Search

Le 1er juillet 1904 sort le n° 1 du Cri du Var, « organe de la démocratie sociale du département », puis « journal du parti socialiste » après l’unification de 1905. Il paraît tous les dimanches. La rédaction et l’administration se tiennent à Draguignan, rue de l’Abattoir, puis 25 bd de la Liberté – ce qui était plus heureux que la première adresse... L’hebdomadaire, vendu par abonnement (5 fr, 4 fr pour les cercles et sociétés, 6 fr pour l’Algérie et l’étranger), doit beaucoup au premier sec...

I – Une lettre de Gelu. MARSEILLE, 2 décembre 1882 à Monsieur le Directeur du Petit Provençal rue Grignan. n° 42. Marseille Dans l’intérêt du sens commun et de la pure vérité, il est temps, ce me semble, malgré le holà probable de réagir sans broncher contre une bourde colossale depuis quelques vingt ans en crédit par le caprice inexcusable d’un écrivain de génie. Il est grand temps de proclamer bien haut une vérité incontestable et pourtant jusqu’ici trop méconnue. Il est grand temps de prot...

Au lendemain de la Libération de Nice, le 28 août 1944, les habitants de la grande cité virent apparaître aux devantures des kiosques un choix de quotidiens dont la diversité annonçait une ère nouvelle de liberté. Les partis et groupements résistants s’étaient emparés des locaux et des imprimeries appartenant aux deux vieux journaux qui avaient continué à sortir tout au long de la guerre, L’Eclaireur et Le Petit Niçois ; cette main-mise des vainqueurs sur les installations techniques avait pe...

La rédaction de ce petit essai n’a été possible que grâce à deux publications relativement récentes qui constituent la base de notre documentation : – d’une part, la Correspondance générale de Balzac, textes réunis, classés et annotés par Roger Pierrot, 5 volumes in 12, Classiques Garnier, Paris 1960- 1969 ; – d’autre part, les Lettres à Madame Hanska, textes réunis, classés et annotés par Roger Pierrot, 4 volumes in 8, Les Bibliophiles de l’Originale, Paris 1967- 1971. Cette seconde publicat...

Toux ceux qui s’intéressent, historiens ou simples curieux, à la résistance varoise au coup d’Etat du 2 Décembre connaissent le nom d’Hippolyte Maquan : témoin direct des événements, il en écrivit le premier récit, dont s’inspira Zola dans La Fortune des Rougon. C’est sans doute à ce seul titre que Maquan doit d’avoir échappé au total oubli, mais peut-être d’autres aspects du personnage méritent-ils d’être rappelés. César-Antoine-Hippolyte Maquan est né le 22 avril 1814 (alors que Napoléon ve...

Après la publication, en 1958, de la correspondance échangée entre 1872 et 1882 par A. de Gobineau et sa soeur Caroline, devenue moniale bénédictine à Sainte-Cécile de Solesmes,il n’y avait guère d’espoir de retrouver des documents plus anciens nous permettant de connaître ce qu’avait été la vie de Caroline, soeur chérie de Gobineau, avant sa profession monastique. Or, il se trouve qu’à la suite de diverses recherches s’étalant sur une longue période, nous sommes en mesure d’apporter certains...

La Seconde République instituait, le 2 mars 1848, le suffrage universel et décidait, deux jours après, que la presse métropolitaine serait libre. Le vont de liberté touchait quelques semaines plus tard le domaine colonial. En l’évoquant, un juriste réunionnais rappelle que Paris abolissait, par le décret du 2 mai « la censure des écrits et celle des journaux » et qu’une corrélation était établie entre la liberté des hommes et celle des idées : « Le 27 avril 1848, le gouvernement provisoire av...

La presse destinée aux militaires, peu répandue sous l’Ancien Régime, se constitue véritablement au début de la « guerre patriotique », en 1792. L’Ami Jacques est un des premiers journaux, organe de propagande politique, diffusé dans les rangs de l’armée, mais aussi dans le département du Nord, principalement dans les grandes villes. C’est un exemple d’un genre original do presse. Le rédacteur de ce quotidien, François Melletier, semble un folliculaire vagabond : né à Lyon en 1760, il se mari...

