debate on the republic, which is summarized succinctly at the end of the analysis, that the divergences between these two « philosophical geniuses » are clearest.

On a beaucoup insisté sur le parti pris théoriciste de Condorcet et sur ses options de long terme, notamment à propos de l’instruction publique. Il convient néanmoins de mettre en évidence son intérêt pour la connaissance appliquée. Surtout à partir de 1774, le géomètre s’exprime à ce sujet dans divers travaux liés à ses tâches académiques et il y montre l’interpénétration entre les sciences et les arts. Le critère d’« utilité » n’est pas rejeté dans ses projets d’instruction, ce sont seulement les praticiens à courte vue que condamne l’encyclopédiste. Ses propositions concernant la formation des artistes témoignent aussi d’une évolution de sa part : la tension entre les deux pôles de la théorie spéculative et de l’action pratique ne trouve à se résoudre que dans l’histoire. Condorcet’s theoreticist purpose and his long-term options, particularly when they concern public instruction, have often been discussed. It is fitting nevertheless to demonstrate his interest in applied knowledge. Especially from 1774 on, the geometrician expressed himself on the subject in various works connected to his academic tasks and he showed there the interpenetration between the sciences and the arts. The criterion of « utility » is not rejected in his instruction projects; only short-sighted practitioners condemn the encyclopedist. His propositions about training artists also testify to an evolution on his own part: the tension between the two poles of speculative theory and practical action is only resolved in history.

À première vue, le sujet peut sembler paradoxal ; Condorcet étant considéré comme l’« une des plus illustres victimes de la Terreur », les néo-jacobins étant généralement présentés comme des nostalgiques du gouvernement de l’an II, il ne peut y avoir qu’irréductible incompatibilité entre les deux.L’analyse des discours de quelques grands orateurs du groupe néo-jacobin du Conseil des Cinq-Cents en 1799 (Lamarque, Quirot, Briot) laisse apparaître pourtant de constantes références positives à Condorcet.Une recherche plus large permet de souligner que ce ne sont pas là vaines figures de rhétorique ; la réception des œuvres de Condorcet, essentiellement l’Esquisse, ne fut pas limitée aux seuls milieux républicains conservateurs de la Décade philosophique. Le courant « républicain-démocrate » ou néo-jacobin devait s’en inspirer pour redéfinir son projet politique autour de deux axes majeurs : la réappropriation critique de la totalité de l’expérience révolutionnaire, une démarche progressive d’aménagement de la Constitution en vue de son élargissement démocratique. Les textes de deux théoriciens majeurs du néo-jacobinisme, Antonelle et Félix Le Peletier, nous permettent de mieux préciser cette influence, implicite ou explicite. At first sight, the subject can seem paradoxical; since Condorcet is considered as « one of the most illustrious victims of the Terror » and the neo-Jacobins are generally presented as nostalgic for the government of the year II, there could only be an irreducible incompatibility between them.An analysis of the speeches of several great orators of the neo-Jacobin group in the Council of the Five Hundred in 1799 (Lamarque, Quiret, Briot) brings out the fact that they constantly made favorable references to Condorcet.Further research allows us to emphasize that these were not mere rhetorical figures; the reception of Condorcet’s works, essentially the Esquisse, was not limited only to the conservative republican milieus of the philosophical Decade. The « democratic-republican » or neo-Jacobin current felt it necessary to be inspired by it in order to redefine its own political project around two major axes: the critical reappropriation of the entire revolutionary experience and a progressive method of improving the Constitution with a view to its democratic enlargement. The texts of the two major neo-Jacobin theorists, Antonelle and Félix le Peletier, allows us to specify this implicit or explicit influence more fully.

On a naturellement comparé le « Fragment sur l’Atlantide » du Tableau historique à la « Nouvelle Atlantide » de Bacon. Mais un examen des échanges d’idées entre Condorcet et J.-S. Bailly conduit également à prendre en compte la filiation platonicienne. L’Atlantide condorcétienne ne serait-elle pas plus une poétique des Lumières qu’une utopie, la référence à une hypothèse systématique (Platon) venant compenser le rêve philosophique (Bacon) ? The « Fragment sur l’Atlantide », from the Tableau historique has naturally been compared with Bacon’s « New Atlantis ». An examination of Condorcet’s exchange of ideas with J.-S. Bailly, however, leads us to take the Platonic filiation into account as well. Would not Condorcet’s Atlantis be more of a poetics of the Enlightenment than a Utopia, the reference to a systematic hypothesis (Plato) coming to balance the philosophical dream (Bacon)?

