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La présente étude montrera que la transgression fantastique du temps, dans le fantastique québécoise des années 90, va de pair avec le déplacement du canon littéraire européen dans la culture du Nouveau Monde. La lecture de trois récits, réécritures d’œuvres classiques, fera apparaître comment le temps fantastique, que Roger Caillois décrit comme « élastique, distendu, réversible », subvertit le fonds culturel ancien au profit d’une littérature nouvelle au Québec. Nous nous fonderons sur le p...

Le temps est dans l’œuvre de Buzzati un motif plus que récurrent, une dimension fondamentale autour de laquelle se bâtit l’ensemble de la production littéraire, tous genres confondus (romans, nouvelles, théâtre, poésie, carnets…). Dans les entretiens qu’il a accordés peu de temps avant sa disparition, Buzzati se dit depuis l’enfance poursuivi par l’idée du temps qui passe, en proie depuis « toujours » à ce qu’il appelle le « sentiment du temps ». La lecture des recueils les plus proches du jo...

La pensée politique n’a pas seulement imaginé l’espace, comme en témoignent les premiers plans de villes chez les Grecs, mais a réfléchi très tôt aux formes de gouvernance qui se sont succédées dans l’Histoire. Et cette prise en compte du temps comme vecteur s’est retrouvée en philosophie comme en littérature. En effet, avant l’invention du roman comme genre qui apprend à utiliser le temps, l’Occident avait connu chez Platon des discours théoriques touchant à la chose politique. Il semble qu’...

Étant donné sa nature, son caractère infini, incommensurable et difficile à représenter à échelle humaine, le temps s’est souvent révélé être un mécanisme absolument fascinant pour l’homme. La littérature fantastique s’en est vite emparée et la science s’y intéresse toujours fortement aujourd’hui. Albert Einstein a résolu les problèmes fondamentaux que posait la notion de temps telle qu’on la concevait dans notre culture, c’est à dire comme une sorte de flèche unidirectionnelle. Moteur essent...

La science-fiction est intimement liée à la temporalité, à ce qui unit le passé au présent et au futur possible. La science-fiction est profondément ancrée dans le présent qu’elle réécrit, qu’elle commente à travers des récits qui oscillent entre diverses périodes temporelles. Le voyage dans le temps, que la science-fiction a décliné sous maintes formes, est caractéristique de ce lien étroit. À travers les conséquences que peut avoir l’intervention d’un individu sur le cours des événements, l...

Notre propos s’inscrit dans le cadre des études culturelles africaines. Celles-ci révèlent un certain nombre de tendances dans les pratiques artistiques de ce continent en contexte postcolonial. Parmi ces tendances figure l’obsession collective du retour au passé ancestral perçu comme un paradis jadis perdu ou comme un âge d’or garant d’une renaissance rendue nécessaire par la perte de repères endogènes suite à l’intrusion séculaire et perdurante de l’Occident en la demeure africaine. Il en r...

Les Contes Fantastiques d’Edgar Allan Poe sont un modèle littéraire incontournable des nouvelles de Mário de Sá-Carneiro, l’un des écrivains les plus significatifs du Premier Modernisme portugais. L’irruption brutale d’un passé terrifiant dans le présent apparemment réconfortant, la notion du temps suspendu, l’indétermination de frontières nettes entre le passé et le présent, le motif du Double, l’ambiguïté de l’énonciation de la première personne, les décors gothiques peuplés de fantasmes et...

Cet article présente les spéculations de Gödel sur le temps en les rattachant à des textes de science-fiction. Je n’étudierai pas à proprement parler ces textes de science-fiction mais me contenterai de les évoquer pour illustrer une figure du temps que j’aurai tirée des réflexions de Gödel. Les écrits les plus importants de Gödel sur le temps datent des années 1946-1949, les textes littéraires que je citerai pourront être antérieurs aussi bien que postérieurs. Je ne chercherai pas à établir ...

L’importance du temps dans la structure du mythe vampirique est une évidence. Tout d’abord je voudrais rappeler ici quelques faits bien connus. Le vampire propose une inversion temporelle, vivant la nuit et dormant le jour. En outre, il apparaît comme le résultat d’une transgression temporelle manifeste en étant le non-mort, le revenant de corps. Stojan Pelko le caractérise ainsi : Il revient sans cesse : il vit sans être vivant, il meurt sans être mort. Simplement, il insiste. C’est même l’e...

La représentation du temps constitue un problème récurrent en littérature. Aux difficultés de représenter l’écoulement du temps dans les textes s’oppose pourtant l’affranchissement des contraintes temporelles. Loin d’être inféodée au temps historique, la littérature de fiction peut s’en libérer et désobéir à la loi du temps pour imaginer d’autres temporalités, comme l’écrit Paul Ricœur : « [l]a levée des contraintes du temps cosmologique a pour contrepartie positive l’indépendance de la ficti...

Le jeu avec le temps est un des grands thèmes du fantastique et le cinéma peut se définir comme « art du temps » selon Andrei Tarkovski : « le temps au cinéma devient la base des bases, comme le son dans la musique, la couleur dans la peinture ». De ce jeu avec le temps, le cinéma tire des effets spectaculaires, dramatiques, poétiques, comiques, jouant par exemple sur le ralenti, l’accéléré, la stase, la surimpression (la mort de Madeline dans La Chute de la Maison Usher de Jean Epstein, 1928...

