351. La version syriaque des Récits d'Anastase le Sinaïte et l'activité des moines syriaques au Mont Sinaï aux VIIIe-IXe siècles
- Author
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Binggeli, André, Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Binggeli, André
- Subjects
monachisme ,Mount Sinai ,manuscrits ,Mont Sinaï ,manuscripts ,Sinaï ,Anastase le Sinaïte ,syriaque ,Saint Catherine ,[SHS.HIST] Humanities and Social Sciences/History ,Sainte Catherine ,monasticism ,syriac ,[SHS.HIST]Humanities and Social Sciences/History ,Anastasius of Sinai - Abstract
Les Récits sur le Sinaï est un recueil d'anecdotes monastiques rassemblées par le moine grec Anastase le Sinaïte lors de son séjour au Mont Sinaï dans la seconde moitié du VIIe siècle. L'ouvrage est une source importante sur ce centre monastique florissant avant les conquêtes arabes : il décrit le monastère central au pied de la montagne sainte et les déserts environnants peuplés d'ascètes. Les moines de cette communauté cosmopolite sont originaires de l'ensemble de monde chrétien depuis l'Arménie jusqu'à l'Occident latin, mais curieusement, les moines syriaques en sont absents, et dans les sources contemporaines, on n'en trouve que de rares mentions. Des moines syriens sont attestés en plus grand nombre pour les IVe-Ve siècles, mais ce sont tous des pèlerins qui repartent en Syrie après la visite des lieux saints.Deux siècles après la rédaction des Récits, en 886, un moine nommé Théodose, arrivé peu auparavant de la région de Béryte, copie une traduction syriaque de ce texte au Sinaï. D'après une note qui concerne un autre ouvrage sinaïtique dans le même manuscrit, le Martyre des moines du Sinaï et de Raïthou, ces textes auraient été traduits du grec en 767, peut-être dans le monastère lui-même ; dans les mêmes années ces textes sont également traduits en arabe. Cet effort de traduction s'inscrit dans le cadre plus général de l'activité livresque des moines syriaques et arabes au Mont Sinaï entre le VIIIe et le IXe siècle. En effet, on peut documenter, pour cette période, l'arrivée de plusieurs volumes dans la bibliothèque du monastère, la copie de manuscrits et la composition d'œuvres originales. Ainsi, ces traductions syriaque et arabe visent probablement à mettre à disposition des nouveaux-venus la tradition hagiographique locale.Au VIIe siècle, le centre monastique comptait probablement plusieurs centaines de moines en majorité hellénophones ; il connut ensuite une période de déclin, et au début du IXe siècle, ils ne sont plus qu'une trentaine. Bien plus, la nature du monachisme sinaïtique a changé, et les moines semblent s'être repliés à l'intérieur du monastère. Parallèlement, on observe un phénomène de transfert culturel, comme dans les monastères grecs de Palestine à la même époque : ce sont désormais les moines arabes et syriaques qui apparaissent comme les communautés linguistiques les plus dynamiques dans le monastère. Cependant, la particularité du Mont Sinaï tient précisément à la présence, dès le IXe siècle, de cette communauté syriaque qui restera longtemps active, en particulier dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
- Published
- 2005