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Partant du constat d'une présence croissante de modalités documentaires dans certains jeux vidéo depuis une bonne quinzaine d'années, cet article s'intéresse à la manière dont ces jeux tentent de sensibiliser leurs joueurs et joueuses à des sujets de société. Pour ce faire, il étudie tout d'abord la relation générale entre la forme documentaire et les jeux vidéo puis donne un bref aperçu de l'état de la recherche. Ensuite, les principales spécificités d'une approche documentaire dans les jeux vidéo sont mises en évidence par rapport à des formats similaires – les webdocumentaires et les jeux historiques fictionnels. Enfin, l'article tente d'analyser quelques-unes des principales stratégies utilisées par certains jeux vidéo pour sensibiliser les joueurs et joueuses à différents thèmes sociaux. L'article prend en compte les recherches sur le documentaire et la forme documentaire en général, les approches issues des sciences du jeu et les études sur le webdocumentaire. Starting from the observation that documentary modalities have been increasingly present in some video games for the past fifteen years, this article looks at the way in which these games attempt to make their players aware of social issues. To do so, it first discusses the general relationship between the documentary form and video games and gives a brief overview of the state of research. Then, the main specificities of a documentary approach in video games are highlighted in relation to similar formats - webdocumentaries and historical fictional games. Finally, the article attempts to analyse some of the main strategies used by some video games to raise awareness of different social themes. The article considers research on documentary and the documentary form in general, approaches from game science and studies on webdocumentary.

Frigo à nu est un webdocumentaire ayant pour objectif de dévoiler de manière ludique l’intérieur du réfrigérateur d’un certain nombre de Français. Projet d’abord axé sur les évolutions du pouvoir d’achat et des habitudes alimentaires, il s’est rapidement transformé en un outil de réflexion sur notre rapport à la nourriture et à l’image sociale qu’elle véhicule. The web-documentary « Frigo à nu » wants to put a playful eye inside french peoples fridge. At first, the journalistics goals were to define the evolution of the eating habits in regard of the their purchasing power. But quickly the authors tranform the documentary as a tool to think about our relation with food and our social status.

Gilles Saussier s’est écarté du photoreportage pour élaborer de nouvelles stratégies documentaires qui trouvent leur place au sein du livre ou des espaces d’exposition. Parmi ses œuvres, Le Tableau de chasse (2010) et Spolia (2018) se présentent comme des Voyages en Roumanie. Le premier privilégie la déconstruction des pratiques du photoreportage, quand le second se présente comme une patiente enquête menée sur les traces de La Colonne sans fin de Constantin Brancusi. Gilles Saussier has moved away from photojournalism to develop new documentary strategies which find their place in books or exhibition spaces. Among his works, Le Tableau de chasse (2010) and Spolia (2018) are presented as travel books to Romania. The first favors the deconstruction of photojournalism practices, when the second presents itself as a patient investigation carried out in the footsteps of La Colonne sans fin by Constantin Brancusi.

Le Sahara occidental est un territoire qui n’a pas pu exercer son droit à l’autodétermination affirmé par l’ONU en 1965. L’Espagne s’en est retirée en 1976 et le Maroc a pris sa place. Cette situation est à l’origine d’un mouvement de mobilisation en Espagne, particulièrement dans le milieu du cinéma, autour de l’acteur Javier Bardem. Celui-ci produit un film documentaire militant qui montre la situation du territoire en 2012 et les actions menées pour faire respecter les résolutions de l’ONU. Ce film utilise le système d’attention du début du XXIe siècle (cinéma, télévision, Internet, réseaux sociaux…) pour diffuser son message politique et peser sur les décisions concernant ce territoire. Comme pourrait le faire une pétition, la diffusion du film, et de son message, est une action qui cherche à mobiliser et à obliger les acteurs politiques à sortir de la realpolitik. Le message du film est amplifié par la notoriété de Javier Bardem et l’effet boule de neige des médias. Western Sahara is a territory that has not been able to exercise its right to self-determination confirmed by the UN in 1965. In 1976 Spain withdrew and Morocco took its place. This situation is at the origin of a political mobilization in Spain, especially notorious in the world of cinema and with performer Javier Bardem at its center. He was the producer of a militant documentary film intended to show the territory's situation in 2012 and what has been done to enforce the UN resolutions. The film took advantage of all available communication systems at the time (Cinema, television, Internet, social networks...) to spread its political message and to influence in the decisions concerning Western Sahara. Just like a petition, the diffusion of the film and its message was an action intended to force the political actors out from realpolitik. Javier Bardem's public notoriety and the snow-ball effect of the medias were instrumental in the film's message amplification. El Sáhara occidental es un territorio que no ha podido ejercer el derecho a la autodeterminación que le reconoció la ONU en 1965. España se retiró en 1976 y desde entonces Marruecos ocupa dicho territorio. A consecuencia de esta situación existe un movimiento de movilización en España, especialmente en el mundo del cine, en torno al actor Javier Bardem. Él es el productor de un documental militante que muestra la situación del territorio en 2012 y las acciones llevadas para obtener la aplicación de las resoluciones de la ONU. Esta película utiliza el sistema de atención del siglo XXI (cine, televisión, Internet, redes sociales…) para difundir su mensaje político e influir en las decisiones relacionadas con este territorio. Tal y como podría hacerlo una campaña de recogida de firmas, la difusión de la película y de su mensaje, es una acción que pretende movilizar y obligar a los actores políticos a salir de la realpolitik. La notoriedad de Javier Bardem y el efecto bola de nieve de los medios de comunicación amplifican el mensaje de la película.

