Un secteur artisanal, constitué d’unités familiales de petite taille, assure les 4/5es de la production d’huile de palme au Bénin. Ce secteur a depuis toujours pu s’adapter aux évolutions survenues dans la filière (variations des quantités de matière première offertes par les planteurs ; jusqu’à diversification de la demande), et couvrir l’essentiel du marché local. Nous montrons que cette capacité d’adaptation repose sur un dispositif organisationnel flexible, capable de fournir à ces petites unités main-d’œuvre, crédit ou facilités de commercialisation en cas de besoin. Ces organisations, qui demandent une certaine confiance entre les membres, se constituent sur la base d’une proximité territoriale. Cette adaptation est également passée par des processus d’innovation. Ces processus sont différenciés au niveau spatial : des régions se spécialisent dans l’huile « de qualité », tandis que d’autres produisent en masse une huile « standard ». Nos analyses de ces différents procédés montrent des performances techniques très différentes, et les incitations à produire de l’huile « de qualité » ne peuvent pas être seulement marchandes. Ces processus d’innovation doivent alors être vus comme résultant des interactions au sein de systèmes territoriaux, impliquant productrices et consommateurs. Il s’ensuit que le développement de la filière ne s’explique qu’en prenant en compte ses interactions avec certains territoires. Pour conceptualiser ces interactions, une approche en termes de système agroalimentaire localisé est pertinente. Par une telle approche, les forces et faiblesses des systèmes locaux apparaissent, ainsi qu’un certain nombre d’actions collectives à mener. Le secteur artisanal est en effet menacé par les ateliers semi-mécanisés. Si les planteurs investissent dans ces ateliers, ils vendront de moins en moins de fruits aux artisanes. Celles-ci n’ayant pas la possibilité de posséder leur propre plantation, une partie d’entre elles pourrait être exclue du secteur. Cette évolution « naturelle » est problématique dans le sens où l’activité d’extraction d’huile de palme fournit actuellement une part de leurs revenus à bon nombre de femmes rurales du Sud-Bénin. Il importe donc de valoriser les ressources spécifiques des Syal, qui se situent au niveau des savoir-faire. Le renforcement de l’identité des produits, par une amélioration des réseaux de commercialisation, semble donc souhaitable. Une baisse des coûts de production est également réalisable par l’introduction d’une mécanisation partielle. Mais ces deux actions demandent une structuration des filières artisanales par des organisations socioprofessionnelles. L’émergence de ces dispositifs institutionnels pourrait être soutenue par les pouvoirs publics. Stakes and constraints of the development of the palm oil channel in Benin : an approach through the study of localized food-processing systems - A traditional sector, composed of small family units, provides 80 % of the palm oil production of Benin. This sector has always managed to adapt itself to the charges that took place in the channel, from the fluctuations of the amount of raw material made available by the planters to the diversification of demand, and cover the main part of the local market. We show here that this adaptability depends on a flexible organizational system, able to provide these small units with manpower, credit or marketing facilities if necessary. These organizations, which require a good deal of trust between their members, are based on territorial proximity. This adaptation also involved processes of innovation. These processes differ from one area to the other : some regions specialize in "quality" oil, while others are doing mass production of "standard" oil. Our analyses of the various processes show very diverse technical performances, and the incentives to produce "quality" oil cannot only be market-oriented. The processes of innovation must then be seen as resulting from the interactions within territorial systems involving producers and consumers. It follows that the development of the channel can only be explained by taking into account its interactions with certain territories. In order to conceptualize these interactions, an approach in terms of localized food-processing systems is relevant. With such an approach, the strengths and weaknesses of the local systems come to light, as well as a number of concerted actions to be taken. The traditional sector is indeed threatened by semi-mechanized workshops. If the planters invest in these workshops, they will sell less and less fruit to the craftswomen. Since they cannot afford to own a plantation, some of the craftswomen could be excluded from the sector. This "natural" evolution is problematic, as the activity of extracting palm oil currently provides many rural women from South Benin with part of their income. It is therefore important to increase the value of the specific resources of the Syal, in terms of expertise. Reinforcing the identity of the products, through the improvement of the marketing networks, seems desirable. A drop in the production costs is also feasible, by partly introducing mechanization. But these two actions require structuring the craftswork channels with socio-professional organizations. The emergence of these institutional systems could be supported by the authorities.