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Cette devise, qui n’apparaît que dans la Constitution du 4 novembre 1848, découle de celle que l’on peut lire dans la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et, plus tard, dans la Constitution du 3 septembre 1791 où on parle de liberté, d’égalité, de propriété, de sûreté. Ces piliers sont ceux d’une France, aujourd’hui, cosmopolite et incarnation d’un « idéal de vie civilisée » (Todorov, 1996, p. 237), qui attire les intellectuels « passeurs de langue […] passeurs de frontières » (Delbart, 2005, p. 115) et les installe dans une culture européenne renouvelée. Notre propos est de présenter les raisons qui ont conduit certains écrivains allophones, tels Kundera, Kristeva, Todorov, à choisir la France, son histoire, sa culture, comme lieu d’accueil ; éventuellement la Suisse pour Kristof ; et la langue française comme leur langue d’expression littéraire. Ces auteurs, qui ont vécu l’expérience du passage, de l’exil forcé ou volontaire, se sont reconstruit une liberté, celle de penser, de parler, de vivre, d’écrire dans un espace culturel qui leur permet d’enrichir par leur apport la littérature française contemporaine en revitalisant le concept de République des Lettres. This motto, which only appears in the Constitution from November 4, 1848, derives from that which can be read in the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen from August 26, 1789 and, later, in the Constitution from September 3, 1791 where we speak of freedom, equality, property, security. These pillars are those of the current France, which is cosmopolitan and the incarnation of an "idéal de vie civilisée” (Todorov, 1996, p. 237), attracting intellectuals “passeurs de langue […] passeurs de fronteires” (Delbart, 2005, p. 115) and integrates them in a renewed European culture. Our purpose is to present the reasons which led certain allophone writers, such as Kundera, Kristeva, Todorov, to choose France, its history, its culture, as a place of welcome, as well as possibly Switzerland for Kristof, and the French language as their language of literary expression. These authors, who have lived through the experience of passage, of forced or voluntary exile, reconstructed a freedom for themselves, that of thinking, of speaking, of living, of writing in a cultural space which enables them to enrich their contribution to contemporary French literature by revitalizing the concept of the Republic of Letters. info:eu-repo/semantics/publishedVersion

Cette étude détaille les premières enquêtes « éducation », aux fondements des Héritiers et de La Reproduction, qui recouvrent des enjeux pédagogiques, politiques et scientifiques. Combinant les méthodes, elles mobilisent un réseau de collaboration impliquant également les étudiants. En retraçant la logique de la recherche, l’étude introduit aussi l’extension des enquêtes à l’ensemble du système d’enseignement et rappelle l’unité profonde des travaux sur la culture et l’éducation.

O sociólogo brasileiro Marcelo Ridenti há muito tempo tem se destacado pela prolífica análise sobre as esquerdas no Brasil e na América Latina. Professor do Departamento de Sociologia da Universidade Estadual de Campinas (Unicamp), Ridenti tem desenvolvido um conjunto de pesquisas sociológicas e históricas nas quais tem demonstrado a importância política de artistas e intelectuais no fortalecimento de instituições democráticas, na luta contra elementos autoritários presentes na sociedade bras...

L’article analyse le rôle du Comité international des sciences sociales pour le Chili, créé en 1973 après le coup d’État de Pinochet. Il rappelle la coordination politico-académique entre les intellectuels européens et latino-américains qui a permis, dans le Chili des années 1960 et jusqu’au 11 septembre 1973, de mettre en place un essai de communauté universitaire internationale. Il souligne le rôle des Brésiliens dans ce processus et interroge la production d’idées dans les échanges entre centre et périphérie dans ce moment d’institutionnalisation des sciences sociales en Amérique latine. O artigo analisa o Comitê Internacional de Ciências Sociais pelo Chile, criado em 1973 após o Golpe de Estado de Pinochet. Ele sintetiza a articulação político-acadêmica entre intelectuais europeus e latino-americanos que tiveram no Chile dos anos 1960 até 11 de setembro de 1973 o ensaio de uma comunidade acadêmica internacional. Destaca o papel dos brasileiros nesse processo e problematiza a produção de ideias na articulação entre centro e periferia, no contexto de institucionalização das ciências sociais na América Latina. The article analyzes the International Committee of social sciences for Chile, created in 1973 after Pinochet’s coup d’État. It synthesizes the political-academic articulation between European and Latin American intellectuals who had in Chile, from the 1960s to September 11, 1973, the framework of an international academic community. It highlights the role of Brazilians in this process and questions the production of ideas in the articulation between center and periphery in the context of the institutionalization of social sciences in Latin America.