Este artículo analiza cuatro films documentales de Murilo Santos, un cineasta pionero del Estado de Maranhão en Brasil. En realidad se trata de dos dípticos, el film original y otro que lo revisita décadas después: por un lado, Tambor de Crioula (1979) y Afinado a fogo: Tambor de Crioula revisitado (2009); por otro lado, Bandeiras Verdes (1987) y Fronteira de imagens (2010). Además de las representaciones sociales y culturales que Murilo Santos aborda en sus documentales – manifestaciones culturales de comunidades negras, explotación, conflictos rurales, etc. – y sus implicaciones técnicas, estéticas y éticas, se analiza también el público más primordial – los propios actores sociales y gente pobre de Maranhão – a quienes el director presenta su trabajo audiovisual. This article analyses four documentary films by the pioneer filmmaker Murilo Santos from Maranhão state in Brazil. More precisely, we will examine two diptychs composed each one by an original film and a second one revisiting the first some decades later. In the first place, Tambor de Crioula (1979) and its rejoinder Afinado a fogo: Tambor de Crioula revisitado (2009). In the second place, Bandeiras Verdes (1987) and Fronteira de imagens (2010). It will be analysed how Santos’ documentaries explore social and cultural representations (black communities’ cultural manifestations, exploitation, rural conflicts, etc.) and their technical, ethical and aesthetical implications. The reception of Santos' audio-visual work is also analysed through its very first audiences: Maranhão state's poor people and social actors. Cet article aborde quatre films documentaires de Murilo Santos, un cinéaste pionnier de l’État de Maranhão, au Brésil. Il s’agit en réalité de deux diptyques composés chacun d’un film original et d’un second film qui revisite le premier quelques décennies plus tard : d’une part, Tambor de Crioula (1979) et Afinado a fogo: Tambor de Crioula revisitado (2009); d’autre part Bandeiras Verdes (1987) et Fronteira de imagens (2010). Outre les représentations culturelles et sociales qui sont évoquées dans ces documentaires (manifestations culturelles des communautés noires, exploitation, conflits ruraux, etc.) et leurs implications techniques, éthiques et esthétiques, leur public le plus important est également pris en compte – les acteurs sociaux et les populations pauvres de Maranhão elles-mêmes – public auquel le réalisateur présente ses travaux audiovisuels.

Cet article porte sur le seul roman publié par James Agee, A Death in the Family. Ce texte d’inspiration autobiographique et publié à titre posthume est un projet partiellement inachevé dans lequel Agee prévoyait d’insérer des photographies et de développer une forme d’écriture proche du réel, en n’ayant que très peu recours à la fiction. Agee prend le parti de s’écrire à la troisième personne, par le biais du personnage de Rufus, qui porte son deuxième prénom. Nous qualifions cette démarche d’« écriture documentaire de soi » : il s’agit de démontrer dans quelle mesure Agee tente de s’affranchir des limites entre référentialité et fiction, et d’envisager la fiction autrement que comme un travail d’invention. Notre analyse s’appuie sur des comparaisons entre les deux versions concurrentes du roman : celle de 1957 ainsi que la version remaniée et restaurée en 2007 par Michael Lofaro, comportant des chapitres écartés dans la première édition. Nous soulignerons ainsi les particularités de cette « écriture documentaire de soi », les liens étroits qu’elle entretient avec les arts visuels (notamment la photographie), mais aussi l’importance accordée aux instants du quotidien. Ainsi, A Death in the Family s’avère être, plutôt qu’un autoportrait de l’artiste en jeune homme, un portrait d’Agee à travers le regard de sa famille. This paper analyzes James Agee’s only published novel, A Death in the Family. As an autobiographical novel published posthumously, it is a partially completed project in which Agee planned to insert photographs and to develop a form of writing focused on the factual and the real, with minimal resort to fiction. Eschewing a first-person narrative, he chooses to write using the third person, and to name the main character Rufus (after his own middle name). In studying this “documentary writing of the self,” we shall see how Agee strives to go beyond the limits between referentiality and fiction, and to avoid defining fiction purely as invention or imagination. We shall base our analysis on a comparison of two versions of the novel: the 1957 edition, and the 2007 edition revised and restored by Michael Lofaro, which contains previously unpublished chapters. We will point out the characteristics of this form of writing, from its close links to the visual arts (most notably photography) to the emphasis Agee puts on the depiction of scenes of everyday life. Thus, instead of being considered as a self-portrait of the artist as a young man, A Death in the Family can be read as a portrait of Agee through the eyes of his family.