Dès les premières lignes de sa thèse, Pierre Guiral, à qui nous ne saurions trop dire notre reconnaissance respectueuse et amicale, confie avoir relu La France nouvelle de Prévost-Paradol, après le choc de la défaite de 1940 : « malgré la différence des temps, écrit-il, ses préoccupations demeuraient les nôtres : le déclin français, les chances de la liberté dans le monde moderne... il est remarquable que le péril mortel que connaît la France en 1940 ait amené, à nouveau, certains esprits à l...

Combien de colloques et de publications historiques, littéraires ou scientifiques ont eu pour support ou pour origine la célébration d’un anniversaire important ou la commémoration d’un événement majeur ? Ainsi 1982 fut l’année Proust, 1983 l’année Colbert, Marx, et Stendhal, et, si, tout au long de l’année 1985, pour le centenaire de sa mort, domine l’ombre géante de Victor Hugo, elle n’éclipse pas, pour autant, celle, plus modeste, d’un autre Victor, chantre du petit peuple marseillais, Vic...

Il était né à Florence en 1822, d’une des familles les plus nobles et les plus anciennes de Florence. Quei della pera, dit Dante. Il avait commencé ses études à Prato, au collège Cicognini où il avait eu des maîtres comme l’Arcangeli, il Vanucci, il Tigri auxquels il avait gardé une solide affection. Il les continua à Paris, où il avait un oncle, le marquis Peruzzi, alors Ministre de Toscane à Paris. Sans doute convient-il de faire remarquer que jamais les Peruzzi, autre que cet oncle, n’ont ...

C’est avec empressement que des dizaines d’anciens élèves, de collègues et d’amis ont écrit les textes d’histoire qu’on va lire en hommage à Pierre Guiral. S’il n’avait tenu qu’à eux, ce volume aurait été publié depuis longtemps. La réalisation a été lente, parce que le destinataire de l’hommage ne figure pas parmi les plus grandes « vedettes » nationales, mais le zèle des auteurs nous rappelle que son oeuvre et son influence n’en ont pas moins beaucoup contribué à former l’indispensable tiss...

L’étude de la presse militaire française a, jusqu’ici, suscité très peu d’intérêt en raison du faible nombre de ses parutions et du poids de son conformisme. Cette presse obéit à des règles bien particulières. Les rédacteurs ont du mal à faire preuve d’originalité et d’initiative à une époque où l’officier, privé du droit de vote et « le regard fixé sur la ligne bleue des Vosges », n’a ni le goût ni l’autorisation de se préoccuper des clameurs de la cité. Au créneau, l’armée veille en attenda...

Il n’est pas de vrai Marseillais qui ne compte parmi ses souvenirs d’enfance les représentations de pastorales. Chaque année voit revenir sur scène, au moment de Noël, ces pièces mi-pieuses mi-burlesques, qui sont un prolongement naturel de la crèche familiale et où l’on retrouve, pour la plupart, les mêmes personnages. Depuis 1842, date à laquelle l’ouvrier marseillais Antoine Maurel eut l’idée de transposer sur scène les spectacles de marionnettes connus sous le nom de crèches parlantes, le...

Il est d’évidentes similitudes dans le milieu d’origine de Tocqueville et de Montalembert. Le Comte Jean de Montalembert et le Comte Hervé de Tocqueville ont été de bons serviteurs de la Restauration, l’un ambassadeur en Suède, l’autre préfet de Versailles et ont fini leur carrière là où la finissent alors les fonctionnaires titrés et éminents, à la Chambre des Pairs. Le parallélisme n’a entraîné aucun lien entre les deux familles : en dépit de quelques relations communes, comme la duchesse d...

Voici plus d’un siècle qu’en face du pouvoir politique, lentement structuré, est apparu un pouvoir syndical dont l’importance n’a cessé de croître. La question des rapports entre eux refoule la théorie classique de la séparation des pouvoirs politiques. Auparavant, lorsqu’un problème analogue s’était posé, le pouvoir politique avait toujours réussi à dominer, voire à intégrer les organismes socio-professionnels nés en dehors de lui. Il en avait été ainsi, sous l’Empire romain, des collèges d’...