Il y avait en France, dans la décennie qui précède 1789, un débat relatif à deux conceptions concurrentes des constitutions : l’une traditionnelle liée aux idées de Montesquieu, l’autre moderne et trouvant son origine dans la révolution américaine. Nous examinons les positions de Turgot, de Brissot et surtout de Condorcet dans ce débat. La discussion porte notamment sur l’existence d’une ou de deux chambres. Constitution à l’américaine dans sa forme, à la française dans son contenu : tel est le discours français à l’aube de 1789. In France, during the decade that preceded 1789, a debate on two competing conceptions of constitutions took place: the traditional one connected with Montesquieu’s ideas, and the other, which was modern, and had its origins in the American Revolution. We examine the positions of Turgot, Brissot, and especially of Condorcet in this debate. The discussion concerns, in particular, the existence of one or two houses. A constitution that was American in its form and French in its content: such was what dominated French discourse at the dawn of 1789.

La deuxième séance du colloque a été consacrée au thème Sciences et instruction. Le colloque de 1988 avait abordé cette question sous la rubrique générale Philosophie et éducation. Force est de constater que le colloque de 1994 ne met plus en lumière la pensée philosophique de Condorcet ; sans doute parce que les travaux consacrés à Condorcet philosophe ont laissé la place royale à son œuvre mathématique, politique, sociale, économique, à son action dans les institutions pré-révolutionnaires....

On a coutume de présenter Condorcet comme un de « ces hommes des plaines du nord qui firent la Révolution française », parce qu’il est né à Ribemont, grosse bourgade du diocèse de Laon et qu’ayant eu le malheur de perdre son père peu après sa naissance, il y fut élevé par sa mère Marie Magdeleine Gaudry.C’est faire peu de cas de sa famille paternelle, très vieille famille d’Orange et première nommée dans le « Rolle des familles nobles de la Principauté » de 1624. Établis en Dauphiné depuis 1522, les Caritat furent parmi les premiers nobles, sinon les premiers, à embrasser la Réforme. Leur engagement fut loyal et ne leur apporta ni honneurs ni richesse. Leur seule fortune fut une honnêteté sans faille et une rigueur exemplaire dans l’exercice de leur devoir. Ils méritent d’être sortis d’un oubli moins profond et surtout d’être mieux connus. It is customary to present Condorcet as one of « the men from the northern plains » who brought about the French Revolution, because he was born in Ribemont, a large village in the diocese of Laon, and because, having had the misfortune to lose his father soon after his birth, he was brought up by his mother, Marie Magdaleine Gaudry.This is to make little of his paternal family, a very old family from Orange, which was first named in the « Roll of the Principality’s noble families » in 1624. Established in Dauphiné since 1624, the Caritats were among the first nobles, if not the first, to embrace the Reformation. Their engagement with it was loyal and brought them neither honors nor wealth. Their only fortune was an unfailing honesty and an exemplary rigor in exercising their duty. They deserve to be delivered from oblivion and to be better known.

Prolongeant un projet célèbre du xviiie siècle, dont l’origine remonte en particulier à Leibniz, Condorcet a rédigé peu avant sa mort un « Essai d’une langue universelle », qui constituait un fragment de son grand Tableau historique inachevé. L’étude par G.-G. Granger, dans les années 1950, de ce manuscrit (encore largement inédit), privilégie les liens entre les sciences mathématiques et les formulations algébriques et logiques. Nous esquissons ici une approche plus globale, en attendant l’édition en cours du Tableau historique avec tous ses fragments. Prolonging a famous eighteenth-century project, the origin of which goes back particularly to Leibniz, Condorcet, shortly before his death, wrote an « Essai d’une langue universelle », which constituted a fragment of his great unfinished Tableau historique. G.-G. Granger’s study of this still largely unpublished manuscript in the 1950s privileged the connections between the mathematical sciences and the algebraic and logical formulations. We sketch a more complete approach here, while awaiting the edition of the Tableau historique that is in progress and which will publish all the fragments.