Analisamos nos filmes de Petra Costa como o testemunho da história privada de uma família permite um contraponto com a história coletiva do Brasil contemporâneo; mostramos como essa confluência entre o olhar pessoal da diretora e a perspectiva da coletividade é representada cinematograficamente, para discutimos o caráter híbrido de documento e ficção dos filmes Elena (2012) e Democracia em vertigem (2019), a partir do emblemático tabu do suicídio, que é o tema que atravessa as duas narrativas: o suicídio real da irmã da cineasta e o suicídio político do país. Dans les films de Petra Costa, nous analysons dans quelle mesure le témoignage de l’histoire de la vie privée d’une famille permet d’établir un contrepoint à l’histoire collective du Brésil contemporain ; nous montrons comment cette convergence de l’individuel et du collectif est représentée cinématographiquement par la réalisatrice. Nous nous interrogeons sur le caractère hybride, entre documentaire et fiction, des films Elena (2012) et Democracia em vertigem, Démocratie en danger, 2019), à partir de l’emblématique tabou du suicide, thème qui traverse le récit dans ces deux œuvres : le suicide de la sœur de la cinéaste et le suicide politique du pays.

La Cordillère des songes (La cordillera de los sueños, 2019) constitue le dernier volet de la trilogie documentaire de Patricio Guzmán, débutée en 2010. Dans ce film, couronné de l’Œil d’Or du meilleur documentaire au Festival de Cannes, l’élément terrestre de la cordillère des Andes mène le réalisateur vers une réflexion plus introspective et politique sur son pays natal, le Chili. La cordillera de los sueños (2019) es la última parte de la trilogía documental de Patricio Guzmán, iniciada en 2010. En este film, premiado con el Ojo de oro al mejor documental en el Festival de Cannes, el elemento terrestre de la cordillera de los Andes lleva al director hacia una reflexión introspectiva y política sobre Chile, su país natal.

Le Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ), service de la Bibliothèque nationale de France, conserve un fonds important de l’éditeur japonais Fukuinkan shoten, qui fête en 2022 ses 70 ans d’existence. Son acquisition a été initiée par l’association la Joie par les livres (devenue le CNLJ en 2008) et se poursuit aujourd’hui grâce à l’envoi régulier de quelques collections par l’éditeur lui-même à la Bibliothèque nationale de France. Souvent comparé à L’école des loisirs en France, Fukuinkan shoten est un éditeur majeur au Japon qui contribua grandement au développement de la littérature de jeunesse dans l’archipel mais aussi à la reconnaissance de la littérature de jeunesse japonaise dans le monde. Cet article a pour but de présenter l’éditeur, la répartition des collections de ce fonds et quelques pistes de recherche envisagées dans l’étude de ce dernier. The National Center for Children’s Literature (CNLJ) keeps an important collection of the Japanese publisher Fukuinkan shoten, which celebrates in 2022 its 70 years anniversary. This collection was initially acquired from la Joie par les livres and the publisher himself regularly sends some of its collections to the National Library of France. Often compared to L’école des loisirs in France, Fukuinkan shoten is a major publisher in Japan that contributed greatly to the development of children’s literature in the archipelago but also to the recognition of Japanese children’s literature in the world. This article aims to present the publisher and some collections available at the National Library of France and to define some directions for further research.