Marius Henri Rolland est né le 28 avril 1821 à Marseille. Issu d’une famille de marins, il fait des études quelconques avant d’entrer le 14 novembre 1836 à l’Ecole Navale de Brest. Les notations de ses professeurs nous le décrivent comme un élève « au travail irrégulier, doué pour les parties pratiques et ayant beaucoup de disposition pour la profession de la marine ». Le premier septembre 1839, il sort cinquantième de sa promotion, ce qui est médiocre et ne semble pas le prédisposer...

Dans les papiers laissés par Maurras, figurent huit feuillets, format 13/21, sept seulement étant écrits, qui constituent le brouillon d’une lettre où l’apologiste du commandant Henry présente sa démission de collaborateur de lu Revue encyclopédique. La lettre fut effectivement envoyée et dans les mêmes termes, si l’on en juge par le catalogue de vente de la bibliothèque de Georges Moreau, en 1934, le directeur de ladite Revue, qui précisément le 19 juillet 1900, avait exigé de Maurras cette ...

« Le dynamisme du barreau aixois, dont l’ensemble des oeuvres constitue sans doute l’un des monuments juridiques de l’Ancien Régime » a retenu à juste titre l’attention des historiens de la Provence. L’importance du rôle politique et administratif qu’ont tenu « les avocats du premier ordre », au moins dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, a été relevé, tout autant que la maîtrise dont ils ont fait preuve de cette « science réservée » que constituait le droit. Il est vrai que les intéressés...

Est-il nécessaire de justifier la présence d’une contribution axée sur l’histoire militaire et les études de défense, dans un recueil d’hommages consacré à un maître de la pensée politique ? Si tel était le cas, il suffirait de rappeler que, pour l’historien, la réflexion ne se sépare pas de l’action et la pensée d’une pratique. Ceux qui ont eu la chance de suivre l’enseignement de Pierre Guiral en ont été très tôt convaincus. D’autres raisons expliquent ce choix : le rôle de Pierre Guiral da...

Je crois qu’on doit attribuer à Delio Cantimori le mérite d’avoir étudié la littérature des jacobins italiens et d’avoir indiqué dans cette littérature les origines de l’indépendance politique de l’Italie. L’intérêt de Cantimori commence avec les recherches historiques sur Utopisti e riformatori italiani, publiées en 1943, et va jusqu’à la publication en 1964 du deuxième volume des écrits des « Giacobini italiani » parus dans la collection « Scrittori d’Italia » de Laterza ; une période de te...

Dans la brochure parue en mai 1873 chez Joseph Roumanille « libraire-éditeur » en Avignon, le jeune journaliste légitimiste Charles Garnier insistait sur ce qu’il considérait comme un des plus puissants leviers pour agir sur la mentalité de ses contemporains : à savoir la presse : « La presse est l’arme essentiellement moderne qui a précédé les chassepots et leur survivra. Pour le bien, comme pour le mal, on ne saurait pas plus se passer de la presse qu’on ne pourrait faire disparaître l’impr...

Celui qui s’intéresse au passé de Marseille doit vite compter avec un cosmopolitisme qui a été de tout temps l’une des marques fondamentales du grand emporium méditerranéen. Le chercheur se trouve rapidement confronté à la présence de groupes d’étrangers dont il est en général difficile d’évaluer le nombre et le degré d’enracinement dans la ville. Si l’établissement déjà ancien d’Italiens et d’Espagnols catholiques, de Suisses, d’Allemands, de Hollandais, voire d’Anglais protestants est recon...

L’état d’esprit radical au XIXème siècle, on l’a assez dit, est partiellement conditionné par le souci des références aux événements de la Grande Révolution, et à la pensée de ses acteurs ; une forte cohorte des fidèles, surtout après la polémique entre Quinet et Peyrat, à la fin des années soixante, médite sur la légitimité de la violence révolutionnaire, se sent jacobine, mais voudrait encore exorciser Robespierre. Quand, à la fin du siècle, la Révolution est, avec Clémenceau, acceptée « en...

« Je n’ai jamais vanté les salons de Marseille que je fuirais comme la peste ». Par ce jugement péremptoire, Prévost-Paradol, en 1863, exprime une opinion fort répandue : à quelques kilomètres d’Aix, l’ancienne capitale, aristocratique et intellectuelle, la cité portuaire, « ville de marchands et d’épiciers »– ainsi la qualifie George Sand – est étrangère aux choses de l’esprit. Des Parisiens, des hommes de lettres de passage lui ont fait cette réputation : Stendhal affirme que « la chose la ...

