La Bolivie est le pays d'Amérique latine qui a connu les périodes les plus longues d'instabilité politique et sociale depuis la Seconde Guerre mondiale. Afin d'expliquer les raisons de cette instabilité, Jean-Pierre Lavaud analyse avec finesse la mobilisation des groupes sociaux qui, d'une manière plus ou moins directe et déterminante, influencent le jeu politique national et concourent aux changements gouvernementaux : la classe politique, tant civile que militaire, les gestionnaires du travail collectif, mais aussi les mineurs et les paysans. À cette concurrence nationale pour le pouvoir, il faut ajouter celle d'agences étrangères, principalement nord-américaines. Au terme de l'analyse, il apparaît que des secteurs importants de la société civile se trouvent être si dépendants de l'Etat qu'il est vital pour eux de les contrôler : les luttes croisées qui en résultent entretiennent l'instabilité... Au-delà du cas bolivien, c'est un remarquable modèle d'explication du phénomène d'instabilité politique de l'Amérique latine que nous propose ici Jean-Pierre Lavaud. S'il est vrai qu'à Buenos Aires les magistrats ne durent pas trois jours, cela l'est aussi de la Bolivie qui vient de suivre cet exemple détestable. A peine l'illustre Sucre avait - il quitté cet infortuné pays que le perfide Bianco s'empara par intrigue du pouvoir qui revenait de droit au Général Santa Cruz ; il ne resta que cinq jours, fut arrêté et mis à mort par une faction ; un chef légitime le remplaça : Velasco qui céda la place à Santa Cruz. C'est ainsi que la Bolivie s'est retrouvée avec quatre chefs différents en moins de deux semaines. Seul le Bas - Empire aurait pu être le théâtre d'événements aussi monstrueux qui couvrent l'humanité de honte. Simon BOLIVAR Il n'est pas de grands hommes sans vertu ; sans respect des droits il n'y a pas de grands peuples ; on peut presque dire qu'il n'y a pas de société ; car qu'est-ce qu'une réunion d'êtres rationnels et intelligents dont la force est le seul lien ? Alexis de TOCQUEVILLE