Dans les films de Petra Costa, nous analysons dans quelle mesure le témoignage de l’histoire de la vie privée d’une famille permet d’établir un contrepoint à l’histoire collective du Brésil contemporain ; nous montrons comment cette convergence de l’individuel et du collectif est représentée cinématographiquement par la réalisatrice. Nous nous interrogeons sur le caractère hybride, entre documentaire et fiction, des films Elena (2012) et Democracia em vertigem, Démocratie en danger, 2019), à partir de l’emblématique tabou du suicide, thème qui traverse le récit dans ces deux œuvres : le suicide de la sœur de la cinéaste et le suicide politique du pays. Analisamos nos filmes de Petra costa como o testemunho da história privada de uma família permite um contraponto com a história coletiva do Brasil contemporâneo; mostramos como essa confluência entre o olhar pessoal da diretora e a perspectiva da coletividade é representada cinematograficamente, para discutimos o caráter híbrido de documento e ficção dos filmes Elena (2012) e Democracia em vertigem (2019), a partir do emblemático tabu do suicídio, que é o tema que atravessa as duas narrativas : o suicídio real da irmã da cineasta e o suicídio político do país.

Este artículo interroga, dentro de la múltiple filmografía de Patricio Guzmán, los equilibrios y cambios de sus expresiones artísticas. ¿Cómo pone de realce el cineasta lo global de los lugares y las luchas chilenas, al correr de los tiempos? ¿Cómo evoluciona la parte de intimidad revelada por el artista, y la forma de asumir una subjetividad sensible dentro de un cine comprometido? Cet article interroge, au sein de la foisonnante filmographie de Patricio Guzmán, les équilibres et bouleversements de ses expressions artistiques. Comment le cinéaste met en avant le global des lieux et les luttes chiliennes, au fil du temps ? Et là, comment évolue la part d’intimité livrée par l’artiste, et la manière d’assumer une subjectivité sensible au sein d’un cinéma engagé ?

Cet article interroge, au sein de la foisonnante filmographie de Patricio Guzmán, les équilibres et bouleversements de ses expressions artistiques. Comment le cinéaste met en avant le global des lieux et les luttes chiliennes, au fil du temps ? Et là, comment évolue la part d’intimité livrée par l’artiste, et la manière d’assumer une subjectivité sensible au sein d’un cinéma engagé ? Este artículo interroga, dentro de la múltiple filmografía de Patricio Guzmán, los equilibrios y cambios de sus expresiones artísticas. ¿Cómo pone de realce el cineasta lo global de los lugares y las luchas chilenas, al correr de los tiempos? ¿Cómo evoluciona la parte de intimidad revelada por el artista, y la forma de asumir una subjetividad sensible dentro de un cine comprometido?

Los eventos que han sacudido a Chile han sido documentados por la población civil y por colectivos de cineastas, quienes han trabajado de manera colaborativa en el desarrollo de videos documentales de contra-información y de difusión online. Les événements qui ont secoué le Chili ont été documentés par la population civile et par les collectifs de cinéastes, qui ont travaillé en collaboration dans le développement de vidéos documentaires de contre-information et de diffusion en ligne.

RESUMO Este artigo pretende refletir sobre uma perspectiva singular de produção histórica de/sobre dança. É a partir de uma relação interdisciplinar, que envolve a dança e o cinema, que o documentário A Alma do Gesto (2020) é tomado como eixo e objeto empírico de investigação para analisar o processo de criação em uma companhia de dança como produção de uma narrativa memorial sobre o gesto e o corpo em movimento mediado por tecnologia digital. A ancoragem teórica se apoia em autores que tratam de crítica de processo, arquivo memorial, história, documentário e mise-en-scène, como base para se repensar e concluir que, aqui, as fontes documentais primárias são atravessadas pela ficção dançante. RÉSUMÉ Cet article entend réfléchir sur une perspective unique de la production historique de / sur la danse. C'est à partir d'une relation interdisciplinaire, qui implique la danse et le cinéma, que le documentaire A Alma do Gesto (2020) est pris comme axe et objet empirique d'investigation pour analyser le processus de création dans une compagnie de danse comme la production d'un mémorial narratif sur le geste et le corps en mouvement médiatisés par la technologie numérique. L'ancre théorique est basée sur des auteurs qui traitent de la critique de processus, des archives mémorielles, de l'histoire, du documentaire et de la mise en scène, comme base pour repenser et conclure que, ici, les sources documentaires primaires sont traversées par la fiction de danse. ABSTRACT This article intend to think on a singular perspective of historical production of/about dance. It is from an interdisciplinary relationship, which involves dance and cinema, that the documentary A Alma do Gesto (2020) is take as an axis and empirical object of investigation in order to analyze creation processes in a dance company as the production of a narrative memorial on gesture and body in motion mediated by digital technology. This study draws on authors who deal with process criticism, memorial archives, history, documentaries and mise-en-scène as a basis for rethinking and deduce that, here, primary documentary sources are crossed by dance fiction.