El reinado de Isabel II (1833-1868) es un periodo fundamental de la historia contemporánea de España marcado por la dialéctica entre el cambio y las resistencias a ese mismo cambio. Los historiadores han subrayado el carácter polémico y contradictorio de este periodo y han puesto en particular el acento entre, por una parte, la mediocridad e inestabilidad de la vida política y, por otra, los esfuerzos por organizar la administración, por fomentar el desarrollo industrial del país y su moderni...

La victoire du franquisme signifia la liquidation ou la réduction du groupe intellectuel progressiste avec le développement d’une mentalité mythique et conformiste. Les triomphateurs furent vindicatifs et accusèrent les intellectuels de tous les maux. José Ortega y Gasset, qui exaltait fièrement en 1927 le rôle prépondérant de l’intellectuel, théorisait à nouveau en 1940 sa propre situation : désormais l’intellectuel n’était plus rien. C’est ainsi qu’en quelques mois, l’intellectuel espagnol ...

Dans le droit fil des travaux du Professeur Paul Aubert, à qui il est offert en hommage, cet ouvrage traite des intellectuels en temps de crise dans l’Espagne à l’époque contemporaine, de leur attitude, leur rôle et leur fonction. Ecrites en leur langue maternelle par des universitaires français et espagnols liés au Professeur Aubert pour avoir préparé leur thèse ou leur Habilitation à diriger des recherches sous sa direction, avoir régulièrement collaboré au prestigieux Bulletin d’histoire contemporaine de l’Espagne qu’il fonda en 1985 et qu’il continue de diriger, ou encore qui furent ses collègues à l’UMR TELEMMe (Aix-Marseille Université, CNRS), les différentes contributions qui le composent embrassent les XIXe et XXe s., du second règne de Ferdinand VII à la Transition de la dictature franquiste à la démocratie. Réalisées à partir de recherches originales par des spécialistes reconnus, elles renouvellent nos connaissances non seulement sur les personnages étudiés, mais aussi sur l’histoire générale de cette Espagne qui, depuis la fin de l’Ancien Régime n’a cessé d’affronter des crises majeures et souvent dramatiques.

Federico Botella y Hornos, ou de Botella y de Hornos, pour reprendre l’usage d’un homme en quête ou en construction de racines illustres, né en 1823 et décédé en 1899, n’est pas une figure tutélaire du Corps des Mines auquel il a appartenu pendant près de 50 ans. D’autres l’ont été avant lui, par exemple Fausto de Elhuyar, Lorenzo Gómez Pardo, Casiano de Prado et même Guillermo Schulz, cet Allemand hispanisé devenu l’emblème de la houille asturienne, tous hommes des Lumières ou du premier lib...

Dans le champ des études sur l’histoire des intellectuels espagnols, les travaux sur l’exil républicain de 1939 tiennent une place à part : excentrés, comme le furent les exilés eux-mêmes, ces travaux offrent une perspective critique irremplaçable sur la place, le discours et la fonction des intellectuels tels qu’ils s’articulent sur le territoire national. Ainsi Francisco Morente, dans un récent état de la question sur l’histoire des intellectuels durant le franquisme, indique-t-il que toute...

Max Aub, de la « tour d’ivoire » à la « vraie vie » « Pour moi, un intellectuel est une personne pour laquelle les problèmes politiques sont, avant tout, des problèmes moraux ». Max Aub (Paris, 1903-Mexico, 1972) donne cette définition de l’intellectuel dans un article qu’il publie à Mexico dans El Socialista en 1949, dix ans après que la victoire franquiste l’a poussé à quitter l’Espagne, mais aussi vingt ans après son adhésion au PSOE. Max Aub est à cette époque un jeune homme qui essaie de...

