Parmi les différentes acceptions et mots dérivés de l’agriculture urbaine, le terme agriurbain désigne plus spécifiquement des processus de territorialisation de l’agriculture à proximité des villes. Cet article porte sur l’émergence du terme agriurbain, dans la littérature francophone, et sur une étude de la construction de cette territorialité agriurbaine, à partir de six cas franciliens particulièrement emblématiques, et qui portent explicitement la désignation de territoire agriurbain. L’hypothèse du rôle du paysage dans les mobilisations est testée à partir d’enquêtes auprès des témoins ou acteurs de ces constructions territoriales associatives, et des documents de planification ou d’institutionnalisation les concernant. La mise en place de ces gouvernances territoriales originales entre monde agricole (exploitants, propriétaires ou entreprises de valorisation de produits agricoles) et monde citadin (représenté par ses élus locaux et par une mobilisation citoyenne ou associative) nous apprend que des changements de représentations et de modalités de l’action publique sont bien à l’œuvre sur les espaces agricoles périurbains. L’agriurbain se présente comme une « médiance » (Berque, 1990) paysagère qui conduit à considérer de façon tout à fait nouvelle les espaces périurbains. C’est un mouvement qui procède d’une réhabilitation, d’une qualification symbolique positive, par la reconnaissance des qualités environnementales, sociales et alimentaires des espaces agricoles. Mais la mise en place de nouvelles pratiques, aussi bien agricoles qu’urbanistiques, modifie ou pourrait modifier considérablement les paysages. Among the different meanings and words about urban agriculture, the word “agriurban” refers more specifically to processes of reterritorialisation of agriculture in the proximity of cities. This paper deals with the emergence of the term “agriurban”, in French-speaking literature, and with a study of the construction of this agriurban territoriality, based on six particularly emblematic Francilian cases, and which, moreover, bear the explicit designation of agriurban territory. The hypothesis of the role of the landscape in mobilisations is tested on the basis of surveys among witnesses or actors of these associative territorial constructions, and planning documents concerning them. The establishment of these original territorial governances between the agricultural world (farmers, owners or companies that value agricultural products) and the urban world (represented by its local elected representatives and by a citizen or associative mobilization) tells us that changes in the representations and modalities of public action are at work on peri-urban agricultural areas. Agriurban presents itself as a landscape “movement” which leads to a completely new view of peri-urban areas, in a movement which proceeds from a rehabilitation, a positive symbolic qualification (through the recognition of the environmental, social and food qualities of agricultural areas), but also the implementation of new agricultural and urbanistic practices, which modify or could significantly modify landscapes.