Une des cinéastes françaises les plus connues du monde, Agnès VARDA, elle prenait tout à fait conscience de ce qu'elle a fait pour chaque film. Dans cet article, nous allons recherher sa manière subtille de représenter des pouvoirs cinématographiques par ses films fictionnels et /ou documentaires. Il s'agit surtout de ses films des années tardives, autrement dit, après le centenaire du cinéma.

International audience

L’image numérique apparaît comme une image hybride entre indicialité et représentation. Cette hybridation lui permet d’explorer les territoires frontaliers de différents registres. Le texte explore ainsi la relation qui peut exister entre l’animation et le documentaire, deux mondes qui semblent opposés, mais qui se croisent dans les réalisations de ces dernières années. Jusqu’à quel point la relation que le documentaire entretient avec le monde subsiste et se rejoue dans les films d’animation ? Cet article tente de répondre à cette question en étudiant des œuvres d’animation documentaire comme Valse avec Bachir d’Ari Folman et Chicago 10 de Brett Morgen, ou en analysant le recours aux techniques d’animation et aux effets spéciaux pour manipuler et transformer l’image documentaire, comme dans Z32 d’Avi Mograbi., Digital images appear as hybrid images between indexicality and representation. This hybridization allows the image to explore the border territories of different registers. The text explores the relationship that may exist between animation and documentary, two worlds that seem to be opposed, but which recently intersect in films. To what extent does the relationship that documentary maintains with the world remain in animated films ? This paper attempts to answer this question by studying documentary animation works such as Ari Folman’s Waltz with Bashir and Brett Morgen’s Chicago 10, or by analyzing the use of animation techniques and special effects to manipulate and transform documentary images, as in Avi Mograbi’s Z32.

Cet article est le fruit de la réflexion de deux documentaristes face à la fabrication des rushes. De la conception de l’image et de la préparation des entretiens lors du tournage, au choix de l’image et de la sélection des extraits « d’ITV » lors du montage se joue l’existence même des rushes, leur exploitation et leur éventuel devenir au-delà de l’existence du film. À travers trois expériences de réalisation au Pérou, en Bolivie et au Chili, ils racontent leur manière de produire des rushes et leur souci de les conserver bien au-delà du montage final. This article is the reflection of two documentary filmmakers about the production of rushes. From the conception of the image and the preparation of the interviews during the shooting, to the choice of the image and the selection of the “ITV” extracts during the editing, plays out the very existence of the rushes, their use and their eventual becoming beyond the existence of the film. Through three directing experiences in Peru, Bolivia and Chile, they tell about their way of producing rushes and their concern to preserve them well beyond the final cut.