Rendre hommage à un collègue nous conduit à nous replonger dans ce qu’a été sa trajectoire, à nous remémorer ses travaux, à raviver parfois des souvenirs communs. Et revenir sur ce qu’a été le parcours de Paul Aubert, nous ramène aussi et tout naturellement à une époque glorieuse de l’hispanisme, porteuse de bien des promesses de part et d’autre des Pyrénées. C’est par exemple se souvenir de l’importance qu’ont eu les « colloques de Pau » fondés en 1970 par Manuel Tuñón de Lara alors que l’Es...

Ouvrages 1. La presse espagnole et son public (1914-1918), Thèse de Doctorat, Université de Pau, Lille, ANRT, 1983. 2. Anarquismo y poesía en Cádiz bajo la Restauración, Córdoba, Ed. de la Posada, 1986, En collaboration avec Gérard BREY, Jean-Louis GUEREÑA, Jacques MAURICE et Serge SALAÜN. 3. Les Espagnols et l’Europe (1890-1939), Anthologie, Toulouse, PUM, 1992. 4. Les intellectuels espagnols et la politique dans le premier tiers du xxe siècle, Thèse de Doctorat d’État, Université de Bor...

Resumo O objetivo principal deste artigo é apresentar e analisar a participação de dez professoras na missão de estudos enviada pelas autoridades gaúchas ao Uruguai nos anos de 1913 e 1914. Embora tenha se tornado expressivo o número de professoras atuando no ensino público primário já no início do século XX, ainda era pouco comum que elas realizassem viagens ou cursos no exterior no referido período. Assim, considerou-se relevante apresentar os propósitos da missão pedagógica, destacando quem eram essas mulheres, suas trajetórias e algumas de suas ações profissionais, dando, assim, visibilidade à participação feminina na configuração do campo intelectual da educação gaúcha. A contribuição desse artigo, que teve como subsídio os trabalhos de Miceli (1979), Perrot (2007) e Vieira (2015), é, portanto, na perspectiva de caracterizar e reconhecer as mulheres professoras como intelectuais. Resumen El principal objetivo de este artículo es presentar y analizar la participación de diez profesoras en la misión de estudios enviada por las autoridades de Rio Grande del Sur (Brasil) a Uruguay en los años 1913 y 1914. Aunque se haya convertido en gran expresión el número de maestras actuando en la enseñanza pública primaria ya en el principio del siglo XX, todavía no era común que realizaran viajes o cursos en el exterior en este periodo. Así que consideramos relevante presentar los ideales de la misión pedagógica, señalando quiénes eran esas mujeres, sus trayectorias y algunas de sus acciones profesionales, colaborando, de este modo, con la visibilidad sobre la participación femenina en la configuración del campo intelectual de la educación riograndense. De manera que la contribución de este artículo, que tuvo como amparo los trabajos de Miceli (1979), Perrot (2007) y Vieira (2015), está en la posibilidad de caracterizar y reconocer a las mujeres profesoras como intelectuales. Abstract The main purpose of this paper is to present and analyze the participation of ten schoolteachers who were sent by the authorities of the state of Rio Grande do Sul in a study mission to Uruguay in the years of 1913 and 1914. Even though there was already an expressive number of schoolteachers working in primary public education in the early 1900s, it was not common for them to travel or study abroad at that time. Therefore, we deemed it relevant to discuss the purposes of the study mission, presenting who those women were, their life stories, and some of their professional histories to highlight female participation in configuring the intellectual landscape of education in Rio Grande do Sul. This paper is based on works by Miceli (1979), Perrot (2007), and Vieira (2015) and seeks to identify and recognize female schoolteachers as intellectuals. RÉSUMÉ Cet article a pour principal but présenter et analyser la participation de dix enseignantes à une mission d’études envoyée par les autorités de l’état du Rio Grande do Sul, Brésil, à l’Uruguay en 1913 et 1914. Bien que le nombre d’enseignantes dans les écoles primaires publiques soit devenu expressif au début du 20e siècle, aller en voyages ou suivre des cours à l’étranger n’était pas commun pour elles à cet époque. Alors, on a trouvé pertinent de présenter les objectif de cette mission pédagogique, en soulignant qui étaient ces femmes, leurs trajectoires et quelques de leurs actions professionnelles, pour donner une visibilité à la participation féminine dans la configuration du champ intellectuel de l’éducation en Rio Grande do Sul. Cet article, qui s’appuie sur les travaux de Miceli (1979), Perrot (2007) et Vieira (2015), donne une contribution à la perspective de caractériser et de reconnaître les femmes enseignantes en tant qu’intellectuelles.