Y a-t-il des générations en histoire ? On peut le penser, surtout, quand l’événement générateur a suffisamment de force pour bouleverser l’ensemble des individus d’une nation. La Grande Guerre fut indiscutablement un do ces événements. Cet événement a déterminé le destin de tous ceux qui en ont été les acteurs directs. Il est à l’origine de comportements analogues qui fondent ainsi une appartenance générationnelle, comme une sorte d’identité supplémentaire qui transcende les différences indiv...

En frontispice de l’Histoire des martyrs de la Liberté, une République en bonnet phrgien domine un groupe. Jésus-Christ en est le premier plan mais on y reconnaît aussi Savonarole et Rousseau, Jeanne d’Arc et Robespierre, Marat et Socrate, Arcole et Charlotte Corday, Harmodios et Aristogiton, et les quatre sergents de La Rochelle. Au-delà de ce confusionnisme quarante huitard qui nous a laissé et nous laissera encore parfois perplexe, nous avons prêté un peu d’attention à la façon dont Alphon...

Sensible à la problématique de la montée des nationalismes en Europe, Monsieur le Professeur Pierre Guiral a attiré l’attention sur l’éveil national parmi les Juifs dans un beau paragraphe intitulé « Antisémitisme et Sionisme » de son importante contribution L’Expansion de l’Europe paru dans le troisième volume de l’Histoire universelle de la prestigieuse Encyclopédie de la Pléiade. Avec raison M. Guiral y souligne qu’avant sa disparition prématurée, Théodore Herzl (1860-1904) « jeta les assi...

Un modeste hebdomadaire marseillais écrivait en 1881 : « La presse a crû... ici... d’une manière extraordinaire. Mais aussi quels journaux ! Bien peu ont pu prolonger leur existence la durée d’une saison. Quelques feuilles, même, épanouies le matin, sont tombées dès le soir. Rien ne serait plus curieux que l’histoire de tous ces journaux ; elle sera faite, un jour, peut-être ». Les lois successives limitant les entraves matérielles ou le nombre des délits, suscitant de ce fait une pluralité a...

Dès lors que le cinéma touche un public – de surcroît un vaste public essentiellement populaire et dans lequel se retrouvent toutes les catégories d’âge – l’Eglise ne peut rester indifférente. Dans un pays majoritairement catholique comme l’Italie, l’Eglise doit définir une politique vis-à-vis du cinéma et doit chercher tous les moyens aptes à la mettre en application. L’intervention de l’Eglise peut prendre deux formes, soit une intervention négative, c’est-à-dire une intervention ayant comm...

Une rue de Marseille a reçu le nom du Docteur Simone Sédan : c’est l’ancienne rue Autiq, où logeait autrefois le Comité de la Croix Rouge, et où l’on trouve encore une clinique et une école d’infirmières appartenant à cette société. La délibération du Conseil Municipal, en date du 14 mai 1956, faisait suite à une proposition émanant du Conseil Départemental de l’ordre des Médecins et du Comité départemental de la Croix Rouge. Il s’agissait de rendre hommage « à celle qui s’est distinguée à l’...

Il m’est particulièrement agréable de dédier ce petit essai à mon ami Pierre Guiral. Cette « rencontre imprévue » entre deux esprits divers, c’est un peu, toutes proportions gardées, la nótre. Est-ce sur les quais de Civitavecchia qu’elle s’est produite ? Non, mais plutôt dans l’une de ces ravissantes petites cités où, sous l’égide de la Societa toscana per la Storia del Risorgimento, se découvraient, dans les années 60 de ce siècle, pour commémorer celles d’il y a cent ans, chercheurs et his...

Pour respecter ce dicton en forme de conseil, les historiens de Garibaldi n’ont consacré le plus souvent que quelques pages hâtives et embarrassées à son anticléricalisme, qui les gêne par ses évidentes outrances. Le torrent de publications éditées en 1982 à l’occasion du centenaire de la mort du héros des deux mondes n’a pas infirmé cette constatation. L’anticléricalisme de Garibaldi paraît tellement désuet – et « vulgaire »– qu’il est perçu comme un objet de curiosité et non comme un sujet ...