Our path has chosen films capable of punctuating the discussion about material difficulty and resilience in extreme situations imposed on citizens in spaces significantly modified by new working and survival conditions. We start from the narrative choices of Italian cinema, with Gianni Amelio and his problematization of migrations to reach the experimental meaning in the documentary by Gianfranco Rosi, skilled in reviewing the Roman periphery to bring the excluded life to the foreground. Chloé Zhao profits from Jessica Bruder's book and directs the film that updates the anthropological and audiovisual dimensions through individuals erased from civil existence. Like Sacro GRA, Nomadland tells stories of people forced to occupy uninhabitable territories in their own country. Emphasizing original sequences through immanent analysis we investigate how the concepts of territory and space are overturned by the composition of the films. The approaches ask for new ways of filming and request from the spectator an urgent review of political, economic, and social concepts as well as a renewal of the outlook at the films in order to visualize in depth the spaces occupied by the invisible, the limits and the ways of overstepping the working conditions in the stories and in the shooting itself., Nuestro camino ha elegido películas capaces de puntuar el debate sobre penurias materiales y resiliencia en situaciones límite impuestas a los ciudadanos en los espacios sensiblemente modificada por las nuevas condiciones de trabajo y supervivencia. Empezamos desde las opciones narrativas del cine italiano, destacando las películas de Gianni Amelio y su y su problematización de las migraciones para alcanzar el sentido experimental en el documental porGianfranco Rosi, experto en revisar los arrabales romanos, poniendo en primer plano la vida excluida y superviviente. superviviente al primer plano. Chloé Zhao aprovecha el libro de Jessica Bruder y realiza una película que actualiza la dimensión antropológica y audiovisual mediante individuos prácticamente borrados de la existencia civil. Como Sacro GRA, Nomadland cuenta las historias de personas obligadas a ocupar territorios inhabitables en su propio país.Destacando secuencias originales a través del análisis inmanente, investigamos cómo los conceptos de territorio y espacio se Los conceptos de territorio y espacio dan un vuelco en la propia composición de las películas. [...]., Notre parcours a choisi des films capables de ponctuer la discussion sur les difficultés matérielles et la résilience dans les situations limites imposées aux citoyens dans les espaces modifié de manière sensible par les nouvelles conditions de travail et de survie. Nous sommes partis de les choix narratifs du cinéma italien, en mettant l'accent sur les films de Gianni Amelio et sa problématisation des migrations pour atteindre le sens expérimental dans le documentaire en Gianfranco Rosi, habile à revisiter les faubourgs romains, en mettant au premier plan les exclus et la vie survivante. Chloé Zhao profite du livre de Jessica Bruder et réalise un film qui actualise les dimensions anthropologiques et audiovisuelles à travers des individus pratiquement effacés de l'existence civile. Comme Sacro GRA, Nomadland raconte l'histoire de personnes contraintes d'occuper des territoires inhabitables dans leur propre pays.En mettant en évidence des séquences originales à travers une analyse immanente, nous étudions comment les concepts de territoire et d'espace sont Les notions de territoire et d'espace sont bouleversées par la composition même des films. [...]., Nosso percurso elegeu filmes capazes de pontuar a discussão sobre a dificuldade material e a resiliência nas situações-limite impostas a cidadãos em espaços sensivelmente modificados por novas condições de trabalho e sobrevivência. Partimos das escolhas narrativas do cinema italiano, destacando filmes de Gianni Amelio e sua problematização das migrações para alcançar o sentido experimental no documentário de Gianfranco Rosi, hábil em revisar a periferia romana trazendo a vida excluída e sobrevivente para o primeiro plano. Chloé Zhao aproveita o livro de Jessica Bruder e realiza o filme que atualiza as dimensões antropológica e audiovisual por meio de indivíduos praticamente apagados da existência civil. Como Sacro GRA, Nomadland conta histórias de pessoas forçadas a ocupar territórios inabitáveis em seu próprio país. Ressaltando sequências originais por meio da análise imanente, investigamos como os conceitos de território e espaço são revirados pela própria composição dos filmes. As abordagens pedem novos modos de filmar e solicitam do espectador uma revisão urgente de conceitos políticos, econômicos e sociais, tanto quanto uma renovação do olhar para os filmes, para visualizar com profundidade os espaços ocupados pelos invisíveis, os limites e os modos de extravasar as condições de trabalho nas histórias contadas e na própria filmagem.

Le projet « Parcours sonore » rassemble une série de balades sonores initiée et développée par la station Radio Campus Besançon. La visée première de ces balades sonores est, selon leur auteur, de « valoriser le territoire franc comtois, plus particulièrement bisontin » (Bertini). Cette contribution interroge le genre « balade sonore » sous l’angle de son écriture entendue comme mode d’agencement de ressources sonores. À travers une analyse ancrée en Sciences de l’Information et de la Communication qui s’appuie sur la sémiotique différentielle et la sémiodologie fondée par Jean Peytard, on s’attache à montrer que la mobilité constitue un acteur à part entière du processus de communication : elle s’insère dans les enjeux patrimoniaux et mémoriels et participe d’une autre forme d’appropriation du territoire. Enfin, dans le contexte intermédiatique contemporain et à travers ce genre, c’est toute la question du périmètre et des contextes d’écoute en mobilité de la radio qui se pose. The “Parcours sonore” project is a series of soundscapes initiated and developed by Radio Campus Besançon. The primary aim of these soundscapes is to “enhance the Franc Comtois territory, especially bisontin” (Bertini). This contribution questions the genre of "soundscape" from the point of view of its writing as a sound resources system. Through an analysis in Information and Communication Sciences based on differential semiotics and semiodology founded by Jean Peytard, the aim is to show that mobility is an integral part of the communicational process: it fits into heritage and memory issues and participates in another form of appropriation of the territory. Finally, in the contemporary intermediatical context and through this genre, it is the question of the area and the contexts of listening in mobility of the radio that arises. El proyecto “Parcours sonore” reúne una serie de paseos sonoros iniciados y desarrollados por la emisora Radio Campus Besançon. El objetivo principal de estos paseos sonoros es « valorizar el territorio franco Comtois, más particularmente bisontino » (Bertini). Esta contribución cuestiona el género « paseo sonoro » desde el punto de vista de su escritura entendida como modo de disposición de recursos sonoros. A través de un análisis basado en las ciencias de la información y la comunicación que se apoya en la semiótica diferencial y la semiodología fundada por Jean Peytard, se trata de demostrar que la movilidad constituye un actor de pleno derecho en el proceso de comunicación : se inserta en los desafíos patrimoniales y memoriales y participa de otra forma de apropiación del territorio. Por último, en el contexto intermediático contemporáneo y a través de este género, se plantea toda la cuestión del perímetro y de los contextos de escucha en movilidad de la radio.

