On appelle Gouro les populations patrilinéaires et segmentaires installées le long de la branche ouest du V baoulé, populations qui, comme la plupart de celles situées dans la zone forestière, procèdent à la reconversion de leur agriculture vivrière en une agriculture de profit. À partir de ce cas désormais classique, l'auteur s'attache à montrer comment les rapports sociaux noués autrefois dans le cadre d'une économie d'autosubsistance, après s'être étendus à des ensembles territoriaux débordant la cellule domestique, s'altèrent 1 j ou disparaissent aux contacts successifs des peuples marchands de la savane, de la société coloniale, puis de l'économie de profit. L'unité organique de ces différents systèmes qui s'interpénètrent, s'alimentent et se détruisent mutuellement, l'incompatibilité des rapports sociaux associés à chacun d'eux et leur coexistence apparaissent à travers une étude fondée sur l'observation de six communautés villageoises, la collecte des traditions d'origine de plus de cent familles et le dépouillement des archives locales de ta colonisation. L'ouvrage comprend huit cartes hors-texte au format 48 x 48 cm. « La publication de l'Anthropologie économique des Gouro de Meillassoux pourrait bien, marquer un tournant dans l'histoire de l'anthropologie. [...] pour la première fois, un chercheur rompu aux concepts et aux méthodes de l'anthropologie traditionnelle applique à une société « primitive » concrète les catégories du matérialisme historique. [...] le mérite de Cl. Meillassoux est d'avoir dépassé le stade des projets et des programmes et d'avoir tenté d'éprouver sur le terrain la fécondité de ces principes. Ce travail est le résultat d'une enquête effectuée en pays Gouro (Moyenne Côte d'Ivoire), de juillet 1958 à janvier 1959 et organisée par le Centre d Études Africaines de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études, sous la direction du Professeur G. Balandier, Directeur d'Études. L'École Française d'Afrique a bien voulu également s'intéresser à cette recherche en accordant une bourse à l'auteur. Placée sous le haut patronage de M. Houphouët-Boigny, la mission a également reçu l'aide du Ministère de l'Éducation de la Côte d'Ivoire, en ce qui concerne les moyens de transport. L'équipe, qui fut installée sur le terrain par son directeur, était composée de deux chercheurs, Mme Chiva-Deluz et nous-même, dont les enquêtes, portant sur des aspects différents de la société, ont été accomplies indépendamment. Nous signalons dans le texte les informations que Mme Chiva-Deluz a bien voulu nous communiquer sur certains points. La mission fut également accompagnée pendant les trois premiers mois par M. F. Bayolo Patcheco de Amorim à qui nous devons notre documentation sur la tribu To. Les matériaux de cet ouvrage proviennent d'enquêtes approfondies entreprises dans quatre villages principaux, où nous avons séjourné entre trois et quatre semaines, et d'enquêtes plus succinctes effectuées dans cinquante autres localités, ainsi que sur dix-huit marchés. Nous y avons recueilli systématiquement certaines informations et traditions et, selon les possibilités qui s'offraient, des renseignements plus précis sur différents thèmes dont nos interlocuteurs se révélaient disposés à parler plus abondamment (voir carte de la couverture de l'enquête). La trop brève durée du séjour ne nous ayant pas permis d'apprendre la langue, nous avons eu recours successivement à plusieurs interprètes Gouro qui ont toujours accompli cette tâche avec beaucoup de conscience. Dans ce travail d'information, nous avons été aidé et conseillé par Alphonse Kouamé et Bernard Gorê, que nous tenons à remercier plus particulièrement, ainsi que Félix Youné. Nous adressons également nos remerciements aux villageois de Ziduho, Bazré, Duonéfla, Dobafla, Déita, Koblata et aux habitants des nombreux autres villages que nous avons visités et qui nous ont partout reçu selon les règles de l'hospitalité africaine et patiemment instruit de leur savoir. Dans les chefs-lieux de Subdivision de Bouafté, Zuénoula et Sinfra, nous avons consulté et dépouillé les rapports politiques et économiques annuels, les notices de villages, les registres des tribunaux, les recensements de la population et autres archives. M. Abitbol, commandant du Cercle de Bouaflé, et M. Faget, administrateur de la Subdivision de Zuénoula, ont bien voulu nous apporter sans réserve leur concours et nous consacrer une grande partie de leur temps, en dépit de leurs innombrables occupations, pour nous permettre de travailler dans des conditions presque idéales. Nous avons trouvé auprès des services de l'agriculture, et en particulier de MM. Durand et Du Pont, le même accueil qui nous a permis de prendre connaissance des cadastres et des documents relatifs à l'agriculture dans le Cercle. A Abidjan, M. Amon d'Aby nous a aimablement donné toute facilité pour consulter les archives de Côte d'Ivoire. Grâce à l'accueil et à l'aide inestimable de M. Tournier, directeur de l'IFAN de Côte d'Ivoire, qui a mis, à notre moindre requête, ses services à notre disposition, notre travail a été très simplifié et notre séjour dans la capitale toujours très agréable. Nous regrettons que M. B. Holas, qui nous a si aimablement accueilli, n'ait pu se trouver en mesure de participer, comme prévu, à cette recherche pour laquelle ses connaissances et son expérience nous auraient été très précieuses. Enfin, nous tenons à exprimer ici nos remerciements à nos professeurs de l'École Pratique des Hautes Études, MM. G. Sautter et P. Mercier, qui nous ont initié à la connaissance de la géographie et de la sociologie africaine et plus particulièrement au Professeur G. Balandier qui, en outre, nous a guidé dans nos recherches et conseillé au long de la rédaction de ce travail sans jamais nous en soustraire la responsabilité. Nous remercions également M. Bertin, Directeur du Laboratoire de Cartographie de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études et Mme F. Vergneault. cartographe, ainsi que Mlle C. Mathon, du Centre d'Études Africaines.