Félix Mejía publicó en 1826 tres libros en Filadelfia, donde estaba exiliado : Vida de Fernando VII, Retratos políticos de la revolución de España y Encíclica del papa León XII en auxilio del tirano de España Fernando VII. El conjunto constituye tal vez la descalificación más contundente y razonada de Fernando VII realizada en vida del monarca. Pero el autor no se limitó a la crítica. En estos textos efectuó asimismo una detenida reflexión sobre el estado político del país y desarrolló un dis...

Angeline, dernière nouvelle d’Émile Zola, a été composée pendant les mois d’exil de l’écrivain, à la suite de son engagement dans l’Affaire Dreyfus. Dans cet article, nous démontrerons le rôle que ce récit a joué dans l’engagement zolien et dans l’évolution du statut auctorial du chef de file du naturalisme à un moment si sensible de sa carrière et de son existence et comment dans cette nouvelle, qui constitue le tout premier effort de fictionnalisation du drame de l’Affaire, l’engagement intellectuel zolien est pour la première fois intégré à la création littéraire. Angeline, Émile Zola's last short story, was composed during the writer's months of exile following his engagement in the Dreyfus Affair. In this article we will explain the place that this short story played in Zola's engagement and in the evolution of the auctorial status of the leader of naturalism at such a sensitive moment of his career and existence, and how in this short story, which represents the very first effort to fictionalise the drama of the Affair, Zola's intellectual engagement is integrated into literary creation for the first time.

Organe de presse de la Ligue d’action nationale et carrefour intellectuel du mouvement nationaliste depuis sa fondation par Esdras Minville en 1933, L’Action nationale s’est positionnée de manière à établir un dialogue idéologique faisant le pont entre l’indépendantisme « pur et dur » et le fédéralisme renouvelé durant la décennie 1970. La revue fut d’ailleurs l’un des rares périodiques québécois à suivre de près les activités de la commission Pepin- Robarts, démontrant un réel intérêt par rapport à l’évolution des travaux des commissaires. Cet article propose donc de revenir sur les positions de L’Action nationale vis-à-vis les travaux et les recommandations finales de la commission Pepin-Robarts et de déterminer quelles furent les retombées de cet épisode dans l’orientation de la ligne éditoriale de la revue à l’heure de la marche vers la souveraineté-association.

Cet article explique comment, entre le dernier tiers du 19e siècle et le premier du 20e, Barcelone a agi comme une capitale politique et économique alternative à Madrid. Sa force, en tant que centre culturel et industriel, l’a catapultée comme la capitale visible des secteurs marginalisés du monde politique et économique de la Restauration alphonsine mettant en avant les régionalistes et les industriels protectionnistes. D’autre part, c’était aussi le pôle d’attraction des marginalisés : les ouvriers de gauche et d’ultra-gauche, brisant le mythe de la Rose de Feu et de la Cité des Bombes, épicentre révolutionnaire en 1909, 1917, 1919-1923 et 1931-1939. Enfin, l’offre publique d’emplois parrainée par les catalanistes via la Mancomunitat et la Generalitat, était une prétention séduisante pour que Barcelone soit un point de rencontre pour les bohèmes, les intellectuels et les professionnels et en fasse un Paris du Sud. This article explains how, between the last third of the 19th century and the first of the 20th, Barcelona acted as an alternative political and economic capital to Madrid. Its weight as a cultural and industrial centre catapulted it as the visible capital of the marginalized sectors of the political and economic world of the Alfonsina Restoration, highlighting the regionalists and protectionist industrialists. On the other hand, it was also the pole of attraction of the illustrious marginalized: the different workers of the left and ultra-left, breaking the myth of the Rose of Fire and the City of Bombs, revolutionary epicentre in 1909, 1917, 1919-1923 and 1931-1939. Finally, the public offer of jobs sponsored by the catalanists via the Mancomunitat and the Generalitat, was an attractive claim for Barcelona to be a meeting point for bohemians, intellectuals and professionals and turn it into a Paris of the South.