Apprendre à lire des textes documentaires vise à permettre l’autonomie des élèves quant à l’appropriation des savoirs présents dans ces textes. Or, la lecture documentaire pose de nombreux problèmes aux élèves de cycle 3. Ainsi, dans notre étude, nous nous sommes demandé quelles étaient les difficultés rencontrées par les élèves lorsqu’ils lisent des documentaires présents dans les manuels scolaires pour apprendre en sciences. Nous proposons donc de mettre en lumière les savoirs invisibles, c’est-à-dire implicites, requis dans quatre manuels de sciences et utilisés par les enseignants en tant que ressources mobilisées pour faire classe, afin d’acquérir des connaissances sur le thème des mélanges et solutions. En réponse à cela, nous engageons une discussion sur une articulation possible entre l’apprentissage de la lecture documentaire (apprendre à lire) et la lecture pour apprendre. Learning to read documentaries aims to develop pupils’ autonomy with regard to the knowledge inherent in these media, so that they can read to learn. However, documentary reading poses many difficulties for cycle 3 pupils. Thus, in our study, we asked ourselves what difficulties pupils encounter when they read documentaries in school textbooks to learn science. We therefore propose to highlight the invisible knowledge required in four science textbooks and used by teachers as a resource for the classroom, in order to acquire knowledge on the subject of mixtures and solutions. In response to this, we initiate a discussion on a possible articulation between learning to read (documentary reading) and reading to learn.

Cet article porte sur la représentation théâtralisée de la multitude dans une série d’images prises en 2015 par le photographe italien Alex Majoli, alors basé à New York, documentant l’arrivée de migrants en Grèce et leurs voyages à travers l’Europe. Il démontre comment les photographies en noir et blanc de foules et de groupes de migrants de Majoli contournent l’opposition entre l’universel et le particulier, la fiction et le documentaire, offrant un portrait évocateur et contestable des « masses » abstraites de réfugiés. Il s’appuie sur une analyse de la stratégie esthétique de Majoli, qui met en scène la frontière invisible constituant la catégorie collective des « migrants », et de sa rupture avec la quête de l’individualité, habituellement de mise dans le travail des photographes sur ce sujet. This paper examines the theatricalized depiction of multitude in a series of images from 2015 by Italian photographer Alex Majoli, who was then based in New York, documenting the arrival of migrants in Greece and their journeys through Europe. It argues that Majoli’s black-and-white photographs of crowds and groups of migrants circumvent the opposition between the universal and the specific, fiction and documentary, offering an evocative and debatable portrayal of abstract “masses”. It draws on the analysis of Majoli’s aesthetic strategy, which stages the invisible frontiers constituting the collective category “migrants.” It also explores the photographer’s departure from a quest for singularity, breaking with a pattern found in the work of other documentary photographers who have explored this subject.