Lorsque Dick commence à publier des nouvelles de science-fiction en 1952, il s’inspire des thèmes les plus conventionnels du genre : la guerre, les dictatures, les rencontres extraterrestres, les mutants, les mondes parallèles, et bien sûr les voyages temporels. Quand il aborde le thème protéiforme du temps, il le fait selon les codes de la science-fiction d’alors, et quelques exemples donneront un aperçu de sa production dans ce domaine. À l’image d’un Silverberg, passionné par ce thème depu...

Le Temps semble a priori irréversible et l’homme n’accepte que difficilement l’effondrement des possibilités de l’avenir dans la fixité du passé. La science s’est emparée de cette problématique puissante dès les années trente à partir de la théorie de la relativité généralisée d’Albert Einstein. Mais bien avant l’apparition de la physique quantique et d’hypothétiques déplacements dans le temps ou dans des mondes parallèles, les littératures de l’imaginaire que sont la science-fiction et le fantastique ont parcouru le temps. Cet imaginaire, exploré de façon complémentaire par le cinéma, est une machine à voyager virtuellement dans des histoires de temps. La science-fiction expérimente le temps en tant que concept : elle le manipule en tout sens pour briser son irréversibilité et tenter d’agir sur des destinées collectives ou individuelles. La temporalité fantastique est marquée par une obsession anxiogène et toxique du temps passé. Le mythe puise ses racines dans un temps immémorial, cyclique. Symbole de la créativité des littératures et du cinéma de l’imaginaire, le temps est au coeur de l’individu, de sa subjectivité, de sa mémoire et de son rapport au monde physique.

Le passé et sa résurgence sont un aspect omniprésent de la fiction victorienne, qu’il s’agisse de la littérature fantastique (histoires de fantômes ou de vampires comme phénomènes d’exhumation), du roman à sensation (les secrets qui remontent toujours à la surface, parfois littéralement) ou des œuvres de détection. Ce retour consiste en une remontée des profondeurs, une forme de résurrection, souvent effrayante et choquante. Ainsi, comme le prouvent à l’envi les romans à sensation et de détec...

De nombreuses histoires fantastiques et de SF sont construites sur le mode de la circularité. Le début et la fin fusionnent et créent une mise en abîme fictionnelle qui, non seulement cadre l’histoire des personnages, mais également emprisonne la pensée du lecteur en lui refusant la chance d’une conclusion ouverte. Les récits de temps circulaires sont sans espoir, sans échappatoire. Ce trope a été repris en particulier dans les histoires de paradoxes temporels. Ces dernières exposent de façon...

Dans une conférence prononcée à Buenos Aires en 1985, un an avant sa mort, Borges définissait le temps en ces termes : Ce n’est pas la somme de tous nos hiers. C’est tous nos hiers, tous les hiers de tous les êtres conscients. Tout le passé, ce passé dont on ne sait quand il a commencé. Puis aussi tout le présent. Ce moment présent qui englobe toutes les villes, tous les mondes, tout l’espace entre les planètes. Puis, enfin l’avenir. L’avenir qui ne s’est pas encore réalisé mais qui, néanmoin...

“By now the moon was up, revealing all the sad wild scene in its every detail. The mystery of Egypt entered his soul and oppressed him. How much dead majesty lay in the hill upon which he stood?” Henry Rider Haggard, Smith and the Pharaohs, 1920. En étudiant les cycles de Allan Quatermain et de She, j’avais cherché à démontrer que le rapport entre l’espace et le temps est la clé de voûte des deux cycles d’aventures de Henri Rider Haggard. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, est d...

Il ne semble pas excessif d’affirmer que toute l’Œuvre du célèbre romancier espagnol Antonio Muñoz Molina (Úbeda, Jaén, 1956), pour qui le temps constitue la matière première du roman, relève d’une tentative de récupération du passé par les voies de la mémoire et/ou de l’invention. L’écrivain andalou est en particulier connu pour cet art qu’il a de tisser d’inquiétantes ressemblances entre le passé et le présent, ou encore entre différentes strates du passé, avec des effets de dédoublements o...

Il est commun de rappeler que la science-fiction met en scène des situations irréelles inexistantes dans notre monde quotidien, mais qui, par confrontation avec celui-ci, nous amènent à une autre perception du réel, ou à une connaissance renouvelée ou recomposée de celui-ci. Cette préoccupation restera présente dans notre questionnement : ce thème classique du retour dans le passé dans la science-fiction, ne nous apprend-il pas plus en retour sur le présent et sur ses propriétés que sur le pa...

Au sens strict, le corpus de films qui va être l’objet de cette étude, même s’il n’a pas la prétention d’être exhaustif, est relativement réduit. Il comprend les long métrages suivants : La Clepsydre de Wojciech J. Has (1973), L’Armée des douze singes (1995) de Terry Gilliam, Passages de Juraj Herz (1997), Mulholland Drive de David Lynch (2001) et dans une certaine mesure Klimt de Raoul Ruiz (2006). Ces films ont un point commun : ils commencent et finissent au même instant, décisif s’il en e...