Cet article se penche sur les manifestations récentes du régionalisme dans l’Ouest canadien, notamment en Alberta. Il s’agit de montrer que le thème du régionalisme est un concept imprécis mais que c’est précisément en raison de cette imprécision qu’il peut être utilisé à des fins de mobilisations politiques. Pour illustrer cette thèse, nous revenons sur le concept de régionalisme pour voir comment des intellectuels et des observateurs de la politique de l’Ouest canadien examinent et promeuvent pour certains l’idée que la région est injustement traitée. Par la suite, l’article examine comment le thème du régionalisme s’inscrit ou non dans les campagnes et les programmes des partis politiques, notamment avec de petites formations politiques qui ont cherché à capter le mécontentement régional lors du 20 septembre 2021. This article is an analysis of recent expressions of regionalism in Western Canada. It discusses the inherent ambiguity behind this regionalism, and how this facilitates its use as a political tool. To illustrate this thesis, we begin with an explanation of the plasticity of regionalism as a concept. Furthermore, we reflect on how pundits and intellectuals within Western Canadian politics examine and sometimes promote the theme of unfair treatment towards the region. Subsequently, we discuss the utilization of the issue of regionalism within the campaigns and programs of political parties, especially those which have sought to capture the regional discontent during the 2021 federal election.

L’athéisation est demeurée une préoccupation centrale de l’État soviétique entre les années 1920 et les débuts de la perestroïka. Après la mort de Staline, la reprise des campagnes idéologiques antireligieuses en appela notamment à la constitution d’une nouvelle expertise du fait religieux, afin de légitimer scientifiquement l’idéologie athéiste. Si l’expertise sollicitée devait témoigner des succès de la sécularisation en URSS, elle visait aussi à constituer un véritable savoir sur la population du pays et questionner les « survivances » des pratiques religieuses, afin d’y remédier. Ainsi émergea une « sociologie des religions », spécialité qui n’existait pas auparavant. Loin de constater la disparition imminente des pratiques religieuses, c’est au contraire leur persistance généralisée qui fut constatée. À travers l’examen des trajectoires contrastées de Iouriï Liévada et Rémir Lopatkine, cet article vise à comprendre les mécanismes de fonctionnement de la recherche et les stratégies de ces deux intellectuels soviétiques, et notamment leur façon de « faire avec » ou de résister à l’encadrement politique. Imposing atheism was a central preoccupation of the Soviet State between the 1920s and the beginning of perestroika. After Stalin's death, the resumption of anti-religious ideological campaigns called for the constitution of a new expertise on religion in order to legitimate atheist ideology scientifically. This expertise was to testify to the success of secularisation in the USSR, but it also sought to build a real body of knowledge on the country's population and the ‘remnants’ of its religious practices, in order to target these. Thus a previously inexistent speciality emerged, the ‘sociology of religion’. But far from confirming the imminent disappearance of religious practice, what was observed was its widespread persistence. By examining the contrasting trajectories of two Soviet intellectuals, Yuri Lievada and Remir Lopatkin, this article attempts to understand how their research was carried out, and their strategies, in particular how they “accomodated” or resisted the political framework.

Introduction Le 22 août 2012, le romancier Richard Millet – par ailleurs membre du comité de lecture de la maison Gallimard et éditeur, dans la collection « Blanche », des Bienveillantes de Jonathan Littell et de L’Art français de la guerre d’Alexis Jenny, prix Goncourt 2006 et 2011 – publiait aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux deux essais d’un seul coup : l’un, De l’antiracisme comme terreur littéraire ; l’autre, Langue fantôme, complété d’un texte de moins de vingt pages ayant pour tit...