La présente thèse propose de traverser l’ensemble de l’œuvre cinématographique de Johan van der Keuken (1938-2001) en suivant le fil de la collection. Partant d’une reconnaissance de curieuses configurations d’objets et de corps rappelant les chambres de merveilles de la Renaissance et les entresorts du 19ème siècle, elle élabore un cadre théorique original fondé sur des travaux de Stanley Cavell, Gilles Deleuze et Siegfried Kracauer, afin d’analyser ce qui dans ce cinéma réfléchit le devenir filmique d’objets et d’êtres vivants saisis à même la vie ordinaire. Cette analyse s’enracine dans la pratique d’une forme d’ekphrasis qui veut épouser les rythmes, mouvements et inflexions de ce cinéma et de ses personnages, dont l’écriture répète les collections musicales. La thèse expose ainsi les responsabilités du cinéaste aux prises avec diverses formes de difformités, de marginalité et d’exclusion dues au colonialisme et à la logique réifiante du monde capitaliste, et montre comment les images qu’il réalise par les moyens propres au médium cinématographique manifestent un regard qui à la fois assume la violence inhérente à ce médium et parvient à en faire un instrument d’émerveillement. Ce regard collectionneur et merveillant affronte résolument l’exhibition, le voyeurisme, la stigmatisation, le sensationnalisme, l’accumulation, l’abstraction, la dispersion, la réification, pour en dégager une ligne de fuite au lieu d’en reconduire la violence. Tout en les heurtant, il suscite dans notre regard et notre écoute un amour du monde tel qu’il est. Van der Keuken met ainsi en œuvre, jusque dans le dernier film qu’il réalise alors qu’il est mis devant l’inévitabilité de sa propre mort, une éthique du cinéma dans l’oscillation entre merveille monstrueuse et merveille merveilleuse., This dissertation offers a path through the complete œuvre of filmmaker Johan van der Keuken (1938-2001), guided by the notion of collecting. Highlighting the curious configurations of objects and bodies that call to mind Renaissance-era Wunderkammern and nineteenth century freak shows, this dissertation formulates an original theoretical framework based on the works of Stanley Cavell, Gilles Deleuze and Siegfried Kracauer. This framework enables the dissertation to analyze how van der Keuken’s cinema thinks through the filmic becoming of objects and living beings plucked out of ordinary life. This analysis is rooted in an ekphrastic practice that seeks to mold itself to the rhythms, movements, and inflections of this filmic universe and its characters, whose composition repeats musical collections. The dissertation thus demonstrates the filmmaker’s responsibilities as he grapples with diverse forms of deformity, marginalization and exclusion due to colonialism and the objectifying logic of a capitalistic world, and shows how the images he creates through the means unique to the medium of cinema manifest a gaze that both acknowledges the inherent violence of the medium and manages to turn it into an instrument of wonder. This collecting and wondering gaze resolutely confronts the risks of exhibition, voyeurism, stigmatization, sensationalism, accumulation, abstraction, dispersion, and objectification, in order to open a line of flight rather than reproducing violence. Even while shocking our eyes and ears, van der Keuken elicits in our gaze and in our listening a love of the world just as it exists. He thus experiments, up through his final film, directed as he faces his inevitable death, a film ethics that oscillates between monstruous wonder and wonderous wonder., Cotutelle

International audience; Les entretiens qui composent ce texte ont été réalisés entre 2020 et 2021 dans le cadre d’une enquête doctorale menée par Fanny Dujardin sur le documentaire sonore et radiophonique. Neuf praticien·nes sonores ont été interrogé·es sur leur manière d’aborder le moment de l’enregistrement. Le croisement de leurs paroles fait résonner des préoccupations communes tout en préservant la singularité de leurs gestes de fabrication. Comment construit-on une situation d’enregistrement ? Comment travaille-t-on à faire émerger la parole des autres ? Quelle écoute est offerte à celles et ceux qui prêtent leurs voix ?

Commune commune est un documentaire réalisé par Dorine Brun et Sarah Jacquet, sorti sur les écrans en 2022 et produit par La Société des Apaches et Bocalupo Films. D’une durée de 114 minutes, il retrace le parcours d’une expérimentation démocratique de 2014 à 2020. Au cours de cette période, la commune drômoise de Saillans a élu une liste citoyenne portant un projet de démocratie participative. Le film revient sur les espoirs suscités et sur les réalisations collectives d’un moment fort dans la politique locale.Le sociologue Séverin Muller et le politiste Mario Bilella, qui tous deux ont pu enquêter sur le même terrain saillanson donnent leur lecture personnelle du film, avant de redonner la parole aux réalisatrices. Les propos ont été recueillis par François Sarfati. Commune commune is a documentary directed by Dorine Brun and Sarah Jacquet, released in 2022 and produced by La Société des Apaches and Bocalupo Films. With a duration of 114 minutes, it traces the journey of a democratic experiment from 2014 to 2020. During this period, the Drôme commune of Saillans elected a citizens’ list carrying a participatory democracy project. The film looks back at the hopes raised and the collective achievements of a powerful moment in local politics.The sociologist Séverin Muller and the political scientist Mario Bilella, who were both able to investigate the same field in Saillans, give their personal reading of the film, before giving the floor back to the directors. The comments were collected by François Sarfati. Commune commune es un documental dirigido por Dorine Brun y Sarah Jacquet, estrenado en 2022 y producido por La Société des Apaches y Bocalupo Films. Con una duración de 114 minutos, traza el recorrido de un experimento democrático desde 2014 hasta 2020. Durante este periodo, el municipio de Saillans (Drôme) eligió una lista de ciudadanos que llevaba un proyecto de democracia participativa. La película repasa las esperanzas suscitadas y los logros colectivos de un momento álgido de la política local.El sociólogo Séverin Muller y el politólogo Mario Bilella, que pudieron investigar el mismo campo en Saillans, hacen su lectura personal de la película, antes de devolver la palabra a los directores. Los comentarios fueron recogidos por François Sarfati.