L’« Essai historique sur le commerce de la mer Noire », publié en 1805 par Antoine Anthoine, est à premiève vue une source séduisante pour l’historien : ce praticien féru de détails savait aussi s’élever à des vues synthétiques sur l’avenir de la nouvelle route. Il comprenait l’imbrication des calculs économiques et des arrière-pensées politiques dans l’attitude des gouvernements intéressés et il savait en jouer. Cette habileté a de quoi inquiéter le lecteur : en rédigeant son ouvrage, ne vou...

Je sais pas si les « agrariens » sont dignes de figurer parmi les penseurs politiques et sociaux : on ne trouve pas parmi eux l’égal ou l’émule d’un Prévost-Parabol ou d’un Halévy. Je ne sais pas plus si le mot, substantif ou qualificatif, était connu et utilisé par le personnage que j’étudie ici, ni, si le connaissant, il se le serait appliqué. Le mot, en effet, nous apprend Pierre Barral, ne figure pus dans le Littré et n’est cité qu’une fois dans le Robert pour son sens révolutionnaire et ...

Introduction Dans notre thèse sur les Juifs en France à l’époque du Second Empire, nous avions presque essentiellement traité de l’histoire « externe » de la judaïcité française et nous avions tout au long d’un travail, pourtant assez, volumineux, senti ce manque. Nous venons aujourd’hui combler en partie cette lacune en abordant un aspect « interne » de l’histoire des Juifs en France sous Napoléon III. Il s’agit dans le cas qui nous intéresse ici des relations nouées à Paris entre Juifs alle...

Les cousins manuscrits des périodiques imprimés, que l’on dit « nouvelles à la main », sont un peu délaissés. Pour les historiens, ils pâtissent de donner, croit-on, l’écume des faits ; les littéraires leur trouvent une mine négligée. Il y a quelques années encore, s’occuper de presse, même littéraire, c’était se commettre avec de bien pâles esclaves de la plume. Les travaux sur le genre périodique ont prouvé que les plus grands mêmes ne dédaignaient pas d’y collaborer et que, parmi les obscu...

L’objet de cet exposé se situe en marge des problèmes essentiels que nous pose la presse, en tout cas sur des confins peu explorés. J’ai conscience d’y pénétrer sans préparation suffisante, de ne disposer que d’une maigre documentation et de soulever des questions auxquelles je suis incapable de répondre. On jugera de leur pertinence, et de l’intérêt qu’il peut y avoir à les approfondir. Les gazettes qui paraissent en temps de guerre offrent à leurs lecteurs des récits circonstanciés de campa...

Il faut le dire et le redire : tout ce qui nous est parvenu manuscrit ne fut pas pour autant interdit ; tout ce qui nous est parvenu manuscrit n’est pas pour autant inédit. Je me limiterai aujourd’hui à un essai de mise au point sur les « nouvelles à la main ». Tout d’abord une explication : j’ai préféré adopter l’expression de « gazette manuscrite » parce que les termes de « nouvelles » et de «nouvellistes» évoquent tout aussi bien les nouvellistes oraux, ceux des cafés et des promenades, do...

Dresser l’inventaire nominal et géographique des séries et exemplaires conservés des journaux des XVIIème et XVIIIème siècles constitue, comme chacun sait, un énorme travail de recherche dont l’aboutissement n’est possible que dans le cadre d’un travail d’équipe multidisciplinaire et internationale. Que dire, dès lors, du relevé des sources manuscrites de l’histoire de la presse ancienne ? Ces sources manuscrites qui reposent dans les fonds d’archives, dans les bibliothèques et dans les colle...

Il faut d’abord préciser ce que nous entendons par « correspondance littéraire » (cl). Car il est indéniable que, dans la discussion actuelle sur les moyens de communication intellectuelle dans l’Europe du XVIIIème siècle, le terme cl indique des choses très différentes et qu’il a besoin d’être défini de façon plus claire. On l’emploie d’abord dans un sens très général qui désignerait toute correspondance à sujet littéraire ou échangée entre écrivains. Dans ce sens les correspondances général...