Nous entendons dans cet article faire l’analyse de l’« affaire Richard Millet » qui suivit, en 2012, la publication par l’écrivain d’un Éloge littéraire d’Anders Breivik. Et nous nous proposons pour ce faire de la mettre en perspective avec l’« affaire Renaud Camus » qui survint 12 ans plus tôt. Ces deux scandales littéraires s’inscrivent, à notre avis, dans une même séquence temporelle qui voit l’aggravation de la critique du multiculturalisme, au point de déboucher, désormais, sur un redoutable imaginaire de guerre civile. L’affaire Richard Millet rend, à cet égard, manifeste l’inscription dans la doxa d’un contre-discours bien établi et qui se revendique désormais ouvertement de la « dissidence ». Elle met ce faisant en lumière l’embarras dans lequel se trouve la critique intellectuelle qui ne parvient pas à s’y opposer de manière cohérente et efficace, faute de réussir à nommer la transgression de manière unanime et de s’accorder sur la nature du bien commun qu’il convient de défendre en retour. This article aims at analyzing the so-called “Richard Millet affair”, which developed after the publishing of his essay Éloge littéraire d’Anders Breivik, by putting it into the perspective of another scandal, that occurred twelve years before, namely the “Renaud Camus affair”. It argues that these two literary scandals are part of the same time sequence, characterized by an increasing critique of multiculturalism, becoming more and more radical, to the point of reaching an imaginary state of civil war. In this respect, the Richard Millet affair makes it obvious that a well-established counter-discourse, that positions itself as part of a “dissident movement”, has gradually spread across the doxa. It also sheds light on the precarious position of intellectual critics, who do not manage to successfully confront these counter-discourses, because they fail to identify clearly the transgression and to collectively agree on the nature of the common good which needs to be defended in response.

Le monde universitaire dont nous allons parler demande que soit brièvement rappelé ce qu’il fut sous Vichy. On sait que l’après-guerre et le baby-boom eurent en ce domaine des conséquences démographiques telles que, conjuguées avec le développement de l’éducation, notamment des études supérieures, l’université est sans doute le secteur qui a le plus été transformé dans les décennies qui suivirent. Ce monde universitaire, Christophe Charle en a étudié l’histoire, analysé l’évolution avec ses c...

Après la seconde guerre mondiale, les universitaires français furent aussi sévèrement épurés que la police ou la magistrature. Ont-ils davantage collaboré ? Furent-ils l’objet d’une sévérité particulière ? Pourquoi eux ? Les universitaires, à la fois libres de leur position et de leur engagement, occupent une place prestigieuse dans l’appareil d’État sans guère subir de pression du pouvoir politique. Ils représentent un champ d’observation singulier dans les rapports qu’entretient l’élite républicaine avec la France de Vichy. François Rouquet tente donc ici de cerner les logiques individuelles pour mieux comprendre l’aveuglement de ces fonctionnaires de la pensée. Ce livre cherche d’abord à connaître la spécificité des universitaires épurés, comparés aux fonctionnaires ordinaires et, plus généralement, à ce qu’il est convenu d’appeler « les intellectuels » ; ensuite, il s’attache à révéler les causes motivant leur engagement avec Vichy ainsi que la nature exacte de leur compromission. Enfin, il vise à élucider leurs justifications en étudiant les mémoires de défense souvent imposants et empreints d’une grande habileté. Cette source inédite et très riche où abondent les plaidoyers pro domo illustre la perception de l’époque. De ses troubles, de ses infamies et du destin de cette élite républicaine au service d’un régime qui, précisément, renversa la République. Au fil des cas évoqués, la singularité des parcours apparaît, les écarts se mettent en lumière, les explications se renforcent, et pour quelques professionnels de la rhétorique éclate le talent déployé pour s’exonérer de fautes au moment de l’épuration politique. Et cela va de la discrète pirouette qui métamorphose collaboration en résistance, aux tonitruants changements de cap pour rechercher, sans toujours l’obtenir, le même résultat : l’acquittement sinon le brevet de civisme.

Des lapins et des taupes « Vous comprenez, personne ne viendra la voir ! Cela apprendra aux lapins à faire de la résistance ! » On prête ces mots au général de Gaulle, plaidant la cause de la grande croix de Lorraine qu’il souhaitait voir construire à Colombey-les-deux-Églises. On conviendra que c’était faire peu de cas de l’avenir du gaullisme et de ses avatars. Mais la formule a pour elle, au-delà de la truculence gaullienne, de renvoyer, face à l’érection mémorielle de ce solide souvenir d...

La notion d’engagement est à considérer ici comme le résultat d’un choix politique clair. Cette implication renvoie avant tout chaque individu aux conditions d’expression de son propre libre arbitre. Comme le rappelait Rémy Baudouï à propos du rôle de « l’administration polytechnicienne », concept flou réduisant chacun des intéressés au seul tronc commun de leur formation, « l’analyse du positionnement politique de chaque haut fonctionnaire sous l’Occupation ne peut être entreprise sans renvo...

