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Mises en œuvre dans les années 1960, les politiques de l’égalité des chances en éducation sont rarement l’objet d’études sociologiques en Turquie faute de données régulièrement disponibles. Mobilisant une lecture sociohistorique des textes réglementaires et officiels, et une enquête de terrain sur les expériences des acteurs scolaires dans la prise en charge de l’échec scolaire, cet article a pour objectif de comprendre la manière dont les inégalités scolaires sont représentées et prises en charge par ces politiques. Alors que la lutte contre les inégalités d’accès se base sur une conception libérale de l’égalité en mobilisant les principes de compétition et de mérite pour l’accès aux dispositifs créés, la lutte contre les inégalités de réussite s’appuie sur une conception médicopsychologique de l’échec scolaire. Ces deux axes des politiques reposent ensemble sur une logique individualisante qui définit les inégalités scolaires et élabore la lutte dans un registre davantage individuel. En visant à gérer les effets scolaires de ces inégalités une fois produites plutôt qu’à les prévenir, ces politiques, qui sont marquées depuis le début des années 2000 par une certaine privatisation de l’éducation, servent ainsi davantage à déresponsabiliser les domaines politique et scolaire de la production de ces inégalités. Implemented in the 1960s, the policy of equal educational opportunity is rarely the subject of sociological studies in Turkey for lack of regularly available data. Mobilizing a socio-historical reading of regulatory and official documents and a field study on the experiences of school stakeholders in the management of school failure, this article aims to understand the way in which educational inequalities are represented and dealt with by these policies. While the struggle against inequalities of access is based on a liberal conception of equality by mobilizing the principles of competition and merit for access to the systems created, the struggle against inequalities of success is based on a medico-psychological conception of school failure. These two policy axes are based together on an individualizing logic which defines educational inequalities and develops the struggle in a more individual register. By aiming to manage the educational effects of these inequalities once produced rather than preventing them, these policies, which have been marked since the beginning of the 2000s by a certain privatization of education, thus serve more to deresponsabilize the political and educational fields which produced them.

International audience; "Implemented in the 1960s, the policy of equal educational opportunity is rarely the subject of sociological studies in Turkey for lack of regularly available data. Mobilizing a socio-historical reading of regulatory and official documents and a field study on the experiences of school stakeholders in the management of school failure, this article aims to understand the way in which educational inequalities are represented and dealt with by these policies. While the struggle against inequalities of access is based on a liberal conception of equality by mobilizing the principles of competition and merit for access to the systems created, the struggle against inequalities of success is based on a medico-psychological conception of school failure. These two policy axes are based together on an individualizing logic which defines educational inequalities and develops the struggle in a more individual register. By aiming to manage the educational effects of these inequalities once produced rather than preventing them, these policies, which have been marked since the beginning of the 2000s by a certain privatization of education, thus serve more to deresponsabilize the political and educational fields which produced them."; Mises en œuvre dans les années 1960, les politiques de l’égalité des chances en éducation sont rarement l’objet d’études sociologiques en Turquie faute de données régulièrement disponibles. Mobilisant une lecture sociohistorique des textes réglementaires et officiels, et une enquête de terrain sur les expériences des acteurs scolaires dans la prise en charge de l’échec scolaire, cet article a pour objectif de comprendre la manière dont les inégalités scolaires sont représentées et prises en charge par ces politiques. Alors que la lutte contre les inégalités d’accès se base sur une conception libérale de l’égalité en mobilisant les principes de compétition et de mérite pour l’accès aux dispositifs créés, la lutte contre les inégalités de réussite s’appuie sur une conception médicopsychologique de l’échec scolaire. Ces deux axes des politiques reposent ensemble sur une logique individualisante qui définit les inégalités scolaires et élabore la lutte dans un registre davantage individuel. En visant à gérer les effets scolaires de ces inégalités une fois produites plutôt qu’à les prévenir, ces politiques, qui sont marquées depuis le début des années 2000 par une certaine privatisation de l’éducation, servent ainsi davantage à déresponsabiliser les domaines politique et scolaire de la production de ces inégalités.