Parmi les périodiques du marquis d’Argens, les Lettres juives (1736) et les Lettres chinoises (1739-1740) - deux ouvrages qui n’en forment pour ainsi dire qu’un seul, selon la remarque de la Préface des Lettres chinoises - sont présentées comme de simples traductions. Traductions de prétendus manuscrits... C’est ainsi que les Lettres juives sont censées reposer sur un manuscrit hébreu que le traducteur publie à l’instigation d’amis et grâce à l’accord obtenu de l’« auteur », Aaron Monceca. Ce...

Intervenir dans un colloque sur la Presse d’Ancien Régime pour analyser le système d’information ritualisée que s’est donné la monarchie, c’est prendre dès l’abord le point de vue de l’absolutisme sur deux des questions fondamentales que soulève toute étude de l’information : L’événement : ce n’est pas une coupure, mais une confirmation : un point de repère posé de façon répétitive sur la courbe fermée d’une histoire créée par le Roi. En ce sens, la victoire est l’événement par excellence : e...

11 février 1759, Lamoignon de Malesherbes au Dauphin Ce qui s’observe dans l’ordre judiciaire est la règle invariable qu’on doit se prescrire à cet égard. Chaque philosophe, chaque dissertateur, chaque homme de lettres doit être considéré comme l’avocat qu’on doit toujours entendre, lors même qu’il avance des principes qu’on croit faux. Les causes se plaident quelquefois pendant des siècles : le public seul peut les juger, et à la longue, il jugera toujours bien quand il aura été suffisamment...

Les journaux de mode, qui, du fait de leur grande diffusion constituent un élément essentiel de la presse française, ont retenu très peu l’attention des historiographes de la presse. Dans certains ouvrages qui veulent donner une vue d’ensemble de la presse française, ils sont complètement négligés dans d’autres on les traite de façon superficielle sous la rubrique « presse féminine » Ce n’est que récemment qu’une étude leur a été consacrée. Bien que ce genre de journaux ne soit parvenu à son ...

L’importance commerciale et idéologique de la presse féminine contemporaine conduit tout naturellement l’historien à s’interroger sur l’origine de cette presse dite « spécialisée », sur l’existence possible de journaux féminins sous l’Ancien Régime. L’histoire globale de la presse destinée aux femmes écrite par E. Sullerot et les nombreuses bibliographies de la presse accréditent l’idée selon laquelle la presse féminine, essentiellement presse de mode, naît dans la deuxième moitié du XVIIIème...

La communication d’ A. Kleinert atteste que la presse prend en charge au XVIIIème siècle les aspects de la vie quotidienne (J. Ehrard). Le prix des journaux de mode était relativement très élevé ; l’évaluation comparative d’ A. Kleinert est faible : une livre représente au XVIIIème siècle environ l’équivalent du salaire mensuel d’un ouvrier (R. Moulinas). J. Sgard lance à ce propos un appel de recherche en vue d’un article qu’il prépare sur les équivalences de prix et de salaires entre le XVI...

La presse ancienne est un lieu privilégié pour la recherche érudite. Le mystère jalonne chacune de ses pages ou à défaut les doubles fonds. Rien de tel pour provoquer le désir de savoir ; la libido (sciendi) s’exaspère du voile. A l’opposé de Tartuffe, elle voudrait voir plus avant dans le sein de la presse. Parfois, elle finit par voir et par donner le jour à des monographies, des dictionnaires, des thèses, des tables rondes, en attendant plus encore peut-être. En cette perspective, la press...

La communication de l’équipe grenobloise, présentée par J. Sgard, et complétée par celle de R. Granderoute, lance immédiatement la question majeure du statut du « je » dans le journalisme à la première personne. P. Rétat regrette et excuse l’absence d’A. Bony, que des obligations retiennent hors de France, et dont le texte sur l’essai périodique se situait au cœur de ce sujet. Le « je » cautionne la véracité de son discours par son expérience. Peut-il correspondre à une stratégie polémique (M...

Face à la production littéraire, le journaliste intervient d’ordinaire pour désigner, rendre compte, juger, donc après la confection et la diffusion du livre. Il peut aussi, sur la demande du libraire ou de l’auteur, devancer la diffusion quand il la prépare en annonçant un projet, une souscription : mais alors même un périodique ne participe que de façon très indirecte à la naissance de l’objet-livre, « sans engagement », peut-on dire. Pour les gens de lettres, un journaliste - « pauvre diab...