Face à leur mise en cause, les accusés construisent leur défense. Universitaires, praticiens du discours et professionnels de l’écrit, parfois de la rhétorique, ils sont nombreux à rédiger des mémoires (parfois imposants) reprenant les griefs retenus contre eux. Certains s’emploient avec minutie à retracer leur parcours, leur état d’esprit au moment des faits, leur perception des choses et des événements, du régime, de l’institution des mesures d’exclusion, du STO, de leur rôle et de leur vol...

Quel pourrait être le contraire de l’engagement ? Le non-engagement, le non-alignement, l’attentisme, le détachement, voire l’indépendance. Aucun de ces termes ne convient vraiment à des individus dont l’attitude est difficile voire impossible à jauger à l’aune d’un choix politique clair. Les deux premiers ne prouvent rien, l’attentisme est trop lourdement chargé d’un jugement moral postérieur, le détachement est sans doute trop léger, l’indépendance illusoire... Dégagement : le terme envelop...

En commençant ces lignes, il semblait que la problématique des universitaires confrontés à l’épuration, devait conduire à poser des questions de fond sur le sens de l’engagement d’une élite républicaine face à cet épisode singulier de l’histoire nationale. Il ressort pourtant de cette investigation, en forme d’essai, qu’il n’en est rien comme on l’a vu pour la plupart d’entre eux. La sociologie administrative de la collaboration et de l’épuration universitaire concerne peu d’individus ayant p...

L’analyse des causes de la guerre et la recherche des moyens d’y remédier sont deux aspects importants de la réflexion éthique et de l’action des pacifistes. Cette étude se propose d’étudier le cas de l’Allemagne dans les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale. Parmi les intellectuels qui ont, à cette époque, soutenu le mouvement pacifiste, les publicistes et les juristes ont joué, à côté des pasteurs et des pédagogues, un rôle de premier plan. Utilisant des concepts de la sociologie de leur époque, ils ont cherché à montrer que la « suggestion » de la guerre à travers la presse constituait un danger. Pour se créer une audience, ils ont fondé des associations, diffusé des revues et des brochures. Mais, finalement, la diversité des formes de la suggestion et la complexité du processus de décision au moment du déclenchement d’une guerre empêchent de déterminer avec exactitude l’influence de la presse sur l’opinion et les décideurs. Die Analyse der Ursachen des Krieges und die Suche nach Mitteln, sie zu beseitigen, gehören zu den wichtigsten Aspekten der ethischen Reflexion und des Wirkens der Pazifisten. Die vorliegende Studie nimmt sich vor, Deutschland als Fallstudie während der Jahre vor dem Ersten Weltkrieg zu studieren. Unter den Intellektuellen, die damals die Friedensbewegung unterstützt haben, spielten Publizisten und Juristen neben Pädagogen und Geistlichen eine bedeutende Rolle. Indem sie auf Begriffe der Soziologie zurückgriffen, suchten sie zu zeigen, dass die Suggestion des Krieges durch die Presse eine Gefahr darstellte. Um ein breites Publikum zu erreichen, gründeten sie Friedensorganisationen, verbreiteten Zeitschriften und Broschüren. Wegen der Vielfalt der Suggestionsmittel und der Komplexität des Entscheidungsprozesses bei Kriegserklärungen lässt sich aber letztlich der Einfluss der Presse auf die öffentliche Meinung und die Entscheidungsträger schwer feststellen. Analyzing the roots of war and identifying ways to overcome it are two key dimensions of both the ethical thinking and action of pacifists. This paper will therefore examine the situation prevailing in Germany prior to the First World War. Among the intellectuals who at that time supported the pacifist movement, publicists and jurists played a leading role alongside pastors and pedagogues. Using contemporary sociological concepts, they sought to demonstrate that the “suggestion” of war through printed media posed a danger. In order to establish their own audience, they founded associations and published journals and pamphlets. However, in the end, the diverse shapes in which suggestion came and the complexity in decision-making prevailing at the outbreak of war made it impossible to determine the exact influence of the press on the public opinion and decision-makers.